dossier pédagogique Liliom ou la vie et la mort d’un vaurien de Ferenc Molnár traduction Kristina Rady, Alexis Moati et Stratis Vouyoucas Éditions Théâtrales mise en scène Marie Ballet * Th éâtre de la Tempête Cartoucherie Route du Champ-de-Manoeuvre Théâtre de la Tempête 13 novembre - 13 décembre 2009 75012 Paris * location 01 43 28 36 36 * administration 01 43 74 94 07 * fax 01 43 74 14 51 * [email protected] * www.la-tempete.fr Contact groupes et collectivités Anne Delaunay : 01 43 28 36 36 DOSSIER PEDAGOGIQUE Théâtre de la Tempête Route du Champ de Manœuvre 75012 Paris Renseignements et réservations 01 43 28 36 36 Collectivités 01 43 74 73 83 LILIOM de Ferenc Molnar traduction Kristina Rady, Alexis Moati et Stratis Vouyoucas mise en scène Marie Ballet du 13 novembre au 13 décembre 2009 au Théâtre de la Tempête en tournée le 16 avril 2010 au Théâtre Arc-en-Ciel de Rungis 1. Distribution. p. 3 2. Résumé. p. 4 3. Dossier dramaturgique : Liliom, une histoire de banlieue ; p. 5 Extrait de Liliom ; p. 6 Une tragédie du langage ; p. 7 Une dramaturgie de l’image. p. 7 4. Dossier Ferenc Molnar : Biographie de Ferenc Molnar ; p. 8 A propos de Liliom (par Ferenc Molnar) ; p. 8 Ferenc Molnar et la Hongrie ; p. 9 La dramaturgie selon Molnar. p. 10 5. Historique de la Compagnie Oui aujourd’hui. p. 11 6. Parcours de Marie Ballet, metteur en scène. p. 12 2 DISTRIBUTION Liliom (ou la vie et la mort d’un vaurien) Texte Ferenc Molnar Traduction Kristina Rady, Alexis Moati et Stratis Vouyoucas Mise en scène Marie Ballet Assistée de Nelson Rafaëll Madel Avec Naidra Ayadi (Julie) Olivier Bernaux (Secrétaire du ciel / Musicien) Noémie Develay-Ressiguier (Détective 2 / Louise) Boutaïna Elfekkak (Marie) Matthieu Fayette (Balthazar) Jean-Christophe Folly (Liliom) Nelson Rafaëll Madel (Détective 1) Emmanuelle Ramu (Madame Muscat / Tante Hollunder) Geoffroy Rondeau (Dandy) Scénographie et costumes Marie La Rocca, assistée de Peggy Sturm Création lumières Emmanuel Jarousse 3 RÉSUMÉ Liliom (ou la vie et la mort d’un vaurien) Légende de banlieue en sept tableaux Dans une fête foraine, une jeune domestique, Julie, tombe amoureuse d’un bonimenteur, Liliom. Ils s’installent ensemble, mais Liliom, désormais au chômage, se montre de plus en plus violent. Quand Julie lui annonce qu’elle attend un enfant, il se laisse entraîner dans un braquage qui tourne mal et se suicide plutôt que d’être arrêté. Nous voilà dans l’au-delà. Deux « détectives de Dieu » emmènent Liliom dans un tribunal céleste où il est jugé pour avoir battu sa femme. Détective 1 : Tout ne s’arrête pas si facilement. On connaît votre nom. On se souvient de votre visage. On sait ce que vous avez dit et quand vous l’avez dit. On sait ce que vous avez fait, comment étaient votre regard, votre voix, et votre main quand elle en serrait une autre. On connaît le son de votre pas. Tant de gens qui se souviennent de vous, il y a beaucoup de choses à régler. Mon cher fils, tu ne le savais pas, mais l’homme ne meurt que quand on l’oublie. Seize ans plus tard, il peut retourner un jour sur terre pour voir sa fille, Louise. Il se fait passer pour un vagabond qui a bien connu Liliom. Face au récit enjolivé qu’en fait Julie, il veut rétablir la vérité aux yeux de sa fille. La situation s’envenime, il est mis à la porte. Désemparé, il la frappe… Louise : Maman… sa main était si chaude et si douce…Comme s’il avait mis son cœur nu dans mes mains ! Bruno Ganz dans Les ailes du désir de Wim Wenders. 4 DOSSIER DRAMATURGIQUE Liliom, une histoire de banlieue Légende du théâtre populaire hongrois, la pièce, écrite en 1909, a également été portée à l’écran par Fritz Lang. L’écriture à la fois violente, aride et poétique traduit aussi un drame du langage : les personnages, comme en exil d’eux-mêmes, incapables de se dire, tentent de trouver dans le rêve et dans l’imaginaire une issue à leur détresse. Le réalisme du début de la pièce, son contexte social à forte résonance contemporaine, laisse place à une féerie qui n’est pas seulement naïve et joyeuse : c’est aussi une «histoire de banlieue» brutale et désespérée. L’histoire de Liliom, le réalisme du début de la pièce, l’indigence des personnages et la violence à laquelle ils sont sans cesse confrontés, tout cela résonne fortement aujourd’hui. Lors d’un voyage à Budapest, je me suis rendu compte que Molnar avait décrit, dans Liliom, un quartier au nord de la ville. La foire (où un carrousel datant de 1906 fonctionne toujours) y jouxte un bois. Derrière le grand huit s’étend un terrain vague, un peu plus loin une voie ferrée… J’aimerais non pas faire une reconstitution de ce quartier, mais rendre compte que ces différents lieux n’en forment qu’un. L’important c’est avant tout que l’histoire se passe dans un faubourg, une banlieue, c’est-à-dire en périphérie, en marge de quelque chose. C’est cette impression de marginalité qui rend encore plus difficile pour les personnages non seulement l’accès au langage, mais la vie en général. Marie Ballet 5 DOSSIER DRAMATURGIQUE Extrait de Liliom Liliom. – Alors te voilà comme moi. (Julie ne répond pas) Renvoyée toi aussi. (Julie ne répond toujours pas. À partir de ce moment, le dialogue baisse de plus en plus. À la fin du tableau on n’entend plus que des chuchotements) T’as dîné ? Julie. – Non. Liliom. – Tu veux aller manger quelque part. À la buvette ? Julie. – Non. Liliom. – Ailleurs ? Julie. – Non. Silence. Liliom. – Ça fait pas longtemps que tu viens à la foire. Je t’ai vue que trois fois. T’étais jamais venue avant ? Julie. – Si. Liliom. – Alors tu m’avais déjà vu. Julie. – Oui. Liliom. – Tu savais que c’était moi Liliom ? Julie. – On me l’avait dit. Liliom. – T’as un amant ? Julie. – Non. Liliom. – Ne mens pas ! Julie. – J’en ai pas. Si j’en avais un, je le dirais. J’en ai jamais eu. Liliom. – Fais gaffe, je vais te planter là. Julie. – Pourtant j’en ai jamais eu. Liliom. – Mon œil. Julie. – Pourquoi vous insistez ? Liliom. – Parce qu’au premier mot que je t’ai dit t’es restée là, petite salope. T’as déjà vu le loup ! Julie. – J’ai rien vu du tout, Monsieur Liliom. Liliom. – C’est ça. Tu vas me dire que tu sais même pas pourquoi t’es là. T’es assise dans le noir, à côté de moi, je te signale. T’aurais pas déjà traîné avec un soldat que t’aurais fait plus de manières. Ça t’a plu et t’en veux encore ! Pourquoi t’es restée tout de suite ? D’ailleurs dans le fond, pourquoi t’es là ? ` Liliom de Ferenc Molnar Traduction Kristina Rady, Alexis Moati et Stratis Vouyoucas 6 DOSSIER DRAMATURGIQUE Une tragédie du langage Tout se passe près d’une fête foraine, dans un univers qui fait appel à un imaginaire enfantin : les manèges, les baraques de tir, les voitures de course… Liliom se retrouve au ciel et c’est presque normal. Il redescend sur terre, Julie ne le reconnaît pas et nous ne nous en étonnons pas. Nous sommes dans La Vie est belle de Frank Capra et les anges sont parmi nous. Ce qui étonne, c’est la manière avec laquelle les personnages ont recours à la parole. Plus qu’un drame social qui met en scène des personnages marginaux, Liliom est une tragédie du langage. Tous les personnages ont de la difficulté à parler parce qu’il leur manque des mots ou parce que les mots ne sont jamais à la hauteur de ce qu’ils ressentent. Cette difficulté à parler procure à chacun des personnages une réserve où se lit toute leur détresse et leur pudeur. Par ce traitement de la parole, Liliom est une anticipation du théâtre d’aujourd’hui. Sarah Kane, Valère Novarina, Jon Fosse, nombreux sont les écrivains contemporains qui décrivent des univers dans lesquels le langage n’est plus qu’une déchirure. Il n’y a plus de sens dans la parole, seulement de la violence : violence envers l’autre et violence envers soi-même. Les êtres ne se rencontrent plus que dans le silence, seul point de fuite où la parole atteint encore et permet un contact. Et la monotonie du bavardage est là pour nous prouver que l’on est encore en vie. Une dramaturgie de l’image Mais ce que Liliom préfigure avant tout, c’est le cinéma et la révolution de l’image. Alors qu’aujourd’hui nombre de metteurs en scène tentent d’intégrer la vidéo à l’espace théâtral, Molnar l’introduit au début du siècle à l’intérieur même de son écriture. Non pas que son écriture soit à proprement parler cinématographique, mais parce que le récit qu’il fait évolue doucement de l’image arrêtée à l’image en mouvement. L’univers de la fête foraine, d’abord, rappelle les miroirs déformants des palais des glaces : corps grossis, déformés par les loupes ou réduits. Est-ce un hasard si Molnar installe ensuite ses deux héros dans l’atelier d’un photographe ? Une toile de fond est accrochée au mur de droite, un appareil de photographie est posé dans un coin, un gendarme vient se faire tirer le portrait… Au-delà d’une description des mœurs de l’époque, j’y vois une continuité avec l’univers de la foire : de l’image déformante, on passe à l’instantané qui cadre un morceau de réel. Ici se rejoignent image et langage : de même que les personnages semblent arrêtés dans le langage, incapables de faire un récit continu, de même ils sont arrêtés dans l’image. Liliom est toujours comme absorbé dans la contemplation d’un hors champs imaginaire. Il ne cesse de regarder ailleurs, ses yeux restent accrochés aux wagons des trains qui ne s’arrêtent jamais pour lui. Son désir serait de parvenir à prolonger son regard, ses phrases, à faire se succéder les images, à les mettre en mouvement. Peut-on voir dans le désir qu’a Liliom de partir en Amérique, le phantasme de l’image en mouvement, du cinéma ? 7 DOSSIER FERENC MOLNAR Biographie de Ferenc Molnár (1878-1952) Ferenc Molnar, de son vrai nom Ferenc Neumann, naît à Budapest en 1878 au sein d’une famille juive aisée et très cultivée. Il débute dans le journalisme avant d’étudier le droit à Budapest, puis à Genève. Après ses études, il fréquente les milieux artistiques, journalistiques et littéraires, publie des poèmes, des nouvelles, des romans et adopte le pseudonyme de Molnar. En 1907, son premier roman, Les garçons de la Rue Pal, raconte l’affrontement de deux bandes de gamins dans les rues de Budapest au début du XXe siècle. Le roman connaît un important succès public et reste un classique de la littérature pour la jeunesse. Très vite il écrit pour le théâtre. Entre 1907 et 1933, il publie une trentaine de pièces qui le font reconnaître dans le monde entier. Il doit sa célébrité à des comédies de mœurs d’un réalisme féerique, d’un symbolisme souvent teinté de mysticisme. Liliom, la plus représentée, est créée en Allemagne par Max Reinhardt en 1910. La pièce connaîtra trois adaptations cinématographiques, dont la plus connue est celle de Fritz Lang avec Charles Boyer en 1934. Il est joué à Paris, Londres, Berlin, Vienne… et devient une figure prédominante du théâtre hongrois des années vingt. En 1945, Richard Rogers et Oscar Hammerstein font de Liliom la comédie musicale Carousel qui sera créée à Broadway. Liliom a été représenté à plusieurs reprises en France, notamment en 1923 à la Comédie des Champs-Élysées dans une mise en scène de Georges Pitoëff. Correspondant de guerre pendant la Première Guerre Mondiale, il quitte la Hongrie en 1937 devant la montée du fascisme. Il s’installe en France, puis en Suisse et s’établit aux États-Unis en 1940, où il travaille comme scénariste à Hollywood. Il meurt à New York en 1952. À propos de Liliom « Mon but était de porter sur scène une histoire de banlieue de Budapest aussi naïve et primitive que celles qu’ont coutume de raconter les vieilles femmes de Josefstadt. En ce qui concerne les figures symboliques, les personnages surnaturels qui apparaissent dans la pièce, je ne voulais pas leur attribuer plus de signification qu’un modeste vagabond ne leur en donne quand il pense à eux. C’est pourquoi le juge céleste est dans Liliom un policier chargé de rédiger des rapports, c’est pourquoi ce ne sont pas des anges, mais des détectives de Dieu qui réveillent le forain mort, c’est pourquoi je ne me suis pas soucié de savoir si cette pièce est une pièce onirique, un conte ou une féerie, c’est pourquoi je lui ai laissé ce caractère inachevé, d’une simplicité statique qui est caractéristique du conte naïf actuel où l’on ne s’étonne sûrement pas trop d’entendre le mort se remettre soudain à parler. Mais on pourrait débattre du droit de l’auteur à être primitif sur scène. Les peintres ont ce droit, de même que les auteurs qui écrivent des livres. Mais l’auteur peut-il, a-t-il le droit d’être naïf, puéril, crédule sur scène ? A-t-il le droit de nous plonger dans la perplexité ? A-t-il le droit d’exiger du public qu’il ne pose pas de question du type « Ce conte est-il une rêverie ? » « Comment un homme mort peut-il revenir sur terre et vaquer ici à ses occupations, faire quelque chose ? » Tout un chacun a déjà vu au moins une fois dans sa vie une baraque de tir dans un bois en bordure de la ville. Vous souvenez-vous à quel point tous les personnages sont représentés de façon comique ? Le chasseur, le tambour au gros ventre, le mangeur de Knödel, le cavalier. Des barbouilleurs misérables peignent ces personnages conformément à leur façon de voir la vie, je voulais aussi écrire ma pièce de cette manière. Avec le mode de pensée d’un pauvre gars qui travaille sur un manège dans le bois à la périphérie de la ville, avec son imagination primitive. Quant à savoir si on a le droit – je l’ai déjà dit : cela reste à débattre. » Ferenc Molnar 8 DOSSIER FERENC MOLNAR Ferenc Molnar et la Hongrie La Hongrie, par sa langue, est culturellement isolée de ses voisins. La langue hongroise ne fait pas partie des langues indo-européennes, mais est apparentée notamment au finnois et à l’estonien. En 1990, elle n’était parlée que par 13 millions de personnes, dont les trois quarts habitaient en Hongrie. Nombre d’auteurs hongrois se sont d’abord exprimés dans une langue étrangère afin de pouvoir toucher un plus large public, avant de se décider à écrire en hongrois. Cette caractéristique définit d’emblée un rapport particulier à la langue. « C’était une société étrange, dont l’atmosphère différait de celle des cercles littéraires de Paris, Londres ou Berlin. Après la Première Guerre Mondiale, la Hongrie est devenue un petit pays de sept millions d’habitants composé en majorité de paysans à demi analphabètes. Comme l’Autriche, la Hongrie connaissait une crise économique. Mais contrairement à l’Autriche et aux autres pays, la Hongrie, par sa langue, était culturellement isolée de ses voisins. Elle constituait une espèce d’îlot au coeur de l’Europe. Les auteurs hongrois ne pouvaient espérer toucher un large public qu’en émigrant et en écrivant dans la langue de leur pays d’accueil. La force centrifuge qui les a dispersés de par le monde résulte de la concentration d’une quantité exceptionnelle de talents dans un petit pays qui manque de moyens d’expression. Ceux qui restaient au pays étaient condamnés à écrire pour un public restreint, blasé et gavé de littérature. Les poètes et les romanciers hongrois des années vingt et trente auraient pu occuper une place de choix dans la littérature de n’importe quel autre pays, mais les dimensions restreintes et la misère de leur patrie les ont obligés à végéter en écrivant des articles dans des journaux et à vivre sous un régime intellectuellement endogène. Dans les pays de plus grandes dimensions, tout écrivain, dès qu’il quitte les cercles littéraires de son adolescence, évite d’instinct cette endogamie. Mais l’artiste d’une petite ville est condamné à vivre à perpétuité dans un ghetto intellectuel. Celui de Budapest se résumait aux cafés qui servaient aussi de quartier général aux factions rivales. Beaucoup d’auteurs écrivaient, lisaient, donnaient leurs rendez-vous dans les cafés. Chacun y avait sa table, sa cour, ses habitudes. Ce qui donnait à la vie intellectuelle de cette ville une intimité feutrée qui m’a captivé... » Arthur Koestler. 9 DOSSIER FERENC MOLNAR La dramaturgie selon Molnar « Si je devais écrire une grande œuvre sur la dramaturgie, j’utiliserais comme point de départ l’idée que passer la soirée au théâtre est une punition. Transportons-nous à l’époque où l’Inquisition tourmentait ses victimes avec des fers rouges sur le gril, mais inventait aussi des tortures ingénieuses comme de laisser couler goutte-à-goutte de l’eau dans la bouche de la victime étendue sur le dos. Oublions pour un moment tout ce que nous avons l’habitude de relier au concept de « théâtre », et imaginons qu’un inquisiteur qui se targue d’inventer de nouveaux tourments a inventé la punition suivante : Le pêcheur est obligé, une fois par semaine, à in moment donné d’une heure donnée, de laisser soudain tomber toutes ses affaires en cours et (qu’il fasse beau ou mauvais temps) de se hâter vers une grande salle. Cette salle sera aussitôt mise au noir et le pêcheur conduit à un siège étroit. Il restera assis là dans le noir pendant trois heures, rigide et immobile. Durant tout ce temps, tout ce qui suit sera interdit : 1. Quitter la pièce. 2. Se lever. 3. S’agiter nerveusement sur son siège. 4. Se retourner. 5. Parler. 6. Se moucher. 7. Tousser. 8. Eternuer. 9. Manger. 10. Boire. 11. Fumer. 12. Rire spontanément. 13. Dormir. 14. Lire. 15. Ecrire. 16. S’étirer. 17. Bailler. 18. Regarder ailleurs que devant soi. 19. Changer de siège. 20. Ne pas attendre la fin. 21. Le coupable doit supporter la chaleur. 22. Doit supporter le froid. 23. Doit ravaler toute exaspération en silence. 24. Interdit de montrer aucun signe d’indignation. 25. De soupirer ou gémir bruyamment. 26. De faire le moindre changement dans ses vêtements. 27. De ne pas prêter attention. 28. De laisser son cerveau au repos ou de le fermer. 29. D’interrompre tout applaudissement qui ferait violence à ses propres convictions. 30. De se montrer en vêtements de jour confortables. 31. de mettre fin à loisir à tous ces tourments, pour reprendre à un autre moment. Un certain nombre d’autres choses aussi sont interdites, dont je ne peux me souvenir à l’instant. Cet être humain, que l’on condamne au noir et que l’on empêche d’exercer aucune autre fonction, s’appelle un spectateur de théâtre : grâce au mouvement humanitaire des temps modernes, il bénéficie du soulagement –mais pas toujours- d’être autorisé à sortir quelques minutes chaque heure pour se remettre de ses tourments physiques et reprendre des forces pour de nouveaux tourments. Qu’est-ce alors que la dramaturgie ? La dramaturgie est cette science charitable qui a réuni toutes les règles pour améliorer la situation de cette victime condamnée au châtiment corporel, en arrachant un pan de mur de la salle pour lui montrer quelque chose dans la trouée. Et ce quelque chose doit être si attrayant que le châtiment corporel décrit ci-dessus devient d’abord supportable à la victime, puis imperceptible, et finalement désirable. Si désirable que la victime est même prête à dépenser son argent durement gagné pour cela, et même à bousculer pour le privilège de s’asseoir à l’intérieur. Ceci serait l’introduction à ma dramaturgie. Ensuite suivraient les chapitres qui raconteraient les méthodes basses ou élevées, superficielles et profondes, vulgaires et nobles qui existent pour transmettre de manière efficace cet anesthésiant à travers le trou dans le mur à ceux qui souffrent le martyre. » Ferenc Molnar, Companion in exile, notes for an autobiography. New York, 1950. 10 HISTORIQUE DE LA COMPAGNIE La Compagnie Oui aujourd’hui La Compagnie Oui aujourd’hui a été créée en 2008. Auparavant, Marie Ballet était codirectrice, avec Jean Bellorini, de la Compagnie Air de Lune. 2001 Inconnu à cette adresse de Kreysmann Taylor. Mise en scène : Marie Ballet. Direction musicale : Jean Bellorini. Représentations à l’école Claude Mathieu. 2002 Un Violon sur le Toit, comédie musicale de Josef Stein et Jerry Bock. Mise en scène : Jean Bellorini, assisté de Marie Ballet. Représentations à l’école Claude Mathieu et à l’Espace La Comedia (Paris 11e). 2003 La Mouette d’Anton Tchekhov. Un spectacle de Jean Bellorini et Marie Ballet. Représentations sous chapiteau aux Rencontres Premiers Pas (Enfants de Troupes) organisées par le Théâtre du Soleil / THECIF à la Cartoucherie de Vincennes, puis à Versailles et à Fontenay-le-Fleury (Théâtre Montansier). 2004 Yerma de Federico Garcia Lorca. Un spectacle de Jean Bellorini et Marie Ballet. Représentations aux 2èmes Rencontres Premiers Pas (Enfants de Troupes) au Théâtre du Soleil (Cartoucherie de Vincennes) puis à Versailles (Théâtre Montansier). 2006 L’Opérette imaginaire (acte) de Valère Novarina. Un spectacle de Marie Ballet et Jean Bellorini. Représentations au Lavoir Moderne Parisien, dans le cadre des « Nourritures Novarina ». 2008 L’Opérette, un acte de l’Opérette imaginaire de Valère Novarina. Un spectacle de Marie Ballet et Jean Bellorini. Représentations au Théâtre de la Cité internationale, à l’Onde de Vélizy, à la Comédie de Béthune, au Festival de Sibiu (Roumanie) et à Bucarest. Tournée 2008-2009 au CDN de Dijon, au Théâtre de la Renaissance à Oullins, au Phénix de Valenciennes, au TNT de Toulouse, à Laval, à l'Apostrophe de Cergy, à Rethel et à Cachan. 2009 Oui, aujourd’hui j’ai rêvé d’un chien d’après Daniil Harms. Un spectacle de Marie Ballet. Représentations du 5 au 13 février au Théâtre de la Bastille. 11 PARCOURS DU METTEUR EN SCÈNE Marie Ballet Membre de "l'unité nomade de formation à la mise en scène" au CNSAD de 2005 à 2007, elle a d’abord suivi des études de Lettres et de Philosophie (DEA) à l'Université de Paris X et une formation de comédienne à l'école Claude Mathieu. Elle y crée, avec Jean Bellorini, la compagnie Air de Lune : ensemble ils mettent en scène la comédie musicale Un violon sur le toit, puis Inconnu à cette adresse de Kreysmann Taylor et participent à la création du Festival Premiers Pas qui a lieu à l'initiative d'Ariane Mnouchkine à la Cartoucherie de Vincennes. Ils y joueront La Mouette d’Anton Tchekhov, en 2003, et Yerma de Federico Garcia Lorca, en 2004. Elle a également mis en scène L'Opérette imaginaire de Valère Novarina qui s'est jouée au Lavoir Moderne Parisien dans le cadre du festival "Nourritures Novarina" , puis en janvier 2008 au Théâtre de la Cité Internationale et en tournée pendant les saisons 2008-2009 et 2009-2010 en France et en Roumanie. En 2006, elle effectue un stage d’observation sur L'italienne à Alger de Rossini, mise en scène par Toni Servillo au Festival d'Art Lyrique d'Aix-en-Provence et un stage technique au TNS. En 2007, elle effectue un stage de direction d’acteurs avec Alain Françon, puis un stage de mise en scène à Cracovie avec Krystian Lupa. Elle a joué notamment dans La Cuisine d'Elvis de Lee Hall, mise en scène par Marion Bierry au Théâtre de Poche-Montparnasse, et dans plusieurs spectacles musicaux comme Ma plus belle histoire mise en scène par Charlotte Arrighi de Casanova. En 2007, elle joue dans Filumena Marturano d'Eduardo de Filippo au Théâtre de l'Athénée, mis en scène par Gloria Paris dont elle est également l'assistante à la mise en scène. En mars 2008, elle est assistante à la mise en scène sur Falstafe de Valère Novarina, mis en scène par Claude Buchvald au Théâtre National de Chaillot. En parallèle de la Compagnie Air de Lune, qu’elle a jusque-là co-dirigé avec Jean Bellorini, Marie Ballet crée en 2008 la Compagnie Oui Aujourd’hui, dans le but de produire des projets plus personnels. En février 2009, elle met en scène le premier projet de cette nouvelle compagnie, Oui aujourd’hui j’ai rêvé d’un chien, d’après des textes de Daniil Harms au Théâtre de la Bastille dans le cadre du festival « Hors Série ». En décembre 2009, elle mettra en scène, avec Jean Bellorini, Barbe-Bleue de Jacques Offenbach à l’opéra de Fribourg et à l’opéra-théâtre de Besançon. Tournée prévue en Suisse et en Belgique. 12