Article restituant une expérience pédagogique
autour de la réception d’œuvres du FRAC - Nord Pas de Calais
Œuvre(s) du FRAC Nord - Pas de Calais accueillie(s) par :
Cité Scolaire Pierre de Coubertin, Calais (62)
Œuvre(s) accueillie(s) :
Christophe Boulanger (1964- ), Paint Colors of your Choice, Manga, 2000,
sculpture, résine polyester et peinture acrylique, 200 x 100 x 25 cm, 1/3.
Andrée Putman (1925-2013) A vous de jouer, 2003,
miroir mural, panneau composé de carreaux de miroir déplaçables horizontalement et
verticalement, bois laqué d'une peinture époxy, inox et miroir, 90 x 90 x 3 cm.
Exposition du 03 février au 19 février 2015.
Andrée PUTMAN
Présentation de l’œuvre sous le regard de l’étude menée :
L'œuvre exposée est tout à la fois un objet de design : un miroir putmanien par excellence, mais aussi une
œuvre d’art et relève de l’installation par ses dimensions. Lorsqu’elle aménage l’hôtel Morgan’s, Andrée
Putman déclare : « Ces carreaux noir et blanc nous ont sauvé du rien. […] L'époque est finie où l'on
s'interrogeait: « Est-ce élégant ? » « Est-ce beau? » Aujourd'hui, on dit: « Est-ce vivant ? » « Est-ce vrai ? »
Le miroir de Putman : une image de soi fragmentée ; une image de soi en mouvement. A vous de jouer de vos
différents visages, de vos changements perpétuels. A vous de retrouver l’unité derrière vos différentes
facettes. Andrée Putman pose ici la question lockienne de l’identité personnelle : y a-t-il un « je » derrière ce
flux de vécus ? En utilisant le pousse-pousse, l’artiste dans la lignée de Sartre insiste sur l’idée que ce sont nos
choix, nos actes qui construisent notre identité, notre essence : bref, « l’existence précède l’essence. »
Rencontres et expériences vécues entre les élèves et les œuvres
Philosophie, Géographie, Français, Histoire des Arts.
Public concerné : Secondes, Premières, Terminales.
LE JEU DU "JE" : L'IDENTITE, UN JEU SERIEUX ?
Le jeu est une activité de loisir, de divertissement. Nous faisons « comme si »… Nous avons l’impression en
jouant de nous détourner de la réalité, de nous-mêmes. Avec le jeu, dissolution, fragmentation du « je ». Et
pourtant c’est par le jeu que nous apprenons, c’est en jouant que nous nous découvrons. Sans jeu, point de «
je » alors...?
Le « jeu du je » est donc un paradoxe, proche du paradoxe du comédien de Diderot. En jouant, le comédien
s’éloigne de lui, et dans le même mouvement, plus il incarne de personnages, plus le comédien se construit en
tant que personne. L’humain est un comédien du quotidien : plusieurs masques, plusieurs visages, plusieurs
fonctions – une personne mais plusieurs « je(ux) » : le je(u) professionnel, le je(u) familial, le je(u) amical, le
jeu social en somme.