perturbations économiques. En conséquence, la présence de mécanismes qui coordonnent les
politiques économiques nationales est indispensable.
Les chefs de gouvernement ont déjà crée les instruments permettant cette coordination. La
Stratégie de Lisbonne, avec ses objectifs divers et variés, s’appuie sur la Méthode Ouverte de
Coordination (MOC), dans le but de diffuser les meilleures pratiques au niveau européen, et
pour inciter les pays à les adopter. Lisbonne est également intégrée à l’architecture
économique européenne gravée dans les traités de Maastricht et d’Amsterdam : le Pacte de
Stabilité et de Croissance et les Grandes Orientations de Politiques Economiques. Ces deux
instruments sont supposés favoriser la coordination des politiques économiques et permettre
de surmonter l’hétérogénéité des économies européennes. Le problème est que ni la MOC ni
les deux derniers instruments n’ont atteint leurs buts.
Après les dix premières années de l’Union Economique et Monétaire (UEM), il n’est pas
possible de valider les avantages de la Stratégie adoptée en 2000. Au contraire, les faits
démontrent qu’une coordination renforcée est loin d’être atteinte.
L’Allemagne, confrontée aux nombreuses conséquences économiques et sociales de sa
réunification, a engagé une politique très restrictive, avec le consentement des syndicats. Cette
politique, basée à court terme sur un gel salarial, freine dangereusement la consommation
outre-rhin. Elle diminue donc logiquement la demande accordée aux produits de ses
principaux partenaires commerciaux, à savoir la France et l’Italie. On pourrait considérer cela
comme une incitation allemande envers ses voisins à mener une stratégie idoine de réformes
structurelles
6
. Le problème réside dans le fait que la croissance économique française est
fondée sur la demande interne. Dans ce contexte, conduire une politique restrictive, comme
l’a fait l’Allemagne, pourrait être risqué (à court terme au moins) pour les performances
économiques françaises, et pourrait même l’empêcher d’adopter la Stratégie de Lisbonne
orientée, elle, sur le long terme.
Une stratégie différente est appliquée en Espagne. Depuis son accession à la zone euro, cet
Etat-membre profite de l’architecture économique et institutionnelle inefficiente. Du fait d’un
différentiel d’inflation positif, l’économie espagnole a bénéficié de taux d’intérêt faibles,
voire nuls. Cette situation a permis au pays d’enregistrer une croissance économique robuste,
ce qui a certainement contribué a entraîné un cycle d’inflation continue. Ce schéma,
impossible à imaginer pour un pays conservant sa souveraineté monétaire, provient de la taille
relativement faible de l’économie espagnole (la taille est définie ici par les dimensions
démographiques et économiques d’une économie, en comparaison de ces partenaires
européens). Son faible poids dans les fondamentaux de la zone euro a une influence peu
significative sur la conduite de la politique monétaire européenne. Cet exemple révèle
l’interaction de la taille d’un pays avec le processus d’ajustement aux perturbations
économiques au sein de l’UEM. Alors que les petites économies, plus ouvertes au commerce
international, sont plus flexibles en cas de politique restrictive, les plus grandes économies
montrent plus de difficultés quant à l’ajustement macro-économique. On peut donc parler de
relative force d’inertie pour les grands pays au sein de l’UEM
7
.
6
We can consider the German policy as a « new» competitive disinflation policy, as it is suggested by Creel J.,
Laurent E., Le Cacheux J., (2006), « La nouvelle désinflation compétitive européenne », Revue de l’OFCE, vol.
98, pp. 9-36.
7
For a wider presentation of the theories of country size, and the analysis in the EU/EMU context, see for
example Archer C., Nugent N., (2006), « Does the Size of Member States Matter in the European Union? »,
Journal of European Integration, vol. 28, n°1, pp.3-6.