ÉLÉMENTS DE CORRECTION – DISSERTATION Analyse du sujet Il s'agit d'étudier les relations entre PT et croissance, c'est-à-dire de montrer à la fois la relation PT → croissance, et la relation inverse : croissance → PT. C'est cette deuxième relation qui a été le plus souvent oubliée, alors qu'elle ouvre sur une dimension intéressante : l'intervention de l’État, et surtout le caractère auto-entretenu de la croissance (croissance endogène). Il ne faut pas adopter une définition trop restrictive du terme PT : ensemble d'innovations permettant soit de produire plus efficacement (gains de productivité), soit de mettre sur le marché des produits nouveaux (innovation de produits). Le PT stimule la croissance économique car il agit à la fois sur l'offre (plus compétitive et plus diversifiée) et sur la demande. On sait par ailleurs que la croissance économique des Trente Glorieuses a été largement une croissance intensive, c'est-à-dire basée sur l'amélioration de la productivité globale des facteurs, qui est généralement considérée comme la mesure du PT. Par ailleurs, le PT ne tombe pas du ciel, il est le résultat de l'investissement des entreprises et des pouvoirs publics : la croissance, parce qu'elle assure un financement des ces investissements, est donc indispensable à l'apparition du PT et à sa diffusion dans l'ensemble de l'économie. Analyse du dossier documentaire • Document 1 : Description d'une innovation de procédé majeure du XXème siècle : le fordisme, et de ses effets dans l'entreprise Ford et dans l'économie toute entière. Nouvelle organisation du travail : le travail posté avec convoyeur (la division du travail était déjà très répandue dans l'industrie au début du XXème siècle) + standardisation des pièces + forte hausse des salaires (le Five Dollars Day) pour limiter le turn-over et attirer les meilleurs ouvriers. Conséquences dans l'entreprise : gains de productivité énormes (25 min. → 13 min. → 5 min. pour assembler le volant) et hausse de la production : × 25 entre 1913 et 1929. Et donc : baisse des coûts qui peut se répercuter sur les prix (de 1 950 $ à 250, divisé par presque 8). Conséquence dans l'ensemble de l'économie : développement du secteur automobile (pneus, routes, pétrole, garages et concessions... → externalités positives...) du fait de la diffusion de l'automobile très rapide. Hausse du pouvoir d'achat car baisse des prix de bcp d'autres biens (généralisation du fordisme) → augmentation de la consommation de biens électroménagers, qui à leur tour entraînent le développement d'autres secteurs (production d'électricité par exemple). Donc : consommation de masse couplée à production de masse = très forte croissance économique • Document 2 : Diffusion de certains biens, emblématiques des Trente Glorieuses → on retrouve l'idée évoquée à la fin du document 1. Le PT nourrit la croissance car il alimente la demande, en créant sans cesse de nouveaux biens, et donc de nouveaux besoins. • Document 3 : Lien entre DIRD et taux de croissance : les pays qui investissement beaucoup dans la recherche développement connaissent une forte croissance (EU, Japon, Finlande, Corée du S) + décomposition des facteurs de la croissance permet de mettre en évidence le poids du résidu (c'est-à-dire le PT) dans la croissance de nbx pays (France, Finlande, Japon, Corée du Sud). • Document 4 : Permet de mettre en relation la DIRD et le PT → la DIRD alimente l'innovation (dépôt de brevets), source de PT. Permet aussi de mettre en relation innovation, gains de productivité et croissance. Plan détaillé I – Le progrès technique alimente la croissance économique A. Le PT permet des gains de productivité qui stimulent à la fois l'offre et la demande PT → Technique de production plus efficace : baisse des coûts, car moins de facteurs de production mobilisés pour produire. Cette baisse du prix de revient peut se répercuter sur les prix (exemple de la Ford T document 1). De plus, gains de productivité peuvent permettre d'augmenter les salaires (la VA par salarié augmente). On peut encore prendre l'exemple de Ford et du Five dollars day En fin de compte : c'est le pouvoir d'achat qui se trouve stimulé → Hausse de la consommation → hausse de la production pour répondre à cette demande, ce qui alimente à nouveau la demande (il faut investir et embaucher pour produire davantage, et donc distribuer de nouveaux revenus). Exemple des effets d'entraînement sur la construction, le secteur pétrolier... (document 1). En fin de compte, croissance économique stimulée. B. Le PT permet l'ouverture de nouveaux marchés et est à l'origine d'un processus de destruction créatrice Par ailleurs, le PT alimente sans cesse une nouvelle demande, ce qui crée de nouveaux marchés. Il faut produire pour satisfaire cette demande, ce qui conduit à la croissance économique. Exemple : électroménager au cours des Trente Glorieuses (documents 1 et 2), téléphone portable aujourd'hui. C'est en fin de compte l'ensemble des structures productives qui se trouvent bouleversées par le PT, ce qui permet de rajeunir sans cesse l'appareil productif et d'alimenter la croissance. C. La relation entre PT et croissance économique se vérifie d'ailleurs dans les faits On observe une croissance intensive dans de nombreux pays : Finlande : croissance moyenne de 2,1 % par an entre 1950 et 2009, dont 1,8 points s'expliquent par l'amélioration de la PGF (mesure du PT) → c'est plus de 85 % de la croissance qui est expliquée par le PT. (document 3) Japon : le PT est à l'origine des ¾ de la croissance (1,5 points sur les 2 % de croissance annuelle moyenne entre 1950 et 2009). (document 3) États-Unis : 3,3 % de croissance en 2005, alors que la PGF a augmenté de 2 % : près des 2/3 des la croissance américaine s'expliquent par le PT en 2005. (document 4) II – La croissance économique est nécessaire au progrès technique A. La croissance augmente les revenus des entreprises et permet de financer l'investissement, source de progrès technique Les profits réalisés par les entreprises qui connaissent une croissance de leurs ventes permettent de financer les investissements, qu'ils soient matériels ou immatériels. Les investissements matériels, c'est-à-dire les dépenses d'acquisition de biens de production durable, permettent de diffuser le PT dans le processus de production. En effet, les machines nouvellement acquises incorporent des innovations, et permettent d'amélioration à la fois la productivité, mais également la qualité des produits (moins de défauts par exemple). Exemple de Ford qui équipe ses usines de convoyeurs (document 1). Les investissements immatériels peuvent générer du PT : il s'agit de dépenses en R&D (qui débouche parfois sur des innovations, de produits ou de procédés), mais aussi en formation du personnel, qui devient plus apte à innover et à adopter les innovations. On voit d'ailleurs que les pays qui consacrent une part importante de leur richesse à la recherche et développement sont aussi ceux qui déposent le plus de brevets et qui ont une croissance forte. C'est le cas des EU (document 4). Par ailleurs, une économie prospère et en croissance donne confiance aux agents économiques, et notamment aux banques ou aux épargnants sur les marchés financiers, qui sont plus enclins à prêter aux entreprises. B. La croissance augmente également les revenus de l’État qui peut financer des dépenses publiques source de progrès technique La croissance des richesses créées dans un pays signifie également une hausse des recettes fiscales pour l’État et les administrations publiques. Il devient alors possible de financer des dépenses publiques favorables au PT. Le financement de la recherche publique, via des laboratoires de recherche. Aux EU, les dépenses publiques de R&D représentent en 2004 0,86 % du PIB, autant que la France, qui y consacre 0,83 % de son PIB (document 4). On sait que les activités de R&D génèrent d'importantes externalités positives, qui explique le rôle des pouvoirs publics en la matière, notamment en recherche fondamentale, qui est la moins intéressante pour les entreprises, car non directement génératrice de profits futurs. Par ailleurs, l’État peut assurer le versement d'aides et de subventions aux entreprises innovantes. Il finance aussi un système d'éducation performant et accessible à tous, afin de développer les capacités à innover et à maîtriser des processus de production innovants ainsi que la productivité de la main-d’œuvre. Plus globalement, toutes les dépenses d'infrastructures effectuées par l’État – routes, voies de communication, téléphonie... – permettent d'améliorer les performances des entreprises, et participent donc au progrès technique. En fin de compte, on peut dire que croissance et PT se nourrissent mutuellement, et que la croissance est largement endogène.