Dossier de presse saison 06 > 07 théâtre de la manufacture

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Dossier de presse
saison 06 > 07
théâtre de la manufacture
Centre Dramatique
National Nancy-Lorraine
Direction
Charles Tordjman
Relations presse
Emmanuelle Duchesne
Florent Wacker
10 rue Baron Louis, BP 63349
54 014 Nancy cedex
e-mail
e.duchesne@theatre-manufacture
Téléphone
03 83 37 12 99
www.theatre-manufacture.fr
Télécopie
03 83 37 18 02
08 juin 06
théâtre de la Manufacture
saison 06 > 07
Quichotte
L’inquiétude
Gulliver
Anna et Gramsci
De Miguel de Cervantès
Mise en scène Didier Galas
10 > 21 octobre 06 - Grande Salle
De Valère Novarina
Mise en scène Christine Koetzel
11 > 21 octobre 06 - Fabrique - création
d’après Les voyages de Gulliver de Jonathan Swift
Mise en scène Jaime Lorca
7 > 11 novembre 06 - Grande Salle
De Bernard Noël
Mise en scène Charles Tordjman
15 > 25 novembre 06 - Grande Salle
La cantatrice chauve création de 1991
De Eugène Ionesco
Mise en scène Jean-Luc Lagarce
28 novembre > 3 décembre 06 - Grande Salle
Une étoile pour Noël ou l’ignominie de la bonté
De Nasser Djemaï
Mise en scène Natacha Diet
5 > 16 décembre 06 - Fabrique
La dernière bande et Solo
De Samuel Beckett
Mise en scène Alain Milianti
11 > 15 décembre 06 - Grande Salle
Sunday Clothes
Face à la mère
2 théâtre de la manufacture
Mise en scène et musique Alexis Forestier, Les Endimanchés
10 > 13 janvier 07 - Grande Salle
De Jean-René Lemoine
Mise en scène Jean-René Lemoine
16 > 27 janvier 07 - Fabrique
Saison 06 > 07
saison 06 > 07
suite
May B
Hedda Gabler
Danse, invité par le CCAM, Scène nationale de Vandoeuvre-lès-Nancy
Chorégraphie Maguy Marin
24 et 25 janvier - Grande Salle
De Henrik Ibsen
Mise en scène Richard Brunel
30 janvier > 10 février 07 - Grande Salle
La version de Browning
De Terence Rattigan
Mise en scène Didier Bezace
27 février > 10 mars 07 - Grande Salle
Kant
De Jon Fosse
Mise en scène Bérangère Vantusso
6 > 18 mars 07 - Fabrique
Eloge de la Faiblesse
De Alexandre Jollien
Mise en scène Charles Tordjman
20 > 31 mars 07 - Grande Salle
L’éclipse du 11 août
De Bruno Bayen
Mise en scène Jean-Pierre Vincent
7 > 21 avril 07 - Grande Salle
Passages
à Nancy, à Luxembourg et en Grande Région
10e édition
28 avril > 13 mai 07
Musique Action Elisaviéta Bam
De Daniil Harms
mise en scène Alexis Forestier
18 > 19 mai 07
CCN, Ballet de Lorraine
Hymnen
De Karlheinz Stockhausen
Mise en scène Charles Tordjman, Chorégraphie Lia Rodrigues
29 > 31 mai 07
3 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Miguel de Cervantès Quichotte
conception et mise en scène Didier Galas
du 10 > 21 octobre 06, Grande Salle
de Miguel de Cervantès
(d’après L’ingénieux
Hidalgo Don Quichotte
de la Manche)
Avec
Marion Duquenne
Franck Gazal
Guillaume Gouix
Aurélie Leroux
Grégoire Roger
Adaptation
Didier Galas
Aline Schulman
Traduction
Aline Schulman
Collaboration artistique
Jean-Charles Di Zazzo
Scénographie et costumes
Vincent Beaurin
assisté de Sylvie Auvray
Lumières et régie générale
Éric Gaulupeau
Production
Le Granit, Scène nationale
de Belfort
Coproduction
Théâtre Nanterre-Amandiers
CDN, Ensemble Lidonnes,
Le Granit, Scène nationale
de Belfort, Théâtre de
l’Agora, Scène nationale
d’Evry et de l’Essonne
Avec le soutien du fonds
d’insertion pour jeunes
artistes dramatiques,
la DRAC, la Région Provence
Alpes Côte d’Azur, la ville
de Cannes, le Trident Scène
nationale de CherbourgOcteville, le Théâtre 71,
Scène nationale de
Malakoff, le Théâtre de
la Coupe d’Or, Scène
conventionnée de
Rochefort, Les Gémeaux,
Scène nationale de Sceaux,
le festival franco-allemand
de Saarbruck
Le texte L’ingénieux Hidalgo
Don Quichotte de la Manche
est publié aux Éditions
du Seuil
4 théâtre de la manufacture
Quichotte, présentation
Don Quichotte a récemment fêté ses 400 ans. Personnage mythique de la
littérature occidentale, héros dérisoire, il réinvente le monde et vit reclus dans
ses rêves. Accompagné de Sancho Panza son fidèle écuyer, il lutte contre des
troupeaux de moutons qu’il pense être une armée ennemie, se bat contre des
moulins à vent en les prenant pour des géants ... Il perdure dans l’imaginaire
populaire à travers les représentations de Gustave Doré, Daumier, Picasso ...
Récemment retraduit par Aline Schulman, le texte de Cervantès retrouve sa
dimension à la fois grotesque et tragique, toujours jubilatoire.
En 1998, à Caracas, Didier Galas créait un premier spectacle intitulé Ficcions/
Quijote à la manière de la Comedia dell’Arte, autour de la gestuelle et des
masques. En voyant ce spectacle Aline Schulman y reconnaît « une vitalité,
une liberté du rire et de l’insulte qui aidait à la désacralisation de cette oeuvre
mythique ». De là naît l’idée d’une collaboration entre le metteur en scène et
la traductrice autour de Quichotte.
Cervantès joue sur le doute entre le réel et l’illusion, le travail des comédiens
s’appuie sur cette ambiguïté : les phrases se prononcent comme des formules
magiques, des formes étranges surgissent soudain de la masse des corps
imbriqués ... Le spectateur est amené à douter de ce qu’il voit, comme s’il était
«dans la tête de Don Quichotte».
L’une des particularités de ce spectacle est l’improvisation corporelle : dans
certaines scènes, les rôles ne sont pas prédéfinis, les comédiens peuvent glisser
de l’un à l’autre, et interpréter indifféremment un moulin, Don Quichotte,
un cheval, Sancho ... La scénographie et les costumes réalisés par le plasticien
Vincent Beaurin accentuent cette ambiguïté. Ce spectacle donne aussi à
entendre la parole résolument moderne de Cervantès : sa réflexion sur la
liberté, sa dimension politique, son caractère toujours subversif.
À l’occasion d’une recherche sur l’improvisation (avec des élèves comédiens de
l’ERAC), j’ai eu le désir d’entreprendre une nouvelle mise en scène du roman
de Cervantès.
L’improvisation corporelle me parut un moyen fructueux pour aller «au
coeur» du Quichotte. C’est donc en premier lieu par le corps et non par la
parole, que nous offrons le mythe de don Quichotte et l’univers des mille
pages du roman.
Un des principes fondamentaux du spectacle est aussi que don Quichotte ne
soit pas incarné par un seul acteur. Ainsi chaque acteur, chaque actrice, peut
jouer don Quichotte mais aussi Sancho, un âne ou un moulin, à tour de rôle.
Ces glissements d’incarnations permettent de rendre compte théâtralement
des hallucinations d’Alonso Quijano (don Quichotte) et des doutes que suscite
le roman sur la réalité.
À d’autres moments, c’est la beauté et l’actualité toujours vive de certains
textes de Cervantès qui nous ont conduits à un autre travail, plus «classique»,
dans le dessein de faire entendre la force de son écriture.
Ce spectacle s’adresse autant à ceux qui ont lu le roman qu’aux autres,
plus nombreux, qui ne l’ont pas lu, mais qui n’ont pas échappé au mythe
et aux images qui entourent le chevalier à la triste figure. A partir de là, le
spectacle développe, joue, s’amuse, exagère et épuise la figure picturale et
la mécanique burlesque, jusqu’à déconstruire le mythe du Quichotte, jusqu’à
rendre perceptible l’écriture d’un homme sur son temps.
Saison 06 > 07
Miguel de Cervantès (1547-1616) auteur
Miguel de Cervantès y Saavedra est né en septembre 1547 à Alacala, au début
du Siècle d’Or espagnol. D’une famille modeste, il voyage beaucoup avec son
père, chirurgien-barbier. En 1570, il s’engage dans l’armée pour lutter contre
les Turcs. Il participe notamment à la bataille de Lépante, au cours de laquelle
il perd l’usage de son bras gauche. En 1575, il retourne en Espagne quand
son bateau est attaqué par des pirates qui le font prisonnier, et passe les cinq
années suivantes au bagne. Quand il est enfin libéré, il décide de reprendre
ses études et de se mettre à l’écriture. En 1585, il publie son premier roman
La Galatée, une œuvre pastorale dans l’ère du temps qui lui apporte une
certaine renommée. En 1605, il achève la première partie de Don Quichotte
de la Mancha, une critique du roman de chevalerie à travers son personnage
d’idéaliste perdu hors de son temps. Le succès fut immédiat, d’un point de vue
autant public et critique. En 1613, il publie Les Nouvelles extraordinaires et
en 1615 paraissent Numanchia et Huit comédies et « entremeses » ainsi que
la seconde partie de son Don Quichotte. Cervantès mourra l’année suivante,
laissant inachevée sa dernière œuvre Travaux de Persilès et Sigismonde.
Didier Galas conception et adaptation
Après des études au Conservatoire de Région de Marseille, il devient, en 1985,
élève du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris. Il y suit
l’enseignement de Claude Régy, Daniel Mesguich et Gérard Desarthe, Bernard
Dort, Mario Gonzales, Michel Bernardy et Jacques Sereys.
En 1998, il est lauréat de la Villa Kujoyama (Bourse de l’AFAA) à Kyoto, où il a
suivi l’enseignement de Michishige Udaka, maître de Nô au sein de la famille
Kongô. En 1999, il est titulaire d’une deuxième bourse de l’AFAA, et suit à
Pékin l’enseignement de Li Guang, maître d’Opéra de Pékin.
Acteur depuis 1987, il a travaillé sous la direction de Ludovic Lagarde, Charles
Tordjman, Claude Régy, Catherine Contour, Thierry Bédard, Jacques Rivette,
Aurélien Recoing, Mario Gonzales, Bérangère Bonvoisin, Philippe Clévenot et
Christian Schiaretti pour qui il crée le rôle de Ahmed (nomination aux Molières
en 1995, comme meilleur acteur), dans le cycle Ahmed écrit par Alain Badiou.
Dernièrement, il a participé à des expériences très diverses telles que : s:x.rx.
Rx performance sous la direction de Patricia Allio (Fondation Cartier et Festival
Mettre en scène à Rennes en 2004, au Kunsten Festival de Bruxelles en 2006),
Odorama, performance de Sam Samore ou Wawgawawd, lecture-conférence
de John Cage conçue par Yves Chaudouët (2003). Il a conçu et mis en scène
dans le cadre de l’Ensemble Lidonnes : Les frères Lidonnes, Ficcion / Quijotee,
Monnaie de singes, (H)arlequin, Quichotte.
Didier Galas enseigne l’art dramatique en France (ERAC de Cannes, EPSAD de
Lille, ENAC de Châlons-en-Champagne). Il a donné des stages au Théâtre du
Granit, Scène nationale de Belfort et à la Manufacture, Centre dramatique
national de Nancy.
Il a dirigé plusieurs ateliers à l’étranger : au Conservatoire de Shanghai, au
Japon dans le cadre du Kyoto Art Festival, au Vénézuela, où différents stages
ont abouti au spectacle : Ficcion / Quijote présenté à l’Ateneo de Caracas.
Dans ce même pays, il a participé à un Contrapunto de Mascaras et il a mené
un travail spécifique avec la population (principalement des enfants de tous
les âges) d’un village de la côte qui a fait l’objet de la création d’une comédie
musicale Un pez no solo se muere por la boca.
5 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Valère Novarina L’inquiétude
mise en scène Christine Koetzel
du 11 au 21 octobre 06, La Fabrique, Création
Avec le regard et l’oreille
de Francis Freyburger
Son
Jean-Léon Pallandre
Scénographie
Guy Amard
Lumières
Olivier Irthum
Costumes
Cathy Roulle
Collaboration artistique
Heidi Brouzeng
Coproduction
Écho, le Centre culturel
André Malraux, Scène
nationale de Vandoeuvrelès-Nancy, le Théâtre
de la Manufacture,
CDN Nancy-Lorraine
Avec le soutien de la DRAC
Lorraine, le Conseil général
de Meurthe-et-Moselle,
le Conseil régional
de Lorraine
Parler n’est pas communiquer. Parler n’est pas s’échanger et troquer - des
idées, des objets -, parler n’est pas s’exprimer, désigner, tendre une tête
bavarde vers les choses, doubler le monde d’un écho, d’une ombre parlée ;
parler c’est d’abord ouvrir la bouche et attaquer le monde avec, savoir mordre.
Le monde est par nous troué, mis à l’envers, changé en parlant.
Les mots ne viennent pas montrer les choses, leur laisser la place, les remercier
poliment d’être là, mais d’abord les briser et les renverser. La langue est le
fouet de l’air, disait Alcuin ; elle est aussi le fouet du monde qu’elle désigne.
Les mots ont toujours été ennemis des choses et il y a une lutte depuis toujours
entre la parole et les idoles.
Valère Novarina
Devant la porte
L’inquiétude est avec l’Animal du temps, la version pour la scène du Discours
aux animaux. Un homme parle à des animaux, c’est à dire à nous spectateurs.
Il prononce le Discours aux animaux, une promenade dans l’intérieur, dans sa
langue, dans ses mots. Il leur parle de choses dont on ne parle pas, de ce que
nous vivons portés à nos extrémités, dans la plus grande obscurité et pas loin
d’une lumière, sans mots et proches d’un dénouement.
C’est le monde qui nous réfléchit. c’est le monde qui nous pense.
Jean Baudrillard
Après la création de L’Animal du Temps j’ai eu envie de continuer à explorer la
richesse de l’écriture de Valère Novarina. parce que cette première expérience
m’a beaucoup appris, j’ai «beaucoup vécu, j’ai pas été déçu». C’était un peu
comme lâcher du lest quand on voyage en ballon (j’imagine), ou se fondre
dans le rocher en escalade : se laisser traverser par le son, tenter de faire corps
avec le texte, se tenir sur la crête, refaire du vivant à chaque instant. C’est la
peur et la joie du vertige.
Je voulais aussi retrouver une équipe.
Avec Francis Freyburger et Heidi Brouzeng aller plus loin dans la danse des
mots, les cabrioles tragi-comiques de l’Animal : plonger dans des territoires
inconnus pour l’acteur et le spectateur; laisser se dérouler la pensée au présent
sur le plateau : être attentif non pas seulement à ce que disent les mots,
mais à l’effet qu’ils produisent le rythme, la musicalité, la force du «dire» plus
que le dit Jean-Léon Pallandre, sera présent dès le début des répétitions et
pendant chaque représentation afin de modeler ensemble l’espace sonore :
ausculter la membrane qui relie la parole, mouvement de l’intérieur vers
l’extérieur, et le bruit du monde.
Avec Guy Amard et Cathy Roulle nous souhaitons utiliser le même vocabulaire
scénique que pour L’Animal du temps, à savoir la matière et le vide.
Cependant la configuration pourra être sensiblement différente, tout en
préservant l’espace de rassemblement et la proximité avec le spectateur :
Car c’est le même Animal qui s’adresse à nous, mais du temps a passé et
à nouveau il nous faut passer aux actes et «pratiquer l’enfance de tout».
Christine Koetzel
6 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Valère Novarina
Ecrivain, peintre et dramaturge, né en Suisse en 1947. Auteur de nombreuses
pièces (entre autres : Le Drame de la vie, Vous qui habitez le temps, L’Espace
furieux, Le Jardin de reconnaissance, L’Opérette Imaginaire, L’Origine
Rouge...). Il a également écrit une série de textes sur le langage, l’espace,
l’acteur, la matière : Le Théâtre des paroles, Lettre aux acteurs,
Devant la parole, Pendant la matière...
Ses textes sont une extraordinaire littérature où se renouvelle l’interrogation
sur le mystère de l’existence humaine. Au vide et au silence auxquels se heurte
l’homme il répond par le constat de ce vide et de ce silence exprimé dans une
richesse inouïe d’une parole en expansion.
Antique, médiéval, animal, contemporain, son langage semble arriver depuis
la nuit des temps et vient défier les faux langages du monde d’aujourd’hui.
L’oeuvre de Novarina est une oeuvre de poète qui apporte à la scène et à
l’écriture de nouvelles notions : les mots sont des objets concrets, de la matière
scientifique : l’auteur “est écrit” comme l’acteur “est agi” ; tout est
affaire de souffles et d’énergies...
Christine Koetzel
Etudiante aux ateliers du CUIFERD (Centre Universitaire de Formation et de
Recherches Dramatiques) de Nancy dans les belles années du Festival Mondial
du théâtre, Christine Koetzel a par la suite travaillé avec le Théâtre au Noir
de Nancy et surtout avec le 18 : Cie d’urgence dont elle est cofondatrice
et membre de 1987 à 1999. Elle a depuis travaillé avec de nombreuses
compagnies professionnelles, dont le Théâtre du Jarnisy et l’Escabelle (sa
collaboration avec Heïdi Brouzeng remonte à 1995).
Elle a créé l’aninimal du temps de Valère Novarina en septembre 03.
7 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Gulliver
librement adapté de Les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift
mise en scène Jaime Lorca
du 7 au 11 novembre 06, Grande Salle
Marionnettes,
à partir de 14 ans
Spectacle en langue
espagnole, surtitré
Avec
Teresita Iacobelli
Jaime Lorca
Scénographie
David Coydan et Carlos Rivera
Assistante à la mise en scène
Teresita Iacobelli
Marionnettistes
Enrique Gómez
Alicia Quesnel
Lumières, régie générale
Tito Velásquez
Son
Robert Diaz
Création et réalisation
des marionnettes
Zapallo de Troya (RiveraCoydán-Gómez-Fernández)
Matias González
Musique
Daniel Tijero
Costumes
Maya Mora et Juana Cid
Intentions
« J’ai choisi cette merveilleuse histoire de Gulliver le voyageur, pour créer
d’après celle-ci, le labyrinthe imaginaire par lequel passe notre héros à
l’équipage léger. Quelles en sont les étapes ?
Combien y en a-t-il ? Combien de fois faut-il revenir sur ses pas ?
Le voyage humain, son étude et sa fidèle représentation à venir sont ma
boussole. Et avec Jonathan Swift comme guide, je me sens optimiste et sûr, tel
Dante, je crois, descendant dans les profondeurs en compagnie du sage Virgil
(toutes proportions gardées, bien entendu).
Swift ajoute quelque chose de très important au voyage humain, il accentue
l’aspect éthique et politique dans chacun des actes individuels.
L’être humain n’est pas tout seul même s’il s’isole ; chaînon parmi les chaînons
de la spirale infinie, chaque acte individuel conditionne le collectif.
De plus, dans la même histoire se trouvent de très petits êtres dotés de sens
et de raison confinés dans des guerres absurdes contre leurs voisins dues à la
façon de casser un oeuf, des géants de plus de vingt mètres de hauteur vivant
isolés et en paix, des îles flottantes habitées par des scientifiques plongés
dans leurs divagations et des chevaux pensants qui maintiennent les humains
enfermés dans les écuries comme des bêtes de somme. Il se pourrait qu’il y ait
quelque chose à déchiffrer dans cette grande allégorie ou, comme on dit dans
le pays d’où je viens : aqui hay gato encerrado*.
Je suis convaincu qu’on entreverra sa silhouette à contre-jour dans la
profondeur de ce voyage théâtral. »
Jaime Lorca, 21 avril 2005, Santiago
Assistant scénographie
Enrique Gómez
* Expression espagnole se rapprochant du français : « il y a anguille sous roche »
Assistant lumières
Juan Barahona
L’expérimentation
Assistant jeu d’acteur
Marcelo Valdivieso
Réalisation décor
Manuel Paredes
Matias González
Réalisation masques
Alejandra Rubio
Coproduction
Compagnie Jaime Lorca Santiago du Chili, Scène
nationale de Sète et du
Bassin de Thau, Office
départemental d’action
culturelle du Calvados,
Le Rive Gauche Scène
conventionnée de SaintÉtienne du Rouvray,
Maison de la Culture de
Nevers et de la Nièvre,
Le Carreau Scène nationale
de Forbach, Théâtre 71
Scène nationale de Malakoff,
Théâtre de la Manufacture,
CDN Nancy-Lorraine
Avec le soutien de
l’ONDA (Office national
de diffusion artistique),
du Ministère chilien des
affaires étrangères, du Centre
culturel Matucana 100 à
Santiago du Chili
8 théâtre de la manufacture
« C’est au cours d’une tournée au Vénézuéla, en 1997, que j’ai découvert
les extraordinaires marionnettes de la compagnie “La tía Norica” de Cadix.
La pièce présentait pour le Festival International de Carracas le Mystère de
l’Annonciation. Au bout de cinq minutes de spectacle, j’avais totalement
perdu l’échelle des proportions. De quelle taille était Marie qui priait
agenouillée, éclairée d’un mince rayon de soleil entrant par la fenêtre de la
chambre? Et d’un autre côté ? Comment faisaient-ils pour approcher et faire
voler l’archange Gabriel ?
L’idée d’expérimenter des marionnettes et de leur donner vie humaine
m’intéressa. J’imaginais ajouter un personnage réel parmi ce monde
d’automates, un personnage qui romprait l’illusion des proportions ; un
humain qui viendrait changer l’ordre des choses.
Les voyages de Gulliver me sont immédiatement venus à l’esprit. Lemuel
Gulliver, installé à Lilliput, était un délicieux motif pour entrer dans le
mystérieux monde des marionnettes et des proportions.
De la même manière, la douce captivité de Gulliver, son manque de réaction,
sa paresse, sa lâcheté me provoquaient quelque chose au sujet de la liberté de
l’individu, celle qu’il est difficile de trouver, cette même liberté que recherche
Sigismund dans La vie est un songe de Calderon de la Barca.
Finalement, j’ai travaillé pour que le voyage de Gulliver soit un miroir fidèle
de la vie, un petit morceau de vérité. Je cherche la vérité et la beauté. L’une
mènera-t-elle à l’autre? C’est cela l’expérimentation. »
Jaime Lorca
Saison 06 > 07
Jonathan Swift
Jonathan Swift (1667-1745), le docteur Swift, doyen de St. Patrick (Irlande),
l’auteur des Voyages de Gulliver : voilà, dans la mémoire populaire, un écrivain
anglais pour les grands et les petits.
En premier lieu, il est irlandais. Homme d’église, poète, secrétaire exemplaire,
homme politique, satiriste impénitent et redoutable, incomparable conteur
d’histoires imaginaires, précurseur de la science-fiction, humaniste savant,
mystificateur de haut vol, contempteur de sa propre science, ami adorable et
détestable, amant passionné et secret, fasciné par les femmes, misanthrope
avoué, mais fier et généreux, défenseur des misérables contre l’injustice et
l’oppression, homme aux cent masques, remuant, fébrile, tendu, bon vivant
et ténébreux, à l’affût de la sottise et de la méchanceté pour les foudroyer,
impitoyable aux hypocrites, le plus lucide des cerveaux, le plus agile des esprits
(et pourtant finissant dans l’apathie et la folie), le plus robuste manipulateur
d’une prose anglaise limpide et assassine, créateur d’une langue à lui avec ses
symboles, ses clés, ses mystères, ses vocables et ses idiomes : tel est Swift.
Jaime Lorca
Après dix-huit ans et huit créations collectives au sein de La Troppa, Jaime
Lorca entreprend aujourd’hui une aventure scénique avec sa nouvelle
compagnie. Avec l’idée d’un fonctionnement de création collective, Jaime
Lorca a réuni Pablo Jerez (poète et comédien chilien) et l’équipe de création
de deux dernières pièces de La Troppa (Gemelos et Jésus Betz) ; dont Eduardo
Jiménez (scénographe), David Coydan et Enrique Gomez, (créateurs d’objets et
marionnettistes) et Héctor Velasquez (régie générale et création lumière).
L’ingénieux collectif chilien inspiré par Jaime Lorca continue, avec l’histoire de
Gulliver, la recherche d’un langage qu’ils ont développé pendant leur carrière
théâtrale autour de la poésie de l’image et de l’art de la prestidigitation
scénique.
Pourquoi ce texte? Ce récit d’un voyage imaginaire évoque un parcours
initiatique et la notion d’altérité et de différence. D’autre part, mettre en
scène cette histoire, implique le défi technique de créer sur le plateau des
illusions optiques en travaillant sur les échelles et les proportions. Deux
constantes dans leur travail qu’Ils retrouvent pour parler de la grandeur et de
la petitesse humaine.
Gulliver se vante (ou s’excuse) de n’avoir rien que de très « commun» à
raconter, contrairement aux autres auteurs de récits de voyages, qui ont
tant de choses extraordinaires à dire. De fait, ce dont il parle, ce n’est pas
de pygmées ou de géants, d’île volante ou de chevaux qui pensent : il parle
de ce qu’il y a de plus commun entre les hommes, puisqu’il s’agit de l’espèce
humaine, de la définition de la « nature» de l’homme, et de ce que l’homme a
fait de cette nature au cours de son histoire individuelle et collective.
Jesus Betz d’après l’album de Fred Bernard et François Roca et mis en scène par
La Troppa a été présenté au théâtre de la Manufacture en avril 2003.
9 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Bernard Noël Anna et Gramsci
mise en scène Charles Tordjman
du 15 au 25 novembre 06, Grande Salle
d’après Le syndrome
de Gramsci
et La langue d’Anna,
deux monologues
de Bernard Noël
Avec
Serge Maggiani
Agnès Sourdillon
Adaptation
Le syndrome de Gramsci
Charles Tordjman,
La langue d’Anna
Bernard Noël
Scénographie et costumes
Vincent Tordjman
Lumières
Christian Pinaud
Musique, vidéo
Vicnet
Maquillages, perruques
Cécile Kretschmar
Assistante aux costumes
Sarah Wan
Collaborateur artistique
François Rodinson
Remerciements
à Caroline Marcadé
Construction du décor
ateliers du Théâtre
de la Manufacture
sous la direction
de Jean-Louis Hoffmann
Production
Théâtre de la Manufacture,
CDN Nancy-Lorraine,
Théâtre national de Chaillot,
Théâtre Vidy-Lausanne E.T.E.
Créé au Théâtre national
de Chaillot le 27 avril 2006
... et si le théâtre connaissait lui aussi
cet effondrement ?
Lorsque Bernard Noël publie Le Syndrome de Gramsci en 1994 chez P.O.L., il
le qualifie de “roman”. Le Syndrome n’est donc pas un texte qui se donne
d’emblée au théâtre.
Sauf à considérer qu’un homme qui décide de parler de “la consistance d’un
instant” est dans la quête de l’instant de théâtre ; dans ce qui relie, comme un
élan vital, celui qui parle à celui qui est venu écouter.
L’attention est concentrée sur cette relation. Le texte de Bernard Noël en
donne de façon exemplaire la possibilité.
Le narrateur du Syndrome a un “trou de mémoire”. Dans des circonstances
particulières, le nom de Gramsci (révolutionnaire italien mort en prison sous le
régime fasciste italien) lui échappe. À partir de la constatation de cette perte,
il opère une plongée vertigineuse à l’intérieur de ce cancer qui le menace de
l’intérieur.
Et si cet acte de dire en public ce qu’est le théâtre, connaissait lui aussi cet
effondrement ? Si les planches de la scène s’ouvraient sous nos pas ? Si les
fictions ne venaient plus aux lèvres aussi facilement que cela ? Si nous ne
marchions plus dans la combine ? Si nous aussi avions oublié le nom de ceux
dont l’époque ne sait plus que faire ? Et si cette pensée d’oublis et de pertes
était contagieuse ? Si notre pensée était gangrenée de l’intérieur de façon
invisible, insensible ? Que devient le théâtre qui se veut citoyen si lui aussi
perd le nom de ceux qui ont été oubliés par une époque qui ne sait plus que
faire d’eux.
Ainsi en est-il de la langue d’Anna qui sur scène suivra “Le Syndrome de
Gramsci“.
Celle qui parle (qui pourrait être Anna Magnani) est-elle celle que nous
croyons ? Celle qui parle du terme de sa vie se demande si son être intime a
vraiment coïncidé avec son être social. Dans ce déchirement apparaît encore
un abîme, celui d’une langue qui ne colle pas au visage. Que reste-t-il des
visages quand ils ont perdu leur langue ? Que reste-t-il de la langue qui ne sait
plus d’où elle parle, à qui elle parle ?
Anna et Gramsci, de même façon disent la difficulté à dire la vérité, disent un
monde sans mémoire. Il reste alors la question de soi-même comme une pierre
qui tombe dans un trou sans fond.
Heureusement le théâtre comme un filet renvoie la pierre, l’empêche de
frapper trop fort, laisse en vie.
Car ce qui reste c’est la littérature, ce que d’autres ont dit être la vraie vie.
Charles Tordjman
Rencontre avec Bernard Noël,
jeudi 5 octobre 2006 à 20h
Les lundis du ciné,
Cinéma Caméo Commanderie,
Mamma Roma de P. P. Pasolini,
lundi 20 novembre 2006 à 20h15
Café/Théâtre autour du spectacle
avec Charles Tordjman,
Serge Maggiani et Agnès Sourdillon,
jeudi 23 novembre 2006 à 21h
10 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
A Lausanne (Suisse)
au théâtre Vidy-Lausanne E.T.E.
du 24 octobre au 11 novembre 2006
11 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Eugène Ionesco La cantatrice chauve
création de 1991
mise en scène Jean-Luc Lagarce
du 28 novembre au 3 décembre 06, Grande Salle
A partir de 15 ans
avec
Mireille Herbstmeyer,
Mme Smith
Jean-Louis Grinfeld,
M Smith
Elizabeth Mazev ou
Marie Paule Sirvent,
Mary, la Bonne
Emmanuelle Brunschwig,
Mme Martin
Olivier Achard,
M Martin
François Berreur ou
Christophe Garcia,
Le Capitaine des pompiers
Décor
Laurent Peduzzi
Restauration et peinture
Atelier CDN de
Franche-Comté
sous la direction
de Karl Auer et Patrick Bru
Costumes
Patricia Darvenne-Dubois
Son
Christophe Farion
Lumières
Didier Etievant
Régie lumières
Bernard Guyollot
Régie générale et plateau
Romuald Boissenin
Regard extérieur
François Berreur
Production
Compagnie Intempestifs
avec le soutien du Nouveau
Théâtre, CDN de Besançon
et de Franche-Comté
et du Théâtre national
de Bretagne, Rennes
Production de la création
Théâtre de la Roulotte,
CDN de Franche-Comté
Avec le soutien du Centre
d’Art et de Plaisanterie
Rencontre avec Jean-Pierre
Thibaudat
Autour de son essai sur
Jean-Luc Lagarce
jeudi 30 novembre
12 théâtre de la manufacture
Il est neuf heures‚ c’est dans la banlieue de Londres que cela se passe.
Des gens attendent d’autres gens. Ils ont mangé de la soupe‚ du poisson‚ des
pommes de terre au lard et de la salade anglaise‚ ce qui‚ on en convient‚ est
assez logique dans la banlieue de Londres.
On se retrouve.
On fait connaissance‚ on se raconte des histoires‚ on passe une excellente
soirée.
On parle. On dit des bêtises – le scrabble‚ voilà un jeu intelligent ! – on s’essaie
aux charades‚ on saute des coqs aux ânes et des vices à Versailles. Un pompier
allume une bonne‚ il faudrait toujours se méfier du feu qui couve sous l’eau
qui dort.
On se perd un peu.
On passe une assez bonne soirée. On ne devrait pas tant boire peut-être‚
ce n’est pas exactement le jour idéal pour commencer à fumer. On danse.
Lorsqu’on aura trop mal à la tête‚ on se couchera par terre pour se reposer.
Si on est trop joyeux‚ on montera sur la table. On passe une pas trop mauvaise
soirée.
On fait du bruit avec la bouche.
On passe une soirée comme toutes les autres soirées‚ on crie‚ on geint‚ on
gémit et on chante. Jamais on ne se tait‚ le silence‚ ce n’est plus possible.
Lorsqu’on a trop peur‚ on triche un peu. Lorsqu’on est prêt à se dévorer‚
on se quitte.
Chacun joue son rôle.
On pourra se revoir une autre soirée‚ nous recommencerons quand on veut‚
chaque fois qu’il le faut. Rien ne nous concerne. Jamais. Ce que nous disons‚
c’est juste pour parler.
Jean-Luc Lagarce
Quand Jean-Luc Lagarce a monté La cantatrice chauve, il s’est amusé à pousser
Ionesco dans ses retranchements, à le mener à l’extrême de l’absurde et du
non-sens, et il y est arrivé.
Créé à Montbéliard, le spectacle a pu être présenté dans de grands théâtres,
sur de vastes scènes, à des années-lumière de ce qui se fait depuis quelques
vingt mille représentations – depuis 1957 sans interruption – à la mini salle de
la Huchette. Dans des couleurs chromo mais ravissantes, avec jardin et
cottage tout juste arrachés au couvercle d’une boîte de bonbons anglais, La
cantatrice de Lagarce devenait une époustouflante folie, avec un tourbillon de
cinglés courant après leurs marques comme s’ils s’étaient trompés de plateau,
mais ne craquant pas au contraire, se faisant un devoir d’assumer avec une
sorte de naturel la situation. Quelque chose – la délicatesse en plus – entre les
Monty Python de La Vie de Brian et le Peter Greenaway de Meurtre dans un
jardin anglais, plus un zeste des feuilletonesques Atrides américains, genre
Dallas et Dynasty fort à la mode en ces années-là, aussi médiatisées que la real
télévision de notre XXIe siècle. Populaires, donc.
Et le plus étrange, le plus séduisant était peut-être cette sensibilité nostalgique
sous-jacente, quelque chose comme un regret fugace qui, par instant, le temps
d’un éclair, d’un souffle, traversait le spectacle, interrompait le rire, laissait un
écho d’inquiétude, rapidement évacué. Mais qui, insensiblement, s’était ancré
dans la tête, dans le cœur.
Extrait de la préface de Colette Godard pour Traces incertaines,
Éd. Les Solitaires Intempestifs, 2002
Saison 06 > 07
C’est une pièce qui date d’avant la télévision. À cette époque les soirées
étaient différentes. On pouvait lire le journal ou bien attendre de la visite.
Jean-Luc Lagarce pour sa part a toujours connu la télévision. Il est né en 1957,
l’année du Spoutnik et de la première victoire de Jacques Anquetil dans le tour
de France. (...)
1957, l’année de naissance de Lagarce est aussi celle de la reprise de La
Cantatrice chauve à la Huchette après ses débuts aux Noctambules pas
vraiment triomphants. Elle n’a plus quitté l’affiche depuis.
René Solis, Libération, décembre 1991
Eugène Ionesco
Eugène Ionesco dont le père était roumain et la mère française est né en
Roumanie en 1912. Il fut élevé en France où il demeura jusqu’à l’âge de
treize ans‚ à Paris d’abord avec sa mère‚ puis à la Chapelle-Anthenaise dans la
Mayenne‚ où il suivit les cours de l’école communale. En Roumanie‚ Eugène
Ionesco acheva ses études secondaires‚ fit ses études supérieures et devint
professeur de français.
En 1938‚ Eugène Ionesco qui ne supporte plus le climat créé par la montée
du fascisme en Roumanie quitte Bucarest avec sa jeune femme et tous deux
s’installent peu après en France. Pendant la Seconde Guerre mondiale et dans
les années qui la suivirent‚ il exerça divers métiers‚ dans le Midi‚ puis à Paris.
En 1950‚ La cantatrice chauve‚ sa première pièce‚ est créée au Théâtre des
Noctambules dans une mise en scène de Nicolas Bataille‚ et rencontre
l’incompréhension ou suscite la colère de la plupart des critiques.
Reprise quelques années plus tard à la Huchette‚ La cantatrice chauve y est
toujours à l’affiche après presque trente années de représentations.
Jean-Luc Lagarce
Jean-Luc Lagarce est né le 14 février 1957 en Haute-Saône. A 18 ans il quitte
son village pour Besançon, où il obtient en 1981 une maîtrise de philosophie.
Parallèlement à ses études, il est élève du Conservatoire de Région, puis élève
de Jacques Fornier au Centre Rencontres Théâtrales de Besançon.
Auteur, il écrit pour le théâtre depuis 1977. En 1978, il co-fonde la Compagnie
La Roulotte avec ses camarades du Conservatoire (François Berreur, Mireille
Herbstmeyer, Pascale Vuirpillot), compagnie dont il assure la direction. Il est
metteur en scène de classiques et de ses propres pièces. Créateur avec la
Compagnie La Roulotte des éditions Les Solitaires Intempestifs.
Jean-Luc Lagarce est décédé le 30 septembre 1995.
Quelques unes de ses pièces :
Carthage encore (1980), La Place de l’autre, Derniers Remords avant l’oubli
(1988), Juste avant la fin du monde (1990), Les Règles du savoir-vivre dans
la société moderne (1994), Nous les héros (1994), J’étais dans ma maison et
j’attendais que la pluie vienne (1994), Le Pays lointain (1995)
13 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Nasser Djemaï Une étoile pour Noël
ou l’ignominie de la bonté
mise en scène Natacha Diet
du 5 au 16 décembre 06, La Fabrique
A partir de 15 ans
de et par
Nasser Djemaï
Lumières
Paul Catenacci
Musique
Frédéric Minière
Régie
Michel Gueldry
Production
Compagnie Repères
Avec La Maison des
Métallos, et ARCADI
(Action régionale pour la
création artistique et la
diffusion en Île-de-France)
Avec le soutien
à la production de
La Filature, Scène nationale
de Mulhouse, et de
la Compagnie René Loyon
Pour le travail d’écriture,
ce projet a reçu une aide
de la Maison des Métallos
et l’encouragement
de la DMTS, Ministère
de la Culture et de la
Communication
Le texte est publié
aux Éditions Actes Sud
Papiers
Café de l’Histoire
avec Mohammed Harbi
jeudi 7 décembre à 21h
La violence part souvent d’un bon sentiment, c’est ainsi que dans Une étoile
pour Noël, tous les personnages se massacrent en voulant faire le bien.
Nasser Djemaï
L’histoire
Une étoile pour Noël c’est l’histoire du petit Nabil farouchement décidé à
devenir premier ministre comme le lui a demandé secrètement son père.
Entre les mines de ciment où travaille ce dernier et le ministère, il n’y a qu’un
pas à franchir... C’est en tout cas ce dont est bientôt convaincu Nabil, happé
par la grande machine à laver d’une petite société, où chacun s’emploie à lui
inculquer les recettes de la réussite : ne pas ressembler à son père, avoir un
prénom avec les bonnes sonorités, connaître l’équation type d’un cercle pour
découper un gâteau...
Dans ce microcosme peuplé d’ogres à visage humain, Nabil, tour à tour naïf et
manipulateur, avance dangereusement sur le fil ténu de sa destinée.
Une histoire où une simple tasse de thé peut avoir le tranchant d’une paire de
ciseaux affûtés.
Note de l’auteur
Pour mes parents, les clés du savoir, de la réussite et de la vérité, c’était l’école.
Et pour mon bien, j’avais un seul mot d’ordre : «Eux savent tout, nous on ne
sait rien...» Le point de départ de mon travail est autobiographique.
En sixième, un camarade de classe a eu un grave accident dans la cour
du collège. Afin de lui éviter un retard trop important, je lui apportais
régulièrement ses devoirs à la maison. Pour me remercier d’avoir pris soin de
son petit-fils, la grand- mère de cet ami a décidé de prendre en main mon
éducation. Elle m’a fait comprendre qu’avec un prénom comme le mien, je ne
pourrai jamais prétendre à de grandes choses. Elle m’a donc baptisé «Noël»,
m’a fait des mèches blondes, m’a inscrit à l’aumônerie, mes notes à l’école
en étaient bien meilleures et je trouvais tout cela extraordinaire.
Tous les personnages ont donc un ancrage dans mes souvenirs, mais ils ont été
étirés, poussés dans leurs retranchements, pour devenir des figures théâtrales.
Car nous sommes bien loin du genre de l’auto fiction, mais bien dans l’univers
de l’épopée burlesque.
Chacun est persuadé d’agir pour le bien d’autrui, et c’est avec cet objectif
qu’ils commettent des actes d’un égoïsme terrifiant. C’est «l’ignominie de
la bonté» que je m’amuse à déceler, la «bonté» de la grand-mère, qui veut
sauver Nabil en lui donnant un prénom chrétien, la «bonté» du père de Nabil
qui demande à son fils de ne pas lui ressembler.
Nasser Djemaï
14 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Nasser Djemaï
Diplômé de l’École nationale supérieure de la Comédie de Saint-Étienne, et
de la Birmingham School of Speech and Drama en Grande Bretagne, il se
perfectionne à la British Academy of Dramatic Combat. Nasser Djemaï a acquis
une expérience théâtrale européenne. Il a été dirigé par Hettie McDonald et
Frank McGuiness dans The Storm d’Alexandre Ostrovsky au Théâtre Almeida
à Londres. Dès son retour à Paris, il poursuit sa formation d’acteur auprès de
metteurs en scène comme Joël Jouanneau, Philippe Adrien, Robert Cantarella,
Alain Françon. Il a également joué dans Algérie 54/62 de Jean Magnan au
Théâtre National de la Colline, mis en scène par Robert Cantarella, avec qui il
travaille depuis plusieurs années.
Natacha Diet
Formée à l’École de la Rue Blanche en comédie et à l’École régionale des
Beaux-Arts d’Angers comme plasticienne, elle a travaillé notamment en
tant que comédienne avec Alain Knapp, Andrzej Seweryn, Pierre Pradinas,
François Rancillac, Hervé Petit, David Arribe, Benoît Fourchard, Fabien Bondil,
ainsi qu’avec les compagnies La Valise et les Clandestines Ficelles. Elle a
également joué au cinéma sous la direction de Erika Haglund, Pascal Bonnelle,
Emmanuelle Bercot. Elle mit et co-mit en scène entre autres : L’Histoire
des hommes dont les bras touchaient terre (création 2004 sous chapiteau)
au Carreau Scène nationale de Forbach, à l’Agora scène nationale d’Évry,
au Festival Châlon dans la rue ; L’Inconsolé de Joël Jouanneau à L’Agora,
Le Carreau, La Cité internationale, la BIEM à La Villette, Le Manège scène
nationale de Reims, le Théâtre du Peuple, Le Théâtre de la Commune ; Là où
vous savez (création dans un bus) au Carreau et en tournée festivals de rue
- Paillassons (création) à Paris, Lille, Hong-Kong. Elle est l’auteur de nouvelles,
de scénario, et co-auteur de Dange (théâtre publié chez L’Harmattan).
15 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Samuel Beckett La dernière bande et Solo
mise en scène Alain Milianti
du 12 au 16 décembre 06, Grande Salle
avec
Stuart Seide
Un enfant qui joue
Costumes
Patrice Cauchetier
Krapp, vieil auteur sans succès, amoureux des femmes et du vin, fait retour sur
son passé. Il se met à l’écoute de ce que, pendant 30 ans, il a consigné de sa
vie sur son magnétophone, en une sorte de journal magnétique. Dans l’espoir
de se trouver enfin, de s’aimer peut-être et, qui sait, de graver une dernière
bande, une dernière trace, avant de disparaître à jamais.
Dans Solo, le vieil homme évoque, en cette nuit ultime, des bribes du passé
- sa naissance au plus profond de la nuit, un enterrement sous la pluie
bouillonnante, un moment de bonheur fugace... - scrute dans l’obscurité le
défilé des « fantômes d’êtres chers et en allés », la trace des traces. Le vieillard
« aux lèvres tremblantes des mots à peine perçus » laisse alors l’enfant en lui
dire son amour, son manque d’amour. Enfin.
Maquillage, perruques
Cécile Kretschmar
Alain Milianti
Assistante à la mise
en scène
Fabienne Lottin
Un habitant de la lisière, entretien avec Stuart Seide
Décor
Macha Makeïeff
Scénographie
Cécile Degos
Lumières
Joël Hourbeigt
Musique
Jefferson Lembeye
Production
Théâtre du Nord, Théâtre
national Lille Tourcoing
Région Nord Pas-de-Calais,
Le Volcan, Scène nationale
du Havre
Café/Théâtre autour du
spectacle
avec Stuart Seide
jeudi 14 décembre à 21h
16 théâtre de la manufacture
Ce n’est pas la première fois que vous interprétez le personnage de Krapp...
J’ai joué Krapp à plusieurs reprises, la première fois en 1984 et la dernière à
Avignon en 1996, il y a donc dix ans. Le vieux Krapp est un homme de 69 ans,
mais nous entendons dans la pièce une bande magnétique qu’il a enregistrée
lorsqu’il avait 39 ans, et cet homme de 39 ans évoque l’homme qu’il était dix,
douze ans auparavant. C’est une histoire gigogne. Je devais avoir 21 ans quand
je l’ai joué pour la première fois, j’étais un tout jeune acteur new-yorkais.
Aujourd’hui, je n’ai pas encore l’âge de Krapp dans la pièce, mais je suis plus
près de lui que de l’homme qu’il était à 39 ans. Les choses se mettent en place
autrement qu’il y a vingt ans. Les zones d’indulgence et d’intransigeance se
situent différemment. C’est une autre vérité. Le personnage est “autrement”
vrai.
De quoi est-il question sur cette bande magnétique ?
Le personnage de Krapp évoque six femmes, des jeunes, des moins jeunes, une
prostituée et le grand amour de sa vie auquel il n’a pas donné suite. Au seuil
de la mort, il se demande s’il a fait les bons choix, alors qu’il a renoncé à
l’amour pour faire son oeuvre. La dernière bande est une pièce sur l’amour
et le temps, sur le temps qui passe sur l’amour. On n’associe pas Beckett à un
auteur exprimant l’inspiration amoureuse ou même le désir, et pourtant il a
vécu lui-même des histoires douloureuses et l’amour reste l’un des vecteurs de
son travail, comme pour ce récit magnifique qu’est Premier amour.
Quel rôle jouent les objets dans La dernière bande ?
Assister à La dernière bande, c’est passer une heure avec un homme qui rêve,
mange, parle de son passé et de tout ce qui a fait de lui ce qu’il est devenu
aujourd’hui. Ce n’est pas un puissant de ce monde, il fait partie des habitants
de la lisière, porteur d’autant d’espoir, de désespérance, de rêve, de mépris,
de grandeur d’âme et de mesquinerie que n’importe qui. Il a autour de lui
des objets usuels, et notamment ce magnétophone, un objet inanimé, mais
qui parle, ce qui en fait un humain parmi d’autres... Les objets chez Beckett,
ce sont des partenaires, ils ont une vie, une âme, une personnalité, et
réclament beaucoup d’attention. La dernière bande commence par de longues
minutes sans un mot, avec cet homme et ses objets, et il nous faut rendre ça
passionnant...
Saison 06 > 07
Alain Milianti
Après des études de philosophie à Aix-en-Provence, Alain Milianti rejoint en
1976 le Théâtre de la Salamandre qui s’installe à Tourcoing. Comme metteur
en scène, il participe à la réalisation des spectacles de la Compagnie de 1976 à
1985.
A partir de 1984, il réalise ses propres mises en scène : Cacodémon Roi de
Bernard Chartreux (Lille 1984), Œdipe Roi de Sophocle (Lille et Paris - Théâtre
de l’Odéon 1985), Chat en poche de Georges Feydeau (Lille et Marseille 1985).
Il quitte la Salamandre en 1985. Durant l’été 1985, dans la communauté noire
de Soweto, en République sud-africaine, il dirige un « workshop » autour de
En Attendant Godot de Beckett et Les Tribulations de Frère Jero de W. Soyinka.
Il crée à Bali Faust et Rangda avec Georges Aperghis, spectacle présenté au
festival d’Avignon en 1986. Puis une pièce de Louis Charles Sirjacq, Le Pays des
Eléphants, à Saõ Paulo en 1988, présentée au festival d’Avignon en 1989.
A l’opéra, il met en scène, avec Gildas Bourdet : La Finta Giardiniera de Mozart
(Festival d’Aix de 1982), Don Giovanni de Mozart (Festival d’Aix de 1984). Puis
Die Gartnerin aus Liebe de Mozart, à Wiesbaden et Darmstadt en 1986.
En 1990, il est nommé à la direction du Volcan/Maison de la Culture du Havre,
avec une mission de création théâtrale.
Ses dernières réalisations :
Le Festin pendant la peste (1999)
Le Tombeau de Richard G. (texte de Bernard Chartreux (2000)
Les Fausses Confidences de Marivaux (2001)
Hedda Gabler de Ibsen (2002)
Penthésilée de Heinrich von Kleist, avec les élèves du Conservatoire National
de Saratov dans le cadre d’un dialogue artistique original entre Le Havre et la
Russie (2004).
Stuart Seide
Né à New York, Stuart Seide y a fait ses premiers pas dans la mise en scène.
Depuis 1970, il vit et travaille en France. Il fonde en 1972 le « KHI », compagnie
hors commission avec laquelle il signe une dizaine de mises en scène. En 1989
il est nommé professeur d’interprétation au Conservatoire National Supérieur
d’Art Dramatique à Paris. En 1992, il prend la direction du Centre Dramatique
Régional Poitou-Charentes. En 1998, il est nommé directeur du Théâtre
National Lille Tourcoing Région Nord-Pas de Calais.
En octobre 2003, il réalise le projet qu’il portait à son arrivée à Lille en prenant
la direction de l’Ecole Professionnelle Supérieure d’Art Dramatique de la
Région Nord Pas de Calais, école rattachée au Théâtre du Nord.
Ses dernières mises en scène :
Moonlight de Harold Pinter (2005) en tournée 2006 (Toulouse, Le Havre,
Marseille)
Antoine et Cléopâtre de Shakespeare (2004)
Le Quatuor d’Alexandrie d’après Lawrence Durrell (2002)
Amphitryon de Molière (2002),
Le Gardien de Harold Pinter (2001),
Baglady de Frank McGuinness (2001),
Auprès de la mer intérieure d’Edward Bond (2000),
En projet Hamlet(s) d’après William Shakespeare (juin 2006)
17 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Sunday Clothes
mise en scène et musique Alexis Forestier
du 10 au 13 janvier 07, Grande Salle
avec
Marc Bertin,
voix
David Besson,
batterie, objets, radios
A partir du matériel sonore et des compositions musicales issus de leurs
précédents travaux, notamment Fragments complets Woyzeck de Georg
Büchner, une histoire vibrante d’après les Récits et fragments narratifs de
Franz Kafka, Faust ou la fête électrique de Gertrude Stein, Les Endimanchés
proposent une forme de concert.
Alexis Forestier,
piano, violon, voix
Moïra Montier-Dauriac,
contrebasse, basse électrique
Antonin Rayon, claviers,
guitare traitement sonore
Cécile Saint-Paul,
voix
Et les voix de
Holger Friedrich
et Bruno Forget
Son
David Segalen
Lumières
Michel Bertrand
Coproduction
Cie Les Endimanchés
(conventionnée par
la DRAC Île-de-France),
Les Subsistances de Lyon,
Théâtre de l’Échangeur
de Bagnolet
Coréalisation
Théâtre de la Manufacture,
CDN Nancy-Lorraine,
Centre culturel André
Malraux, Scène nationale
de Vandoeuvre-lès-Nancy
18 théâtre de la manufacture
Sunday Clothes
La compagnie Les Endimanchés, prolongement lointain d’une formation
musicale apparue dans les années quatre vingt mène une recherche théâtrale
où depuis plusieurs années l’un des principaux enjeux esthétiques concerne la
relation entre le texte et la musique ; le motif musical - la ritournelle - devient
une composante essentielle de l’espace scénique qui détermine (obsède) le
processus dramaturgique et construit le temps de la représentation.
De ces travaux sont nées une pratique instrumentale et une recherche sur
le son qui ont éveillé le désir de former un laboratoire d’expérimentation
musicale au sein de la compagnie.
Le projet Sunday Clothes se propose d’interroger la forme et le dispositif
du concert, la relation que celui-ci peut entretenir au langage et à l’espace
théâtral, d’éprouver ce que peut devenir un travail musical né de la rencontre
avec une écriture, dès l’instant où il n’est plus subordonné au texte mais à la
recherche de sa propre autonomie.
Il y a une destination mais il n’y a pas de chemin
ce que nous appelons chemin est notre hésitation
Franz Kafka
La structure du spectacle composée d’une succession d’extraits et de fragments
de textes, de chansons et de citations musicales forme une dramaturgie
improbable. Dans leur disparité de provenance, ces éléments ont en commun
de désigner un vertige existentiel symptomatique de notre rapport au réel.
Il se traduit ici par un déraillement continuel du dispositif également lié à
la profusion de signes et de référents extérieurs et provoque l’errance de la
représentation. Le basculement d’une séquence à l’autre a lieu comme par
surprise ou par erreur. Les intervenants façonnent un paysage qui leur échappe
à mesure qu’il se transforme, tandis qu’apparaît de manière lointaine le motif
d’un homme qui marche le long d’un chemin inexistant.
De ces ruptures et glissements incongrus résulte une certaine fragilité en
suspension pour formuler sur différents registres musicaux et à travers une
parole lacunaire les scories de ce voyage d’hiver - l’errance, la solitude et la
mélancolie -, le trouble de la représentation.
Saison 06 > 07
Les Endimanchés, parcours musical
A sa création en 1985, Les Endimanchés est un groupe de percussions
qui s’inspire à la fois de la musique industrielle bruitiste et de la chanson
populaire. La percussion sur éléments métalliques assemblés et le chant a
capella sont les deux principaux registres de cette formation qui introduit
assez rapidement dans ses créations des instruments traditionnels.
Les compositions sont inspirées du répertoire du début du siècle dans une
logique de transposition ou de détournement.
Peu à peu la chanson réaliste est abordée de manière plus frontale de
même qu’est engagé un travail de recherche et d’interprétation de certaines
musiques d’Europe centrale et notamment du répertoire traditionnel roumain.
Alexis Forestier suit des études d’ethnomusicologie et s’intéresse plus
particulièrement à la complainte populaire puis au cabaret littéraire avant de
se tourner vers la question du genre musical dans le théâtre de Brecht.
L’intérêt pour les mouvements d’avant-garde dans leur relation aux formes
scéniques conduit en 1993 à la création de la compagnie Les Endimanchés
et du spectacle musical Cabaret Voltaire, évocation de la naissance du
mouvement dada à Zürich.
A partir de ce travail, Alexis Forestier et Cécile Saint-Paul s’interrogent sur la
théâtralité de textes poétiques et s’orientent vers les écritures de René Char,
Henri Michaux, Francis Ponge...
La compagnie revient au Théâtre musical en 1998 avec la création de
l’Importance d’être d’accord de Bertolt Brecht sur une partition de Paul
Hindemith ; la direction musicale est assurée par Philippe Allée.
Alexis Forestier signe la composition musicale des deux derniers spectacles
de la compagnie Fragments complets Woyzeck et Une histoire vibrante ;
ces univers sonores sont construits sur le mode musical de la ritournelle ;
les mélodies répétitives ou motifs musicaux peuvent être chantés mais ils
constituent également un support à l’écoute du texte, conditionnent la
scansion ou la ciselure de la parole.
Pour Faust ou la fête électrique, il compose à partir du livret, dans la
traduction de Marie-Claire Pasquier, et pour toutes les chansons (solos et
parties de chœur) une musique destinée à être chantée par six comédiens
chanteurs et un soliste contre-ténor. Cette musique, simple dans sa
construction mélodique et harmonique est avant tout un travail sur la
prosodie dans le souci de se tenir au plus près de l’écriture de Gertrude Stein
et des variations qu’elle propose. Cette musique est interprétée sur un piano
préparé et des arrangements pour contrebasse sont écrits par Moïra MontierDauriac ; la partie rythmique du piano préparé se rapproche de la percussion.
Cette composition musicale est enrichie par l’écriture, en collaboration
avec Cécile Saint-Paul, d’une structure ou paysage sonore qui propose un
traitement musical, rythmique ou bruitiste en accompagnement du texte
parlé.
Compagnie Les Endimanchés
Après des études d’architecture et diverses formations musicales, Alexis
Forestier réalise des créations sonores pour des courts métrages et des
spectacles chorégraphiques, puis écrit des propositions théâtrales issues d’un
travail sur le cabaret littéraire et les mouvements d’avant-garde. A partir de
1993, il met en scène les différents spectacles de la compagnie, parallèlement à
une recherche sur la scénographie et la réalisation d’installations plastiques.
La Compagnie les Endimanchés se forme en 1993 autour du spectacle Cabaret
Voltaire, évocation de la naissance du mouvement Dada à Zürich, d’après «La
Fuite hors du temps», journal d’Hugo Ball.
19 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Jean-René Lemoine Face à la mère
mise en scène Jean-René Lemoine
du 16 au 27 janvier 07, La Fabrique
Écrit, mis en scène
et interprété
par Jean-René Lemoine
Collaboration
à la mise en scène
Clotilde Ramondou
Décor
Christophe Ouvrard
Lumières
Dominique Bruguière
Son
Yves Coméliau
Coproduction
MC93 Bobigny,
Gallia Théâtre-Saintes,
La Passerelle, Scène
nationale de Saint-Brieuc,
Compagnie Erzuli
Café de l’Histoire
avec Marcel Dorigny
Jeudi 18 janvier à 21h
Face à la mère est le «monologue» d’un fils à l’adresse d’une mère décédée.
Une femme, Annette Duncan Lemoine, ma mère, a été assassinée à Port-auPrince, en Haïti dans la nuit du 11 au 12 juillet 2002. Pas d’enquête, pas de
procès.
Il est compréhensible que la mort des parents hante la vie d’un sujet, mais
lorsque cette mort est aussi violente, lorsqu’elle le précipite dans la barbarie,
lorsqu’elle le relie à ce que l’humain a de plus monstrueux, alors elle devient
obsédante.
L’effroi, la stupeur, le sentiment soudain d’exclusion du monde des vivants
sidèrent, isolent et désespèrent. Une fois estompé le premier vertige, quand
nous acceptons de regarder au-delà de notre propre tourment, nous nous
apercevons que cette perte nous relie à l’immense fragilité du monde, ouvrant
tous grands nos yeux sur une terrible dimension de l’humanité. On prend alors
sur ses épaules cette conscience supplémentaire, ce fardeau de maturité que
tant bien que mal on essaiera de pétrir et de transfigurer en allant de l’avant.
Pour préparer l’écriture de ce texte à venir, il m’aura fallu me rendre par
deux fois en Haïti après le drame pour en revisiter les lieux, recueillir les
témoignages de ceux et celles qui ont côtoyé Annette Duncan Lemoine, ma
mère, puisque moi-même je ne connaissais pas ou presque sa vie de là-bas.
En effet, pendant plus de vingt ans (de la jeunesse à la maturité) mes voyages
de l’Europe vers l’île d’Haïti ont été «sporadiques» et je ne l’ai donc pas vue
vieillir.
Je ne peux m’empêcher de penser qu’on lui a volé sa mort. Je sais que la
perspective de l’Ultime ne lui faisait pas peur, qu’elle aurait souhaité se
préparer au voyage et saluer tous ceux qu’elle aimait avant d’aller vers
la grande vacance. Il ne lui a pas été donné de le faire. Celle qui avait
passé sa vie dans une attention permanente aux autres, qui avait été la
mère idéale et incontestée de tous ces autres (c’est ce que révèlent leurs
vibrants témoignages) qui à travers son métier d’enseignante avait tenté de
transmettre des valeurs qui lui paraissaient primordiales dans un pays presque
définitivement enseveli sous la déliquescence et la folie, n’a rencontré d’autre
destin que cette indicible violence contre laquelle elle s’était toujours insurgée.
Car ayant choisi de rester envers et contre tout dans ce pays-là, ayant choisi de
ne pas avoir peur, elle avait choisi son camp et était entrée en résistance.
Tout cela est hélas très quotidien en Haïti, comme d’ailleurs dans tant d’autres
pays de notre monde.
Alors pourquoi faire encore une fois le récit d’une histoire intime et somme
toute banale ? Peut-être pour ne pas risquer de s’arroger le monopole de
la douleur et y rester pétrifié, mais au contraire tenter d’entrer en relation
à l’autre en interrogeant, en partageant, en transfigurant cet intime;
pour retrouver, comme dans l’antique tragédie, les mots qui permettront
d’apprivoiser l’innommable, de lui donner une forme et de recommencer à
exister.
Jean-René Lemoine
20 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Face à la mère, extrait
Il fallait fermer la maison, partir. Tel un naufragé au milieu des reliques, je
regardais défiler les années. Tout avait passé comme un souffle. Vous étiez
donc définitivement retournée ici après la mort de votre père, retrouvant un
pays ravagé. J’avais vingt ans, je crois. Peu de temps après j’étais venu vous
visiter. J’ai séjourné quelques semaines à vos côtés, puis je suis reparti et...
Dix années ont passé.
Dix ans se sont écoulés. Les mers, comme on dit, nous avaient séparés.
Seules nos lettres, irrégulières, avec leur cargaison de mots, maintenaient
le doux lien de l’absence. Comment avons-nous pu rester dix ans sans nous
croiser ? Pourquoi ne m’avez-vous jamais exhorté à venir ? Je ne sais pas...
Je me souviens de nos retrouvailles après ces dix années.
Jean-René Lemoine
Comédien, auteur, metteur en scène, Jean-René Lemoine est né en 1959 en
Haïti. Après un parcours d’acteur, il a travaillé comme assistant à l’Union des
Théâtres de l’Europe et collaboré avec l’Académie Expérimentale des Théâtres.
Il a également enseigné l’art dramatique au Cours Florent.
Il commence à écrire en 1985 et met en scène sa première pièce, Les Folies
bergères au Théâtre du Porta Romana, à Milan. Il choisit dès lors de se
consacrer en priorité à l’écriture et à la mise en scène. C’est ainsi que naîtront
un roman, Compte-rendu d’un vertige, et surtout de nombreux textes pour le
théâtre : Iphigénie, Portrait d’un couple, Chimères, L’Ode à Scarlett O’ Hara,
Ecchymose, L’Odeur du noir, Erzuli Dahomey, Le Voyage vers Grand-Rivière,
Face à la Mère.
Dernières mises en scènes
Novembre 2004 : La Cerisaie d’Anton Tchekhov (reprise) à la MC 93 Bobigny.
Août 2004 : Verbó de Giovanni Testori au Théâtre Garibaldi de Palerme.
Septembre 2003 : La Cerisaie d’Anton Tchekhov au Théâtre Gallia de Saintes.
Janvier 2003 : L’Adoration au Théâtre Gérard Philipe de Saint Denis.
Février 2001 : Le Voyage vers Grand-Rivière au Centre Dramatique de
Sartrouville (spectacle pour jeune public).
21 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
May B
chorégraphie Maguy Marin
du 24 au 25 janvier 07, Grande Salle
Danse
Chorégraphie
Maguy Marin
Musique
Franz Schubert
Gilles de Binche
Gavin Bryars
Costumes
Louise Marin
Lumières
Pierre Colomer
Interprètes
Ulises Alvarez
Flora Bourderon
Yoann Bourgeois
Teresa Cunha
Jordi Galí
Sandra Iché
Matthieu Perpoint
Vania Vaneau
Vincent Weber
Distribution en cours
Coproduction
Compagnie Maguy Marin,
Maison des Arts et de
la Culture de Créteil
La Cie Maguy Marin CCN de Rillieux-la-Pape
est subventionnée par
le Ministère de la Culture
et de la Communication DRAC Rhône-Alpes,
la Région Rhône-Alpes,
le Conseil général du Rhône
et les communes de Rillieux
la-Pape, Décines et Bron
Elle bénéficie également
du soutien financier
de l’AFAA pour ses tournées
internationales
«Ce travail sur l’œuvre de Samuel Beckett, dont la gestuelle et l’atmosphère
théâtrale sont en contradiction avec la performance physique et esthétique du
danseur, a été pour nous la base d’un déchiffrage secret de nos gestes les plus
intimes, les plus cachés, les plus ignorés.
Arriver à déceler ces gestes minuscules ou grandioses, de multitudes de vies à
peine perceptibles, banales, où l’attente et l’immobilité «pas tout à fait»
immobile laissent un vide, un rien immense, une plage de silences pleins
d’hésitations.
Quand les personnages de Beckett n’aspirent qu’à l’immobilité, ils ne peuvent
s’empêcher de bouger, peu ou beaucoup, mais ils bougent.
Dans ce travail, à priori théâtral, l’intérêt pour nous a été de développer non
pas le mot ou la parole, mais le geste dans sa forme éclatée, cherchant ainsi le
point de rencontre entre, d’une part la gestuelle rétrécie théâtrale et, d’autre
part, la danse et le langage chorégraphique.»
Maguy Marin
(...) Maguy Marin est dotée du sens de la fantaisie et de l’absurde ; à travers les
pièces de Samuel Beckett, elle a trouvé un objectif idéal pour méditer sur les
absurdités de la vie. Comme lui, elle travaille avec des archétypes -les mêmes, et nous offrant des images universelles, elle fait en sorte que la condition
humaine nous paraisse très spécifique.
Les 10 danseurs sur scène constituent un amalgame des personnages de
Beckett, leurs visages couverts par une couche de craie grise qui s’envole
lorsqu’ils bougent.
Vêtus de leurs costumes de nuit peu seyants, ils cheminent, solitaires et isolés,
à l’unisson, avec des gestes remarquablement précis, vers la découverte de soi.
Très vite, c’est le sexe qu’ils découvrent dans une séquence de mouvements
fébriles et convulsifs ; plus tard, nous les observons dévoiler une gamme
croissante d’émotions - hostilité, peur, et tendresse. (...)
Anna Kisselgoff
The New York Times, 1986
Spectacle invité par le
Centre culturel André
Malraux,Scène nationale de
Vandoeuvre-lès-Nancy
22 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Maguy Marin parcours
Jusque-là maintenant ...
Il y a un lieu de naissance, autre qu’une ville. Toulouse. Un emplacement
atteint, suite à une série de déplacements provoqués par des mouvements
politiques en Espagne.
Ainsi, grandir par là, en France, au tout début des années 50.
Il y a un pour devenir danseuse un désir qui se confirme par un enchaînement
d’études : au conservatoire de Toulouse, puis au ballet de Strasbourg et à
Mudra (Bruxelles). Un élan dans lequel se manifestent déjà des rencontres : les
étudiants acteurs du Théâtre National de Strasbourg, Maurice Béjart, Alfons
Goris et Fernand Schirren... Un devenir qui s’affirme au sein du groupe de
recherche théâtrale (Chandra) puis au Ballet du XXe siècle de Maurice Béjart.
Nouvelles rencontres, autres évidences. Le travail de création s’amorce aux
côtés de Daniel Ambash, et les concours de Nyon et de Bagnolet (1978)
appuient cet élan.
Une équipe se constitue (il y a Christiane Glik, Luna Boomfield, Mychel
Lecoq...).
Ainsi faire vivre cette recherche artistique. Porter cette nécessité de créer à un
devoir-faire. Un faire nourri par un étonnement inapaisable de ce qui compose
le monde. Un monde que l’on agence et qui nous constitue. De recherche en
créations, ce saisissement ne cesse de s’exercer, mais aussi de se déterminer au
fil des rencontres.
1981, rencontre constitutive : celle avec l’oeuvre de Samuel Beckett : Etre là,
sans l’avoir décidé, entre ce moment où l’on naît, où l’on meurt. Ce moment
que l’on remplit de choses futiles auxquelles on voue de l’importance.
Absurdité bouleversante - ( May B ). Ce moment qui nous met dans l’obligation
de trouver une entente quelconque avec plusieurs autres, en attendant de
mourir - ( Babel Babel et Eden ).
Une recherche qui se poursuit toujours à plusieurs. Avec une compagnie,
une troupe renforcée par Cathy Polo, Françoise Leïck, Ulises Alvarez et bien
d’autres encore.
1987... , nouvelle rencontre : celle avec Denis Mariotte. Une collaboration
s’amorce. Décisive, elle s’ouvre au-delà de la musique. Les points de vue
commencent à se décaler. Un espace de distanciation s’ouvre (Cortex) et se
prolonge de manière multiple (Waterzooï, Ram Dam, Pour ainsi dire et Quoi
qu’il en soit). Plus d’illusion, mais des êtres vivants tels quels. De la musique
vivante et du vivre ensemble qui n’est plus l’expression d’un Moi, mais d’un
«nous, ici, maintenant». Un croisement de présences qui agit dans un espace
commun. (Points de Fuite, Les applaudissements ne se mangent pas).
Là, sur le plateau, nous sommes composants d’un espace social.
Nous sommes aussi l’expression d’un espace des autres. Nous -collectivementprenons chacun une place. Dans un «comment vivre ensemble» qui ne
finira jamais de s’expérimenter. Alors on agit malgré tout. Sans cesse dans
l’expérimentation de nos possibles - petits ou grands - (Umwelt).
23 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Henrik Ibsen Hedda Gabler
mise en scène Richard Brunel
du 30 janvier au 10 février 07, Grande Salle
avec
David Ayala
Gilette Barbier
Cécile Garcia-Fogel
Laurent Meininger
Grégoire Monsaingeon
Julie Pilod...
Distribution en cours
Traduction
Michel Vittoz
Dramaturgie
Catherine Ailloud-Nicolas
Scénographie
Marc Lainé
Lumières
Mathias Roche
Son
Manu Rutka
Costumes
Marie-Frédérique Fillion
Marc Lainé
Régie plateau
Nicolas Hénault
Assistante à la mise
en scène
Sandrine Lanno
Administratrice
de production
Vanessa Ceroni
Coproduction
Compagnie Anonyme,
Théâtre national de
La Colline, Nouveau Théâtre
de Besançon, CDN de
Franche-Comté, Théâtre
de la Manufacture,
CDN Nancy-Lorraine
et les Subsistances de Lyon
La Compagnie Anonyme
est conventionnée par
le Ministère de la Culture
(DRAC Rhône-Alpes)
et le Conseil régional RhôneAlpes et subventionnée
par la ville de Saint-Étienne
et le Conseil général
de la Loire
Café/Théâtre
avec Richard Brunel,
jeudi 8 février 2007 à 21h
24 théâtre de la manufacture
Hedda Gabler, la pâle beauté, en apparence froide. Demande beaucoup à la
vie et à la joie de vivre.
Lui (Tesman), qui l’a enfin gagnée, médiocre personnage, mais savant libéral,
honnête et doué.
Le manuscrit que perd Lovborg a pour objet de montrer que la mission de
l’homme est : La vie, avec le fondement social actuel, ne vaut pas la peine
d’être vécue. Donc y échapper par des divagations. Par la boisson, etc...
Tesman est la correction, Hedda est la personne blasée, Mme Elvsted est
l’individu nerveux - hystérique d’aujourd’hui, Brack le représentant de la
conception bourgeoise personnelle. (...)
Le désespoir de Lovborg consiste en ce qu’il veut dominer le monde et ne peut
se dominer lui-même.
Brack a le goût de vivre en célibataire, en se procurant accès dans une bonne
maison familiale, y devenant ami, s’y rendant indispensable.
La pièce traitera de l’insurmontable (de l’inabordable), de l’aspiration à ce qui
est contraire à la convention, aux usages admis dans les consciences, ... dans
celle d’Hedda également. Lovborg a incliné vers la bohème. Hedda est attirée
dans le même sens, mais n’ose pas faire le saut.
Il y a chez Hedda une profonde poésie, au fond. Mais l’entourage l’effraie.
Pensez donc, se rendre ridicule ! (...)
Elle épouse Tesman, mais son imagination va vers Lovborg... Cette fuite hors
de la vie lui est odieuse (...)
Hedda a raison : il n’y a pas d’amour du côté de Tesman. Et pas non plus de la
part de la tante Julie.
Si affectueuse qu’elle soit.
Il est beau de travailler pour un but. Même si c’est pour une erreur...
Elle ne le peut pas. Ni prendre part à celui des autres.
C’est ainsi qu’elle se tue. (...)
Ce qu’il y a de démoniaque en Hedda, c’est : elle veut exercer une influence
sur un autre... Une fois fait, elle le méprise. (...)
La vie n’est pas lamentable... La vie est ridicule... Et on ne peut la supporter.
C’est à proprement parler toute la vie de l’homme qu’Hedda veut vivre. Mais
surviennent les scrupules. Hérités et inculqués.
Ce sont des forces et puissances souterraines qu’il s’agit. La femme comme
ouvrier mineur.
Nihilisme. Père et mère appartenant à des mondes différents. La révolution
féminine souterraine dans la façon de penser. La crainte d’être esclave des
circonstances.
L’exigence fondamentale d’Hedda est : je veux tout savoir, mais me garder
pure !
Extraits des manuscrits laissés par Ibsen autour d’Hedda Gabler,
traduits par P.-G. La Chesnais
Henrik Ibsen, Œuvres complètes, Paris, Librairie Plon, 1942.
Saison 06 > 07
Henrik Ibsen
Le Norvégien Henrik Ibsen (1828-1906) est l’un des plus grands dramaturges
de tous les temps. Lointaine est désormais l’époque où le critique Francisque
Sarcey voulait le reléguer dans les «brouillards scandinaves». Son œuvre est
jouée partout dans le monde. Les grandes questions vitales qu’elle ne cesse de
poser, nous les endossons, nous les faisons nôtres.
Des Prétendants à la Couronne à Brand, de Peer Gynt à Une Maison de
poupée, de Solness le constructeur à Hedda Gabler, l’extrême plasticité de
l’inspiration d’Ibsen évoque un trait de l’une de ses plus admirables créations,
cette «Dame de la mer» dont les yeux changent de couleur selon l’état de
l’océan.
« Pour nous, écrivait le poète Alexandre Blok, l’œuvre d’Ibsen n’est pas un
livre, ou si c’en est un, c’est le grand livre de la vie. Lorsque nous sommes avec
Ibsen, nous sommes à bord d’un navire qui lutte en pleine mer avec les vagues,
nous écoutons la voix jamais interrompue du grand ressac...
On peut aimer Ibsen ou le détester. Mais ni la haine ni l’amour qu’on lui porte
ne peuvent être raisonnables. Être le spectateur froid, indifférent, passif des
tragédies d’Ibsen, cela signifie ne pas comprendre que nous sommes tous
responsables de chacun de ses mouvements, et que si son grand cœur expire
de douleur, nous en sommes tous responsables.»
Richard Brunel metteur en scène
Richard Brunel s’est formé tout d’abord à l’École du Centre Dramatique
National de Saint-Étienne où il a travaillé sous la direction de Philippe
Adrien, Agathe Alexis, Pierre Barrat, Daniel Benoin, Pierre Debauche,
Michel Dezoteux, Mario Gonzalès, Pierre Pradinas, Guy Rétoré, MarieNoël Rio, Stuart Seide, Viviane Théophilidès entre autres.. puis il a intégré
l’Unité nomade de formation à la mise en scène où il a eu comme maîtres
Robert Wilson, Kristian Lupa, Alain Françon, Ludovic Lagarde, Peter Stein.
Depuis 1997 et jusqu’à présent, il a mis en scène au théâtre :
Vengeance(S) d’après The Revenger’s tragedy de Cyril Tourneur
Brûlons Labiche ? d’après des pièces en un acte d’Eugène Labiche
Aaaaah ! Tableaux d’un désordre essentiel d’après les pièces de jeunesse
de Stanislas Ignacy Witkiewicz
Triptyque Kafka (Métamorphoses, Noces de papiers, Derniers mots)
d’après l’œuvre et la vie de Franz Kafka
Le Théâtre ambulant Chopalovitch de Lioubomir Simovitch, spectacle de
sortie de la 60e promotion de l’ENSATT
Don Juan revient de guerre de Ödön Von Horváth
Kasimir et Karoline de Ödön Von Horváth
La Tragédie du vengeur de Cyril Tourneur
Teatr d’après le Roman Théâtral de Mikhaïl Boulgakov, spectacle de sortie
de la 63e promotion de l’ENSATT.
L’infusion de Pauline Sales (Festival Temps de parole, Comédie de Valence,
théâtre du Rond-Point, Paris).
Il a également réalisé des mises en scène pour le lyrique et le théâtre
musical, dirigé un atelier de formation professionnelle pour de jeunes
chanteurs lyriques, et plusieurs chantiers qui l’ont mené en France, en
Espagne, en Italie, en Roumanie et au Maroc.
Il mettra en scène Der Jasager et Der Neinsager de Bertolt Brecht et Kurt
Weill à l’Opéra National de Lyon, en juin 2006.
Il est, depuis 1997, directeur artistique de la Compagnie Anonyme
(nomination prix Adami 2004, compagnie émergente)
Depuis Juin 2004 il est metteur en scène associé à la Manufacture, CDN
Nancy Lorraine pour une durée de trois ans.
25 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Terence Rattigan La version de Browning
adaptation et mise en scène Didier Bezace
du 27 février au 10 mars 07, Grande Salle
avec
Sébastien Accart
David Assaraf
Sylvie Debrun
Claude Lévêque
Alain Libolt
Adeline Moreau
Vincent Winterhalter
Traduction
Séverine Magois
Collaboration artistique
Laurent Caillon
Assistante à la mise
en scène
Dyssia Loubatière
Scénographie
Jean Haas
assisté de Julien Tesseraud
Lumières
Dominique Fortin
Costumes
Cidalia Da Costa
assistée de Anne Yarmola
et Hafid Bachiri
Maquillages
Laurence Otteny
assistée de Marie-Laure
Texier
Au sud de l’Angleterre, dans les années 50. Il est environ 18h30, un soir de
juillet. C’est l’avant-dernier jour de l’année scolaire. Le jeune Taplow attend
le professeur Crocker-Harris, le Croco, pour un cours particulier de grec ancien
dont pourrait dépendre son passage dans la classe supérieure. Dans cet univers
particulier des Public Schools anglaises où se mêlent, au point de se confondre,
le professionnel et l’intime, cette fin de journée va se révéler éprouvante pour
Andrew Crocker-Harris.
À la recherche de soi
Être soi-même, désespérément, afin d’échapper aux règles mensongères de la
bienséance générale, à l’ambiguïté des relations amoureuses ou conjugales,
voilà l’obsédante recherche à laquelle semblent se livrer les personnages de
La version de Browning dont l’action est située par l’auteur au sein d’une
des institutions les plus emblématiques de la culture « british », une Public
School dans les années 50. Pour y avoir été formé lui-même pendant huit ans,
il en connaît parfaitement les règles et les traditions fondées sur la rigueur et
l’austérité.
En deux heures de temps réel, une fin d’après-midi, le dernier jour de l’année
scolaire, Rattigan nous fait assister à l’émergence implacable de la vérité.
Il nous a semblé que le théâtre le plus approprié de ce douloureux
dévoilement était justement un espace de parole et d’apprentissage,
figé entre passé et avenir, glacial comme un tribunal et secret comme un
confessionnal: la classe, vide, sorte de Golgotha au sommet duquel règne et
succombe le magister blessé.
Construction décor
Atelier François Devineau
Didier Bezace
Production
Le Théâtre de la Commune CDN d’Aubervilliers
et la Scène indépendante
contemporaine
La pièce The Browning
Version de Terence Rattigan
est représentée par l’agence
Drama-Suzanne Sarquier
(dramaparis@dramaparis.
com) en accord avec
l’agence ABR de Londres
Le texte de la pièce
est publié aux Éditions
Les Solitaires Intempestifs
Pendant dix-huit ans, Crocker-Harris s’est identifié à sa classe de seconde.
D’année en année, les élèves sont passés, le lieu est resté, immuable au point
d’être le costume de rigueur de cet homme emmuré en lui-même. La classe est
aujourd’hui vide, quasi fantomatique, en ce dernier jour de l’année. Pendant
deux heures, d’un tardif cours particulier au repas du soir, vont se délier
les rapports qui unissaient les personnages dans une dépendance devenue
insupportable.
Temps d’aveux et de possibles résolutions, où cherchant à « être soi-même »,
une société fait l’expérience éprouvante et ambiguë de la sincérité.
Molières 2005 de la
meilleure
mise en scène et de la
meilleure adaptation
d’une pièce étrangère.
Prix du Souffleur 2005 pour
le meilleur premier rôle
masculin, Alain Libolt et
pour le meilleur second rôle
masculin, Sébastien Accart.
Prix du Syndicat de la
Critique 2005 pour le
meilleur
acteur, Alain Libolt
26 théâtre de la manufacture
Laurent Caillon
Les lundis du ciné, Cinéma Caméo Commanderie,
If... de Lindsay Anderson, Palme d’or, Cannes, 1969
lundi 5 mars 2007 à 20h15
Saison 06 > 07
Terence Rattigan
Auteur anglais, dramaturge et scénariste, il est né en 1911 à Londres dans
une famille de diplomates. Il fait ses études à Harrow (de 1925 à 1930) puis
au Trinity College, à Oxford, jusqu’en 1933. C’est à Oxford qu’il se lance dans
le théâtre et qu’il écrit, en 1934, First Episode, une première pièce qui sera
très vite présentée sur la scène londonienne. De 1936 à 1956, sa production
dramaturgique est considérable et les succès s’enchaînent. Sa notoriété
redouble quand il se consacre à l’écriture pour le cinéma. En 1951, il se
voit décerner le Prix du scénario au Festival de Cannes pour l’adaptation
cinématographique de The Browning Version.
Puis, le savoir-faire méticuleux de Rattigan paraît soudain démodé dans la
société britannique protestataire des années 60. Le sentiment que ses pièces
étaient « datées », et le fait qu’on l’identifiait avec l’Establishment faisaient de
lui la cible de choix pour la jeune génération de dramaturges.
Il vivra assez longtemps pour voir ses pièces triompher de nouveau, après une
longue éclipse. Mais c’est surtout depuis sa mort, en 1977, que les metteurs en
scène, s’emparant régulièrement de ses textes, en livrent une nouvelle lecture,
plus profonde et plus subversive.
Didier Bezace
Co-fondateur en 1970 du Théâtre de l’Aquarium à la Cartoucherie, il a
participé à tous les spectacles du Théâtre de l’Aquarium depuis sa création
et jusqu’en 1997 en tant qu’auteur, comédien ou metteur en scène. Il est
directeur du Théâtre de la Commune, CDN d’Aubervilliers depuis le 1er juillet
1997 et continue d’être acteur au cinéma et au théâtre.
Principales réalisations en tant qu’adaptateur et metteur en scène au Théâtre
de l’Aquarium : La Débutante d’après Mademoiselle Else d’Arthur Schnitzler
(1983); Les Heures blanches d’après La Maladie humaine de Ferdinando Camon
(1984); Héloïse et Abélard d’après leur correspondance (Festival d’Avignon
- 1986); L’Augmentation de Georges Pérec (Avignon - 1988), Le Piège d’après
Emmanuel Bove (1990); Marguerite et le Président d’après des entretiens entre
Marguerite Duras et François Mitterrand (1992); La Femme changée en renard
d’après David Garnett (1994); Le Jour et la Nuit d’après trois entretiens extraits
de La Misère du monde de Pierre Bourdieu (1998); C’est pas facile, d’après
Bertolt Brecht, Emmanuel Bove et Antonio Tabucchi: La Noce chez les petits
bourgeois, suivie de Grand’ peur et misère du IIIème Reich, de Bertolt Brecht,
Le Piège d’après Emmanuel Bove, et Pereira prétend d’après Antonio Tabucchi,
lecture et mise en espace, 1996.
Pour la Comédie-Française, il a mis en scène Je rêve (mais peut-être pas) de
Luigi Pirandello. Petit Odéon, 1992.
Au Théâtre de la Commune, il a créé : Pereira Prétend d’après Antonio
Tabucchi (Avignon - 1997 ) et Narcisse de Jean-Jacques Rousseau (1998).
Reprise de La Femme changée en renard d’après David Garnett (1999).
Création de Le Cabaret, Petit théâtre masculin-féminin en 1999 et du Coloneloiseau (créé à Avignon saison 2000), Feydeau Terminus, d’après Léonie est
en avance, Feu la mère de Madame et On purge bébé de Georges Feydeau
(2001) et Lignes de vie, (2001). Il a mis en scène L’Ecole des femmes de Molière,
jouée en ouverture du Festival d’Avignon, dans la Cour d’honneur du Palais
des Papes (juin 2001). En 2002, il met en scène Chère Eléna Serguéiévna de
Ludmilla Razoumovskaïa et la reprise de La Noce chez les petits bourgeois,
suivie de Grand’ peur et misère du IIIe Reich, de Bertolt Brecht. Il crée Le
Square de Marguerite Duras (03-04). Il crée Avis aux intéressés de Daniel Keene
et La Version de Browning de Terence Rattigan en 2004/2005.
Sous la direction d’autres metteurs en scène, il a interprété de nombreux
textes contemporains et classiques.
27 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Jon Fosse Kant
mise en scène Bérangère Vantusso
du 6 au 17 mars 07, La Fabrique
Spectacle de marionnettes
A partir de 7 ans
avec
Anne Dupagne
Guillaume Gilliet
Philippe Rodriguez-Jorda
Scénographie
Marguerite Bordat
Son
Arnaud Paquotte
Lumières
Olivier Irthum
Construction
des marionnettes
Bérangère Vantusso
Marguerite Bordat
Collaboration artistique
Sophie Brenas
Administration
et production
Catherine Hubin
Diffusion et production
Florence Kremper
Coproduction
Compagnie trois six trente,
Théâtre de la Manufacture,
CDN Nancy-Lorraine,
Centre culturel André
Malraux, Scène nationale
de Vandoeuvre-lès-Nancy,
Transversales Verdun
Avec l’aide à la création
de la DRAC Lorraine
«Je m’appelle Kristoffer.
Je suis au cours élémentaire, et je n’aime pas les choses que je n’arrive pas
à comprendre. Ça me fait peur. J’ai envie d’appeler mon papa, de lui dire
de venir, pour qu’on puisse parler de l’univers. Mais il va sûrement me dire
qu’il faut que je dorme. Et s’il ne dit pas ça, il va sûrement me dire qu’il y a
beaucoup de choses qu’on n’arrive pas à comprendre.»
Kant de Jon Fosse (extrait)
«Mais si le géant se réveillait? Qu’est ce qu’on deviendrait alors? On ne
disparaîtrait pas complètement, tout de même? Ça n’est pas possible, tout de
même?»
Cette obsession du géant est une belle porte ouverte vers la marionnette.
Il soulève à la fois la question de l’échelle humaine et de la réalité de notre
existence.
Le petit Kristoffer sera le seul personnage du conte traité en marionnette.
Manipulé à un, deux ou trois, il mesurera environ un mètre de haut, sera
construit à l’image d’un petit garçon de huit-neuf ans en pyjama et devra être
très, très mobile.
Les trois manipulateurs /acteurs présents sur le plateau prendront en charge
tour à tour les rôles de conteur, de Kristoffer, du père, de la mère, de Mickey,
du géant, de la lumière du couloir, de quelqu’un tapi dans l’ombre. Ils ne
seront pas associés du début à la fin à un seul personnage, ce qui compte
avant tout c’est qu’ils soient des présences qui font bouger le réel.
La marionnette de Kristoffer sera de type hyper-réaliste, dans le droit-fil des
sculptures de Ron Mueck.
Il m’apparaît en effet intéressant de pousser la question du réel jusqu’à mettre
le spectateur dans la position de se demander, face à la marionnette, «est-ce
que c’est vrai?», «est-ce que ça vit?» et finalement «qu’est-ce qu’être vivant?».
(...)
L’autre réalité, celle des pensées intérieures, sera prise en charge par les
acteurs et par un travail d’ombre chinoise, de silhouettes, de textes, d’images
transparentes projetées sur différents supports scénographiques, à différentes
échelles, dans des états de déformation ou de réalisme plus ou moins grands
selon les moments.
Bérangère Vantusso
28 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Jon Fosse
Né en 1959 à Haugesund, un petit bourg proche de Bergen, sur la côte Ouest
de la Norvège, Jon Fosse s’impose d’abord en littérature par une trentaine de
romans, récits, essais, recueil de poèmes et livres pour enfants.
Sa première pièce, écrite à l’instigation du jeune metteur en scène Kai
Johnsen, date de 1994 (Et jamais nous ne nous séparerons). Suivent plusieurs
pièces dont Le Nom (1995), Quelqu’un va venir, créé au Norske Teatret d’Oslo
en 1996, et L’Enfant, créé au Théâtre National d’Oslo en 1997. Il obtient le prix
Ibsen en 1996.
Comme celle de son immense devancier Henrik Ibsen auquel il a consacré un
essai, toute son oeuvre se développe en tension entre l’intimité du «hom»,
le foyer scandinave, et l’inquiétante immensité du fjord au bord duquel il a
grandi.
La compagnie trois six trente
En 1999, Bérangère Vantusso réunit autour d’elle plusieurs artistes, comédiens,
musiciens, éclairagistes et crée la compagnie trois six trente. Les fondateurs de
cette compagnie sont toujours membres de l’équipe actuelle : Anne Dupagne,
Eddy Pallaro, Arnaud Paquotte, Olivier Irthum.
La démarche de création s’oriente dès le début vers un théâtre basé sur
la rencontre entre marionnettes, comédiens et compositions sonores,
développant un langage singulier au service des écritures contemporaines. La
compagnie ne développe pas un type de manipulation en particulier, à chaque
nouvelle création, le texte qui impose la forme choisie pour la mise en jeu.
Son credo : la marionnette comme un outil pour explorer les nouveaux modes
de représentation du monde que proposent les auteurs d’aujourd’hui.
La compagnie a déjà créé :
Le Dieu Bonheur de Heiner Müller – M.A.I / Nancy (1999)
Sur une chaise renversée de Jean Cagnard et Christian Caro – Transversales /
Verdun (2001)
Ce spectacle a été accueilli en résidence de création à La Chartreuse – Centre
National des Ecritures du Spectacle.
Il a été programmé aux Rencontres Nationales de la Marionnette à La
Chartreuse en juillet 2001 et présenté aux Scènes Ouvertes à l’Insolite
organisées par le Théâtre de la Marionnette à Paris au Théâtre de la Cité
Internationale en juin 2002.
Les messagers de Christian Caro et Gilles Auffray – Théâtre de la Madeleine
/Troyes (2003) Spectacle déambulatoire créé aux cotés de la compagnie Serena
dirigée par Christian Caro
Va où - Ce qui m’arrive à tout le monde d’après les poèmes de Valérie
Rouzeau, Maison de la Poésie – Théâtre Molière à Paris (Oct 2004)
Va où a été programmé entre autres à la Scène Nationale de Vandoeuvre, celle
de Bar le Duc, à la Comédie de Reims, au TJP à Strasbourg dans le cadre des
17° Giboulées de la marionnette.
29 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Alexandre Jollien Eloge de la faiblesse
adaptation et mise en scène Charles Tordjman
du 27 au 31 mars 07, Grande Salle
avec
Robert Bouvier
Julien Mages
Assistant à la mise en scène
François Rodinson
Collaboration artistique
Caroline Marcadé
Scénographie et son
Vincent Tordjman
Où se déroule cet étrange entretien entre Alexandre et Socrate ? Peut-être en
Grèce, sur l’Agora, parmi la foule innombrable des passants anonymes ? Ou,
plus modestement, dans un petit dortoir faiblement éclairé, au plus secret
de la nuit ?
Parce qu’il nous oblige à regarder autrement, Eloge de la faiblesse est un texte
authentiquement philosophique.
L’auteur nous invite à nous interroger sur la distinction entre normal et
anormal et aussi, dans un combat joyeux, sur le dépassement de soi.
Avec la participation du
Théâtre de la Manufacture,
CDN Nancy-Lorraine
Eloge de la faiblesse, un exercice de vie «Lancer des mots justes contre des
choses fausses» (François Bon), voilà le pari d’Eloge de la faiblesse.
Ce pari me plaît et me va droit au corps et au coeur. D’abord au corps parce
qu’Alexandre Jollien nous dit que le corps pense et le conduit à se tenir
debout. Ce n’est pas qu’une simple question de volonté qui lui fait dire cela,
c’est une immense adhésion à la vie, c’est une formidable coïncidence
entre l’être intime et l’être public, et ce farouche désir que cette coïncidence
soit l’énergie même de la pensée du corps.
Ce qui me touche et m’émeut dans le texte de Jollien, c’est que l’écrivain écrit
ici avec sa chair et que sa chair prend l’allure de l’âme.
Ce n’est pas une leçon de vie, c’est un exercice de vie.
Que fera le théâtre avec cette chair ? Il ira vers la jouissance de la parole. Il
essaiera de dire la joie de la pensée et son triomphe.
De cet éloge de la faiblesse, il se pourrait bien que le théâtre en retourne
l’étoffe, à l’instar de son auteur, pour tisser l’éloge de la force.
Charles Tordjman
Avec le soutien du Conseil
de la Culture de l’État
du Valais
Psychologies Magazine, 2003
entretien avec Alexandre Jollien, Extraits
Costumes
Sarah Wan
Lumières
Christian Pinaud
Maquillages
Cécile Kretschmar
Coproduction
Théâtre Vidy-Lausanne
E.T.E., Le Poche Genève,
La Cie du Passage Neuchâtel,
Théâtre de Valère Sion,
Espace Nuithonie Villars
sur Glâne.
Le texte est publié
aux Éditions du Cerf
Votre livre témoigne d’une force extraordinaire. D’où vient-elle ?
C’est une force qui nécessite un combat quotidien. Elle doit être entretenue
comme une flamme qui est à la merci du moindre souffle. Elle vient de l’autre
: on se construit avec autrui – parfois contre mais plus souvent avec –, on est
fondé par l’autre. (...) À la base, pour moi, il y a eu cette confiance aveugle de
mes parents qui ont reçu un enfant handicapé et ont voulu en faire un être
vivant. Ils ont fait confiance à la vie, ils m’ont donné confiance en moi. Rien
ne me prédestinait à sortir de mon institut spécialisé sinon mes parents et mes
amis. Lorsque l’on a eu une confiance fondatrice, l’espoir devient un instinct
de vie. (...)
Dire qu’une faiblesse extrême entraîne une mobilisation extrême, n’est-ce pas
courir le risque de finir par dire que la souffrance est bonne ?
Ce n’est pas la souffrance qui est bonne, c’est ce que l’on en fait ; ce sont
les moyens que l’on met en place pour l’assumer, pour l’apprivoiser. La
souffrance en elle-même est stérile. Elle est l’ennemi absolu et il faut tout
faire pour l’annihiler. Mais si cela n’est pas possible, il faut lui donner un sens.
Le handicap m’a ouvert à la vie : ce n’est pas pour ça que la vie quotidienne
d’un handicapé doit être plus dure qu’une autre. Il ne s’agit pas de justifier la
douleur. Je suggère seulement de la mettre à profit pour qu’elle ne prenne pas
le dessus. (...)
Comment ce combat se gagne-t-il ?
Par la joie et par la légèreté.(...)
30 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Alexandre Jollien
Alexandre Jollien nait à Savièse (Suisse romande) le 26 novembre 1975.
Handicapé cérébral moteur, il brave les obstacles qui se dressent sur son
chemin. Les écoles spécialisées s’imposent à lui mais elles sont loin de tarir la
soif de connaissance qui sommeille en lui.
De 1993 à 1996 il est élève de l’Ecole supérieure de Commerce de Sierre puis,
passionné de philosophie, il s’inscrit à la faculté des lettres de l’Université de
Fribourg en Suisse mais également au Trinity College à Dublin où il apprend le
grec ancien. Il consacre dès lors sa vie à la philosophie et à l’écriture.
Il publie L’éloge de la faiblesse en 1999 (Prix Mottart de l’Académie Française
de soutien à la création littéraire, prix Montyon de littérature et de
philosophie) et Le métier d’homme en 2002.
Alexandre Jollien donne des conférences et participe à des débats et diverses
émissions télévisées.
Au printemps 2004, il obtient sa licence en philosophie à l’Université de
Fribourg.
Charles Tordjman
Metteur en scène, Charles Tordjman dirige le Théâtre de la Manufacture,
Centre Dramatique National Nancy Lorraine depuis le 1er janvier 1992. Il a
toujours montré dans son itinéraire artistique un attachement particulier à
l’écriture d’aujourd’hui.
Il a notamment mis en scène L’amante anglaise de Marguerite Duras, (Théâtre
Populaire de Lorraine – TPL, 1986 et 1993), La reconstitution de Bernard Noël
(Théâtre national de Chaillot, 1988), Français encore un effort... si vous voulez
être républicains du Marquis de Sade, (TPL, 1989), Saint Elvis de Serge Valletti
(Théâtre National de Chaillot, 1990), Tonkin-Alger d’Eugène Durif (Théâtre
Ouvert, 1990), La nuit des rois de William Shakespeare (TPL, 1991), Fin de
partie de Samuel Beckett (CDN Nancy Lorraine, 1992), Adam et Ève de Mikhaïl
Boulgakov (Festival d’Avignon,1993), L’Opéra de quat’sous de Bertolt Brecht
et Kurt Weill (Théâtre de Saint-Quentin en Yvelines et Théâtre National de
Chaillot, 1995), Quoi de neuf sur la guerre ? Fragments, d’après le roman de
Robert Bober (CDN Nancy Lorraine, 1995), Le Syndrome de Gramsci de Bernard
Noël (CDN Nancy Lorraine, 1997 - Festival d’Avignon, 1998), Vie de Myriam C.
de François Bon (CDN Nancy Lorraine – Théâtre National de Chaillot, 1998),
Bastringue à la Gaieté théâtre de Karl Valentin ( CDN Nancy Lorraine, 1999),
Je poussais donc le temps avec l’épaule, d’après Marcel Proust (à Nancy et au
Festival d’Avignon, 2001 - au Théâtre National de Chaillot, 2002), Quatre avec
le mort de François Bon (Comédie Française, 2002), Je poussais donc le temps
avec l’épaule Temps II, d’après Marcel Proust (CDN Nancy Lorraine, 2004), Der
Kaiser von Atlantis (opéra) de Viktor Ullmann (CDN Nancy Lorraine et Cité de
la Musique, 2004) et Daewoo de François Bon (festival d’Avignon, 2004).
Daewoo a depuis reçu le Molière du meilleur spectacle du théâtre public en
région ainsi que le Prix de la critique, décerné par le Syndicat Français de la
critique théâtre musique danse au titre du meilleur spectacle de la saison.
En 2005, il retrouve Bernard Noël et crée Le retour de Sade au Théâtre
National de la Colline (mars). Avec Agnès Sourdillon, il crée Slogans de Maria
Soudaïeva au Festival Passages (Nancy). En juin 2006, il crée Anna et Gramsci,
d’après 2 monologues de Bernard Noël Le syndrome de Gramsci et La langue
d’Anna au théâtre National de Chaillot (juin 2006).
31 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Bruno Bayen L’éclipse du 11 août
mise en scène Jean-Pierre Vincent
du 17 au 21 avril 07
avec
Bérangère Bonvoisin,
Christine
Sylvain Elie,
Un jeune prêtre
Aurélie Leroux,
Une jeune fille
Edith Scob,
Béatrix
Dramaturgie
Bernard Chartreux
Assistante à la mise
en scène
Frédérique Plain
Décor et costumes
Jean-Paul Chambas
assisté de Carole Metzner
Lumières
Alain Poisson
Son
Alain Gravier
Maquillages
Suzanne Pisteur
Coproduction
Compagnie Studio/Libre,
Théâtre national
de la Colline,
La Criée, Théâtre national
de Marseille
Avec le soutien du Fonds
d’Insertion pour Jeunes
Artistes Dramatiques,
de la DRAC et de la Région
Provence-Alpes-Côte d’Azur
L’éclipse du 11 août
est à paraître chez L’Arche
Éditeur courant 2006
Les Lundis du ciné
Cinéma Caméo
Commanderie
Paul dans sa vie de Rémi
Mauger
lundi 23 avril à 20h15
11 août 1999
Deux soeurs - Deux demi-soeurs - Lorraines de naissance, ont pris leur retraite
à Nice, où elles ne se croisent presque jamais. Mais ce jour-là, elles sont
embarquées dans la vieille 4L de l’aînée, pour un grand voyage en commun.
Leur village de Lorraine est sur le parcours de l’éclipse totale de soleil (11 août
99, vous vous souvenez ?). C’est là qu’elles veulent voir tomber l’obscurité
magique. A 500 mètres du village de Lorraine elles se sont arrêtées. La 4L n’en
peut plus. Mais surtout il pleut, et le ciel est désespérément bouché...
Impossible retour au vaterland : deux femmes et une 4L plus toutes jeunes,
ni l’une ni les autres, sous crachin, brume, éclipse noire, soleil enfin apparu,
et plus tard sous le ciel étoilé. A mi-chemin entre un cimetière et une base
aérienne désaffectée, où se tient un rassemblement gitan, avec festival de
musique. Ici, à cette croisée entre une route départementale et un chemin
vicinal, elles stationnent, solitaires. Puis vient à elles un jeune prêtre,
travailleur social sans paroisse, entrevu comme un spectre au moment du noir
total. Et passe une jeune fille avec ses vraies misères d’aujourd’hui. Plus tard,
elles entendront de loin la voix de leur troisième demi-soeur qui chante pour
les gitans, là-bas sur l’aérodrome.
Un monde qui s’en va, et un monde qui s’en vient, à l’aveuglette.
Jean-Pierre Vincent
Le temps d’une éclipse
1999. Dans six mois, le siècle, c’est fini ; et le millénaire du même coup ...
Nous avions résisté durant quelques années à voir dans cette fin de siècle
un moment symboliquement significatif. Après tout une année 99 est une
année comme les autres. Mais non! Oh, ce n’est pas si important que ça, mais
tu approches de tes soixante ans et le siècle meurt... Tout change autour de
toi, et toi, moins vite que le reste ... mais tu résistes. Il ne sera pas dit que tu
n’avances pas. Mais vers où ?
Pour avancer, il faut lâcher du lest derrière soi. L’éclipse, la nuit en plein jour,
c’est l’occasion pour elles de voir s’abolir dans le néant leur village et tout
ce qu’il charrie dans les têtes. Elles se gardent d’y pénétrer, elles restent à
distance, sur la hauteur. Mais il fait gris. Il n’y a décidément rien à voir. Alors
elles s’en parlent : souvenirs d’enfance, d’adolescence, trous de mémoire, fous
rires, rejets vengeurs. De la révolte, oui parfois, envers ces satanées racines,
et une sorte de flottement indicible le plus souvent : le silence a ici son mot à
dire. Et l’éclipse, qui soudain dilate le temps, produit ses arrêts sur image.
Tourisme mortel, à la fois noir et gai, road movie immobile : elles veulent
voir leur Lorraine ancestrale se fondre dans le rien. Mais ce geste les piège.
Comment ne pas mourir avec lui ?
IL y aura deux solutions, deux fins, pour chacune d’elles. Ce voyage est aussi le
doux enterrement d’une relation entre sœurs. Deux adieux divergents : pour
finir, l’une part rejoindre la petite sœur et les gitans ; l’autre reste en plan avec
sa défunte 4L, à deux pas du cimetière lorrain.
Et la jeune demi-sœur, là-bas, chante le rêve d’un enfant qui va venir, une fois
passé le siècle.
Jean-Pierre Vincent
32 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Bruno Bayen
Né à Paris, en 1950.
1972, il met en scène son premier spectacle, Le Pied, d’après Victor Hugo.
Début des années 1979 il est le plus jeune directeur nommé à la tête d’un CDN.
Metteur en scène, il a réalisé une trentaine de spectacles en France,
Allemagne, Italie, République tchèque
Dont en 2005 Les Névroses sexuelles de nos parents de Lukas Bärfuss
Romancier, son dernier roman La Vie sentimentale est paru au Mercure de
France (2003)
Il est auteur de six pièces pour le théâtre dont Plaidoyer en faveur des larmes
d’Héraclite (2003) et de deux livrets pour l’Opéra.
Il est auteur de récit et d’essais.
Il traduit les œuvres de Peter Handke, Rainer Werner Fassbinder, Sophocle,
Goethe, Frank Wedekind.
Il a par ailleurs fondé la collection « Le Répertoire de Saint-Jérôme » consacrée
au théâtre étranger du XXe siècle, Éditions Christian Bourgois.
Jean-Pierre Vincent
Jean-Pierre Vincent est né à Paris en 1942. Il entre au lycée Louis-le-Grand
en 1959. Il se joint alors au groupe théâtral de l’établissement, groupe qu’il
dirige de 1963 à 1965, en compagnie de Patrice Chéreau. Le groupe de Louisle-Grand devient peu à peu professionnel et s’installe à Sartrouville en 1966.
Jean-Pierre Vincent y reste jusqu’en 1968.
Il signe sa première mise en scène au Théâtre de Bourgogne. En même
temps, il rencontre Jean Jourdheuil qui collabore ensuite avec lui à titre de
dramaturge.
1972, Jean-Pierre Vincent et Jean Jourdheuil fondent le Théâtre de l’Espérance.
Politiquement engagée, la nouvelle compagnie puise une bonne part de ses
textes dans la dramaturgie allemande et monte Brecht, Büchner, Grabbe.
1975, Jean-Pierre Vincent est nommé directeur général du Théâtre National de
Strasbourg.
1983, il est nommé administrateur de la Comédie-Française.
1986, Jean-Pierre Vincent choisit de se consacrer entièrement à ses activités de
metteur en scène et de professeur au Conservatoire National Supérieur d’Art
Dramatique de Paris.
1990, il assure la direction du Théâtre Nanterre-Amandiers.
2002, Jean-Pierre Vincent quitte Nanterre pour redevenir indépendant.
Dernières mises en scène : 2003 Les prétendants de Jean-Luc Lagarce
(prix de la meilleure mise en scène, décerné par le syndicat de la critique)
2003-2004 Derniers remords avant l’oubli de Jean-Luc Lagarce à l’Odéon
– Théâtre de l’Europe
2004-2005 Onze Débardeurs de Edward Bond au Théâtre des Salins, Martigues.
33 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Passages
10e édition
du 28 avril au 13 mai 07
Passages 10 ans déjà !
À Nancy, à Luxembourg et en Grande Région !
Présentation du
programme :
mardi 19 décembre 06
Pour ses dix ans Passages s’invite
à Luxembourg dans le cadre de
Luxembourg, capitale européenne de
la culture et Grande Région 2007.
Plus de spectacles, plus de lieux, plus
de représentations, et encore
plus à l’Est. La Pologne devrait être à
l’honneur avec la probable présence
importante du très grand metteur
en scène qu’est Kristian Lupa,
accompagné de la nouvelle
génération polonaise. La Russie sera
également présente avec notamment
la voix de Maïakovski et l’étonnante
compagnie qui les années passées
présenta Les apiculteurs et L’école
des bouffons. Passages dont on
fêtera avec un immense plaisir et
un engagement fort le dixième
anniversaire restera bien sûr centré
sur l’Europe centrale et orientale,
mais devrait aller encore plus à l’Est.
Nous devrions vous emmener en
Chine, au Turkménistan, en Iran,
en Israël et ailleurs...
Passages accueillera des propositions
d’artistes traversés par la question de
la résistance : comment fait-on encore
du théâtre en Biélorussie en Iran, en
Chine, ou au Turkménistan quand
l’art et la culture sont loin d’être
des priorités ? On voudrait ainsi
observer ce paradoxe selon lequel
la redécouverte de la tradition peut
devenir un espoir de modernité. Mais
Passages devrait aussi présenter des
compagnies françaises ou belges pour
qui les écritures et le patrimoine de
l’est de l’Europe sont des révélations.
Expositions, cabarets, musiques,
rencontres, stages, cinéma devrait
faire de cette édition un moment
exceptionnel qui nous prend à rêver.
Et si prenait corps en Grande Région
l’idée de créer un grand festival
de théâtre de l’est de l’Europe mais
ouvert d’avantage à ce qui entoure et
déborde l’Europe...
Charles Tordjman
34 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Passerelle à Musique Action
Daniil Harms Elisaviéta Bam
mise en scène Alexis Forestier
du 18 au 19 mai 07
Compagnie
Les Endimanchés
Organisé par Centre
culturel André Malraux,
Scène nationale
de Vandoeuvre-lès-Nancy
Création
Fin des années vingt, en Russie, un
courant littéraire s’inscrit à l’encontre
de la tendance productiviste des
écrivains prolétariens de la période
post-révolutionnaire. Parmi les
fondateurs de l’Obériou, Daniil Harms
(1905-1942), poète, maître de la
forme courte, deviendra un «ennemi
de classe» dès les années trente,
réduit au silence par le stalinisme.
Auteur d’aphorismes, de saynètes et
de nouvelles brèves, il signe
pour l’Obériou (Association pour un
art réel) la pièce Elisaviéta Bam,
portrait en dix-neuf fragments
improbables de mademoiselle Bam
et de son entourage.
Dans le cadre de Musique Action,
avec son laboratoire d’investigations
sonores et théâtrales, Alexis Forestier
explore les singularités de la
proposition de Daniil Harms.
Par ailleurs, avec sa compagnie Les
Endimanchés, Alexis Forestier
nous présente cette saison l’hybride
musical, plasticien et théâtral
Sunday Clothes.
35 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Dans l’abonnement Passerelles
à Musique Action
du 14 au 20 mai 2007
Passerelle au CCN, Ballet de Lorraine
Karlheinz Stockhausen Hymnen
mise en scène Charles Tordjman
du 24 au 27 mai 07
Chorégraphie
Lia Rodrigues
Mise en scène
Charles Tordjman
Assisté de
Caroline Marcadé
Avec les danseurs
du Ballet de Lorraine
Scénographie
Vincent Tordjman
Toiles, décors
Gérard Fromanger
Coproduction
CCN - Ballet de Lorraine,
Théâtre de la Manufacture,
CDN Nancy-Lorraine
Création
«Dans ce pays où tout interfère, où
l’information est immédiatement
planétaire tandis que l’on méconnaît
souvent ses voisins de palier,
qu’est-ce aujourd’hui qu’une nation,
comment fonctionne ses attributs
traditionnels, ses hymnes, ses
drapeaux, tous ses signes et symboles
qui rassemblent et trop souvent
opposent les populations ?» interroge
Didier Deschamps, instigateur du
projet. Le directeur du Ballet
de Lorraine réunit autour de
l’oeuvre Hymnen de Stockhausen
la chorégraphe Lia Rodrigues,
Brésilienne de renommée
internationale, le peintre Gérard
Fromanger, figure essentielle du
nouveau réalisme pictural, et le
metteur en scène Charles Tordjman.
Les trente danseurs du Ballet
explorent ainsi l’étendue complexe de
la musique de Hymnen.
Considéré avec Pierre Boulez et
Luciano Berio comme le plus grand
inventeur contemporain de formes
musicales nouvelles, Stockhausen
imagine Hymnen en 1967. Matière
sonore d’une densité et d’une richesse
inouïes, la fresque électronique
assemble des chants d’oiseaux,
des cris d’enfants, des bruits de foules
à des hymnes nationaux éclatés :
l’Internationale, la Marseillaise, les
hymnes russe, allemand, américain, et
enfin cet hymne célébrant l’utopique
nation de L’Hymunion, située dans
l’Harmondie. «L’Hymunion, pour
Charles Tordjman, est peut-être ce
pays où les hommes et les femmes,
fatigués d’attendre des lendemains
qui ne chantent décidement pas,
choisissent de se laisser pousser des
ailes. Les voici planant à travers les
épaisseurs soniques d’un monde
aux frontières dissoutes, aux bastilles
détruites car inutiles, aux symboles
mélangés, où l’autorité s’unit
à la rébellion pour ne faire qu’un tout
sans limites.»
36 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Dans l’abonnement Passerelles
à l’Opéra national de Lorraine
Théâtre du Peuple à Bussang
Saison 2006
À Bussang, le Théâtre du Peuple,
temple en bois, s’ouvre sur la forêt à
perte de vue. Son nouveau directeur
Philippe Guillois fête les cent onze ans
de cet espace emblématique d’un art
populaire et exigeant avec plusieurs
propositions. Cet été, Ubu roi d’Alfred
Jarry, farce méchante, parodie
déjantée de Macbeth de Shakespeare,
épingle sans ménagement tous les
monstres du pouvoir. La pièce, signée
en 1896 par un génie scandaleux de
seize ans, aujourd’hui mis en scène
par Pierre Guillois lui-même, offrira
de découvrir l’acteur Jean-Paul Muel
dans le rôle de Mère Ubu. Artiste
attaché à la Manufacture de Nancy
ces deux dernières années, Jean-Yves
Ruf dirigera Kroum l’ectoplasme,
d’Hanokh Levin. Il met en scène
quinze jeunes acteurs dans une farce
familiale et féroce autour des figures
de quelques joyeux perdants, contrehéros attachants et désastreux comme
tout le monde. Pierre Guillois invite
également la compagnie Octavio et
son spectacle La Porte, récits d’un
conteur, Gilles Ostrowsky, mi-clown
mi-acteur en conversation avec son
public.
Le 13 janvier 2007, en plein hiver,
le Théâtre du Peuple invente une
manifestation dite « Journée DuvetMoufles-Bonnet à Bussang » : Noël
1956, deux alpinistes de 23 ans sont
pris dans une tempête de neige près
du sommet du Mont Blanc. Fatigués,
gelés, ils errent, battus par des vents
de moins trente degrés. Immobilisés
par les gelures, ils attendent les
secours. Pierre Guillois rend hommage
aux « naufragés du Mont Blanc » par
cet objet glacial consacré à un récit
de montagne. Le projet sera présenté
toutes portes ouvertes. Duvets,
moufles, bonnets et vins chauds
bienvenus, donc. Cet événement du
Théâtre du Peuple s’est élaboré avec
la complicité de l’Atelier du Rhin de
Colmar, de la Manufacture de Nancy
et du Granit de Belfort.
37 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Ubu Roi d’Alfred Jarry
Mise en scène de Pierre Guillois
14, 15, 16, 21, 22, 23, 28, 29, 30 juillet
06
2, 3, 4, 5, 6, 9, 10, 11, 12, 13, 16, 17, 18,
19, 20, 23, 24, 25, 26, 27 août 06
15h
Kroum l’ectoplasme d’Hanokh Levin
Mise en scène : Jean-Yves Ruf
2, 3, 4, 5, 9, 10, 11, 12, 16, 17, 18, 19,
23, 24, 25 et 26 août 06
20h
Deux nouvelles productions du théâtre
du Peuple
La porte
Cie Octavio – spectacle invité
Journée Duvet-Moufles-Bonnet
à Bussang
Samedi 13 janvier 07, 15h
Réservation 03 29 61 50 48
www.theatredupeuple.fr
Tarif réduit aux porteurs de la carte
d’abonnement du théâtre de la
Manufacture
Les cafés de l’Histoire
Animés par Didier Francfort,
professeur d’histoire contemporaine à l’Université Nancy 2
Qui parlait de fin de l’histoire à l’occasion de l’effondrement du mur de
Berlin ? Pas question d’arrêter l’évolution des sociétés, pas question non plus
d’y trouver facilement un sens, une logique évidente. Il faut donc continuer
à recourir à l’histoire pour chercher à remettre en perspective toutes les
questions qui touchent au collectif. Pas toujours pour trouver des réponses
mais pour reposer inlassablement les problèmes de façon plus rigoureuse ou
plus argumentée, avec passion mais sans parti pris figé. Les cafés de l’histoire
reste un lieu où se confrontent les questionnements que suscite le théâtre et
les exigences de chercheurs, d’universitaires qui n’ont pas peur d’être compris,
ni d’être confrontés aux questions des non-spécialistes que nous sommes tous,
un lieu toujours chaleureux, ouvert comme on voudrait en voir plus pour que
notre société retrouve la parole.
Autour d’Une Etoile pour Noël,
Jeudi 7 décembre 21h
Avec Mohammed Harbi, Historien spécialiste de la guerre d’indépendance et
du FLN, auteur, avec Benjamin Stora, de La Guerre d’Algérie, 1954-2004, la fin
de l’amnésie, Robert Laffont, Paris, 2004.
Autour de Face à la mère
Jeudi 18 janvier à 21h
Avec Marcel Dorigny , Docteur de l’université Paris I, maître de conférences au
département d’histoire de l’université Paris VIII Saint-Denis.
Entrée 3 euros, collation offerte
au Théâtre de la Manufacture
réservations au 03 83 37 42 42
[email protected]
38 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Cafés / Théâtre
Animés par Yannick Hoffert, enseignant en théâtre et littérature
à l’Université Nancy 2
Ils viennent jouer. Nous venons les voir et les entendre. Étrange chose. Singulière rencontre. Ils montrent leurs corps, ils se donnent du mal, ils fabriquent
des signes. Nous les recevons à notre manière, dans les mouvements du rêve et
de la pensée. Nous repartons, le cœur et l’esprit en voyage. La pièce résonne.
Parce que, la représentation terminée, le spectacle continue de vivre et de
bouger en nous, parce que chacun a pu voir différemment, les Cafés / Théâtre
ouvrent un espace d’échanges où équipes de création et spectateurs peuvent
se retrouver, se dire et se surprendre, dans la simplicité d’une conversation
autour d’un verre.
Nous prenons rendez-vous pour trois dates au cours de la saison 2006-2007.
Autour de Anna et Gramsci
Jeudi 23 novembre 21h
Avec Charles Tordjman, Agnès Sourdillon et Serge Maggiani
Autour de La dernière Bande et Solo
Jeudi 14 décembre à 21h
Avec Stuart Seide
Autour de Hedda Gabbler
Jeudi 8 février à 21h
Avec Richard Brunel
au Théâtre de la Manufacture
Entrée libre, réservations au 03 83 37 42 42
[email protected]
39 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Les rencontres avec les auteurs
Rencontre avec Bernard Noël,
auteur de La langue d’Anna
et du Syndrome de Gramsci
Jeudi 5 octobre à 20h
Rencontre avec Jean-Pierre Thibaudat
auteur d’un essai sur Jean-Luc Lagarce
Jeudi 30 novembre,
horaire à préciser
Rencontre avec Alexandre Jollien
auteur de Éloge de la faiblesse
Date et horaire à préciser
Ces rencontres seront animées
par Yannick Hoffert
au Théâtre de la Manufacture
Entrée libre, réservations au 03 83 37 42 42
[email protected]
40 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Les lundis du ciné
Trois rendez-vous dans l’année au cinéma Caméo, en parallèle d‘un spectacle
programmé au Théâtre de la Manufacture, la séance sera suivie à chaque fois
d‘une rencontre-débat.
Autour d’ Anna et Gramsci
Mamma Roma, Pier Paolo Pasolini (1962)
Lundi 20 novembre à 20h15
Rencontre avec Oreste Saccheli (directeur du festival du film italien de
Villerupt) et l’équipe de Anna et Gramsci : Charles Tordjman, François
Rodinson et Agnès Sourdillon.
Autour de La version de Browning
If... de Lindsay Anderson, Palme d’or, Cannes, (1969)
Lundi 5 mars à 20h15
suivi d’une rencontre
Autour de L’Eclipse du 11 août
Paul dans sa vie, de Rémi Mauger (2006)
Lundi 23 avril à 20h15
suivi d’une rencontre
Tarif couplé
4 € la séance du Lundi du ciné
pour les possesseurs d’une place du spectacle concerné à la Manufacture
Tarif réduit pour le spectacle concerné à la Manufacture sur présentation
du ticket de la séance Lundi du ciné
Réservations au Théâtre de la Manufacture
au 03 83 37 42 42
[email protected]
et au cinéma Caméo, 16, rue de la Commanderie
au 03 83 28 41 00
41 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
Formation - Action culturelle
Enseignants, élèves, étudiants, comédiens,
publics
Renseignements
et Inscriptions
Jennifer Dodge
03 83 37 78 17
[email protected]
Dans le cadre de ses relations avec les
publics, le théâtre de la Manufacture
propose chaque saison des actions de
formation.
Ces actions sont mises en place afin
d’offrir à un public curieux des outils
pour appréhender les spectacles,
aiguiser leur regard et permettre des
rencontres vivantes entre artistes et
spectateurs.
La formation en milieu scolaire
Avec les lycées
Le théâtre de la Manufacture anime
tout au long de l’année des stages et
des rencontres pour les élèves d’ateliers
et options théâtre en lycées.
Avec l’Université
- Comme pour l’action menée en
lycées, le CDN propose des stages et
des rencontres pour les étudiants de
l’atelier Théâtre de l’Université Nancy
- En partenariat avec Yannick Hoffert,
enseignant en Théâtre et Littérature à
l’Université, nous proposons chaque
saison aux étudiants de la Licence Arts
du spectacle, trois séances de formation
au jeu théâtral et de réflexion sur la
production et la réception du langage
dramatique
- Le CDN s’associera à nouveau cette
année à la quatrième édition du Festival
Autour du Théâtre Contemporain
du 6 au 16 mars 2007 : rencontres de
troupes amateurs et étudiantes autour
de lectures de textes contemporains.
Ces rencontres sont organisées par
la CROUS de Nancy-Metz, le Théâtre
Universitaire de Nancy et l’Université
Nancy 2.
Le Conservatoire National de Région de
Nancy
Partenaire de la classe d’Art Dramatique
de Nathalie Séliesco du Conservatoire
National de Région de Nancy, nous
mettons en place chaque saison des
stages et des ateliers de formation
pour les élèves.
42 théâtre de la manufacture
Saison 06 > 07
La formation des formateurs
I. Professeurs stagiaires
Partenaire de la dominante théâtre
et musique de Francine Ricci et
Jacques Walczac de l’IUFM de Nancy
Lorraine pour la formation des
futurs enseignants, nous mettons
chaque année en place des actions de
sensibilisation.
II. Enseignants
Florence Marchand, chargée de mission
DAAC anime et coordonne stages et
parcours pédagogiques en direction de
professeurs de lettres et de professeurs
d’options artistiques.
III. Les médiateurs
Avec la Fédération des Œuvres Laïques
de Meurthe et Moselle nous proposons
chaque saison deux journées de jeu et
lectures à destination des bénévoles
qui donnent goût à la lecture à un
jeune public.
La formation professionnelle
La Manufacture propose une formation
aux comédiens professionnels
en organisant des stages avec des
metteurs en scène, des acteurs
ou des auteurs. Cette saison, un stage
sera proposé à l’occasion
de la 10e édition du festival Passages.
La formation des spectateurs
Trois ateliers du spectateur sont
proposés cette saison :
Entrée libre sur inscription
Trois ateliers autour de trois spectacles
de la saison pour permettre au public
de se doter des outils nécessaires en
vue de comprendre, d’interpréter la
démarche du metteur en scène.
Ces ateliers du spectateurs se déroulent
en deux séances, l’une avant et l’autre
après avoir vu la pièce.
Carte blanche aux metteurs en scène :
Autour d’Anna et Gramsci, animé par
Charles Tordjman
Autour de La cantatrice chauve, animé
par François Berreur,
Autour d’Hedda Gabler, animé par
Richard Brunel
Réservations
contacts
Particuliers, CE, travailleurs
sociaux
Marie-Laure Taite
03 83 37 78 06
Etudiants
Jennifer Dodge
03 83 37 78 17
Abonnez-vous !
Abonnement 15 spectacles
150 €,
135 € avant le 30 août (par courrier)
90 € tarif étudiants, - 26 ans et
demandeurs d’emploi
Abonnement étudiants, –26 ans ou
demandeurs d’emploi
3 spectacles parmi tous les spectacles,
21 € (7 € la place)
Clé en main
45 €
Nous vous proposons trois sélections
de 3 spectacles
Tarif unique : 45 €, soit 15 € le
spectacle (au lieu de 20 €)
Quichotte, Cantatrice chauve, Kant
ou
Gulliver, Hedda Gabbler, l’Eclipse du
11 août
ou
Une étoile pour Noël, Version de
Browning, Eloge de la Faiblesse
Abonnement Passerelle, 5 spectacles ,
70 €* / 40 €**
un choix transversal parmi les
programmations des différentes
scènes de l’agglomération
* groupe de 10 personnes,
CE, + de 60 ans,
** étudiants, moins de 26
ans et demandeurs d’emploi
1 spectacle parmi les spectacles de la
Manufacture
1 spectacle du festival Passages
1 spectacle du CCN Ballet de Lorraine
: Hymnen (à l’Opéra national de
Nancy)
1 spectacle du CCAM : May B (à la
Manufacture)
1 spectacle Musique Action :
Elisaviéta Bam (à la Manufacture)
abonnement disponible jusqu’au 22
décembre.
Abonnement 6 ++
(de 6 à 10 spectacles)
le choix des spectacles se fait au
moment de la prise d’abonnement
13 € la place plein tarif
11 €
réduit (Groupes de 10
personnes, CE)
6€
- 26 ans, étudiants,
demandeurs d’emploi
choisir
2 ou 3 spectacle(s) parmi les créations
du théâtre de la Manufacture
Anna et Gramsci
Eloge de la faiblesse
Hedda Gabler
Les autres parmi les spectacles invités
Quichotte
L’inquiétude
La dernière bande et Solo
La cantatrice chauve
Face à la mère
La version de Browning
L’éclipse du 11 août
Sunday Clothes
Réservation hors abonnement
possible pour les spectacles suivants :
Gulliver
à partir du 23 octobre 06
Une étoile pour Noël
à partir du 13 novembre 06
May B à partir du 8 janvier 07
Kant à partir du 19 février 07
Formulaire d’abonnement disponible
sur
www.theatre-manufacture.fr
au théâtre de la Manufacture,
10 rue baron Louis, BP 63349,
54 014 Nancy cedex
en téléphonant au 03 83 37 42 42
de 13h30 à 19h du lundi au vendredi
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