
La dette publique marocaine est insoutenable
salaires et les retraites. Ces mesures sont prises pour atteindre des objectifs fixés par le FMI en matière de déficit et
de remboursement de la dette. C'est la même logique qui prévaut, toute proportion gardée, contre le peuple grec qui
se trouve asphyxié par les créanciers.
Toujours selon les projections du BAM, la dette du trésor devrait être ramenée à 62,1 % du PIB en 2019. Si ce
scénario se réalise cette baisse n'atteindra pas le niveau d'avant la crise. Lors de la période 2007-2012, la dette du
trésor représentait 50,4 % du PIB en moyenne.
La soutenabilité de la dette ne peut être réduite à des projections économiques abstraites
En outre, le poids de la dette réelle, en incluant la dette garantie par l'État contractée par les entreprises publiques,
est de 81 %. Cette dette est insoutenable et insupportable. La soutenabilité de la dette ne peut être réduite à des
projections économiques abstraites. Le remboursement de la dette est une hypothèque qui pèse sur les 34 millions
de Marocains. Ces citoyens payent directement cette dette avec la sueur de leur front, leurs salaires, l'avenir de leurs
enfants. Chaque marocain paie chaque année, au titre du service de la dette, 5000 DH marocain. Qu'il soit un
enfant, une personne âgée, un chômeur, femme, toutes les catégories de la population paient cette dette.
Le service de la dette absorbe une partie importante des ressources nécessaires pour les besoins en éducation,
santé, logement décent, investissement dans les infrastructures publiques de base, les programmes nécessaires à la
croissance économique et au développement social... C'est pour cette raison que la dette publique est insoutenable
et insupportable. Son paiement approfondit la crise sociale dont souffre notre peuple et pour cette raison il faut exiger
la suspension de son paiement.
Mobilisation populaire et audace politique
En Grèce, la Commission pour la vérité sur la dette grecque a montré les aspects illégitimes, illégaux, insoutenables
et odieux |4| de la dette de ce pays. Elle a recommandé aux autorités grecques le non-paiement de ces parties.
Dans son rapport, on peut lire : « S'agissant des dettes insoutenables, tout État est juridiquement fondé à utiliser
l'argument de l'état de nécessité qui permet à un État confronté à situation exceptionnelle de sauvegarder un de ses
intérêts essentiels menacé par un péril grave et imminent. Dans une telle situation, il peut s'affranchir de l'exécution
d'une obligation internationale telle que le respect d'un contrat de prêt. Enfin, les États disposent du droit de se
déclarer unilatéralement insolvables lorsque le service de leur dette est insoutenable, sachant que dans ce cas ils ne
commettent aucun acte illégal et sont affranchis de toute responsabilité » |5|.
Pour atteindre cet objectif, deux choses sont nécessaires : la mobilisation populaire et de l'audace politique. Le
président équatorien avait cette audace en décidant de manière unilatérale la suspension du paiement de la dette de
son pays. Il s'est appuyé sur les conclusions du rapport de la Commission d'audit de la dette dans ce pays |6|, mise
en place en 2007.
ATTAC/CADTM Maroc s'appuie sur ces expériences pour mobiliser autour de cette question. Notre objectif premier
est la constitution d'une commission d'audit composée d'une large coalition pour lancer un audit citoyen de la dette
publique marocaine.
|1| BAM, rapport annuel 2014, juillet 2015. http://www.bkam.ma
|2| 1 euro = 10,79 dirhams marocains
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