
Faculté de Médecine de Marseille
DCEM 3 – Module n° 6
Douleur – Soins palliatifs – Mort 2
sans oublier une approche humaine capitale même si elle s’appuie sur un socle technique
indispensable.
Pourtant, il faut se résoudre à accepter le caractère inéluctable de la fin de vie. Nous sommes
là, nous, médecins et soignants pour traiter, soulager, accompagner, en un mot : soigner.
3. Historique et fondements des soins palliatifs
Il est impossible d’indiquer avec précision l’origine réelle des soins palliatifs et de
l’accompagnement car ce comportement de soins devait exister bien avant les véritables
traitements curatifs. Dès l’instant où un être humain s’est préoccupé de son semblable
souffrant, on peut penser que les soins palliatifs sont nés. L’objectif de calmer est
probablement apparu avant celui de guérir. Même si le début des soins palliatifs remonte à
l’origine même de la médecine, on retrouve des points de repère précis dans la littérature
médicale qu’il est naturellement important de citer car ils correspondent à une prise de
conscience du problème par la communauté médicale et parfois par la société dans son
ensemble.
C’est probablement Cicely Saunders qui fut une des premières à institutionnaliser les soins
palliatifs. Il y a presque cinquante ans, dans un contexte où le cancer représentait le symbole
de l’incurabilité, cette jeune femme médecin britannique comprit que « lorsqu’il n’y a plus
rien à faire », il y a encore quelque chose à faire. Lorsqu’il n’est plus possible de « traiter »
(« cure » en anglais), on peut encore soigner (« care » en anglais). Elle est à l’origine de la
création du Saint-Christopher’s Hospice qui a été le modèle d’établissement de soins palliatifs
et d’accompagnement et qui a eu une influence considérable, non seulement dans le monde
anglo-saxon, mais en Europe en général et en France en particulier. L’approche globale,
holistique, d’un malade avec humanité et respect est la caractéristique, la base, des soins qu’a
proposés l’humaniste Cicely Saunders. Parfois un peu utopiste, cette approche qui s’appuie
sur la communication verbale et non verbale a eu le mérite d’être une des premières à être
verbalisée et même relativement codifié. Les bases d’une transmission, voire d’un
enseignement, des soins palliatifs étaient ainsi jetées.
En 1967, l’année où le Saint-Christopher’s Hospice ouvrait dans la banlieue de Londres, une
psychiatre installée à Chicago, Elizabeth Kubler-Ross, allait profondément modifier
l’approche des soignants qui font face à la mort. Elle est rapidement convaincue que les
derniers temps de la vie peuvent être tout autre chose qu’une morne attente de la fin, que ceux
qui partent, comme ceux qui restent, ont besoin d’être soutenus, aidés, entourés par la
communauté des vivants. C’est par son livre « Les derniers instants de la vie » qu’Elizabeth
Kubler-Ross devient célèbre. Elle décrit le chemin parcouru par les patients à la fin de leur
vie. Ce chemin peut être long. Elle y distingue cinq étapes : la dénégation, la colère, le
marchandage, la dépression, l’acceptation. La tristesse de devoir quitter la vie est inéluctable.
Il faut rester à côté du patient et par quelques paroles et beaucoup de silence, essayer de créer
une ambiance de calme propice à l’expression de la souffrance, pour traverser cette dernière
période pénible pour atteindre le rivage de l’acceptation avec une certaine sérénité.
Le message d’Elizabeth Kubler-Ross est de redécouvrir que le « mourant » n’est pas un être
d’une autre espèce que nous-mêmes et qu’il est jusqu’au bout un « vivant ». Le patient est
ainsi replacé au centre, impliqué dans un dialogue. Invité à instruire le soignant, il redevient
un acteur du système de soins.