Teinte sans conscience n`est que ruine de l`art

publicité
Richard Fouquier
Prothésiste Dentaire
H
o
m
m
e
d e
l ' A r t
Appréhender simplement
les méthodes, la physique
et la chimie...
QUI EST L'AUTEUR
?
Richard FOUQUIER
Prothésiste dentaire
Ce mois-ci
Richard Fouquier est né le 29 avril
1956 en région parisienne. Après un
baccalauréat scientifique il se lance
dans un DEUG de physique chimie
pour finalement s'intéresser de plus
près à la prothèse, en 1978 il passe
son CAP, et n'arrêtera plus d'approfondir ses connaissances enchaînant
les diplômes, BM4 en 1982, Degree in Dental technologies 1997
(Londres). D.U. de Maxillo en 1997...
sans
conscience
Il multiplie les interventions lors de stages et de conférences, est
candidat finaliste au concours du • Meilleur Ouvrier de France »
2000. il est également vice-président du Club français de Céramique Dentaire.
Iw
RUINE DE
L'ART...
Richard Fouquier a dirigé plusieurs labos en France avant de s'expatrier de 2000 à 2003 dans un cabinet de prosthodontics à Portland (Maine, USA), où il a eu l'occasion d'être en contact direct
avec les patients.
Depuis, Richard est revenu en France où il a crée en 2004
le laboratoire RVF à Gap, puis à Embrun depuis fin 2007.
Parce que finir la journée de travail avec l'esprit
serein, certain des produits que l'on a livrés est l'essentiel, il faut être sûr de sa pratique et des techniques employées.
Appréhender simplement les méthodes, la physique
et la chimie qui régissent nos démarches et mènent
à des résultats durables fera des nous des professionnels plus pertinents.
Tout maîtriser par le savoir, le pourquoi et le comment est impossible, mais approcher la connaissance des matières, fiabiiiser le résultat, pouvoir expliquer ce que l'on fait, ça, c'est accessible.
Avec la rubrique "Homme de l'Art", a commencé un
rendez-vous mensuel de pratique et de technologie
pour venir au plus près de la conscience de notre art,
en abordant des sujets pas si anodins qu'ils ne le
paraissent.
Pouvoir s'expliquer ses erreurs, résoudre nos problèmes avec intelligence, rendra nos journées plus
fluides et agréables.
En fiabiiisant les actes de base, alors nous pourrons
progresser et nous concentrer sur des niveaux plus
exigeants.
Un trésor de réussite se dissimule à l'intérieur
cette rubrique.
de
Je vous propose de nous retrouver tous les mois pour
une petite série de « choses et autres » qui peuplent
nos journées et d'en faire un outil de progression de
notre pratique pour redevenir ce que nous ne devrions
jamais cesser d'être, des hommes de l'Art.
Tech. Dent. N° 257 - 0 4 / 0 8
11
H
o
m
m
e
d e
l ' A r t
Teinte sans conscience.
n'est que ruine de l'Art
La citation originale bien connue, de François Rabelais
(1483-1553) « Science sans conscience n'est que ruine
de l'âme », faisait plus référence à des notions philosophiques qu'à des notions pratiques. Pourtant elle prend
ici toute sa valeur car, comme on le découvre progressivement depuis l'ère du numérique, l'organique ne peut
se résumer ni en pixels ni en b i t s Quelle est par exemple la qualité de restitution du son
d'un instrument, numérisé sur un support informatique ?
La technologie a numérisé ce qu'on lui demandait, et
rien d'autre. Elle s'est limitée à 50 Hz dans les graves
et à 16 000 dans les aigus. Cependant, même si les sons
en-deçà et au-delà sont inaudibles, combinés aux sons
audibles ils font toute la différence entre le violon que
vous entendez vibrer dans un concert et celui restitué
par votre chaîne Hi-Fi.
Nombre d'entre nous auront été étonnés en ré-écoutant
de vieux vinyles de retrouver une âme, une chaleur, une
présence restituées par l'enregistrement analogique
(organique), que le numérique a depuis éliminée.
De même qu'une image ne peut pas se limiter à 16 millions de couleurs et pixels, un son ne peut pas se limiter
à un nombre de kilobits et tout ce qui se résume à un
nombre de points élémentaires si petits soient-ils, n'est
qu'une succession de points, mais pas une courbe.
En matière d'analyse de teinte, la technique peut guider
notre démarche, mais est-il vraiment raisonnable de se
priver de tout le reste, à savoir nos organes et notre
conscience ?
complémentaires
Pour analyser la teinte à reproduire, deux a p p r o c h e s s ' o f f r e n t à nous,
l'une technicienne, l'autre sensorielle.
Lui technique du « relevé de teinte »
L'art de h « prise de teinte »
Fondée sur la notion de « relevé de teinte », cette première approche revêt une connotation technologique qui met
en évidence la nécessité d'une maîtrise de cette analyse grâce à des moyens techniques appropriés.
En revanche, s'appuyant sur la notion de « prise de teinte »,
cette seconde approche fait beaucoup plus penser à un acte
qui, au-delà des moyens techniques utilisés, s'associera à
l'instinctif, au sensoriel et au subjectif et donc s'enrichira
immanquablement de l'influence de critères physiologiques
voire psychologiques.
Celle-ci se limite à un protocole à effectuer dans un environnement « contrôlé » (est-ce toujours le cas ?) pour laisser le moins de place possible à l'interprétation subjective.
Elle repose sur la confiance en la pratique habituelle et s'en
remet aveuglément aux outils et à la technologie. Cette attitude est dite « newtonienne », cherchant l'infaillibilité dans
des lois physiques bien identifiées et bien pratiquées.
En cas d'erreurs, ces lois et habitudes seront le parapluie à
tout reproche, véritable attestation de bonne pratique malgré l'échec, dédouanant son disciple de tout effort de vérification finale.
Cette démarche justifie totalement le choix des prises de
teinte dites numériques : c'est la voie technicienne, qui ne
se préoccupe que de la seule gestion « des teintes de référence ».
12
Tech. Dent. N° 257 - 0 4 / 0 8
Cette pratique reposant également sur les principes techniques sans s'en contenter, prolongera leur pertinence par
l'interprétation de l'observation des couleurs, intégrant ainsi les facteurs organiques, psychiques, culturels et temporels
tant de l'acte lui-même que du patient.
Cette formule « prise de teinte » est, selon moi, le « passage obligé » pour réaliser une restauration harmonieuse, et
le mieux possible de l'accomplir on se doit.
Cette attitude, sur laquelle nous reviendrons plus loin, est
dite Goethienne.
H
o
m
m
e
d e
l ' A r t
Pour maîtriser la prise de teinte,
apprivoisons d'abord son
environnement
Une approche dite « newtonienne »
Dans tous les cas, si l'on souhaite avoir une fiabilité de nos
relevés et de leur interprétation, il faut s'entourer de moyens
simples pour fiabiliser le lieu de travail en termes de lumière et de confort visuel.
L'œil est perturbable par son vécu immédiat. Changer de
lumière, de lieu, de vécu, le « faussera » quand on le déplacera. L'idéal serait d'avoir tous la même base de travail tant
au cabinet qu'au laboratoire, mais c'est illusoire.
Aller chez un praticien, au fauteuil, prendre une teinte à la
volée sous un éclairage mal étalonné est une grande erreur,
mieux vaut un seul lieu de référence constant et il faut d o n c
faire venir le parient là où la teinte sera réalisée, c'est à dire
au laboratoire, et en plus on gagne du temps !
CALIBRER
. L'ENVIRONNEMENT DIRECT
Quand nous parlons de lumière, notre notion intellectuelle
est relativement claire, mais finalement d e quoi parlons-nous
sur le plan scientifique ?
Une lumière se caractérise par :
• Son i n t e n s i t é = t e m p é r a t u r e en kelvin ( b l a n c h e u r ,
luminosité)
• Son s p e c t r e = indice d e rendu des couleurs ( l . R . C )
(composition chromatique)
• Sa puissance = Candela, lux ou lumen (quantité de lumière)
La maîtrise et la constance d e cette lumière s'obtiennent avec
une source artificielle à base de tubes lumineux. L'idéal serait
d'obtenir le spectre de lumière le plus complet possible, qui
comporterait ainsi toutes les situations d'éclairage auxquelles
l'objet (la dent) serait susceptible d'être exposé (de la lumière du matin à la lumière noire de boîte de nuit).
Isaac NEWTON
Physicien, mathématicien et astronome
anglais, né à Woolsthorpe (Lincolnshire)
(1642-1727).
Il donna en 1669 une théorie de la composition
de la lumière blanche, qu'il pensait formée de
corpuscules, et découvrit les lois de l'attraction
universelle (1687).
——Il inventa le télescope en 1672 et,
au même moment que Leibniz ,
il trouva les bases du calcul différentiel.
f"'*
%
John Wolfgang Von GOETHE
Ecrivain, homme politique et savant
allemand, né à Francfort-sur-le-Main
(1749-1832).
O
Lun des chefs du * Sturm und Drang • avec
son roman les Souffrances du jeune Werther
(1774) et son drame Gôtz von Berlichingen
(1772), il évolua à travers son expérience de
l'Italie (Torquato Tasso. 1789), de la Révolution française et de la politique. Il fut, en
effet, ministre du grand-duc de Weimar.
SOURCE LUMINEUSE : UNE SÉLECTION DÉLICATE
Tout tube commercialisé porte des références qui permettent de le choisir parmi d'autres.
Peu importent les appellations commerciales ou flatteuses
(lumière du jour, blanc solaire, blanc industriel) seules les
vraies caractéristiques comptent, celles que l'on trouve sur
les boîtes et les tubes.
On y trouve inscrits :
• Puissance en watt (photo 1)
• Spectre en IRC, en %o (photo 1) ici 860 %<>
• Température en degrés Kelvin (photos 2 et 3)
1
Indiqués sur le tnlie : puissance en Watts et spectre en IRC
Polylux X L
F58W/860
Made in QL Brftain
2 pi La température figure.
... indiquée en degrés Kelvin
De son amitié avec Schiller naquit Xénies en
1796, puis de ses recherches scientifiques la Métamorphose
des plantes (1790) et la Théorie des couleurs (1810).
Par la suite, il s'orienta vers un art plus classique (Wilhelm
Meister; Hermann et Dorothée; les Affinités électives), qui prit
une forme de plus en plus autobiographique avec l'écriture de
Poésie et vérité (1811-1833) et symbolique (Divan occidental et
oriental, 1819; Faust).
io»iwnuit>imp tMncMMnciait
uiKŒHuoevrenuM wtc*»i*uïiurm*
SnOBOHAUMmCMSt WMnW
ti
v-
VMT»UI»OTF)IMIV/J
-HO* J
L*I
znoc* 48Q0K 670CK Vt;
HJCRMÏUJ SUNCLO UFtOC
M
Tech. Dent. N° 257 - 0 4 / 0 8
13
H
o
m
m
e
d e
l ' A r t
4
')<• l'utilisation combinée île tubes...
... iiux spectres complémentaires...
... résulte une lumière idéale
LUX?. • -T
7
Li puissance de l'éclairage, différente selon l'heure...
Il est cependant presque impossible de trouver un tube source unique et parfait.
Alors soucieux de performance, il suffit de combiner dans
nos lampes des tubes de spectres différents mais complémentaires en se référant à leurs caractéristiques pour créer
un ensemble produisant la lumière idéale (photos 4, 5 et 6.)
SPECTRE, LE REMÈDE AU MÉTAMÉRISME
Un objet d'une teinte déterminée présente un spectre particulier, et quand la source de lumière ne couvre pas tout ce
spectre mais seulement une partie, seul est visible ce qui est
révélé par la source.
Ainsi dans certaines conditions d'éclairage, il peut arriver à
deux objets de couleurs différentes qu'on n'en perçoive que
ce qui leur est commun, créant ainsi l'illusion d'une teinte
identique.
Par exemple, au crépuscule (quand le spectre est incomplet)
« la nuit tous les chats sont gris », le rouge et le bleu ne se
différencient plus. De même à l'ombre des sous-bois ou des
haies, le kaki se confond par mimétisme avec nombre de
couleurs, c'est le métamérisme !
Dans les dents naturelles, la teinte B Vita n'existe pas, mais
elle passe bien quand aucune A, C ou D ne conviennent, elle
14
Tech. Dent. N° 257 - 04/08
est métamérique, c'est le recours parfait pour le céramiste.
L'indice de rendu des couleurs (spectre) est d o n c de toute
première importance.
TEMPÉRATURE °K, SELON VOS PARAMÈTRES
Une température importante (intense) revêt souvent un IRC
(indice de rendu des couleurs) insuffisant par « aveuglement »,
pourtant, pour reproduire la lumière du jour, il est souvent
recommandé d'atteindre 7 500 K mais en fait c'est beaucoup.
Au-dessus d e 4 500 K, le spectre est bon, mais à partir de
6 500 K il devient « improbable » et inexploitable !
Cependant 6 500 K d o n n e n t une puissance en lumen qui
fait bien travailler la discrimination de l'œil, à recommander d o n c pour l'œil vieillissant.
De 4 750 à 5 600 K voire 6 250 K, c'est confortable, mais dès
que la distance atteindra 1,5 m entre la source lumineuse et le
plan de travail, il est indispensable d'être au dessus de 6 000 K.
PUISSANCE DE LA LUMIÈRE
Plus la température de lumière est élevée plus la puissance
lumineuse (Candela) est importante sur le point observé.
Remarquer la teinte d e la neige sur les photos 7 et 8 : elle
est différente car la puissance de l'éclairage varie en raison
de l'heure.
1 0 Echelle de gris d'Ostwald
100 zwart
1 1 Neutralisation <les couleurs primaires par leurs complémentaires
s ai
lift
8 là
Cellule Flash Master pour mesurer lu puissance lumineuse
Physiologiquement, le fonctionnement idéal de l'œil se situe
à une valeur de 200 Candelas sur un point observé, éclairé
avec la source choisie et isolé de toute autre source lumineuse variable (lumière du jour, spot, etc.). Cette valeur se
mesure avec une cellule (photo 9).
a
S'ISOLER DE
L'ENVIRONNEMENT INDIRECT
Après avoir déterminé l'endroit de la prise de teinte, il
conviendra de l'isoler de l'environnement extérieur par un
rideau gris neutre.
Le gris neutre, selon l'échelle d'Ostwald (photo 10) est un
gris à 18 % connu des photographes pour son effet mineur
dans la perturbation des spectres et de la vision des couleurs.
11 ne s'agit pas de mélanger 18 % de noir avec 82 % de blancmais bien de gérer une proportion de longueur d'onde qui
absorbe les extrêmes blancs et noirs ambiants et dont la
résultante provoque ce gris à 18 %.
Ce n'est pas si simple !
Le principe des couleurs primaires neutralisées par leurs
complémentaires complète l'explication du métamérisme et
de la neutralisation par le gris (photo 11).
1 2 Les trois composantes d'une teinte
o Teinte.couleur totale
o Montant d e gris
d a n s la
teinte(luminosité)
o Intensité et force de
la couleur
Une fois cette installation lumineuse effectuée et localisée, vous obtiendrez la possibilité de bien évaluer les trois
composantes d ' u n e teinte (photo 12) :
- Spectre = La couleur totale ou « hue ».
- Température = Le montant de « gris », valeur ou « value ».
- Intensité = La force chromatique, intensité ou « chroma ».
Voilà pour la partie technique chère aux Newtoniens.
Tech. Dent. N° 257 - 0 4 / 0 8
15
H
o
m
m
e
d e
l ' A r t
Avec nos outils « organiques »,
interprétons ce qui é c h a p p e
aux mesures
Approche dite « goethienne »
1 4 L'oeil transmet le spectre sans le vert, capté par l'objet, c'est le cerveau
qui interprète celte information en attribuant la couleur verte à l'objet
La seule émergence externe de notre cerfeuil.
Sclérotique
L'humeur vitrée
Le cristallin
Le nerf optique
La cornée
La rétine
Le corps ciliaire
i L'OEIL
Après avoir mesuré tout ce qui est mesurable et rationalisé
tout cc qui est rationalisable, on obtient un « relevé » qu'il
va malgré tout falloir confronter à l'appréciation. Pour cela
nous ferons appel à nos sens, et au principal d'entre eux
pour ce cas : la vue.
Diderot, dans sa « lettre sur les aveugles » traitant du rapport entre science et religion, a relevé des expériences
démontrant la sensibilité d'aveugles à la lumière et à la couleur, ce qui établit une autre perception que visuelle de cellesci. Ceci étant, c'est quand même avec de bons yeux qu'on
exerce une bonne vision.
L'œil est la seule émergence externe et visible de notre cerveau (photo 13). Par lui va passer la qualité de l'image que
notre outil cérébral doit analyser, mieux cette image transmise sera, au mieux l'analyse on fera (photo 14).
Denis DIDEROT
Ecrivain et philosophe français, né à
Langres ( 1713-1784).
Considéré à son époque comme • le philosophe • par excellence, il manifesta un génie
multiple, créant la critique d'art (Salons,
1759-1781), une nouvelle forme romanesque
(Jacques le Fataliste), clarifiant le rapport
entre science et métaphysique (Lettres sur
les aveugles), définissant (le Paradoxe sur le
comédien) et illustrant une nouvelle esthétique dramatique (le Nils naturel), brossant le portrait tumultueux de sa vie et de son art (le neveu de Rameau).
Mais il doit sa gloire à l'entreprise qu'il anima pendant vingt
ans. l'Encyclopédie.
IDENTIFIER LE BON
Nous avons tous des yeux (souvent deux) qui diffèrent l'un
de l'autre. Un à gauche, un à droite, l'un est dit « rouge »
(souvent à gauche) l'autre est dit « bleu » ce qui nous permet d'avoir une meilleure vision tridimensionnelle (cela ne
vous rappelle-t-il pas les lunettes pour cinéma 3D ?).
La perception et l'examen d'une teinte est plus favorable
avec l'œil bleu. Déterminez donc le vôtre en alternant les
visions monoculaires (en cachant un œil puis l'autre) sur un
fond blanc, la différence est subtile mais perceptible !
16
Tech. Dent. N° 257 - 0 4 / 0 8
Eugène CHEVREUL
On lui doit l'analyse des corps gras et la découverte des bougies stéariques. ainsi qu'une théorie des couleurs : la théorie
de CHEVREUL
J
J
o
m
m
e
d e
l ' A r t
15 Des exercices visuels pour culminer les muscles à réagir rite
• •••••••••••••a
.•••••••••»»•••
I I • il
L
• • •
• • • • •
• •
•••••••••
•••••••••
•••••••••
é
•
••••«•••
••••••••
••••••••
**è
f
i
• •
Opht
alux
tt Ml«wtit10 0wn(«9r»«<uorii0
Î7
«01» »• t
MCYTRR-
ClCJOC'
T»..3'{ai
t
ENTRAÎNER L'ŒIL
L'œil est un organe à préser\'cr, préparer et entraîner.
Un sportif s'entraîne à la performance avec constance et
assiduité, faisons aussi des exercices visuels (photo 15) pour
entraîner les muscles oculaires à réagir vite et préparonsnous 2 à 4 minutes par jour aux réactions rétiniennes sensibles, vous pouvez consulter pour cela un orthoptiste.
PRÉPARER L'ŒIL AVANT LA PRISE DE TEINTE
Regarder d'abord certains fonds colorés pour préparer la
rétine à la sensibilité maximale et préparer son oeil par des
« échauffements » :
Préparer la rétine...
- Sur un fond « d'eau sur noir »
- Sur un fond gris satin ou mat de 18 à 20 %
- Sur un fond gingival rose pâle ou plus ou moins rouge
selon le patient
- Sur le fond bleu à 25 %
Préparer l'oeil
- Exercer et préparer l'œil à la convergence
- Reposer l'œil au préalable, pas de microscope ou de fixation depuis 20 à 30 minutes
- Préparer l'œil par une fixation sur un fond bleu à 25 %
mat, pendant 30 secondes au moins.
Pendant la prise, ménager l'oeil
- Ne travailler à l'acuité de recherche que par tranches de
5 secondes
- Reposer l'œil pendant 5 à 8 secondes entre chacune
des « prises »
- Confirmer, après un court repos oculaire, la teinte retenue parmi les autres en approchant de la dent cette seule teinte extraite du teintier pour confirmer le jugement :
B
UN ORGANE INFLUENÇABLE
...NE PAS L'IGNORER
L'altération de la vitesse de la composante particulaire de
la lumière passant au travers des corps modifie la perception humaine de la nature véritable de la couleur et du
spectre résiduel (théorie de Foucault).
Par ailleurs nos organes ont tendance à ré-équilibrer l'ambiance extérieure.
L'oreille par exemple, soumise à de trop fortes provocations sonores, compense, et quand on sort de boîte de nuit
(si cela vous arrive), on entend moins bien.
De même l'œil trop soumis à une forte lumière extérieure
va s'adapter, la preuve : si l'on rentre brusquement dans un
endroit peu éclairé, on n'y voit plus rien.
Selon le même principe, l'œil trop soumis à du rouge va
composer du vert (complémentaire) pour compenser ou
inversement, effet bien connu des informaticiens des premiers temps, quand les écrans étaient noirs et que les caractères étaient verts... ils voyaient rouge.
Il s'avère qu'une couleur correspondant à une partie incomplète du spectre provoque dans l'œil une compensation par
recomposition de la complémentaire.
Une couleur sur un fond noir aura un halo de couleur complémentaire dans l'image perçue par notre cerveau (Chevreul).
APPLICATION DE U\ THÉORIE DE CHEVREUL
L'expérience du drapeau (photo 16)
Découpez le drapeau et collez-le sur une page blanche, fixez
les étoiles dans le coin gauche pendant au moins 30
secondes, nez collé, puis détournez votre regard sur une
grande page totalement blanche, la sensation « complémentaire » de l'image d'un drapeau en rouge blanc et bleu
doit apparaître rapidement.
Tech. Dent. N° 257 - 0 4 / 0 8
17
H
o
m
m
e
d e
l ' A r t
plus que la réalité
$ L"AFFECTIF"
j À PRENDRE EN COMPTE
ANALYSONS L£ NÔTRE
L'interprétation des couleurs par notre cerveau est aussi
dépendante de nos affectivités culturelles, ainsi elle provoquera une compensation intellectuelle plus ou moins intense malgré la réalité, dont il faudra tenir compte.
Un petit rayon de soleil en plein hiver après une semaine
de grisaille vous donne la sensation visuelle d'être en été
par analogie à vos souvenirs, pourtant il fait 10 degrés et le
soleil est encore rasant.
L'environnement de vie et de culture change nos sensibilités, et sa compensation est systématique. Chaque peuple a
ses propres affects selon ses habitudes, et ainsi des tendances et préférences naturelles.
18
Tech. Dent. N" 257 - 0 4 / 0 8
Un même thème aura notre préférence selon la couleur
(photo 17).
Le binôme « un objet une couleur » est la double notion à
interpréter pour recréer une copie qui plaira !
De la réalité à la suggestion, seule l'émotion ressentie doit
déterminer le choix (photos 18 et 19).
ANALYSONS CELUI DU PATIENT
Avant de commencer à prendre la teinte, il faut se préparer à la
« comprendre », en connaissant la personne à laquelle elle est
destinée (le parient), et en analysant ses facteurs psychologique,
physique constants mais aussi momentanés lors de cet acte.
Attention donc à ne pas se laisser influencer par une complexion momentanée des gencives (irritation, sang) ou du
visage (météo, maladie).
H
o
m
m
e
d e
l ' A r t
2 1 ... tout comme une déslrydratation au moment de la prise altérera.
2 2 ... la perception et conduira à l'échec IBI au lieu de B3) quel gâchis !
SUR UNE DENT DÉSHYDRATÉE,
L'ALTÉRATION DE LA
TRANSMISSION LUMINEUSE
FAUSSE L'ANALYSE
DE LA COULEUR INTERNE
En cas de blanchiment
atnellaire (Photo 20)
L'altération chimique ou physique de la surface de l'émail
filtre l'image de la structure dentaire et engendre une instabilité temporaire de la réflexion lumineuse
• En cas de bleaching laser, attendre la réhydratation pendant une semaine.
• En cas de bleaching au gel, attendre la fin du traitement
plus dix jours.
En cas de déshydratation
(Photo 21 et 22)
IMPLIQUONS LE PATIENT
Concerner le patient à son propre cas (photos 22 et 23), et
fixer avec lui des objectifs permet souvent de révéler un
autre affcct, et donc une autre réussite qui pourra nous libérer d'une teinte problématique.
Utiliser ce créneau psychologique est une démarche humaine nécessaire, mais qui réclame ensuite une vraie méthode
de prise de teinte, ce n'est pas technique, ce n'est pas numérique, c'est organique donc sensoriel.
Mais c'est une autre histoire, et... ce sera à suivre la
prochaine fois ! •
Richard Fouquier
.
.
N. B. : Je sws a avance reconnaissant a nos a nus lecteurs Je
Suite à une longue séance sans salive, la dent s'est déshydratée et il en résulte une altération de la transmission lumineuse qui fausse l'analyse de la couleur interne.
leur indulgence sur la qualité de mes photos depuis le début
de cette rubrique...
Sftccialiste de l'argentiqueje riens de franchir le Rubicon
du Numérique et de faire l'acquisiton de très beau matériel...
à maîtriser, mais là encore, c'est la prochaine fois !
Prothésiste Dentaire
.
Lmbrun ( \
Tech. Dent. N° 257 - 0 4 / 0 8
19
"
Téléchargement