Bipolaire ? vous avez dit bipolaire

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Bipolaire ?
vous avez dit
bipolaire ?
Troubles de l’humeur, Bipolarités : l’oubli moderne
de la Psychose Maniaco-Depressive
les 11 et 12 octobre 2014, de 9h30 à 17h30, au Centre Hospitalier Sainte-Anne,
Amphithéâtre Raymond Garcin : 1, rue Cabanis - 75 014 Paris
Ecole Psychanalytique
de Sainte-Anne
www.epsaweb.fr
inscription obligatoire auprès du secrétariat de l’Association Lacanienne Internationale
25, rue de Lille - 75 007 Paris - tél : + 33 1 42 60 14 43 - Courriel : [email protected]
Individuel :125 euros - Etudiant : 60 euros - Formation continue :175 euros
Pour la Formation continue: N° déclaration 11 75 286 59 75 Siret 327 205 183 00046
APE 804 D
Qu’appelez-vous
Bipolaire?
La bipolarité est devenue un signifiant
chic , à la mode ; il y a un certain nombre
de termes psychiatriques qui sont dans le
gout de l’époque comme Asperger pour
l’autisme de haut niveau .
Bipolaire évoque la nostalgie d’un monde
où s’affrontaient deux super puissances ;
les choses étaient simples et claires ; aujourd’hui les forces politiques sont nombreuses à revendiquer leur droit à être les
gendarmes du monde .
Le danger vient également de partout , le
sentiment d’insécurité est multipolaire .
La suggestion peut aussi venir du motif
plus inconscient de la bisexualité ; Freud
en avait fait une étape du développement
mais ce motif s’affiche désormais comme
un libre choix de la sexualité .
« Je suis bipolaire » est devenu l’affirmation d’une identité autant que le nom
d’un trouble comme il est dit pour ne pas
parler de maladie .
Pour le psychiatre la bipolarité a remplacé
la psychose maniaco-dépressive, la manie
et la mélancolie ; comme pour l’autisme
le spectre de la bipolarité s’est étendu
bien au delà des catégories traditionnelles dans une sorte de continuum allant du caractère jusqu’aux épisodes très
pathologiques, faisant naturellement le lit
et la fortune d’une clinique de l’industrie
pharmaceutique.
Cette dérive est très bien décrite par nos
collègues américains : inflation des diagnostiques y compris chez les enfants et
surmédicalisation en rapport.
Bien entendu selon l’idéologie scientiste
en vogue, la bipolarité a une cause génétique et des mécanismes biologiques
excluant toute approche psycho-dynamique ; comme pour l’autisme encore il
faut s’attendre à une sortie prochaine de
la nosographie des maladies mentales.
Bipolaire devient une façon différente
d’être au monde, néanmoins régulée par
les médicaments. Ce paradoxe apparent,
recours accru à la prescription d’un côté
et refus des classifications de l’autre ,
est à mettre en rapport avec les changements en cours dans la relation médecin
malade : le savoir est à parité et l’addiction devient une norme .
Le patient bipolaire est au centre de la
déconstruction en cours de la psychiatrie
classique et du refoulement systématique
de sa rencontre avec la découverte freudienne.
Ce qu’ on appelle « trouble de l’humeur
« n’a rien à voir avec les formidables descriptions des médecins de l’antiquité ,
grecs en premier lieu .
Manie et mélancolie sont inscrits au
patrimoine de la culture et nourrissent
comme peu de mots la peinture et la
poésie d’une traite jusqu’au moment de
l’aliénisme en France et en Allemagne.
La folie maniaco-dépressive fixera les coordonnées d’une psychose riche de complexité comme l’est la paranoïa.
Peu s’alarment de la disparition du trésor
de la clinique classique, bien des psychanalystes la jugent même inévitables
préférant surfer sur les idées nouvelles.
Il faut situer les difficultés dès les élaborations de Freud : dans son article d’une
grande profondeur « Deuil et Mélancolie », Freud pose la question, qu’est ce
qu’un deuil ? Pour chacun l’expérience
du deuil est un savoir ; l’occasion forcée
de donner sens à son existence et de s’interroger sur l’amour qui nous relie aux
autres . Qu’est ce que le travail du deuil ?
L’idéalisation de l’être disparu, ce qui fait
trait d’identification dans l’inconscient ?
Qu’est ce qu’un deuil pathologique et encore cet autre bord de la perte qui ne fait
pas savoir et qui se nomme mélancolie.
Freud interrogera sans relâche son ami
Karl Abraham mais sera déçu par la
réponse ubiquitaire que propose la notion de surmoi.
Freud n’ira pas chercher son appui dans
les connaissances psychiatriques de son
époque si bien que la coupure entre le
deuil et la mélancolie est restée en pointillé chez les psychanalystes les laissant
fragiles face aux neurosciences.
Nous devons à Marcel Czermak les
propositions lacaniennes de lecture de
la manie et de la mélancolie ; sujet sans
défense face à la grande gueule de l’Autre
pour le maniaque , sujet ravalé au rang de
l’objet monstrueux demandant son retranchement pour le mélancolique .
Cette psychiatrie lacanienne nécessite
d’en passer par une topologie combinant
la dimension de l’Autre, du corps et du
signifiant, et celle de l’objet cause du désir.
C’est à l’occasion du séjour d’une patiente hospitalisée que Marcel Czermak a
redonné valeur et signification au fameux
syndrome de Cotard , non seulement
forme délirante de la mélancolie mais
véritable carrefour nosographique tel que
le cas du Président Schreber le montre à
ciel ouvert .
Qu’une négation puisse venir du Réel
pour structurer un délire des négations
est d’un apport décisif pour notre compréhension d’une maladie qui ne peut se
résumer à la forclusion de la métaphore
paternelle.
A cet endroit la psychanalyse se doit de
poursuivre son travail de casuistique mais
aussi de théorie si elle veut s’opposer à
la régression en cours dans l’abord d’une
clinique qui est à la fois celle de la temporalité , celle de l’affect , celle de la passion
, celle de l’objet …
L’abord transférentiel des patients a largement profité de l’expérience acquise
depuis Freud et cela doit être rapporté
pour que les autorités de santé ne méconnaissent pas systématiquement l’abord
psychanalytique dans les recommandations aux praticiens et aux institutions.
Enfin nous conseillons de ne pas céder
sur les mots et de garder dans l’usage
manie, mélancolie et psychose maniaco-dépressive pour parler des choses que
veulent recouvrir la bipolarité ou les troubles de l’humeur .
Jean-Jacques Tyszler
Samedi 11 Octobre :
Matinée présidée par T. Florentin
9h30 : Introduction, M. Czermak
10h00 : Etat des lieux de la doctrine de la Psychose Maniaco-Dépressive : E. Bertaud et
L. Sibony. Discutant E. Oldenhove
10h45 : pause
11h00 : Trait du cas, E. Abed : une manie. Discutante : G. Nusinovici
11h45 : Trait du cas, C. Bayat : une mélancolie. Discutante : L. Faucher
Après-midi présidée par T. Jean
14h30 : De la bipolarité aujourd’hui, L. Bourdon-Benzakour. Discutant J. J. Tyszler
15h30 : Lecture actualisée de « Deuil et mélancolie » J.P. Rossfelder. Discutant : G. Amiel
16h15 : pause
16H30 : Trait du cas, C. Tyszler : vous avez dit “intervalle libre” ? Discutante F. Gorog
Dimanche 12 Octobre
Matinée présidée par F. Benrais
9H30 : Ce que le syndrome de Cotard et la manie apportent à la clinique infantile, E.M. Golder. Discutante : E. Caruelle
10H30 : Trait du cas, M. Touré : Syndrome de Cotard. Discutant : J.P. beaumont
11h30 : pause.
11H45 : Questions sur la forclusion : J.J. Tyszler. Discutant : G. Pariente
Après midi présidée par N. Dissez
14H30 : Trait du cas, E. Caruelle et S. Chollet : Essai d’écriture d’une stabilisation maniaque.
Discutant : Ch. Melman
16H00 : Conclusions : Ch. Melman
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