Miguel de Cervantès
Quichotte
conception et mise en scène Didier Galas
du 10 > 21 octobre 06, Grande Salle
de Miguel de Cervantès
(d’après L’ingénieux
Hidalgo Don Quichotte
de la Manche)
Avec
Marion Duquenne
Franck Gazal
Guillaume Gouix
Aurélie Leroux
Grégoire Roger
Adaptation
Didier Galas
Aline Schulman
Traduction
Aline Schulman
Collaboration artistique
Jean-Charles Di Zazzo
Scénographie et costumes
Vincent Beaurin
assisté de Sylvie Auvray
Lumières et régie générale
Éric Gaulupeau
Production
Le Granit, Scène nationale
de Belfort
Coproduction
Théâtre Nanterre-Amandiers
CDN, Ensemble Lidonnes,
Le Granit, Scène nationale
de Belfort, Théâtre de
l’Agora, Scène nationale
d’Evry et de l’Essonne
Avec le soutien du fonds
d’insertion pour jeunes
artistes dramatiques,
la DRAC, la Région Provence
Alpes Côte d’Azur, la ville
de Cannes, le Trident Scène
nationale de Cherbourg-
Octeville, le Théâtre 71,
Scène nationale de
Malakoff, le Théâtre de
la Coupe d’Or, Scène
conventionnée de
Rochefort, Les Gémeaux,
Scène nationale de Sceaux,
le festival franco-allemand
de Saarbruck
Le texte L’ingénieux Hidalgo
Don Quichotte de la Manche
est publié aux Éditions
du Seuil
4 théâtre de la manufacture Saison 06 > 07
Quichotte, présentation
Don Quichotte a récemment fêté ses 400 ans. Personnage mythique de la
littérature occidentale, héros dérisoire, il réinvente le monde et vit reclus dans
ses rêves. Accompagné de Sancho Panza son fidèle écuyer, il lutte contre des
troupeaux de moutons qu’il pense être une armée ennemie, se bat contre des
moulins à vent en les prenant pour des géants ... Il perdure dans l’imaginaire
populaire à travers les représentations de Gustave Doré, Daumier, Picasso ...
Récemment retraduit par Aline Schulman, le texte de Cervantès retrouve sa
dimension à la fois grotesque et tragique, toujours jubilatoire.
En 1998, à Caracas, Didier Galas créait un premier spectacle intitulé Ficcions/
Quijote à la manière de la Comedia dell’Arte, autour de la gestuelle et des
masques. En voyant ce spectacle Aline Schulman y reconnaît « une vitalité,
une liberté du rire et de l’insulte qui aidait à la désacralisation de cette oeuvre
mythique ». De là naît l’idée d’une collaboration entre le metteur en scène et
la traductrice autour de Quichotte.
Cervantès joue sur le doute entre le réel et l’illusion, le travail des comédiens
s’appuie sur cette ambiguïté : les phrases se prononcent comme des formules
magiques, des formes étranges surgissent soudain de la masse des corps
imbriqués ... Le spectateur est amené à douter de ce qu’il voit, comme s’il était
«dans la tête de Don Quichotte».
L’une des particularités de ce spectacle est l’improvisation corporelle : dans
certaines scènes, les rôles ne sont pas prédéfinis, les comédiens peuvent glisser
de l’un à l’autre, et interpréter indifféremment un moulin, Don Quichotte,
un cheval, Sancho ... La scénographie et les costumes réalisés par le plasticien
Vincent Beaurin accentuent cette ambiguïté. Ce spectacle donne aussi à
entendre la parole résolument moderne de Cervantès : sa réflexion sur la
liberté, sa dimension politique, son caractère toujours subversif.
À l’occasion d’une recherche sur l’improvisation (avec des élèves comédiens de
l’ERAC), j’ai eu le désir d’entreprendre une nouvelle mise en scène du roman
de Cervantès.
L’improvisation corporelle me parut un moyen fructueux pour aller «au
coeur» du Quichotte. C’est donc en premier lieu par le corps et non par la
parole, que nous offrons le mythe de don Quichotte et l’univers des mille
pages du roman.
Un des principes fondamentaux du spectacle est aussi que don Quichotte ne
soit pas incarné par un seul acteur. Ainsi chaque acteur, chaque actrice, peut
jouer don Quichotte mais aussi Sancho, un âne ou un moulin, à tour de rôle.
Ces glissements d’incarnations permettent de rendre compte théâtralement
des hallucinations d’Alonso Quijano (don Quichotte) et des doutes que suscite
le roman sur la réalité.
À d’autres moments, c’est la beauté et l’actualité toujours vive de certains
textes de Cervantès qui nous ont conduits à un autre travail, plus «classique»,
dans le dessein de faire entendre la force de son écriture.
Ce spectacle s’adresse autant à ceux qui ont lu le roman qu’aux autres,
plus nombreux, qui ne l’ont pas lu, mais qui n’ont pas échappé au mythe
et aux images qui entourent le chevalier à la triste figure. A partir de là, le
spectacle développe, joue, s’amuse, exagère et épuise la figure picturale et
la mécanique burlesque, jusqu’à déconstruire le mythe du Quichotte, jusqu’à
rendre perceptible l’écriture d’un homme sur son temps.