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LA CRISE FINANCIERE ET SES RETOMBEES ECONOMIQUES ET SOCIALES
2 EME JOURNEE
Le système financier est un bien public (à l'instar de la monnaie qui appartient à tous et à personne en
particulier)
Or, la crise financière est systémique, c'est pourquoi de nombreux pans de l'économie ayant besoin des
financements sont menacés.
Il s'agit :
- Des institutions financières : faillite de nombreuses banques et acteurs de la finance (20 % des hedge
funds)
- Des entreprises qui ont besoin de ces financements : trésorerie, crédits à l'exportation, crédits à
l'investissement et des mécanismes de déflation de bilan (cf. 1ère journée)
- Des ménages à travers : l'emploi, les salaires, la baisse de valeur des patrimoines, mais aussi les
expropriations, les crédits relais, les difficultés des fonds de pension à honorer leurs engagements et peut-
être l'accélération des changements de modes de consommation : hausse de l'épargne, achats d'occasion
(dont il est trop tôt pour dire s'ils sont durables ou pas)
La gravité de ces répercussions a conduit à une réaction d'ampleur (ce qui ne veut pas dire qu'elle sera
suffisante) de la part des pouvoirs publics au niveau national et international.
Même si pour beaucoup, une part des mesures nationales doivent être provisoires, elle vont aussi avoir
des répercussions sur les pouvoirs publics, à travers de futures hausses d'impôts par exemple. Au niveau
international, mise en place d'une nouvelle régulation pour l'instant surtout sur le système financier (alors
que d'autres sujets ont également besoin d'être traités : modèles de croissance)
La gravité des répercussions de la crise s'accompagne également d'une réprobation morale de la part de
ceux qui s'estiment victimes de la crise mais aussi d'une partie de ceux qui en portent une part de
responsabilité a priori plus lourdes (les "repentis" de la finance)
G. Akerlof (Les esprits animaux) souligne la récurrence de ces sentiments dans toutes les grandes crises :
Æ En période de bulles, les pratiques douteuses se multiplient en même temps que la perception de la
sanction se modifie au fur et à mesure qu'un nombre croissant de personnes y participent.
Æ En période de crise, ces pratiques sont révélées (alors qu'auparavant on ne voulait pas trop les voir).
Elles alimentent le mécontentement, la réprobation morale et le sentiment d'injustice.
On pense bien sûr à l'affaire Kerviel mais pas seulement :
Enquête récente de PWC
"Les deux types de fraudes les plus fréquentes sont le détournement d'actifs (67% des cas) et la fraude comptable,
en forte augmentation sur un an (de 27% à 38% des entreprises touchées)."
Cf. Document
L'enquête indique que l'augmentation peut être liée à une hausse des déclarations de fraude (phénomène
connu pour la délinquance). Ce qui est significatif c'est que l'on déclare les fraudes alors qu'auparavant on
ne l'aurait pas fait.
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Scandale Enron 2001 (voir Akerlof)
Æ Enron fait pression sur la SEC et obtient un nouveau règlement permettant de valoriser au mark-to-
market les achats ou vente à terme de gaz => Enron peut inscrire les bénéfices correspondant à toute la
durée du contrat au moment où le contrat est enregistré (pour augmenter les "bénéfices", il suffit de sous-
évaluer les prix d'achat)
Æ Enron fait de même avec les générateurs de gaz vendus à des émergents (Inde not.) : sous-estime les
coûts d'installation qui s'avèreront beaucoup plus élevé que prévu.
Æ Puis méthodes franchement illégales : création d'une société-écran qui rachète les titres d'Enron à un
prix nettement supérieur à leur prix réel. Pour cela Enron donnait des titres bidon à la société-écran (et
aux acheteurs de ces titres, la garantie qu'Enron en absorberait les éventuelles pertes). Ainsi, les pertes
d'Enron (liés not. aux sur-générateurs indiens) disparaissaient tandis les créanciers de la société-écran
achetait de la "poudre de perlimpinpin"
En 2002, on mis en place la Loi Sabarnes-Oxley : présidents et les directeurs financiers doivent certifier
personnellement les comptes ; administrateurs indépendants au comité d’audit du conseil d’administration
; encadrement des avantages particuliers des dirigeants … (comme un air de déjà vu aujourd'hui)
Aujourd'hui aux Etats-Unis, "banker bashing", indignation à l'annonce des bonus et des profits bancaires.
Les pouvoirs publics appellent à la décence, à la moralisation du capitalisme …
Document A : Part des profits bancaires - flash
C'est le temps de l'indignation … et de l'action publique
I - Le délicat exercice des politiques économiques en période de crise
Les leçons de 1929 ont été tirées, c'est un progrès. Mais, la mise en œuvre de politiques monétaires,
budgétaires ne règle pas tous les problèmes dans une économie mondialisée. On est en présence du
premier cas de sauvetage de l'économie mondiale.
1. Les politiques monétaires et le sauvetage des banques face à la crise financière et économique
a) Retour aux politiques monétaires de crise
Aujourd'hui, dans les manuels de politique économique, la politique monétaire renvoie surtout à l'action
par le taux d'intérêt via l'open market (exemple : achat de titres. Mais cette action est insuffisante en
période de crise :
- Une fois, le taux abaissé à son plus bas niveau (1 % voire 0 %), on ne peut plus rien faire
- En outre, trappe à liquidité
D'où recours aux facilités permanentes : prêts directs aux banques en difficulté (contre des garanties), la
liquidité va directement dans les banques. C'est dans ce but que la Fed a été créée en 1913 (rôle de prêteur
en dernier ressort) suite à la panique bancaire (de trop) de 1907.
Document B : Dysfonctionnement financement bancaire - BdF fev 09
Rq : la Fed alimente aussi les banques d'investissement (Primary Dealers Credit Facility) alors qu'elle
n'est pas chargée de leur supervision (la SEC supervisait les banques d'investissement).
La Fed va accepter, en garantie, des obligations d'entreprises, des ABS qui ont un prix de marché puis
quantité d'autres papiers y compris des actions. But : ranimer le marché interbancaire.
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Conséquence : le bilan de la Fed va s'accroître et sa qualité (sécurité) décliner : 95 % de titres d'Etat Æ 40
% en novembre 2008.
Document C : Bilan Fed - AE HS Crise avril 09
b) Débarasser les banques des actifs toxiques (aux Etats-Unis)
Le rachat par l'Etat pose au moins deux problèmes :
Æ Localiser les actifs toxiques : mission quasi-impossible pour les produits structurés
Æ En fixer le prix de rachat : trop bas, les banques ne voudraient pas les céder ; trop haut, les banques
sont récompensées pour leur comportement et c'est le contribuable qui paie.
Dispositif choisi : "partenariat public-privé", deux exemples
Æ Washington mutual (banque de dépôt)
- Sa faillite mettrait en péril la FDIC
- Actif rentables rachetés par JP Morgan Chase et le reste par l'Etat
Æ Wachovia :
Solution trouvée par la FDIC : plafonnement des pertes subies par le racheteur (Wells Fargo), l'Etat ou la
FDIC pour le reste
Vu aussi (source perdue) : partage des dividendes à l'avantage des repreneurs
Le Troubled Relief Asset Program ou Plan Paulson (cf. Documents 1 et 2) a été surnommé par certains :
"The Act Rewarding Plutocrats"
Rq : solution différente chez Citigroup scindés en deux :
Citicorp et Citi-holding pour la "bad bank" (prêts
hypothécaires, crédits consommation ..) et activités non
essentielles .
Espérant vendre ces titres au bon moment
Cours de citi-holding Æ
En même temps, soutien aux banques engagés dans les MBS et autres ABS avec le
c) Garantir les dépôts
d) Recapitaliser les banques
Æ Nationalisations partielles
Æ Entrée au capital de fonds souverains
Au Royaume-Uni et En France, garantie de l'Etat sur les prêts des banques
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e) Quelques effets de ces mesures
L'indépendance des banques centrales : un cours épisode dans l'histoire économique ? (Aglietta)
Æ Les banques centrales doivent acheter massivement les bons du Trésor
Æ Avec la dégradation du bilan des banques centrales (voir plus haut), même si c'est la Banque centrale
qui finance, le véritable garant et en tout cas maître d'œuvre paraît être l'Etat. Le TARP fait d'ailleurs un
mélange des genres : soutien à l'industrie, aux ménages en difficulté, aux banques
(Æ en cas d'insolvabilité d'un Etat, le FMI dont les quote-parts ont été augmenté - en prévision ! -
interviendrait, ce qui revient à une intervention des Etats)
La naissance de monstres bancaires
Æ Concentration économique bancaire : JP Morgan , Bank of America reprenant Merill Lynch,
disparition de Lehman Brothers faisant renforçant Goldman Sachs
Æ Nécessaire dans la crise mais dangereux (concurrence, too big to fail)
f) Les risques de taux d'intérêt anormalement bas
Le niveau des taux d'intérêt tient une large part de responsabilité dans la crise actuelle. Donc, danger !
Document D : Taux d'intérêt banques centrales - HS AE Crise avril 09
Rq : le crédit se développe fortement en Chine également
Emprunt en dollar pour placer dans les émergents : bulle dans les pays émergents (et ailleurs) ?
Document E : Marchés boursiers émergents - Flash
Un prochain Krach obligataire ?
Æ L'abondance des titres de la dette émis (Accessoirement : financement également des entreprises par ce biais)
Æ Conjuguée à des taux d'intérêt bas
- Rappel de l'effet balançoire
- 1er temps, prix des obligations tirés à la hausse par de bas taux d'intérêt et l'entretien de la liquidité
- 2ème temps, relèvement des taux d'intérêt : plus il sera tardif, plus le ré-ajustement risque d'être fort.
Pour l'instant pas d'inflation, si la Fed attend (trop) que l'inflation revienne (décalage entre la hausse de la
masse monétaire et l'inflation), la hausse des taux sera brutale et produira un krach obligataire.
Rq : pour l'instant en Europe, la Masse monétaire progresse très peu
Documents 3 : interview de Florin Aftalion
Æ Et une diversification des réserves de change de la Chine ?
Æ Les Banques centrales commencent à annoncer qu'en 2010 (printemps ?), elle pourrait commencer à éponger la liquidité en
vendant les titres de leur bilan (open market) de façon à faire augmenter les taux d'intérêt mais qui va les acheter ? (et comment
l'arbitrage va-t-il se faire avec les obligations publiques déjà en circulation rq : les Anglais ont du renoncer en certaines
emissions obligataires).
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2. Les politiques budgétaires : l'endettement provoqué par les plans de relance
a) Aux Etats-Unis : des niveaux de dépenses publiques inédits
Document F : Dépenses publiques EU - Flash
Etats-Unis Allemagne France
Dépenses par habitant
des plans de relance 1850 € 1000 € 412 €
La conjoncture économique et sociale en 2009, Conseil économique, social et environnemental, mai 2009.
b) L'hétérogénéité des plans de relance en Europe : un indicateur des fragilités économiques nationales
Document G : Plan de relance - CESE
Allemagne : pays exportateur pénalisé par la baisse du commerce mondial qui cherche à relance sa
demande intérieure
France : pays qui veut profiter de la relance pour muscler son économie et la compétitivité-prix (en raison
de l'appréciation de l'euro) et hors-prix (dépenses d'investissement dans les infrastructures, la R&D ..)
RU : stimulation de la consommation (baisse de la TVA de 2 pts) mais peut-être insuffisamment ciblé sur
les revenus modestes. Mesures annoncées comme provisoires (début 2010)
Document H : Creusements des déficits et de la dette - CESE
L'endettement public s'est substitué à l'endettement privé (les taux d'épargne remonte, l'investissement est
morose). Quelle issue pour les politiques budgétaires?
Æ Retrait des plans de soutien avec le risque que ce soit prématuré
Æ Ou maintien des déficits (défendus par Fitoussi).
3. Sortir de l'impasse en résorbant les déséquilibres économiques et financiers
Voir le TD de terminale proposé l'après-midi
- Baisser la consommation des américains
- Augmenter celle des Chinois via hausse de salaire, mise en place d'un Etat-providence, appréciation du taux de
change du yuan
- Ré-industrialisation de certains pays occidentaux
Ce sont les conditions à une hausse des salaires dans les PED qui compenserait la baisse de l'endettement
mais les deux évolutions ne portent pas sur les mêmes durées et les négociations promettent d'être
difficiles (euphémisme), certes dans des enceintes internationales amendées : G20, FMI.
C'est pourquoi, certains pensent qu'il vaut mieux que les déséquilibres durent encore un peu. En attendant,
il faut sauver le système financier mondial…
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