ça, et après chacun argumente et se défend. Dans la pièce, il y a beaucoup d’impro donc on est
très libre.
Vous improvisez ?
Oui, il y a de l’impro et il y a des textes très écrits, ça bouge. Et il y a énormément de forme de
théâtre différents. Ce qui nous réunit tous les cinq, c’est qu’on souhaite que le public soit très
impliqué dans la pièce, c’est une raison de faire du théâtre, l’impro c’est aussi ça, jamais pareil,
jamais fixé.
Pourquoi ce choix de mélanger quelque chose de très écrit et l’impro ?
Parce qu’on s’est dit que notre théâtre serait spectaculaire. Le prince revient d’une cure qui l’a
changé, il revient complètement débile, il a renié sa profondeur au nom d’un confort, il s’est
inscrit dans la société, il a perdu ce truc abyssal, ses amis le ramènent à sa complexité en le
retrouvant. Par exemple, Rogojine le ramène via une forme théâtrale, via une épure de la langue.
Comme c’est une écriture de plateau, pendant qu’on crée on choisit la manière scénique et
littéraire et la modalité de jeu qui nous semble la plus adaptée avec le message qu’on veut faire
passer. Parfois on est dans des jeux très droits, très fins, parfois on est dans du jeu ultra bouffon,
très contemporain, parlé. On s’est dit qu’on voulait construire un spectacle qui n’est fait que de
climax, c’est le point culminant. C’est notre manière de construire, et comme on construit étape
par étape au présent, ça répond à peu près à cette utopie. C’est tout le temps intense dans notre
fantasme, on le conçoit comme ça, même si à l’intérieur on change de jeu.
Comment écrivez-vous ?
Dans l’écriture Romain va écrire très librement, ça va permettre de défricher. J’ai un esprit plus
synthétique. Romain va écrire, ensuite je vais essayer de rationaliser. Christophe a dans son
écriture quelque chose de plus lyrique. On a fait une sortie de résidence l’an dernier à Toulouse,
on a répété beaucoup et on est encore en train de changer un endroit du personnage de
Nastassia. On écrit, on lit, on réécrit, on argumente, le texte bouge comme ça.
Vous l’avez joué au théâtre du Pavé à Toulouse l’année dernière, ça a beaucoup
évolué depuis ?
Oui, notre scénographie se modifie et on s’adapte au lieu. Par exemple dans la pièce, j’ai une
société d’évènementiel avec Hippolyte, en fait on a loué La Manufacture pour accueillir le
retour de notre ami. Quand on loue La Manufacture ou le Pavé, ce n’est pas le même lieu, ça
ne raconte pas la même chose. Au Pavé, il y avait des jeux récurrents sur le fait qu’il n’y avait
pas beaucoup de monde. A La Manufacture ce sera l’inverse. La pièce commence dans le bar,
puis j’amène le public dans la salle, ils sont sur la scène et ensuite ils s’installent dans les
gradins. On joue aussi dans les gradins, sur la table au milieu du public.
Vous êtes maîtres de tout ce que vous faites et ça vous donne plus de liberté. Est-ce
aussi l’idée de vous mettre en danger qui vous plaît ?
On a en effet l’impression de se mettre en danger, on a très peur. Après je ne sais pas ce qui
provoque cette peur, l’aspect expérimental de la pièce ou bien le fait de devoir tout assumer :
l’écriture, la mise en scène et le jeu. Le choix de la forme du collectif, c’est l’envie d’être une
équipe. Après il y a le fait que c’est notre objet, c’est à nous cinq. Dans notre fantasme initial,
le partage est vital. La manière dont on construit un projet se raconte aussi aux gens, ils voient