l’Erika et enfin, des conséquences financières de la catastrophe de Toulouse supportées par le groupe
(présomption de culpabilité).
La stratégie de l’entreprise est tournée vers l’Amont (l’Exploration Production) avec des scénarios de croissance
extrêmement volontaristes.
Total se distingue des autres majors en ne partageant pas les prévisions de l’Agence Internationale de l’Energie. Total
pense que l’on pourrait arriver au peak oil dans 15, 20 ans. Le groupe y consacre donc de la ressource notamment en
développant le gaz naturel, nouvelle activité qui va prendre le relais du pétrole.
Le groupe Total est dirigé par un Comité Exécutif de 7 membres.
Au point de vue des Ressources Humaines Total est une société d’ingénieurs embauchés pour le long terme. Les
formations données par Total doivent permettre aux employés de faire des carrières complètes dans l’entreprise. Afin
de garantir des carrières complètes, l’accent est mis sur la mobilité et sur le départ des collaborateurs à 61 ans afin de
laisser la place aux plus jeunes. En fonction des activités des branches, 3 à 5 % du chiffre d’affaires est dédié à la
formation.
La fusion entre Total, Fina et Elf a conféré aux collaborateurs un portefeuille de carrière plus fourni.
En conclusion, lorsque l’on voit la montée en puissance des sociétés tels que Gazprom en Russie, de Sinopec en
Chine, etc., l’avenir pour les entreprises américaines et européennes s’assombrit. Il est donc difficile de prévoir cet
avenir à 10 ou 20 ans.
En réponse à ces propos, Luc Moeremans apporte deux mises au point.
Premièrement, lorsque nous parlons de fusion, l’enjeu est de définir de quelle fusion il s’agit.
En effet, il faut s’adapter au contexte du XXIème siècle où la création de valeur boursière
domine tous les prémices stratégiques d’avant fusion et les intégrations tactiques d’après
fusion. Le monde a changé et nous avons tous été témoin du cas Mittal Arcelor.
Nous nous rendons compte qu’à l’heure actuelle, ce qui compte c’est la fusion du capital, des
chaînes logistiques, des systèmes d’information, des règles. La fusion des métiers et des
équipes, elle, ne compte plus. La stratégie financière l’emporte donc au détriment du capital humain.
Deuxièmement, dans un contexte de fusion, la difficulté est aussi de déterminer de quels métiers globaux nous
parlons. Parlons-nous de Ressources Humaines et de compétences ou parlons-nous de secteurs (métier de la banque,
métier de la pharmaceutique, métier de l’énergie, etc.) ? Luc Moeremans a pris le parti de parler des hommes qui font
tourner l’économie.
Le métier central et unique de l’entreprise a deux dimensions : Le « facing clients » et l’innovation. Dans le cadre
d’une fusion, il est important de savoir si le « facing clients » est une compétence que l’on organise globalement ou un
mindset universel et si l’innovation et la R&D, s’organise, se stimule ou s’achète.
En outre, il faut délimiter la couverture de l’organisation des entreprises globales aujourd’hui : l’organisation couvre-
t-elle son périmètre propre ou sa ou ses chaînes de valeurs sectorielles ? Luc Moeremans va se concentrer sur le
premier aspect. L’organisation de l’entreprise d’aujourd’hui est une combinaison savante de deux facteurs.
Premièrement, nous avons les systèmes, les process, les procédures mondialisées qui s’imposent aux particularismes,
aux personnalités. C’est ce que nous pouvons appeler l’effet de « pull ». Deuxièmement, il y a une culture de
responsabilisation, d’entreprenariat laissant le champ à l’« insular thinking and acting ». C’est ce que nous pouvons
appeler le phénomène du « push ».
Pour Luc Moeremans, chaque entreprise doit avoir un organigramme de remplacement. Au niveau du board,
l’identification des talents disponibles est nécessaire pour assurer la pérennité en cas de crise à l’échelon 1. Ici les
métiers importent peu, c’est la perception du marché sur les « hommes » qui comptent. On veut des personnes qui
rassurent. Par contre, au niveau de l’Executive Management, la connaissance des leviers qui vont assurer la
performance et les talents clé pour assurer la continuité en cas de départs non planifiés est nécessaire. A ce stade
également, les métiers qui comptent sont les métiers de leadership et de management pour livrer les « targets »
annoncés. Au niveau des « field » operations, la gestion des métiers devient un aspect fondamental et la globalité
mondiale ou fonctionnelle s’amoindrit. Au niveau des clients, l’immense challenge consiste à s’adapter à ceux-ci,