Pierre Delfaud traite alors successivement, les variables démographiques, les
caractéristiques de l’emploi et du chômage, le produit national, le niveau de vie des
populations, les structures de l’appareil productif et le montant des aides
communautaires.
De la confrontation de ces différentes statistiques, l’auteur conclut que
l’homogénéité des Suds européens, par rapport à leur position vis à vis de leur espace
national, n’est pas manifeste et qu’une gradation peut être établie entre les différents
Suds en fonction des stades historiques de développement. Le Sud français parait avoir
comblé son retard et apparaît comme une région plus dynamique que la moyenne
nationale. Les régions du Sud de l’Espagne devraient connaître bientôt une évolution
similaire au cas français. Pour l’Italie, malgré une amélioration des comportements
démographiques, le retard paraît encore important par rapport aux données nationales.
Les Suds du Portugal et de la Grèce, à l’exception d’une partie de l’Algarve, restent
encore des régions en déclin.
Dans son travail, intitulé La renaissance des Suds, Jacques Rouzier privilégie, à
propos de l’évolution des différentes régions du Sud européen, les comportements
démographiques. Deux raisons justifient son choix, d’une part la comparabilité quasi
immédiate de ces informations au niveau européen et, d’autre part, la notion de Sud,
dans le questionnement qui est le sien, porte surtout sur des espaces qui ont connu de
longue période de déclin démographique et d’exode et qui, aujourd’hui, connaissent des
renversements de tendance. Dans une approche comparée portant sur cinq pays, RFA,
Grande Bretagne, France, Italie et Espagne, l’auteur montre le rôle essentiel que jouent
les migrations, dans la mesure où elles modifient en profondeurs les caractéristiques des
populations d’accueil, les rajeunissant et diversifiant leurs compétences et leurs
mentalités.
Michel Négre reprend le même questionnement, à savoir la durabilité de la
renaissance des Suds. En spécialiste de la comptabilité régionale, c’est avec cet outil
qu’il s’interroge sur le cas français. Le caractère éphémère que les séries statistiques de
données économiques régionales laissent apparaître, en particulier celle concernant le
PIB régional correspond t’il à la réalité ? Pour Michel Nègre, c’est la qualité contestable
des données économiques régionales qu’il faut plutôt mettre en cause
Au-delà des interrogations relatives à la réalité d’un phénomène Sud, Michel
Laget aborde l’économie des régions méridionales sous l’angle du système économique
régional. A partir de l’exemple français, il défend l’idée que les régions du Sud
n’opèrent pas un rattrapage par rapport aux autres régions mais qu’elles sont entrain de
passer à un autre stade de développement, comme au siècle dernier, les régions
industrielles se sont détachées sur le plan économique des autres régions.
Abordant le cas de l’Espagne, Ana Melero Guillo et Julian de Unamuno
Hierro posent dès le titre de leur communication l’hypothèse, avec un point
d’interrogation, que le développement socioéconomique de l’Espagne reposerait sur une
fuite vers le soleil. Leur réflexion s’appuie sur deux articles récemment publiés, l’un
intitulé La métamorphose de l’Europe (A. Lorca), l’autre Le retour de l’Espagne vers la
Méditerranée.
L’analyse de l’évolution des principaux indicateurs économiques, au
cours de la période 1977 à 1985, à l’échelle des provinces, montre que celles qui sont
situées au bord de la Méditerranée font preuve d’un plus grand dynamisme que les
provinces industrielles du Nord, historiquement les plus riches, mais affectées durement
par la crise économique.
Les phénomènes démographiques montrent, par leur concordance d’un pays à
l’autre, l’émergence du processus Sud dans les principaux pays européen. Dans le cas