Richard Fouquier Prothésiste Dentaire H o m m e d e l ' A r t Appréhender simplement les méthodes, la physique et la chimie... QUI EST L'AUTEUR ? Richard FOUQUIER Prothésiste dentaire Ce mois-ci Richard Fouquier est né le 29 avril 1956 en région parisienne. Après un baccalauréat scientifique il se lance dans un DEUG de physique chimie pour finalement s'intéresser de plus près à la prothèse, en 1978 il passe son CAP, et n'arrêtera plus d'approfondir ses connaissances enchaînant les diplômes, BM4 en 1982, Degree in Dental technologies 1997 (Londres). D.U. de Maxillo en 1997... sans conscience Il multiplie les interventions lors de stages et de conférences, est candidat finaliste au concours du • Meilleur Ouvrier de France » 2000. il est également vice-président du Club français de Céramique Dentaire. Iw RUINE DE L'ART... Richard Fouquier a dirigé plusieurs labos en France avant de s'expatrier de 2000 à 2003 dans un cabinet de prosthodontics à Portland (Maine, USA), où il a eu l'occasion d'être en contact direct avec les patients. Depuis, Richard est revenu en France où il a crée en 2004 le laboratoire RVF à Gap, puis à Embrun depuis fin 2007. Parce que finir la journée de travail avec l'esprit serein, certain des produits que l'on a livrés est l'essentiel, il faut être sûr de sa pratique et des techniques employées. Appréhender simplement les méthodes, la physique et la chimie qui régissent nos démarches et mènent à des résultats durables fera des nous des professionnels plus pertinents. Tout maîtriser par le savoir, le pourquoi et le comment est impossible, mais approcher la connaissance des matières, fiabiiiser le résultat, pouvoir expliquer ce que l'on fait, ça, c'est accessible. Avec la rubrique "Homme de l'Art", a commencé un rendez-vous mensuel de pratique et de technologie pour venir au plus près de la conscience de notre art, en abordant des sujets pas si anodins qu'ils ne le paraissent. Pouvoir s'expliquer ses erreurs, résoudre nos problèmes avec intelligence, rendra nos journées plus fluides et agréables. En fiabiiisant les actes de base, alors nous pourrons progresser et nous concentrer sur des niveaux plus exigeants. Un trésor de réussite se dissimule à l'intérieur cette rubrique. de Je vous propose de nous retrouver tous les mois pour une petite série de « choses et autres » qui peuplent nos journées et d'en faire un outil de progression de notre pratique pour redevenir ce que nous ne devrions jamais cesser d'être, des hommes de l'Art. Tech. Dent. N° 257 - 0 4 / 0 8 11 H o m m e d e l ' A r t Teinte sans conscience. n'est que ruine de l'Art La citation originale bien connue, de François Rabelais (1483-1553) « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme », faisait plus référence à des notions philosophiques qu'à des notions pratiques. Pourtant elle prend ici toute sa valeur car, comme on le découvre progressivement depuis l'ère du numérique, l'organique ne peut se résumer ni en pixels ni en b i t s Quelle est par exemple la qualité de restitution du son d'un instrument, numérisé sur un support informatique ? La technologie a numérisé ce qu'on lui demandait, et rien d'autre. Elle s'est limitée à 50 Hz dans les graves et à 16 000 dans les aigus. Cependant, même si les sons en-deçà et au-delà sont inaudibles, combinés aux sons audibles ils font toute la différence entre le violon que vous entendez vibrer dans un concert et celui restitué par votre chaîne Hi-Fi. Nombre d'entre nous auront été étonnés en ré-écoutant de vieux vinyles de retrouver une âme, une chaleur, une présence restituées par l'enregistrement analogique (organique), que le numérique a depuis éliminée. De même qu'une image ne peut pas se limiter à 16 millions de couleurs et pixels, un son ne peut pas se limiter à un nombre de kilobits et tout ce qui se résume à un nombre de points élémentaires si petits soient-ils, n'est qu'une succession de points, mais pas une courbe. En matière d'analyse de teinte, la technique peut guider notre démarche, mais est-il vraiment raisonnable de se priver de tout le reste, à savoir nos organes et notre conscience ? complémentaires Pour analyser la teinte à reproduire, deux a p p r o c h e s s ' o f f r e n t à nous, l'une technicienne, l'autre sensorielle. Lui technique du « relevé de teinte » L'art de h « prise de teinte » Fondée sur la notion de « relevé de teinte », cette première approche revêt une connotation technologique qui met en évidence la nécessité d'une maîtrise de cette analyse grâce à des moyens techniques appropriés. En revanche, s'appuyant sur la notion de « prise de teinte », cette seconde approche fait beaucoup plus penser à un acte qui, au-delà des moyens techniques utilisés, s'associera à l'instinctif, au sensoriel et au subjectif et donc s'enrichira immanquablement de l'influence de critères physiologiques voire psychologiques. Celle-ci se limite à un protocole à effectuer dans un environnement « contrôlé » (est-ce toujours le cas ?) pour laisser le moins de place possible à l'interprétation subjective. Elle repose sur la confiance en la pratique habituelle et s'en remet aveuglément aux outils et à la technologie. Cette attitude est dite « newtonienne », cherchant l'infaillibilité dans des lois physiques bien identifiées et bien pratiquées. En cas d'erreurs, ces lois et habitudes seront le parapluie à tout reproche, véritable attestation de bonne pratique malgré l'échec, dédouanant son disciple de tout effort de vérification finale. Cette démarche justifie totalement le choix des prises de teinte dites numériques : c'est la voie technicienne, qui ne se préoccupe que de la seule gestion « des teintes de référence ». 12 Tech. Dent. N° 257 - 0 4 / 0 8 Cette pratique reposant également sur les principes techniques sans s'en contenter, prolongera leur pertinence par l'interprétation de l'observation des couleurs, intégrant ainsi les facteurs organiques, psychiques, culturels et temporels tant de l'acte lui-même que du patient. Cette formule « prise de teinte » est, selon moi, le « passage obligé » pour réaliser une restauration harmonieuse, et le mieux possible de l'accomplir on se doit. Cette attitude, sur laquelle nous reviendrons plus loin, est dite Goethienne. H o m m e d e l ' A r t Pour maîtriser la prise de teinte, apprivoisons d'abord son environnement Une approche dite « newtonienne » Dans tous les cas, si l'on souhaite avoir une fiabilité de nos relevés et de leur interprétation, il faut s'entourer de moyens simples pour fiabiliser le lieu de travail en termes de lumière et de confort visuel. L'œil est perturbable par son vécu immédiat. Changer de lumière, de lieu, de vécu, le « faussera » quand on le déplacera. L'idéal serait d'avoir tous la même base de travail tant au cabinet qu'au laboratoire, mais c'est illusoire. Aller chez un praticien, au fauteuil, prendre une teinte à la volée sous un éclairage mal étalonné est une grande erreur, mieux vaut un seul lieu de référence constant et il faut d o n c faire venir le parient là où la teinte sera réalisée, c'est à dire au laboratoire, et en plus on gagne du temps ! CALIBRER . L'ENVIRONNEMENT DIRECT Quand nous parlons de lumière, notre notion intellectuelle est relativement claire, mais finalement d e quoi parlons-nous sur le plan scientifique ? Une lumière se caractérise par : • Son i n t e n s i t é = t e m p é r a t u r e en kelvin ( b l a n c h e u r , luminosité) • Son s p e c t r e = indice d e rendu des couleurs ( l . R . C ) (composition chromatique) • Sa puissance = Candela, lux ou lumen (quantité de lumière) La maîtrise et la constance d e cette lumière s'obtiennent avec une source artificielle à base de tubes lumineux. L'idéal serait d'obtenir le spectre de lumière le plus complet possible, qui comporterait ainsi toutes les situations d'éclairage auxquelles l'objet (la dent) serait susceptible d'être exposé (de la lumière du matin à la lumière noire de boîte de nuit). Isaac NEWTON Physicien, mathématicien et astronome anglais, né à Woolsthorpe (Lincolnshire) (1642-1727). Il donna en 1669 une théorie de la composition de la lumière blanche, qu'il pensait formée de corpuscules, et découvrit les lois de l'attraction universelle (1687). ——Il inventa le télescope en 1672 et, au même moment que Leibniz , il trouva les bases du calcul différentiel. f"'* % John Wolfgang Von GOETHE Ecrivain, homme politique et savant allemand, né à Francfort-sur-le-Main (1749-1832). O Lun des chefs du * Sturm und Drang • avec son roman les Souffrances du jeune Werther (1774) et son drame Gôtz von Berlichingen (1772), il évolua à travers son expérience de l'Italie (Torquato Tasso. 1789), de la Révolution française et de la politique. Il fut, en effet, ministre du grand-duc de Weimar. SOURCE LUMINEUSE : UNE SÉLECTION DÉLICATE Tout tube commercialisé porte des références qui permettent de le choisir parmi d'autres. Peu importent les appellations commerciales ou flatteuses (lumière du jour, blanc solaire, blanc industriel) seules les vraies caractéristiques comptent, celles que l'on trouve sur les boîtes et les tubes. On y trouve inscrits : • Puissance en watt (photo 1) • Spectre en IRC, en %o (photo 1) ici 860 %<> • Température en degrés Kelvin (photos 2 et 3) 1 Indiqués sur le tnlie : puissance en Watts et spectre en IRC Polylux X L F58W/860 Made in QL Brftain 2 pi La température figure. ... indiquée en degrés Kelvin De son amitié avec Schiller naquit Xénies en 1796, puis de ses recherches scientifiques la Métamorphose des plantes (1790) et la Théorie des couleurs (1810). Par la suite, il s'orienta vers un art plus classique (Wilhelm Meister; Hermann et Dorothée; les Affinités électives), qui prit une forme de plus en plus autobiographique avec l'écriture de Poésie et vérité (1811-1833) et symbolique (Divan occidental et oriental, 1819; Faust). io»iwnuit>imp tMncMMnciait uiKŒHuoevrenuM wtc*»i*uïiurm* SnOBOHAUMmCMSt WMnW ti v- VMT»UI»OTF)IMIV/J -HO* J L*I znoc* 48Q0K 670CK Vt; HJCRMÏUJ SUNCLO UFtOC M Tech. Dent. N° 257 - 0 4 / 0 8 13 H o m m e d e l ' A r t 4 ')<• l'utilisation combinée île tubes... ... iiux spectres complémentaires... ... résulte une lumière idéale LUX?. • -T 7 Li puissance de l'éclairage, différente selon l'heure... Il est cependant presque impossible de trouver un tube source unique et parfait. Alors soucieux de performance, il suffit de combiner dans nos lampes des tubes de spectres différents mais complémentaires en se référant à leurs caractéristiques pour créer un ensemble produisant la lumière idéale (photos 4, 5 et 6.) SPECTRE, LE REMÈDE AU MÉTAMÉRISME Un objet d'une teinte déterminée présente un spectre particulier, et quand la source de lumière ne couvre pas tout ce spectre mais seulement une partie, seul est visible ce qui est révélé par la source. Ainsi dans certaines conditions d'éclairage, il peut arriver à deux objets de couleurs différentes qu'on n'en perçoive que ce qui leur est commun, créant ainsi l'illusion d'une teinte identique. Par exemple, au crépuscule (quand le spectre est incomplet) « la nuit tous les chats sont gris », le rouge et le bleu ne se différencient plus. De même à l'ombre des sous-bois ou des haies, le kaki se confond par mimétisme avec nombre de couleurs, c'est le métamérisme ! Dans les dents naturelles, la teinte B Vita n'existe pas, mais elle passe bien quand aucune A, C ou D ne conviennent, elle 14 Tech. Dent. N° 257 - 04/08 est métamérique, c'est le recours parfait pour le céramiste. L'indice de rendu des couleurs (spectre) est d o n c de toute première importance. TEMPÉRATURE °K, SELON VOS PARAMÈTRES Une température importante (intense) revêt souvent un IRC (indice de rendu des couleurs) insuffisant par « aveuglement », pourtant, pour reproduire la lumière du jour, il est souvent recommandé d'atteindre 7 500 K mais en fait c'est beaucoup. Au-dessus d e 4 500 K, le spectre est bon, mais à partir de 6 500 K il devient « improbable » et inexploitable ! Cependant 6 500 K d o n n e n t une puissance en lumen qui fait bien travailler la discrimination de l'œil, à recommander d o n c pour l'œil vieillissant. De 4 750 à 5 600 K voire 6 250 K, c'est confortable, mais dès que la distance atteindra 1,5 m entre la source lumineuse et le plan de travail, il est indispensable d'être au dessus de 6 000 K. PUISSANCE DE LA LUMIÈRE Plus la température de lumière est élevée plus la puissance lumineuse (Candela) est importante sur le point observé. Remarquer la teinte d e la neige sur les photos 7 et 8 : elle est différente car la puissance de l'éclairage varie en raison de l'heure. 1 0 Echelle de gris d'Ostwald 100 zwart 1 1 Neutralisation <les couleurs primaires par leurs complémentaires s ai lift 8 là Cellule Flash Master pour mesurer lu puissance lumineuse Physiologiquement, le fonctionnement idéal de l'œil se situe à une valeur de 200 Candelas sur un point observé, éclairé avec la source choisie et isolé de toute autre source lumineuse variable (lumière du jour, spot, etc.). Cette valeur se mesure avec une cellule (photo 9). a S'ISOLER DE L'ENVIRONNEMENT INDIRECT Après avoir déterminé l'endroit de la prise de teinte, il conviendra de l'isoler de l'environnement extérieur par un rideau gris neutre. Le gris neutre, selon l'échelle d'Ostwald (photo 10) est un gris à 18 % connu des photographes pour son effet mineur dans la perturbation des spectres et de la vision des couleurs. 11 ne s'agit pas de mélanger 18 % de noir avec 82 % de blancmais bien de gérer une proportion de longueur d'onde qui absorbe les extrêmes blancs et noirs ambiants et dont la résultante provoque ce gris à 18 %. Ce n'est pas si simple ! Le principe des couleurs primaires neutralisées par leurs complémentaires complète l'explication du métamérisme et de la neutralisation par le gris (photo 11). 1 2 Les trois composantes d'une teinte o Teinte.couleur totale o Montant d e gris d a n s la teinte(luminosité) o Intensité et force de la couleur Une fois cette installation lumineuse effectuée et localisée, vous obtiendrez la possibilité de bien évaluer les trois composantes d ' u n e teinte (photo 12) : - Spectre = La couleur totale ou « hue ». - Température = Le montant de « gris », valeur ou « value ». - Intensité = La force chromatique, intensité ou « chroma ». Voilà pour la partie technique chère aux Newtoniens. Tech. Dent. N° 257 - 0 4 / 0 8 15 H o m m e d e l ' A r t Avec nos outils « organiques », interprétons ce qui é c h a p p e aux mesures Approche dite « goethienne » 1 4 L'oeil transmet le spectre sans le vert, capté par l'objet, c'est le cerveau qui interprète celte information en attribuant la couleur verte à l'objet La seule émergence externe de notre cerfeuil. Sclérotique L'humeur vitrée Le cristallin Le nerf optique La cornée La rétine Le corps ciliaire i L'OEIL Après avoir mesuré tout ce qui est mesurable et rationalisé tout cc qui est rationalisable, on obtient un « relevé » qu'il va malgré tout falloir confronter à l'appréciation. Pour cela nous ferons appel à nos sens, et au principal d'entre eux pour ce cas : la vue. Diderot, dans sa « lettre sur les aveugles » traitant du rapport entre science et religion, a relevé des expériences démontrant la sensibilité d'aveugles à la lumière et à la couleur, ce qui établit une autre perception que visuelle de cellesci. Ceci étant, c'est quand même avec de bons yeux qu'on exerce une bonne vision. L'œil est la seule émergence externe et visible de notre cerveau (photo 13). Par lui va passer la qualité de l'image que notre outil cérébral doit analyser, mieux cette image transmise sera, au mieux l'analyse on fera (photo 14). Denis DIDEROT Ecrivain et philosophe français, né à Langres ( 1713-1784). Considéré à son époque comme • le philosophe • par excellence, il manifesta un génie multiple, créant la critique d'art (Salons, 1759-1781), une nouvelle forme romanesque (Jacques le Fataliste), clarifiant le rapport entre science et métaphysique (Lettres sur les aveugles), définissant (le Paradoxe sur le comédien) et illustrant une nouvelle esthétique dramatique (le Nils naturel), brossant le portrait tumultueux de sa vie et de son art (le neveu de Rameau). Mais il doit sa gloire à l'entreprise qu'il anima pendant vingt ans. l'Encyclopédie. IDENTIFIER LE BON Nous avons tous des yeux (souvent deux) qui diffèrent l'un de l'autre. Un à gauche, un à droite, l'un est dit « rouge » (souvent à gauche) l'autre est dit « bleu » ce qui nous permet d'avoir une meilleure vision tridimensionnelle (cela ne vous rappelle-t-il pas les lunettes pour cinéma 3D ?). La perception et l'examen d'une teinte est plus favorable avec l'œil bleu. Déterminez donc le vôtre en alternant les visions monoculaires (en cachant un œil puis l'autre) sur un fond blanc, la différence est subtile mais perceptible ! 16 Tech. Dent. N° 257 - 0 4 / 0 8 Eugène CHEVREUL On lui doit l'analyse des corps gras et la découverte des bougies stéariques. ainsi qu'une théorie des couleurs : la théorie de CHEVREUL J J o m m e d e l ' A r t 15 Des exercices visuels pour culminer les muscles à réagir rite • •••••••••••••a .•••••••••»»••• I I • il L • • • • • • • • • • ••••••••• ••••••••• ••••••••• é • ••••«••• •••••••• •••••••• **è f i • • Opht alux tt Ml«wtit10 0wn(«9r»«<uorii0 Î7 «01» »• t MCYTRR- ClCJOC' T»..3'{ai t ENTRAÎNER L'ŒIL L'œil est un organe à préser\'cr, préparer et entraîner. Un sportif s'entraîne à la performance avec constance et assiduité, faisons aussi des exercices visuels (photo 15) pour entraîner les muscles oculaires à réagir vite et préparonsnous 2 à 4 minutes par jour aux réactions rétiniennes sensibles, vous pouvez consulter pour cela un orthoptiste. PRÉPARER L'ŒIL AVANT LA PRISE DE TEINTE Regarder d'abord certains fonds colorés pour préparer la rétine à la sensibilité maximale et préparer son oeil par des « échauffements » : Préparer la rétine... - Sur un fond « d'eau sur noir » - Sur un fond gris satin ou mat de 18 à 20 % - Sur un fond gingival rose pâle ou plus ou moins rouge selon le patient - Sur le fond bleu à 25 % Préparer l'oeil - Exercer et préparer l'œil à la convergence - Reposer l'œil au préalable, pas de microscope ou de fixation depuis 20 à 30 minutes - Préparer l'œil par une fixation sur un fond bleu à 25 % mat, pendant 30 secondes au moins. Pendant la prise, ménager l'oeil - Ne travailler à l'acuité de recherche que par tranches de 5 secondes - Reposer l'œil pendant 5 à 8 secondes entre chacune des « prises » - Confirmer, après un court repos oculaire, la teinte retenue parmi les autres en approchant de la dent cette seule teinte extraite du teintier pour confirmer le jugement : B UN ORGANE INFLUENÇABLE ...NE PAS L'IGNORER L'altération de la vitesse de la composante particulaire de la lumière passant au travers des corps modifie la perception humaine de la nature véritable de la couleur et du spectre résiduel (théorie de Foucault). Par ailleurs nos organes ont tendance à ré-équilibrer l'ambiance extérieure. L'oreille par exemple, soumise à de trop fortes provocations sonores, compense, et quand on sort de boîte de nuit (si cela vous arrive), on entend moins bien. De même l'œil trop soumis à une forte lumière extérieure va s'adapter, la preuve : si l'on rentre brusquement dans un endroit peu éclairé, on n'y voit plus rien. Selon le même principe, l'œil trop soumis à du rouge va composer du vert (complémentaire) pour compenser ou inversement, effet bien connu des informaticiens des premiers temps, quand les écrans étaient noirs et que les caractères étaient verts... ils voyaient rouge. Il s'avère qu'une couleur correspondant à une partie incomplète du spectre provoque dans l'œil une compensation par recomposition de la complémentaire. Une couleur sur un fond noir aura un halo de couleur complémentaire dans l'image perçue par notre cerveau (Chevreul). APPLICATION DE U\ THÉORIE DE CHEVREUL L'expérience du drapeau (photo 16) Découpez le drapeau et collez-le sur une page blanche, fixez les étoiles dans le coin gauche pendant au moins 30 secondes, nez collé, puis détournez votre regard sur une grande page totalement blanche, la sensation « complémentaire » de l'image d'un drapeau en rouge blanc et bleu doit apparaître rapidement. Tech. Dent. N° 257 - 0 4 / 0 8 17 H o m m e d e l ' A r t plus que la réalité $ L"AFFECTIF" j À PRENDRE EN COMPTE ANALYSONS L£ NÔTRE L'interprétation des couleurs par notre cerveau est aussi dépendante de nos affectivités culturelles, ainsi elle provoquera une compensation intellectuelle plus ou moins intense malgré la réalité, dont il faudra tenir compte. Un petit rayon de soleil en plein hiver après une semaine de grisaille vous donne la sensation visuelle d'être en été par analogie à vos souvenirs, pourtant il fait 10 degrés et le soleil est encore rasant. L'environnement de vie et de culture change nos sensibilités, et sa compensation est systématique. Chaque peuple a ses propres affects selon ses habitudes, et ainsi des tendances et préférences naturelles. 18 Tech. Dent. N" 257 - 0 4 / 0 8 Un même thème aura notre préférence selon la couleur (photo 17). Le binôme « un objet une couleur » est la double notion à interpréter pour recréer une copie qui plaira ! De la réalité à la suggestion, seule l'émotion ressentie doit déterminer le choix (photos 18 et 19). ANALYSONS CELUI DU PATIENT Avant de commencer à prendre la teinte, il faut se préparer à la « comprendre », en connaissant la personne à laquelle elle est destinée (le parient), et en analysant ses facteurs psychologique, physique constants mais aussi momentanés lors de cet acte. Attention donc à ne pas se laisser influencer par une complexion momentanée des gencives (irritation, sang) ou du visage (météo, maladie). H o m m e d e l ' A r t 2 1 ... tout comme une déslrydratation au moment de la prise altérera. 2 2 ... la perception et conduira à l'échec IBI au lieu de B3) quel gâchis ! SUR UNE DENT DÉSHYDRATÉE, L'ALTÉRATION DE LA TRANSMISSION LUMINEUSE FAUSSE L'ANALYSE DE LA COULEUR INTERNE En cas de blanchiment atnellaire (Photo 20) L'altération chimique ou physique de la surface de l'émail filtre l'image de la structure dentaire et engendre une instabilité temporaire de la réflexion lumineuse • En cas de bleaching laser, attendre la réhydratation pendant une semaine. • En cas de bleaching au gel, attendre la fin du traitement plus dix jours. En cas de déshydratation (Photo 21 et 22) IMPLIQUONS LE PATIENT Concerner le patient à son propre cas (photos 22 et 23), et fixer avec lui des objectifs permet souvent de révéler un autre affcct, et donc une autre réussite qui pourra nous libérer d'une teinte problématique. Utiliser ce créneau psychologique est une démarche humaine nécessaire, mais qui réclame ensuite une vraie méthode de prise de teinte, ce n'est pas technique, ce n'est pas numérique, c'est organique donc sensoriel. Mais c'est une autre histoire, et... ce sera à suivre la prochaine fois ! • Richard Fouquier . . N. B. : Je sws a avance reconnaissant a nos a nus lecteurs Je Suite à une longue séance sans salive, la dent s'est déshydratée et il en résulte une altération de la transmission lumineuse qui fausse l'analyse de la couleur interne. leur indulgence sur la qualité de mes photos depuis le début de cette rubrique... Sftccialiste de l'argentiqueje riens de franchir le Rubicon du Numérique et de faire l'acquisiton de très beau matériel... à maîtriser, mais là encore, c'est la prochaine fois ! Prothésiste Dentaire . Lmbrun ( \ Tech. Dent. N° 257 - 0 4 / 0 8 19 "