Chap 8 - georepere

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LA DECOLONISATION ET LA NAISSANCE DU TIERS MONDE
02 août 2014
Chap. 8
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L’ACCESSION A L’INDEPENDANCE DU MONDE ASIATIQUE : LE CAS DE L’INDOCHINE
INTRODUCTION
L'Indochine française1 (Đông Dương thuộc Pháp en vietnamien) est une partie de l'ancien
empire colonial français, création de l'administration coloniale, regroupant plusieurs
territoires aux statuts officiels différents :
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les protectorats du Tonkin et de l'Annam et la colonie de Cochinchine, regroupés à
partir de 1949 au sein de l'État du Viêt Nam (territoire identique à celui de l'actuelle
République socialiste du Viêt Nam) ;
le protectorat français du Laos ;
le protectorat français du Cambodge ;
et le comptoir du Kouang-Tchéou-Wan, actuelle Péninsule de Leizhou, dans la
province du Guangdong, en Chine.
I- LA CONSTITUTION DE L’ « UNION INDOCHINOISE » PAR LA FRANCE
Colonie française d'Indochine en 1900
L'Indochine, colonie française de 1887 à 1954, correspondait aux États actuels du Viêt Nam, du Laos et du
Cambodge.La conquête française de la péninsule indochinoise s'est faite en plusieurs étapes : maîtrise de la
Cochinchine et protectorat sur le Cambodge dans les années 1860 ; protectorat sur l'Annam et le Tonkin en
1884 ; création de l'Union indochinoise (rassemblant ces différents territoires) en 1887 ; enfin, conquête du
Laos en 1893.
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On l'appelle souvent « Indochine », ce qui crée une confusion avec la notion géographique d'Indochine – ou
péninsule indochinoise – qui désigne les pays situés entre l'Inde et la Chine, soit les pays suscités ainsi que la
Birmanie, la Thaïlande et la partie continentale de la Malaisie.
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Initiée par Napoléon III, poursuivie par la IIIème république de Jules Ferry, l'annexion de
plusieurs royaumes du Sud-Est asiatique va permettre à l’empire français de constituer
l’Indochine. A l’Ouest les protectorats du Cambodge et du Laos, à l’Est les trois provinces du
Tonkin, de l’Annam et de la Cochinchine, au départ royaumes indépendants, qui formeront
plus tard le Vietnam2.
Tout débute par l’arrivée des premiers missionnaires catholiques de nationalités portugaise,
espagnole, italienne et française mirent le pied en Indochine au XVIIe siècle3. Des
communautés chrétiennes y avaient été fondées dès le XVIIe siècle. Les premières
interventions militaires françaises remontent à 1858, sous le Second Empire (1852-1871) avec
comme prétexte la protection des missionnaires pendant la répression sanglante de l'empereur
d'Annam. Les premières interventions4 furent la prise de Tourane (Danang aujourd'hui) et la
campagne de Cochinchine. En 1862, par le traité de Saigon, la cour de Huê5 cède à la France
plusieurs provinces dans le delta du Mékong, dont la Cochinchine orientale. En 1867, la
totalité de la province est annexée par la France.
En 1863, la France, qui cherche à étendre son influence en Indochine, assume les droits du
Viêt Nam et offre sa protection au Cambodge, de nouveau menacé par les Siamois. Le roi
Norodom Ier accepte le protectorat, qui stipule que le Cambodge s’interdit toute relation avec
une puissance étrangère sans l’accord de la France. Un résident général veille à l’exécution du
traité. La monarchie cambodgienne reste en place mais, à partir de 1884, elle a perd de facto
toute autorité fonctionnelle.
La IIIe République achève la conquête commencée sous le second Empire. Après deux échecs
au Tonkin, en 1883, Huê et le delta du Sông Hông (fleuve Rouge) sont occupés, et deux
traités sont signés en août 1883 et en juin 1884 : le Tonkin et l’Annam deviennent des
protectorats français. En effet, depuis une décennie, forte de ses positions en Cochinchine et
au Cambodge, la France tenait à mettre la main sur le Tonkin, car cette zone du delta du
fleuve Rouge commandait l'accès au Yunnan et à la Chine du Sud. De plus, les richesses
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Au XIXe siècle, à la veille de la conquête française, le Viêt Nam est un empire (empire d'Annam), dirigé par la
dynastie des Nguyễn, qui s'étend du nord au sud de la péninsule indochinoise, sur sa côte orientale, du delta du
Fleuve Rouge à celui du Mékong. Il est bordé à l'ouest par l'actuel Laos, morcelé en principautés, et au sud-ouest
par le royaume khmer, entré dans une longue période de décadence.
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C’est dans les années 1620-1630 que les premiers missionnaires français arrivent en Indochine. Le jésuite
Alexandre de Rhodes organise une mission au Tonkin avant d’être expulsé pour avoir fait imprimer un
catéchisme en écriture romanisée quôc ngu. La fondation de la Société des missions étrangères, en 1664,
amplifie le mouvement. Lorsqu’en 1784 le prince Nguyên Anh se réfugie à Bangkok, il y rencontre Mgr Pierre
Pigneau de Béhaine (1741-1799), vicaire apostolique de Cochinchine. Persuadé de l’intérêt d’aider le prince
héritier, le prélat convainc Louis XVI de signer un traité d’alliance (1787) avec Nguyên Anh et revient avec des
navires et une troupe de mercenaires. Son aide permet au jeune prince de battre ses adversaires Tây Son. En
1801, il s’empare de Huê et, en juillet 1802, il entre dans Hanoï et devient empereur sous le nom de Gia Long.
Le Dai Viêt est rebaptisé Viêt Nam en 1804.
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Sous l’impulsion du ministre de la Marine et des Colonies, Chasseloup-Laubat, et des milieux catholiques, le
gouvernement de Napoléon III décide une intervention. L’Espagne et la France attaquent alors Đa Nang
(Tourane) en 1858 et s’en emparent. Mais un échec devant Huê amène les Espagnols à se retirer.
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Fondée vers le iiie siècle av. J.-C., Huế fut la capitale de l’empire annamite et le siège du palais impérial
annamite. L’Annam, devenu protectorat français en 1884, eut pour capitale Huế jusqu’en 1946. Pendant la
guerre du Viêt Nam, la bataille de Huế dura du 31 janvier au 29 février 1968 ; des unités des Marines américains
et des troupes sud-vietnamiennes chassèrent les forces nord-vietnamiennes de la ville.
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agricoles6 et minières du Tonkin tentaient les milieux d'affaires. Aussi dès 1880, Gambetta
(1838-1882) poussa déjà à envahir le Tonkin7. Lorsque Jules Ferry revint au pouvoir en
février 1883, la décision d'asseoir l'autorité de la France sur le Tonkin fut prise, au risque d'un
affrontement avec la Chine. De fait, de novembre 1883 à mai 1884, Français et Chinois se
battirent. Le 11 mai 1884, le traité de Tien-Tsin entérina la victoire française : la Chine retira
ses troupes, reconnut le protectorat français et ouvrit ses frontières au commerce. Mais, La
Chine rechigna à appliquer le traité de Tien-Tsin et à retirer ses troupes. Par conséquent, cela
obligea Jules Ferry à poursuivre la guerre. Il choisit de conquérir Lang Son (poste-clé situé
près de la frontière chinoise, qui commandait l'accès au delta du fleuve Rouge et donc la
sécurité du Tonkin contre les incursions chinoises qui étaient toujours venues de là), et de
s'approcher des frontières chinoises pour forcer la Chine à céder enfin. Ce fut chose faite fin
février 1885. Fort de ses succès militaires, Ferry négocia en secret avec les Chinois, à Berlin,
puis à Londres et à Paris. Les concessions de la Chine allaient au-delà du traité de Tien-Tsin.
La France mit la main sur l'Annam ; routes, canaux, voies ferrés du Tonkin furent prolongés
en Chine : le rêve du Tonkinois fut réalisé. L'accord secret d'armistice fut conclu le 25 mars
1885. Le gouvernement chinois signa officiellement le 30 suivant. Le 4 avril 1885, les
préliminaires de la paix avec l'Empire chinois des Qing sont conclus et le protectorat
français sur toute l'Indochine est acquis. Le 9 juin, le nouveau traité de Tientsin est
signé, la France finit par mettre la main sur le Tonkin.
Les autorités françaises s’emploient à asseoir leur pouvoir et, en 1887, le Viêt Nam, le
Cambodge sont regroupés au sein d’une Indochine française confiée à un gouverneur
général8.
Par ailleurs, au XIVe (1353) siècle, Fa Ngum réalise l’unité des principautés lao en fondant le
royaume indépendant du Lan Xang. Son fils lui succède sur le trône et continue la
consolidation et l’organisation du royaume. Le royaume de Lan Xang connaît une très forte
expansion territoriale au XVIe siècle. Mais, à la mort du roi Suriya Vongsa (1637-1694), les
prétendants au trône s’affrontent et le pays se scinde en deux royaumes fratricides ayant pour
capitales respectives Vientiane et Luang Prabang. Les États voisins tentent naturellement de
profiter de cet affaiblissement du Laos. Le Siam (Thaïlande), la Birmanie et le Viêt Nam
cherchent chacun à placer le Laos sous leur souveraineté. Vientiane, occupée par les Thaï en
1778, doit reconnaître la souveraineté siamoise, Luang Prabang est aussi contrainte de
La colonisation de l’INDOCHINE était centrée sur l’exploitation économique : riz, poivre, thé, opium (dont la
culture est à l'époque autorisée à but médicinal mais qui génére bien des trafics) et surtout l’hévéa, c'est-à-dire le
caoutchouc naturel. Les propriétaires de plantations peuvent compter sur une main d’œuvre nombreuse et
corvéable à merci, les coolies.
L'accès au marché chinois, que les Britanniques voulaient atteindre en reliant la Birmanie au Yunnan, devint une
priorité. Évidemment, pour les missionnaires catholiques, la conquête du Tonkin représentait pour eux un moyen
de protéger les minorités chrétiennes du Viêt Nam qui étaient persécutées. Tout poussa donc à envahir le Tonkin,
comme Gambetta (1838-1882) y invitait déjà en 1880 dans son journal, La République française: « Il faudra […]
que la France s'établisse au Tonkin afin de mettre la main sur l'Annam, sur le royaume de Siam et sur la
Birmanie, et d'avoir ainsi barre sur les Indes et d'aider la civilisation européenne contre la race jaune. »
7
Dans son journal, La République française, il affirmait: « Il faudra […] que la France s'établisse au Tonkin afin
de mettre la main sur l'Annam, sur le royaume de Siam et sur la Birmanie, et d'avoir ainsi barre sur les Indes et
d'aider la civilisation européenne contre la race jaune. »
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La France prend en charge les finances, perçoit les impôts au nom de l’empereur du Viêt Nam ; le Conseil des
ministres est présidé par le gouverneur général plaçant l’empereur sous une tutelle complète.
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reconnaître la suzeraineté du Siam. De nouvelles migrations : celle des tribus Hmong venues
du Yunnan puis celle des Ho, font évoluer la situation. Les nouveaux venus dévastant les
régions frontalières, le Siam cherche à établir sa souveraineté jusqu’aux frontières du Viêt
Nam. La cour de Huê demande alors à la France de faire respecter ses droits. En 1893, une
expédition militaire française prend le contrôle des principales villes du pays et contraint les
Siamois à reconnaître le protectorat français sur l’ensemble du territoire situé sur la rive
gauche du Mékong. C’est ainsi que le Laos est placé sous protectorat français et rentre
dans l’ « Union indochinoise ».
Sur le plan militaire, la conquête de l'Indochine, qui progressa du Sud vers l'ouest et le nord
de la péninsule, fut officiellement achevée en 18969, mais la pacification de la région ne fut
réelle qu'à la fin de la Première Guerre mondiale.
Après des années d'hésitation entre l'administration directe (le statut de colonie) ou indirecte
(le régime du protectorat), les Français choisirent le « protectorat » pour le Cambodge et
l'Annam. Mais le protectorat se mua rapidement en administration directe. Seule la
Cochinchine fut à proprement à parler une colonie. Le Tonkin et le Laos eurent un régime
mixte. Mais, les monarchies indochinoises furent réduites à des formes vidées de leur
substance: une administration coloniale dirigeait en fait le pays, sous la responsabilité du
gouverneur général et du ministère des Colonies. Dans leurs Mémoires, l'empereur d'Annam,
Bao Daï (intronisé par les Français en 1932) et le roi du Cambodge Norodom Sihanouk
(intronisé en 1941) ont évoqué avec humour leur rôle purement symbolique, qui leur permit à
tous deux de mener des « vies de play-boy » pendant quelques années.
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Un traité conclu en 1896 par la France et le Royaume-Uni, prévoyait l'extension territoriale de leurs colonies et
protectorats respectifs. Ce traité prévoyait la réunion au profit de la Birmanie du nord-ouest du Siam, et au profit
de la Malaisie britannique, des provinces du sud récemment annexées par le Siam. La France de son côté, devait
étendre son influence à tout le nord-est du Siam (Isaan). Le Siam aurait donc constitué selon les modalités de ce
traité, un état-tampon entre les possessions britanniques et françaises en Indochine. Finalement, seuls quelques
territoires furent rattachés à la Birmanie, et les provinces de Mélou Prei et Tonlé Repou furent rattachées au
Cambodge en 1904, et les provinces de Battambang et Siem Reap en 1907.
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Expansion territoriale française et britannique en Indochine
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Début XVIIe siècle : Arrivée des missionnaires catholiques.
1858 : Première intervention des Français et début de la conquête de la Cochinchine.
5 juin 1862 : Traité de Saïgon : La France se fait remettre plusieurs provinces qui
constitueront la Cochinchine française.
1863 : Le Cambodge est placé sous protectorat français.
1881-1885 : Guerre franco-chinoise ; expédition du Tonkin à partir de 1883, ordonnée
par Jules Ferry.
1884 : Le Tonkin et l'Annam sont placés sous protectorat français
1887 : La région est baptisée « Union indochinoise ».
1887-1893 : Lutte entre Français et Siamois ; les pays Laos sont placés sous
protectorat français.
1896 : Fin de la conquête, d'un point de vue militaire.
27 mai 1898 : Annexion du Guangzhou Wan qui est rattaché à l'Indochine française
(territoire de Kouang-Tchéou-Wan, Fort Bayard, Chine)
1907 : Le Cambodge récupère sur le Siam les provinces de Battambang et de Siem
Reap : frontières de l'Indochine française jusqu'à la guerre franco-thaïlandaise de
1941.
17 Octobre 1887
1899
Création
Ajout du Protectorat du Laos
II- LE DEVELOPPEMENT DU NATIONALISME INDOCHINOIS ET LE REFLUX DE
LA FRANCE EN INDOCHINE
A- Les facteurs du nationalisme indochinois
Le développement du nationalisme indochinois est une réaction aux injustices subies par les
peuples indochinois durant l’occupation française10.
Tout d’abord, les Indochinois étaient exclus à tous les échelons hiérarchiques de
l’administration coloniale du fait de la discrimination raciale, malgré l’œuvre
civilisatrice dont ils avaient bénéficié. Il faut déjà dire à ce sujet que la tentation de
l'assimilation (faire des enfants d'Indochine de petits Français) fit face à de vives résistances
de la part des peuples de de cultures anciennes dans les années 1920 et surtout 1930. Aussi,
les enfants de l'œuvre civilisatrice française, de formation équivalente ou à diplômes
identiques, se voyaient souvent refuser l'égalité de statut et de traitement avec les Français, car
dans cette société coloniale, la minorité européenne occupait le sommet de la hiérarchie. En
effet, Plus que la fortune, l'appartenance raciale était un indicateur du statut social d'une
personne vivant en Indochine.
Ensuite, les Indochinois ne bénéficiaient pas des libertés les plus élémentaires. Par
exemple, un Français coupable d'un meurtre sur la personne d'un Indochinois était frappé
10
Abondant dans ce sens, le gouverneur général Alexandre avait prévu que si des droits ne leur (aux
Indochinois) étaient pas octroyés, ils les réclameraient eux-mêmes.
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d'une peine relativement légère en vertu d'un « verdict de race11 ». En conséquence, un
naturalisé français du nom de Gilbert Chieu, publiciste et entrepreneur, exprima dès 19061908 les revendications d'égalité et de liberté. Mais la politique coloniale française opposa
une fin de non-recevoir aux Indochinois modérés comme aux radicaux. Alors, Faute de voir
aboutir les revendications d'égalité et de liberté, le mouvement s'amplifia dans les années
1920 où une grande partie de l'intelligentsia fut séduite par le marxisme-léninisme12.
Le 3e facteur est la mise en valeur du pays ne profite qu’aux colons et à une clientèle
chinoise et vietnamienne restreinte. Signalons sur ce plan que système de prélèvement fiscal
organisé par le gouverneur Doumer était lourd et impopulaire. De plus, devant l'insuffisance
des rentrées de l'impôt foncier et de la capitation, et malgré une foule de taxes locales,
l'administration s'arrogea le monopole du commerce de l'opium, du sel et de l'alcool de riz les deux derniers étant essentiels pour la population indigène. En outre, pendant la période où
les Français administraient l'Indochine, la situation des paysans si elle s'améliora, ne parvint
pas à combler son retard. Les surplus exportables étaient en effet soumis aux fluctuations des
prix sur les marchés régionaux et mondiaux. L'endettement et l'absence de titres de propriété
favorisaient l'accaparement des terres par les propriétaires les plus riches et les marchands, et
le nombre des paysans sans terre allait en croissant, ce qui augmentait le nombre du petit
peuple des villes. Parallèlement, l'économie coloniale ruinait les structures traditionnelles
d'organisation et d'entraide de la communauté paysanne: l'institution multiséculaire des
rizières communales connut une forte érosion au point d'avoir pratiquement disparu en
Cochinchine à la fin de la Seconde Guerre mondiale. La paysannerie manifesta son
mécontentement de façon bruyante, voire violente, à plusieurs reprises, ainsi en 1930-1931 en
Cochinchine et dans le nord de l'Annam, puis à nouveau entre 1936 et 1938. Le
mécontentement paysan était instrumentalisé par des intellectuels marxistes et trouvait un
écho chez les ouvriers.
Enfin, l’oppression patronale dont étaient victimes le prolétariat indochinois a fini par
alimenter le mouvement nationaliste et communiste. En effet, la main-d’œuvre des
plantations, des usines et des mines formait un prolétariat composite avec, souvent, un pied
dans la rizière et l’autre dans l’entreprise coloniale. Il était soumis à un régime de travail
sévère : retenues sur salaire et châtiments corporels étaient assez fréquents. Si l’oppression
patronale ne différait pas de celle d’autres pays, en Indochine, elle fut identifiée à la présence
étrangère et alimenta le mouvement nationaliste et communiste. Dans les années 1930, celuici connut deux grandes poussées sous l’effet de la crise économique mondiale du début des
années 1930 causée par le krach boursier consécutif à la crise de 1929, et de l’extension des
activités de la IIIe Internationale et de la stratégie « classe contre classe » du parti communiste
français (PCF)note 4. Mais les révoltes organisées à cet effet furent réprimées.
11
Contre lequel le gouverneur général Albert Sarraut avait d'ailleurs mis en garde les juges.
Dans l'éventail des doctrines occidentales, ce dernier avait l'avantage d'offrir les réponses aux problèmes posés
par la dépendance coloniale ; il trouvait un écho au sein de la paysannerie et du monde ouvrier, mais aussi un
appui dans la métropole elle-même.
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B- L’organisation du mouvement nationaliste et communiste et la déclaration d’indépendance
du Vietnam
Dans le même temps, une aile radicale de l’intelligentsia qui organisa les groupuscules
communistes émergeait. Elle était souvent formée dans les écoles publiques françaises
d'Indochine qui avaient semé l'idée de la Révolution française dans les esprits. Ainsi le lycée
Albert Sarraut de Hanoï fut un vivier de futurs communistes indépendantistes, ou futurs
nationalistes. En 1930, Nguyen Ai Quoc13, le futur Ho Chi Minh14, unifia ces groupuscules
sous le nom de parti communiste indochinois (PCI), d’abord section du PCF puis, à partir de
mai 1931, reconnu comme section de l’Internationale. À partir de 1936, le triomphe du Front
populaire en France et l’orientation du front antifasciste, alors que la menace d’une invasion
japonaise se dessinait en Extrême-Orient, redonnèrent vigueur à l’opposition. Répartis en
cellules dans tout le pays, les communistes organisèrent en 1936 une grève générale à
Haiphong.
Dans un contexte de l'invasion japonaise en Asie Orientale15, Les cadres communistes qui ont
échappé à la prison, comme Pham Van Dông et Vo Nguyên Giap, se réfugient à la frontière
chinoise où ils retrouvent Nguyên Ai Quôc. En mai 1941, ils fondent le Front pour
l’indépendance du Viêt Nam (Viêt Nam Doc Lap Dong Minh Hoi) ou Viêt-minh16. Leur
programme donne la priorité absolue à la reconquête de l’indépendance du Viêt Nam. Il jette
les bases d'une résistance d'abord antifrançaise et ensuite antijaponaise (les militaires japonais
avaient une attitude conciliante à l'égard du Viêt Minh au début). Son mouvement se
développe surtout à partir du début de 1945, grâce à l'aide matérielle des Américains qui dès
Yalta et Potsdam avaient décidé de chasser la France d'Indochine.
Louvoyant17 entre les Japonais et les Chinois du Guomindang, le Vietminh profite du coup de
force japonais du 9 mars 1945 pour s’emparer des campagnes. En effet, le Japon sentant sa
défaite venir, avait déjà favorisé la proclamation de l'indépendance au Cambodge avec
l'empereur SIHANOUK et dans l'Annam avec BAO DAI. Mais, soutenu par les Etats-Unis, le
Vietminh poursuit la guerre contre les occupants japonais. Le 19 août 1945, le Vietminh
s’installe à Hanoï et le 29 un gouvernement provisoire de libération nationale est formé avec
comme conseiller suprême l’ex-empereur Bao Dai qu’on a pris soin de faire abdiquer quatre
jours auparavant. Le 2 septembre 1945, avec la reddition du Japon, l’indépendance de la «
République démocratique du Viêt Nam » est proclamée par Hô Chí Minh.
13
Nguyen Sinh Cung, qui prend le surnom de Ho Chi Minh lors de ses années de clandestinité, est un fils de
lettré ruiné qui a fait des études en autodidacte en France et en Angleterre où il travaille comme technicien photo
pour subvenir à ces besoins. Il s’engage dans le parti communiste en 1920 et quand il revient en Indochine dans
les années 30 c’est avec l’idée d’y imposer l’indépendance et le marxisme. C’est lui qui fonde en 1941 la ligue
pour l'indépendance du Vietnam abrégé en Viet Minh.
14
("Celui qui éclaire")
15
En septembre 1940, le Japon, aux prises avec la Chine, décide d’occuper militairement le Tonkin, tout en
respectant la souveraineté française.
16
Viêt-Minh se fonde par la fusion du Parti communiste indochinois (fondé en 1930) et de groupes nationalistes.
17
1. marine naviguer en zigzag contre le vent Exemple : la difficulté de gouverner en louvoyant
2. utiliser des détours et faire usage de ruse pour arriver au but fixé [Remarque d'usage: souvent péjoratif]
Synonyme: atermoyer Synonyme: biaiser Exemple : louvoyer pour décrocher un m
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C- Le reflux18 de la France en Indochine à l’occasion de la Seconde Guerre mondiale
Ce reflux est orchestré19 en partie par le Japon dans le cadre de sa sphère de coprospérité de la
grande Asie orientale et par la suite par la Thailande et enfin par les Américains et les
Soviétiques, défavorables au colonialisme français.
1- Les pertes territoriales de la France en Indochine en faveur de la Thaïlande
Fin 1940, la guerre franco-thaïlandaise est déclenchée par la Thaïlande qui, armée par le
Japon, profite de l'affaiblissement de la France depuis sa défaite face à l'Allemagne pour
attaquer l'Indochine française. Le but est de récupérer les territoires situés au Laos et au
Cambodge qui lui avaient été ravis par la France en 1893, 1902, 1904 et 1907 et de
reconstituer le royaume d'Ayutthaya. Le 16 janvier 1941, à Phum Préav, se déroula une
contre-offensive française lancée par le 5e régiment étranger d'infanterie qui, malgré une
infériorité en hommes et en matériel du côté français fit subir de lourdes pertes aux forces
thaïlandaises. Le lendemain, le 17 janvier 1941, la flottille de la Marine nationale en
Indochine coula la flotte thaïe lors de la Bataille de Koh Chang. Mais, sous la « médiation »
nipponne, le 9 mai 1941, la France est contrainte de signer un traité de paix, par lequel elle
abandonne à la Thaïlande les provinces de Battambang et de Siem Reap, enlevées au
Cambodge, et celles de Champasak et Sayaburi, prises au Laos. Ces provinces seront
restituées à l'Union indochinoise en 1945.
2- Le reflux initié par le Japon
L'Empire du Japon, en guerre contre la Chine depuis 1937, profite de la défaite française en
Europe (juin 1940) pour adresser un ultimatum aux Français. Il entend occuper la frontière
nord de l'Indochine et couper la voie ferrée de Haïphong au Yunnan, une des voies de
ravitaillement de Tchang Kaï-chek. Le gouverneur Catroux accepte, faute de moyens pour s'y
opposer. Démis de ses fonctions le 26 juin 1940, il rejoint la France libre. L'amiral Decoux,
qui lui succède le 20 juillet 1940, est chargé d'appliquer à partir du 22 septembre l'accord
passé le 30 août avec le Quartier-général impérial. Cet accord autorise la présence de 6 000
soldats japonais au Tonkin ainsi que l'utilisation d'aérodromes. En échange, le Japon reconnaît
l'intégrité territoriale et la souveraineté française de principe en Indochine. Cet accord ne peut
toutefois empêcher la violente occupation de Lang Son et le bombardement de Haïphong.
L'Indochine reste sous l'autorité nominale de Vichy jusqu'en 1945.
Le 29 juillet 1941, dans le cadre des Accords Darlan-Kato, le Quartier-général impérial
impose le stationnement de 75 000 hommes dans le sud de l'Indochine, l'utilisation de
plusieurs ports et aéroports, ainsi qu'une coopération économique, conditions auxquelles se
plie l'amiral Jean Decoux. En secret, les Japonais arment des éléments nationalistes et
exacerbent les sentiments anti-français.
Jusque-là le Japon n'intervient pas du tout dans les affaires coloniales, avant de virer
totalement de cap par son coup de force du 9 mars 1945. Le 9 mars 1945, les garnisons
françaises sont attaquées par surprise par l'armée impériale japonaise. Sur les 34 000 Français
18
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Mouvement vers l'arrière (d'un groupe de personnes)
Organiser avec soin (quelque chose) de façon à attirer une très grande attention ou à donner le plus d'ampleur
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métropolitains dans la région et 12 000 militaires d'origine européenne, plus de 3 000 ont été
tués en moins de 48 heures, parfois exécutés par décapitation à coups de sabre20.
Cette opération détruit l'administration coloniale. Le Japon encourage la formation de régimes
nominalement21 indépendants, dans le cadre de sa sphère de coprospérité de la grande Asie
orientale, avec en particulier le soutien de l'empereur d'Annam Bao Daï7. Celui-ci proclame
l'indépendance de l'empire du Viêt-Nam le 11mars, et abolit tous les accords passés avec la
France, les statues des colonisateurs français sont détruites. Au sud Laos (avec le capitaine
Dumonet et ses chasseurs laotiens) et au nord Laos (avec le capitaine Rottier est ses hommes,
appuyés par les partisans du Tranninh du chef Méo Touby), la présence militaire française se
maintient, malgré les attaques japonaises et les violentes réactions des ressortissants
annamites, soulevés par le Việt-Minh. Le roi du Laos apporte son soutien aux Français.
3- Le reflux initié par les Américains et les Soviétiques
À la fin de sa vie, le président américain Roosevelt ne fait pas mystère que la France ne doit
pas retrouver l'Indochine à la fin de la guerre. Il propose même à Tchang Kaï-chek d'occuper
entièrement l'Indochine, ce à quoi ce dernier se refuse.
Truman (qui succède à Roosevelt mort en avril), Staline et Churchill se réunissent à la
Conférence de Potsdam en 1945. Truman et Staline, défavorables au colonialisme français,
décident que le Viêt Nam serait divisé en deux parties : lors de la capitulation du Japon, les
Chinois (dirigés par le généralissime Tchang Kaï-chek) s'installeraient dans le nord le 9
septembre 1945 (une semaine avant, le 2 septembre 1945 à Hanoï, le leader communiste Ho
Chi Minh proclamait la République démocratique du Viêt Nam) et les Britanniques
(commandés par le général Sir Douglas David Gracey (1894-1964, KCB, KCIE, CBE, MC
and bar)9) dans le sud 12 septembre 1945 jusqu’à un règlement et désarmeraient les soldats
japonais.
130 000 soldats chinois et leurs supplétifs ont pour mission de désarmer 35 000 soldats
japonais, ce qui sera fait avec lenteur, le temps de piller le Tonkin (départ des derniers soldats
chinois de Lu Han, seigneur du Yunnan,le 18 septembre 1946).
III- LE RETABLISSEMENT DE LA SOUVERAINETE FRANCAISE ET LA GUERRE DINDOCHINE
A- Le rétablissement de la souveraineté française sur l’Indochine
Les Français, sous l'impulsion du général de Gaulle, décident de rétablir la souveraineté
française sur l’Indochine après la Seconde Guerre mondiale, à une époque où d’autres
puissances coloniales reprennent pied dans leurs colonies asiatiques (Birmanie et Malaisie
pour le Royaume-Uni, Indonésie pour les Pays-Bas).
20
Des femmes d'officiers furent violées avant d'être tuées. Les soldats qui échappent aux massacres ou aux
arrestations prennent la brousse ou franchissent la frontière chinoise au terme d'une longue marche. Pour les
prisonniers européens, les six mois de captivité ont coûté la vie à plus de 1 500 d'entre eux (notamment torturés
par la Kenpeitai dans les grottes de Ky-Lua ou dans le camp de la mort de Hoa Binh). Les supplétifs indochinois
sont utilisés comme bêtes de somme par les Japonais et meurent par centaines.
21
De nom seulement
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Cependant, sur le terrain, l’administration et l’armée française sont affaiblies et
décrédibilisées. D’autant que le Vietminh dirigé par Ho Chi Minh, très implanté au Nord du
pays, s’est emparé des grandes villes et a proclame unilatéralement l’indépendance le 2
septembre 1945. Il faut dire que Viêt Nam est un enjeu stratégique et économique d'une tout
autre importance. Le Viet Minh et d'autres groupes indépendantistes cherchent à établir leur
autorité sur le pays. Hô Chi Minh lance l'appel à l'insurrection générale le 13 août 1945 et le
19 août, le Viet Minh prend possession de tous les services publics d'Hanoi. Le 20 août, tout
le Tonkin est aux mains des comités révolutionnaires du peuple. Des exactions sont commises
contre les citoyens français (il y a 17 000 Français à Hanoi). Bao daï abdique le 25 août, sous
la pression de Ho Chi Minh et le 2 septembre 1945, le Vietùinh proclame la République
démocratique du Vietnam.
Dès le 24 mars 1945, une fédération indochinoise22 est instituée au sein de l’Union française.
Le général Leclerc et la deuxième division blindée sont envoyés par le général de Gaulle,
chef du gouvernement provisoire, pour restaurer l'autorité de la France. Il y arrive en
octobre 1945. Au Cambodge, le premier ministre pro japonais et pro vietminh mis en place
par le japon le 9 mars 1945 est enlevé par Leclerc et deux aides de camp à Pnom Penh le 15
octobre 1945. Les japonais stationnés au Cambodge se rendent aux troupes britanniques sans
difficultés. En 1946, le 28 janvier, les troupes britanniques23 acceptent de quitter le Viêt Nam
laissent les Français reprendre Saigon. Le sud de l'Annam et la Cochinchine sont
partiellement pacifiés par l'armée française en février 1946, malgré la poursuite de
nombreuses attaques par le Viet Minh, dissimulé dans la jungle ou parmi la population
autochtone. Le 6 mars 1946, l'armée française débarque à Haiphong, au Tonkin. Les Chinois
du général Wang tirent sur les bateaux avant de se retirer24. Les français ne ripostent pas (29
Français tués).
Pendant plus d’un an, les Français et le Viêt-minh négocient. Et les négociations aboutissent
aux accords du 6 mars 1946 aux termes desquels le Viêt Nam est reconnu par la France
comme un « État libre » (mais pas indépendant, car il fait partie de la Fédération indochinoise
et de l'Union française). Ces accords25, signés par Hô Chi Minh et Jean Sainteny, ne durent
pas et leur violation va conduire à la guerre d’Indochine.
B- La guerre d’Indochine et la défaite française
Après la démission du Général de Gaulle, cet accord est remis en cause par le HautCommissaire Français Thierry d'Argenlieu. De fait, en Annam, Tonkin et surtout en
Cochinchine, qui formèrent longtemps des royaumes rivaux et où les divisions internes sont
plus profondes, la perspective d’une unification en un seul Vietnam est plus difficile à faire
passer pour la bourgeoisie indigène, surtout sous l’égide d’un parti communiste. Ces accords
Elle comprend le Laos, le Cambodge, la Cochinchine, l’Annam et le Tonkin.
Aux prises dans ses anciennes colonies avec les mêmes difficultés que la France, la Grande-Bretagne laisse les
Français reprendre Saigon.
24
Il eut un accord franco-chinois en 1946 d’après lequel, les Français restituent à la République de Chine leurs
droits sur les concessions françaises dans ce pays , elles aussi évacuées par les Japonais, le 6 mars 1946.
25
Le Cambodge et le Laos obtiennent de leur côté leur autonomie dans ce cadre, se dotant de régimes
monarchiques directement hérités des protectorats. La présence française y étant très réduite, cette indépendance
se fait sans heurts en 1949.
22
23
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inquiètent aussi les tenants d’un maintien colonial traditionnel qui craignent d’être chassés de
leurs postes ou de leurs terres. D'autant que Ho ne cache pas son projet d'unifier les 3 "ki"
(provinces) sous sa seule autorité. Ce "parti colonial" suscite la création d’une république
indépendante de Cochinchine au Sud, là où se trouvent la plupart des européens. Le 1er juin
1946, le haut-commissaire en Indochine, l’amiral Thierry d’Argenlieu, fait proclamer à
Saigon une république autonome de Cochinchine, amenant le général Leclerc à démissionner.
De nouvelles négociations se déroulent à Fontainebleau entre les mois de juillet et de
septembre 1946, mais elles échouent.
En novembre 1946, l’impasse est complète et la pression militaire française de plus en plus
forte. Le Vietminh tente d'interdire aux Français le port de Haïphong26. Après une fusillade où
des marins français sont tués lors de l’arraisonnement27 d’une jonque du Viet Minh, le 23
novembre le haut-commissaire en Indochine, Thierry d’Argenlieu qui considère l'idée de
négocier avec des communistes comme une reculade inacceptable, fait tirer par la marine
française sur Haiphong où a eu lieu l’incident. Il y a 6000 morts. Le Vietminh réplique le 19
décembre par l’attaque des quartiers européens de Hanoi 28 tandis que Ho Chi-Ming gagne le
maquis. La guerre d’Indochine a commencé.
Lorsque la Guerre d’Indochine éclate en 1946, l’inégalité des forces entre le Corps
expéditionnaire français en Extrême-Orient (CEFEO) et le Vietminh est flagrant, car le
CEFEO dispose de matériel militaire moderne alors que le groupe nationaliste qu’il affronte
ne bénéficie pas nécessairement de grands moyens auu début. Étant techniquement
désavantagé, le Vietminh ne peut s’offrir le luxe d’affronter les Français d’une manière
traditionnelle en tout temps. Jusqu’en 1949, le Viêt Minh mène donc des actions de guérilla29.
De leur côté, les Français choisirent comme interlocuteur l’ex-empereur d’Annam, Boa-Dai,
autour duquel s’étaient rassemblés les nationalistes modérés. Par les accords d’Along du 5
juin 1948, Boa-Dai se voit reconnaitre l’indépendance du Vietnam, refusée à Ho Chi-Minh.
Des accords identiques sont conclus avec le Laos et le Cambodge en 1949, reconnus comme
Etat « associés ». Il s’agit en fait d’un maintien du protectorat français, tandis que la guerr
continue avec le vietminh.
La victoire du communisme en Chine en 1949 et la guerre de Corée à partir de 1950 font
passer le conflit indochinois d'une guerre coloniale à une guerre froide. Ainsi, le Vietminh
bénéficie du soutien de la Chine et de l'URSS tandis que les USA appuient, à partir de juillet
1950, la France. Le vietminh passe progressivement à une guerre plus classique, engageant de
26
ville et port de mer du nord du Viêt Nam, située sur le delta du Sông Hông (fleuve Rouge), près du golfe de
Tonkin.
27
Interception pour inspecter l'origine, la destination, l'état sanitaire ou la cargaison (d'un véhicule de grande
taille)
28
On estime à 400 le nombre des victimes et des disparus.
Dont le général Giáp définit ainsi les principes : « Éviter l’ennemi quand il est fort, l’attaquer quand il est
faible […]. Attaquer l’ennemi partout de sorte que, partout, il se trouve submergé par une mer d’hommes armés
hostiles afin de miner son moral et d’user ses forces. […] Il est nécessaire de prendre l’anéantissement des forces
vives de l’ennemi comme but principal du combat, et de ne jamais, pour la défense ou l’occupation d’un
territoire, user les nôtres. »
La guérilla signifie qu'il ne faut pas attaquer les troupes françaises de face, car, dans un affrontement à découvert
contre le Corps expéditionnaire français, les membres du Viêt-Minh sont pleinement conscients qu’ils peuvent se
faire écraser à plate couture
29
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grandes unités qui mènent de vastes offensives (Cao Bang puis Lang-Son, en octobre 1950).
En 1952, le général Giap triomphe des Français au Tonkin, en Annam et au Laos. En avril
1953, le delta tonkinois est encerclé. Ni le général de Lattre de Tassigny, ni ses successeurs
(Salan, puis Navarre) ne peuvent résister, malgré l’aide des Américains, pour qui cette guerre
n’était plus une « simple » guerre de décolonisation, au moment où éclate, par ailleurs la
guerre de Corée (25 juin 1950).
Mais le soutien américain ne parvient pas à éviter la désintégration de l’Union française en
Indochine30 et lent grignotage des positions françaises. Les Américains qui signent avec la
Chine un armistice en Corée tentent d’engager une négociation globale avec les pays
communistes pour régler les conflits asiatiques. Une conférence doit se réunir en mai 1954 à
Genève dans ce but. Mais chacun cherche à être en position de force à la table de négociation
et veut remporter une victoire marquante sur le terrain.
C’est alors que l’armée française tente d’obliger le vietminh à concentrer ses forces pour
mieux l’écraser. Pour monter un « piège », l’armée occupe la cuvette de Dien Bien Phu.
C’est de plus le seul endroit plat pour installer un aérodrome dans la région. Mais c’est aussi
une vallée entourée de collines qui peut se transformer en piège pour les soldats
retranchés. Des milliers de parachutistes s’emparent de l’endroit et s’y fortifient. Mais les
Vietnamiens dans des conditions extraordinairement difficiles, à dos d’homme ou à travers de
tunnels creusés dans la boue des collines installent au sommet de celles-ci une artillerie qui
s’abat sur les français pris au piège et détruit le terrain d’aviation. Malgré une résistance
héroïque de 57 jours les troupes françaises finissent par être submergées.
La chute de Dien Bien Phu marque la fin des espoirs français. Le Président du Conseil
nouvellement élu Pierre Mendès-France qui mène les négociations avec les représentants
vietnamiens cherche à négocier le moins mauvais compromis. Les accords de Genève sont
signé en juillet 1954. Le Vietnam est partagé en deux Etats : an Nord du 17e parallèle, la
République Démocratique du Vietnam ; au Sud, un gouvernement proaméricain, dirigé par
Bao-Dai. Des élections générales sont prévues en 1956 pour aboutir à la réunification du
pays. Le Laos et le Cambodge deviennent indépendants.
30
En effet, pour trouver un appui dans les populations, les gouvernements du Vietnam, du Laos, du Cambodge
sont conduits à faire contre les Français de la surenchère nationaliste. En 1953, l’empereur Bao-Dai, le roi du
Cambodge, Norodom Sihanouk, le roi du Laos exigent la rupture des derniers liens avec la France prévus par les
accords de 1948-1949.
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A peine les français partis, les deux Vietnam rentrent en conflit. Quelques années plus tard,
les américains voulant soutenir le Sud Vietnam contre les communistes du Nord s’enferreront
à leur tour dans cette région. ce sera la guerre du Vietnam
CONCLUSION
La décolonisation de l’Indochine reste un exemple parfait de décolonisation ratée, sur laquelle
se greffent les enjeux de la guerre froide et un exemple typique de décolonisation violente.
Elle est marquée par une guerre d'indépendance longue et meurtrière. Celle-ci est doublée
d'une guerre froide de 1950 à 1954 avec une tournure plus dramatique dans les années 1960.
Les exemples indien ou indochinois ont inspiré bon nombre de colonies asiatiques et surtout
africaines.
SOURCES :
- « La guerre d’Indochine (1945-1954) » in http://tribouilloyterminales.over-blog.com/article26925273.html
- « Indochine française » in http://fr.wikipedia.org/wiki/Indochine_fran%C3%A7aise
- « La décolonisation en Asie : Inde / Indochine » in http://leuz2.skyrock.com/3160011932LA-DECOLONISATION-EN-ASIE-INDE-INDOCHINE.html
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