Latin 4e - Livre du professeur - Partie I et chapitre 1

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 Partie 1 Des rois aux consuls
pp. 6-43
Le programme
La partie 1 du manuel aborde les axes définis dans les thèmes et les textes dans le cadre général du premier
grand domaine fixé par le programme, « Histoire et vie de la cité » (B.O., pp. 7-8 et 15-16) :
Histoire et vie de la cité
Des rois aux consuls
- Res publica
- Les débuts de la République, les institutions
- L’armée romaine
La construction de l’identité, la découverte de l’altérité
- La virtus sous la République : exemples moraux
La mise en œuvre de la partie
▶ Cette partie est indispensable pour la mise en place du cadre historique et proprement « politique » (les
bases de la polis, au sens grec de cité) nécessaire à toute approche plus « ciblée » de la civilisation romaine.
Il est donc aussi logique que chronologique de la présenter en début d’année, à un moment où les élèves
« réactivent » les acquis de l’année précédente et « structurent » les données essentielles pour la suite de leur
étude.
▶ Cette partie aborde de manière progressive et cohérente l’essentiel à découvrir et à retenir sur la naissance
de la République, ses débuts et ses institutions. Elle permet de comprendre ce qui a fait la force de Rome, en
tant que cité-état : sur un « terrain » préparé par les Étrusques, les Romains ont établi des institutions solides,
ils ont aussi développé un modèle militaire parfaitement organisé, qui assurera leur maîtrise du monde.
▶ En comprenant les principes, les valeurs et les modes de fonctionnement de la Res publica, les élèves
prendront conscience de l’importance des modèles dans la construction du système politique et culturel
qui structure toute société. Avec l’aide du professeur, ils pourront élargir le champ de la réflexion dans le
cadre de l’éducation à la citoyenneté.
▶ Les bases du système de la langue sont révisées en reprenant l’ordre habituel de l’apprentissage.
▶ Les activités de lecture ainsi que les exercices proposent une initiation progressive à la traduction.
Sommaire de la partie
Chapitre 1 : La naissance de la République
Les cas, les fonctions, la déclinaison – Les 1re et 2e déclinaisons,
les adjectifs de la 1re classe
Chapitre 2 : Les héros de la République
La 3e déclinaison – Sum et ses composés
Histoire des arts : Des modèles d’héroïsme
Chapitre 3 : Les institutions de la République
La conjugaison – La coordination
Chapitre 4 : Les armes de la conquête
Le parfait de l’indicatif actif – Les adjectifs de la 2e classe
Dossier : L’armée
22
© Magnard, 2011 – Latin 4e – Livre du professeur
1 La naissance de la République pp. 6-13
Entre légende et histoire, le personnage de Brutus incarne l’élan, fondamental pour les Romains,
qui a donné naissance à ce nouveau régime politique que nous nommons République.
Objectifs du chapitre
▶ Découvrir une étape fondamentale de l’histoire de Rome.
▶ Connaître et comprendre les mots-clés définissant « la chose publique » (res publica) et ses « acteurs » (rex,
consul) au pouvoir (imperium).
▶ Réviser les principes de base de la déclinaison (cas, fonctions), identifier les types de déclinaisons.
▶ Réviser les 1re et 2e déclinaisons ainsi que les adjectifs de la 1re classe.
▶ Comprendre l’importance de l’héritage étrusque dans les insignes du pouvoir romain.
Ressources numériques
www.4e.latin.magnard.fr
Audio
• Découvrir le texte : « Il ne faut pas se fier aux apparences », Aurelius Victor, Des hommes
illustres de la ville de Rome, 10, 1-5 → lecture en latin (p. 6)
• Phrases d’observation : « Après Romulus », d’après Aurelius Victor, Des hommes illustres
de la ville de Rome, III-VIII → lecture par groupes de mots, en latin et en français (p. 9)
• La prononciation du latin (p. 10)
Texte à copier/coller
• Phrases d’observation : « Après Romulus » : d’après Aurelius Victor, Des hommes illustres
de la ville de Rome, III-VIII (p. 9)
Carte animée
• L’Empire romain de la fondation de Rome au
iie
s. ap. J.-C. (p. 6)
Fond de carte
• Le site de Rome (p. 9)
Exercices à compléter
• Exercice 3 (p. 8) et exercice 4 (p. 11)
Découvrir le texte
p. 6
Le texte étudié permet de découvrir comment
Brutus feignit la stupidité pour s’introduire dans
l’entourage du dernier roi de Rome et ainsi préparer
la chute de la monarchie.
Texte : « Il ne faut pas se fier
aux apparences »
Aurelius Victor, Des hommes illustres de la ville de Rome.
Aurelius Victor, qui fait œuvre de compilateur et
d’abréviateur dans le domaine de l’histoire romaine,
reprend les éléments de la tradition fixée par TiteLive. Pour un début d’année, son écriture paraît plus
simple et plus accessible.
• Les documents
La frise chronologique permet de replacer
l’événement par rapport à la fondation de Rome.
Ce type de repérage est indispensable pour aider
les élèves à se situer dans le temps : il s’inscrit dans
la mise en œuvre des objectifs du socle commun
(« Situer des événements », C5).
Ressource
numérique www.4e.latin.magnard.fr
Carte animée
La carte permet de suivre les étapes de la création
de l’Empire romain depuis la fondation de Rome
jusqu’au règne de Trajan au iie siècle après J.-C.
Le buste en bronze dit « Brutus du Capitole »
présente une tête antique sur un buste qui est un
ajout moderne. Si les spécialistes n’ont pas résolu
le débat de sa datation (pour les uns, la tête aurait
été sculptée vers 400 avant J.-C., pour les autres vers
100 avant J.-C.), il reste possible qu’à l’époque de
© Magnard, 2011 – Latin 4e – Livre du professeur
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sa réalisation l’artiste disposât de portraits datant
de l’époque même de Brutus, comme des masques
mortuaires (imagines dans les familles patriciennes,
manuel de 5e p. 45). Il s’agit avant tout d’un portrait
idéalisé d’un homme illustre (vir illustris, voir le
titre de l’ouvrage d’Aurelius Victor) incarnant les
vertus républicaines par sa gravitas et sa majestas
(un mélange d’austérité, de grandeur et de majesté,
particulièrement cher aux Romains, voir ci-après).
On a suggéré que cette œuvre est due à un artiste
étrusque (les Étrusques étaient les spécialistes de la
sculpture en bronze), en particulier pour le traitement
du visage (sourcils broussailleux, barbe bouclée).
Activité numérique complémentaire
Image à vidéoprojeter
On demande aux élèves de décrire ce buste pour
faire ressortir précisément l’impression qu’il donne.
• Lire le texte
1 Lucius Junius Brutus, né d’une sœur de Tarquin le
Superbe / Brutus / à Delphes / au dieu / de Rome / le
premier / la terre / en exil / le premier consul.
Remarque : l’activité de traduction reste limitée à
des éléments simples, faciles à repérer pour une
« remise en route » des mécanismes de base en
début d’année (traduction des noms propres, de
noms « transparents » comme terram / terre, exilium /
exil, primus consul / premier consul).
2 Les événements résumés par Aurelius Victor se
situent en 509 avant J.-C., soit en 245 AUC pour les
Romains (leur calendrier démarrant Ab Urbe Condita,
cf. manuel de 5e, chapitre 3, p. 34).
Sept rois ont régné sur Rome, de Romulus à Tarquin
le Superbe : leurs noms ainsi que leurs dates de règne
sont à retrouver dans le tableau chronologique en
intérieur de couverture, à la fin du manuel.
3 Le nom du dernier roi de Rome est donné dans
la présentation du texte (Lucius Tarquin, surnommé
le Superbe). D’autre part on fait relever le génitif
Tarquinii Superbi à la première ligne de l’extrait.
Les tria nomina sont donc : Lucius (praenomen),
Tarquinius (nomen), Superbus (cognomen). Cette
question est l’occasion de vérifier les acquis sur le
thème de l’identité du citoyen romain (manuel de 5e,
chapitre 5, tria nomina, p. 54).
4 Lucius Junius est surnommé Brutus (ligne 5).
L’adjectif brutus, a, um s’applique à un individu que
l’on considère comme privé de la faculté de raisonner
(faculté qui distingue l’homme de la bête). On peut
le traduire par stupide, idiot, fou, déraisonnable ;
24
on le retrouve directement dans brute et abruti. La
réflexion sur l’étymologie permet ici de comprendre
le sens littéral et péjoratif du terme : Brutus est
précisément considéré comme « une espèce
d’abruti », un demeuré « qui n’a pas toute sa tête ».
5 Brutus a compris l’oracle au sens métaphorique :
la terre prise comme une mère (matrem… terram,
ligne 10), selon la tradition des récits cosmogoniques
(Gaia, mère de tout ce qui existe, dans la Théogonie
d’Hésiode). La suite prouve que l’oracle s’est réalisé :
de retour à Rome, Brutus chasse les Tarquins et
obtient le pouvoir suprême (summam potestatem,
ligne 9) en tant que consul.
Compétences
– situer un événement dans le temps, l’espace, les
civilisations (Socle commun, C5)
– repérer les informations dans un texte à partir
des éléments explicites et des éléments implicites
nécessaires (Socle commun, C1)
– identifier des éléments du récit en latin et les
traduire
Découvrir l’image
p. 7
Cette page illustre un élément du récit d’Aurelius
Victor (p. 6) : le voyage à Delphes de Brutus, qui
accompagnait les deux fils de Tarquin le Superbe.
brutus, le fou qui a libéré rome
Sebastiano Ricci, Brutus embrassant la terre, huile sur toile,
1704, Padoue, Galerie Nationale.
Le tableau peut être présenté comme « une citation
à la lettre » de la tradition littéraire qui a fait de Brutus
un héros quasi légendaire : il illustre fidèlement la
scène de l’oracle. Il est important de faire remarquer
que Brutus « l’abruti » joue le rôle du « fou du roi » à
la cour des Tarquins (les fils de Tarquin l’emmènent
à Delphes pour se divertir de sa balourdise et faire
de lui une sorte de souffre-douleur) : une occasion
d’expliquer le terme et la fonction de « bouffon ».
Ce comportement permet au noble romain de
s’introduire dans l’entourage direct du roi sans
éveiller les soupçons.
L’expression conditor Romanae libertatis est de TiteLive (Histoire romaine, VIII, 34, 3) : pour les Romains,
Brutus est une figure de héros mythique, un « père
fondateur », tel un second Romulus, relevant autant
de la légende que de l’histoire.
Brutus dit l’Ancien (pour le distinguer de son
descendant, assassin de César) est le fils d’un noble
romain, Marcus Junius (fondateur de la gens Junia) ;
on fait remarquer que par sa mère Tarquinia, fille de
Tarquin l’Ancien et sœur de Tarquin le Superbe, il est
© Magnard, 2011 – Latin 4e – Livre du professeur
d’ascendance royale et étrusque. Ce « métissage »
montre symboliquement la continuité entre les
mondes étrusque et romain.
L’historien grec Denys d’Halicarnasse rapporte que
Tarquin avait recueilli Brutus encore enfant, après
avoir fait assassiner son père et son frère aîné, non
pour l’honorer mais parce que, le croyant réellement
simple d’esprit, il le jugeait tout à fait indiqué pour
divertir ses enfants (Antiquités romaines, IV, 19, 1).
Brutus feignant d’être « simple d’esprit » pour chasser
les tyrans est devenu une figure légendaire.
(une représentation quelque peu anachronique) ;
– de l’assistance : un serviteur, un enfant couronné
jouant de la flûte, des femmes à l’arrière-plan.
Prolongements
Compétences
Lorenzaccio, Brutus moderne
On peut évoquer le Lorenzaccio d’Alfred de
Musset qui joue le débauché à la cour des
Médicis en prenant précisément modèle sur
Brutus (Acte III, scène 3).
Le viol de Lucrèce
Nous avons choisi d’aborder dans ce chapitre
le célèbre épisode de la naissance de la
République à travers la personnalité de Brutus.
Les événements « déclencheurs » bien connus
que sont le viol de Lucrèce par Sextus Tarquin (le
dernier fils de Tarquin le Superbe) et le suicide
de la jeune femme peuvent être expliqués par
le professeur à partir du récit de Tite-Live (livre I,
chapitres 57 et 59, voir extrait page suivante)
ou faire l’objet d’une recherche B2i (voir les
nombreux tableaux illustrant cet épisode).
– identifier des éléments du récit en comparant
texte et image
– établir des liens entre les œuvres littéraires et artis­
tiques pour mieux les comprendre (Socle commun,
C5)
– retrouver des informations culturelles déjà connues
• Gros plan sur...
On rappelle l’importance du sanctuaire de Delphes
dans tout le monde antique. On peut faire observer
la figure du prêtre à l’arrière-plan de la scène et
expliquer que la Pythie parlait au nom d’Apollon
sous la surveillance de prêtres qui se faisaient payer
pour interpréter ses oracles.
• Lire l’image
1 Il s’agit du moment où Brutus « embrassa spon­
tanément la terre » (ipse terram osculatus est, l. 10).
2 Les personnages à identifier sont : Brutus agenouil­
lé, vu de dos, vêtu d’un manteau bleu ; les deux fils
de Tarquin (prénommés Titus et Arruns) : l’un, debout,
porte une cuirasse de type Renaissance ; l’autre, le
genou droit posé sur un coussin, est enveloppé d’un
grand manteau rouge qui rappelle son statut de prince
(la pourpre royale). Les deux expriment la sur­prise par
leur attitude et les gestes de leurs bras et mains.
On note aussi la présence :
– d’un prêtre chargé du culte, portant un man­teau
blanc qui lui couvre la tête et agitant un encensoir
3 Le décor présente une architecture classique (co­
lonnes et voûte à l’arrière-plan) ; il suggère l’intérieur
d’un temple, en l’occurrence celui d’Apollon à
Delphes, que l’on peut identifier grâce à la statue
du dieu placée sur un piédestal ouvragé dans le
style d’un autel romain (têtes de béliers, oiseaux,
guirlandes de fleurs. On retrouve le même style
d’autel dans le tableau de Rubens (manuel, p. 15).
Découvrir les mots-clés
p. 8
Les mots-clés ont été choisis en liaison directe avec
le thème mis en place par le texte et l’image des
pages précédentes. Ils permettent d’aborder les
principes de la mise en forme du pouvoir à Rome.
Consul, fama, imperium,
res publica, rex
Les mots fama, imperium, res publica et rex ont déjà
été présentés dans notre manuel de 5e. Il s’agit donc
de réactiver les connaissances, de les préciser pour
les replacer en contexte.
À l’occasion de l’étude du nom imperium (manuel de
5e, p. 7), on rappelle le sens de « pouvoir souverain »
(du père sur ses enfants, du maître sur ses esclaves,
du général sur ses soldats, de Rome sur son
« empire »), avec le verbe imperare (in + parare : faire
des préparatifs pour qu’une chose se fasse) et le
nom imperator (manuel, p. 38). On explique ensuite
le sens politique précis : seuls les magistrats romains
du plus haut rang possèdent l’imperium, avec droit
de vie et de mort (voir les pages Culture).
En reprenant res publica (manuel de 5e, p. 7), on rappelle
que le terme « république » utilisé pour désigner le
régime instauré à Rome après l’expulsion des rois est un
usage moderne : les Romains eux-mêmes ne savaient
donc pas qu’ils vivaient en République !
On souligne la distinction fondamentale pour un
Romain entre res publica et res privata, autrement dit
entre « la sphère publique » et « la sphère privée ».
On rappelle encore que le nom rex (manuel de 5e,
p. 34) appartient à la famille du verbe rego, is, ere, rexi,
rectum, où se reconnaît la racine reg- avec l’idée de
© Magnard, 2011 – Latin 4e – Livre du professeur
25
« mener droit ». D’où les deux « branches » lexicales
issues de cette base sémantique : celle où domine
l’idée de ligne droite comme direct, rectifier, corriger,
correct, etc., et celle où domine l’idée d’autorité
comme diriger, directeur, direction, régalien, etc.
Pour les Romains comme pour les Grecs, la royauté
est la forme d’autorité la plus ancienne (et donc
la plus « naturelle ») chez les hommes et chez les
dieux : Jupiter est le souverain de l’Olympe, Thésée
et Romulus les rois mythiques d’Athènes et de
Rome. Cependant, avec l’expulsion des Tarquins qui
entraîne l’abolition de la monarchie, les Romains
éprouvent une haine des rois qui se ravivera dès
qu’un chef militaire ou politique manifestera la
moindre velléité de pouvoir personnel (comme Jules
César).
C’est aussi le sens du serment que Brutus prête sur le
corps de Lucrèce.
Tandis qu’ils s’abandonnent à la douleur, Brutus retire
de la blessure le fer tout dégouttant de sang et, le tenant
levé : « Je jure, dit-il, et vous prends à témoin, ô dieux ! par
ce sang, si pur avant l’outrage qu’il a reçu de l’odieux fils
des rois ; je jure de poursuivre par le fer et par le feu, par
tous les moyens qui seront en mon pouvoir, l’orgueilleux
Tarquin, sa femme criminelle et toute sa race, et de ne
plus souffrir de rois à Rome, ni eux, ni aucun autre. »
Tite-Live, Histoire romaine, livre I, chapitre 59, 1.
Le régime instauré à Rome après l’abolition de la
monarchie (que nous appelons République) est
donc considéré par les Romains comme l’avènement
de la liberté (libertas) fondée sur la volonté du
peuple. Mais cela ne signifie pas pour autant que
tous les citoyens ont les mêmes droits (chapitre 3),
comme dans une démocratie moderne. Il est donc
important d’expliquer qu’il ne faut pas confondre les
termes république et démocratie, ce qui permettra
aux élèves de comprendre pourquoi la République
romaine n’est pas une démocratie.
Le consulat, dont l’instauration est l’origine et
le fondement de la constitution républicaine
(chapitre 3), garde tout son pouvoir et son prestige
pendant plus de quatre siècles. Ce n’est qu’à la fin
de la République et particulièrement au temps de
Jules César que le consulat perd de son ancienne
dignité : pour honorer ses amis, César (qui devient
lui-même dictateur à vie) les fait élire pendant
quelques mois, parfois même pendant quelques
heures. Sous l’Empire, la puissance consulaire
n’est plus qu’honorifique. Le dernier consul à
Rome est Decimus Theodorus Paulinus en 536 et
à Constantinople Flavius Basilius Junior en 541.
Ensuite les empereurs d’Orient prennent le titre
de consul pour eux-mêmes jusqu’à ce qu’il tombe
complètement dans l’oubli.
26
• L’image : le sceau de la République française
Le sceau de la IIe République (proclamée le 24 février
1848) est encore utilisé de nos jours : une femme
assise, effigie de la Liberté, tient de la main droite un
faisceau de licteur (manuel, p. 13) et de la main gauche
un gouvernail sur lequel figure un coq gaulois, la
patte sur un globe. Une urne portant les initiales
SU rappelle la grande innovation que fut l’adoption
du suffrage universel direct en 1848. Aux pieds de
la Liberté, se trouvent les emblèmes des beaux arts
et de l’agriculture. On lit l’inscription « République
française démocratique une et indivisible » sur la
face, et au dos deux formules : « Au nom du peuple
français » et « Égalité, fraternité, liberté ».
Les IIIe, IVe et Ve Républiques ont repris le même sceau.
La presse servant à établir le sceau est conservée
dans le bureau du ministre de la Justice, qui porte
toujours le titre de « garde des sceaux ».
• Étymologie
1 a. Régime b. région c. régiment d. régence e. régie
f. Régis et Régine.
2 Le « Conseil des ministres » est le nom donné à la
réunion régulière, le plus souvent hebdomadaire, d’un
gouvernement composé de ses représentants chargés
du pouvoir, les ministres (dont le Premier peut être
aussi appelé « Président du Conseil ») et du chef de
l’exécutif (le Président de la République en France).
Aujourd’hui un « consul de France » est le « chef de la
communauté française » dans la circonscription qui
lui a été confiée dans un pays étranger : en tant que
relais de l’ambassadeur, il administre et protège les
ressortissants français de cette circonscription.
J ouez avec les mots
3 1. Brutus 2. consul 3. regina 4. privatus 5. Superbus
6. Roma 7. Remus 8. et 9. res.
Le nom à trouver est donc Bonaparte. Premier
Consul en 1799, il devient l’empereur Napoléon Ier
le 2 décembre 1804.
Cet exercice est l’occasion d’évoquer brièvement
combien la période de la Révolution française et de
l’Empire se sont nourries des modèles romains.
Ressource
numérique www.4e.latin.magnard.fr
Exercice à compléter
L’exercice 4 est disponible au format .doc. Il peut
être imprimé ou utilisé avec un traitement de texte.
Compétences
– identifier une racine, une famille de mots
– comprendre un vocabulaire spécifique
© Magnard, 2011 – Latin 4e – Livre du professeur
– avoir des connaissances et des repères relevant de
la culture civique (Socle commun, C5)
– comprendre les principes d’un État de droit, le
fonctionnement des institutions (Socle commun,
C6)
Observer
p. 9
Ressources
numériques www.4e.latin.magnard.fr
Audio
Les phrases sont enregistrées dans une version
alternée, mêlant le latin et sa traduction en français.
La lecture alternée du latin et du français, guidée
par le professeur, est à pratiquer dans l’identification
initiale des groupes de mots puis, une fois la
traduction complétée, à titre de relecture et de
consolidation des acquis.
Texte à copier/coller
Ces phrases, comme toutes celles des pages
« Observer », peuvent être copiées-collées à partir
d’un fichier au format .doc.
1re décl. – Roma, ae, f. : 1re décl. – circus, i, m. : 2e décl. –
ludi, orum, m. : 2e décl. – factum, i, n. : 2e décl. – malus,
a, um : adjectif de la 1re classe.
5 fama : nominatif sg., sujet du verbe refert – Sabini :
nominatif pl., attribut du sujet reges – Romuli : génitif
sg., CDN filius – filius : nominatif sg., attribut du sujet
Numa Pompilius – populo : datif sg., COS du verbe
instituit – sacra : accusatif pl., COD du verbe instituit–
Albanis : datif pl., COS du verbe indicit – Latinorum :
génitif pl., CDN copias – copias : acc. pl., COD du
verbe superat – victoriam : acc. sg., COD du verbe
dat – Romae : datif sg., COS du verbe dat – circum :
acc. sg., COD du verbe aedificat – ludos : acc. pl., COD
du verbe facit – factis : abl. pl., CC de cause – mala :
adj. abl. f. sg. accordé à fama – fama : abl. sg., CC de
cause.
6 1. la tradition / rois. 2. a. le fils de Romulus. b. de
nombreux jeux pour le peuple romain. 3. a. la guerre
aux Albains. b. les troupes des Latins / la victoire /
Rome. 4. a. un vaste cirque. 5. mauvaise réputation.
• Les 1re et 2e déclinaisons
• Observer la carte
Cet exercice permet de réactiver de manière ludique
les notions acquises sur la période royale. Tous les
noms des rois sont donnés en latin dans les phrases à
observer sur cette page. Il suffit donc de les retrouver
et de les recopier (un tiret par lettres).
1 a. fama : 1re décl. – factum : 2e décl. neutre – Latini :
1 Ancus Martius, qui a fait édifier le pont Sublicius,
Identifier les déclinaisons
2 décl. masculin – census : 4e décl. masculin –
cognomen : 3e décl. neutre – rex : 3e décl. masculin –
populus : 2e décl. masculin. b. La terminaison du
génitif singulier.
e
2 a. sacra, orum, n. : les cultes – copiae, arum, f. : les
troupes – circus, i, m. : le cirque – ludi, orum, m. : les
jeux. b. sacrum, sacri, neutre – copia, copiae, féminin –
circus, circi, masculin – ludus, ludi, masculin.
3 Sabinus, a, um : sabin – Etruscus, a, um : étrusque –
pius, a, um : pieux – multi, ae, a : nombreux – Romanus,
a, um : romain – Albanus, a, um : albain – Latinus,
a, um : latin – vastus, a, um : vaste – primus, a, um :
premier – superbus, a, um : orgueilleux – magnus, a,
um : grand – malus, a, um : mauvais.
On fera remarquer aux élèves qu’en français, les
adjectifs de nationalité prennent une majuscule
uniquement quand ils sont substantivés : Latini, les
Latins, mais populus Romanus, le peuple romain.
• Les cas et les fonctions
4 fama, ae, f. : 1re décl. – Sabini, orum, m. : 2e décl.,
adjectif substantivé – Romulus, i, m. : 2e décl. – filius,
ii, m. : 2e décl. – populus, i, m. : 2e décl. – sacra, orum,
n. : 2e décl. – Albani, orum m. : 2e décl. – Latini, orum,
m. : 2e décl. – copiae, arum, f. : 1re décl. – victoria, ae, f. :
premier ouvrage permanent pour passer d’une rive
du Tibre à l’autre.
2 et 3 Tarquinius Priscus (Tarquin l’Ancien), qui a
fait bâtir la Cloaca Maxima (le grand égout de la ville,
voir manuel, chapitre 5 et carte p. 52) et le Circus
Maximus (le Grand Cirque, chapitre 10).
4 Servius Tullius, qui fit construire la première
enceinte de Rome, dite « mur servien ».
Ressource
numérique www.4e.latin.magnard.fr
Fond de carte
L’activité d’observation de la carte peut se faire
à partir d’un document à imprimer. Les élèves
complètent les éti­quettes avec le nom des lieux.
Compétences
– reconnaître la déclinaison du nom
– reconnaître les adjectifs de la 1re classe
– identifier les fonctions (Socle commun, C1)
– établir la relation entre cas et fonctions (Socle
commun, C1)
– utiliser le lexique (Socle commun, C1)
– traduire des membres de phrase en contexte
© Magnard, 2011 – Latin 4e – Livre du professeur
27
– identifier des éléments sur une carte, les relier à
un contexte historique (« Lire et employer différents
langages : textes - graphiques - cartes », Socle com­
mun, C5)
Apprendre
p. 10
Les cas, les fonctions, la déclinaison
La première partie du manuel procède à des
rappels et à la récapitulation d’acquis linguistiques
fondamentaux de l’année antérieure. En cinquième,
les élèves ont découvert la nature flexionnelle de la
langue latine et les principes de la déclinaison.
Le chapitre 1 rappelle comment s’exprime la fonction
du nom, grâce à des changements de forme (ou
flexion). À l’issue de l’observation effectuée p. 9, on
demande aux élèves une récapitulation des principes
suivants : chaque forme s’appelle un cas, l’ensemble
des formes que prend un nom s’appelle la déclinaison.
On revoit le système des six cas du latin et leurs
principales correspondances avec les fonctions du
français. Par souci de simplification, nous conservons
la terminologie proposée en classe de cinquième :
nous appelons « terminaison » l’ensemble formé par
la voyelle finale du thème et la désinence casuelle et
« radical » l’élément invariable du mot, que l’on propose
aux élèves de retrouver en enlevant la « terminaison »
du génitif singulier (livre du professeur de 5e, p. 31).
Les 1re et 2e déclinaisons, les adjectifs
de la 1re classe
Le chapitre 1 permet la révision des 1re et 2e
déclinaisons (livre du professeur de 5e, pp. 39 et 49).
Comme en classe de cinquième, on ne mentionne
pas les exceptions. Les élèves trouveront les
déclinaisons dans leur intégralité en fin de manuel :
le Mémento reprend les modèles vus en cinquième
et introduit les locatifs en -ae et en -i (pp. 202-204).
À la révision des noms des deux premières
déclinaisons, le chapitre 1 associe logiquement
celle des adjectifs de la 1re classe (Mémento, p. 204).
Les élèves se sont familiarisés avec les trois genres,
les variations de nombre et l’accord du nom et de
l’adjectif qualificatif (épithète ou attribut du sujet).
Ce premier chapitre de révision se donne pour
objectif de consolider l’ensemble de ces acquis avant
de procéder à de nouveaux apprentissages.
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Mémento grammatical
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• Vocabulaire
Les élèves ont appris en cinquième les 10 mots les
plus fréquents de chacune des deux premières
déclinaisons ainsi que des adjectifs choisis parmi
les plus courants de la 1re classe. Le choix des mots à
retenir pour cette page est déterminé par le thème
du chapitre (voir aussi les mots-clés). Le vocabulaire
est réinvesti dans les exercices qui font aussi appel
aux acquisitions de l’année antérieure (vocabulaire
fréquentiel).
S’exercer
p. 11
Lire et apprendre
1 La première phrase est prononcée par Scipion
l’Africain (l’un des personnages mis en scène par
Cicéron dans le dialogue fictif de son De republica).
En voici l’énoncé complet :
« Est igitur, inquit Africanus, res publica res populi,
populus autem non omnis hominum coetus quoquo modo
congregatus, sed coetus multitudinis juris consensu et
utilitatis communione sociatus. »
« Donc, reprit l’Africain, la république, c’est la chose
du peuple ; mais un peuple n’est pas un rassemblement
quelconque de gens réunis n’importe comment ; c’est
le rassemblement d’une multitude d’individus, qui se
sont associés en vertu d’un accord sur le droit et d’une
communauté d’intérêts. »
Cicéron, De la République, I, 25.
La deuxième phrase est une citation du poète
Ennius (env. 239-169 avant J.-C., in Annales, V,
vers 156), souvent considéré par Cicéron et les
intellectuels romains comme un modèle de
« vertu » antique.
Ces phrases sont l’occasion de revenir sur du
vocabulaire et d’illustrer des notions fondamentales
du monde romain (la res publica et ses valeurs ; on
fait relever le titre de l’ouvrage de Cicéron). Les
mémoriser permet un entraînement linguistique
ainsi qu’un réinvestissement culturel fructueux.
Décliner noms et adjectifs
2 Adjectifs : rectus, a, um : droit, juste – bonus, a,
um : bon – superbus, a, um : orgueilleux – primus,
a, um : premier – magnus, a, um : grand. Noms :
sententia, ae, f. : sentence – consilium, ii, n. : conseil –
dominus, i, m. : maître – verbum, i, n. : mot – pugna,
ae, f. : bataille – causa, ae, f. : cause.
• Aide pour les élèves en difficulté
La procédure utilisée par l’élève doit être prise en
compte au même titre que le résultat obtenu, si
l’on veut s’assurer que l’identification des cas, la
© Magnard, 2011 – Latin 4e – Livre du professeur
reconnaissance des mots et l’utilisation du lexique
sont acquises. Il faut donc demander à l’élève
d’expliciter sa façon de procéder.
Pour établir la carte d’identité d’un nom, il faut
compléter le tableau ci-dessous de droite à gauche
(en partant de la colonne Mot en contexte pour
aller vers la colonne Cas). Plusieurs solutions sont
possibles pour la terminaison et ensuite pour le
cas : l’élève doit faire des conjectures. L’enjeu de la
recherche dans le lexique est la détermination du
Vérification du radical
Mot dans le lexique
à partir du G. sg.
Cas
G. pl.
D. ou
Abl. pl.
N.,V. ou
Abl. sg.
sens du mot mais aussi, dans un premier temps,
l’identification de son genre et de la déclinaison à
laquelle il appartient.
Par exemple, pour le nom consiliis, l’élève peut
prendre appui sur un élément connu, l’adjectif bonus,
a, um qui ne peut avoir un G. sg. en -is, puisqu’il se
décline comme les noms des 1re et 2e déclinaisons.
C’est ce type de raisonnement qu’il convient de faire
effectuer de façon systématique (voir la 2e colonne à
partir de la droite).
Identification de la terminaison
Mot en
contexte
pugnae
pugna, ae, f. : la bataille pugn-arum
(1re décl.)
terminaison G. pl. 1re décl.
pugnarum
consilii
consilium, ii, n. :
le conseil (2e décl.)
consili-is
G. sg. 3e décl. ou D., Abl. pl. 1re et 2e décl.
consiliis
sententia, ae, f. :
la sentence, la phrase
(1re décl.)
sententi-a
N., V. sg., Abl. sg. 1re décl. ou N., V., Acc.
neutre pl. 2e décl.
sententia
sententiae
3 rectae sententiae / rectis sententiis – bono
consilio – superbi domini – primum verbum –
magnae pugnae causae / causis.
combats, Ancus Martius prend les champs (le ter­
ritoire) des Latins.
6 Dans l’ordre du texte : Tarquinii – Superbi – brutus –
Reconnaître cas et fonctions
filios – oraculum – dei – filii – dona – statuae – lyram –
oraculi – Romani – primus – imperium – terram.
4 Cas
SMS
Singulier
Pluriel
Nominatif 3. Ancus Martius 1. dei boni
Vocatif
2. Numa, juste
et bone domine
Accusatif
2. curam
7 Le surnom du troisième roi de Rome est Hostilius
(C). Les élèves peuvent retrouver la réponse p. 9
(Observer, phrase 3).
1. magnas victorias
2. agros
S’initier à la traduction
Génitif
2. deorum et dearum
3. Latinorum
Datif
1. piis populis
2. Romanis
Ablatif
3. multis pugnis
b. 1. Romam : Acc. sg., complément de lieu sans
préposition (mouvement) 2. nympha Egeria : N. sg.,
groupe nominal attribut du sujet uxor 3. Numa : N. sg.,
sujet du verbe instituit 4. Jano : D. sg., COI de aedificat.
c. 1. Numa Pompilius, fils de Pomponius, un Sabin,
vient à Rome. 2. L’épouse de Numa est la nymphe
Egérie. 3. Avec la nymphe, Numa crée de nombreux
cultes. 4. Il fait construire un beau temple pour Janus.
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Exercice à compléter
L’exercice 4 est disponible au format .doc.
5 1. Les dieux sont bons : ils donnent de grandes
victoires aux peuples pieux. 2. Numa, maître juste
et bon, tu donnes (inculques) aux Romains le souci
des dieux et des déesses. 3. Grâce à de nombreux
8 a. 1. filius 2. uxor 3. nympha 4. pulchrum ; gemino.
9 a. Les personnages connus sont les rois qui ont
succédé à Romulus : Numa, Tullus, Hostilius ; ce
sont aussi les trois frères romains, les Horaces, qui
ont victorieusement affronté les trois Albains, les
Curiaces.
b. 1. Sujet : Tullus Hostilius – COD : bellum Albanis.
2. Sujets : trigemini fratres Horatii ; tres Curiatii ; duces –
COD : pugnare. 3. Sujets : Curiatii ; tertius Horatius –
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COD : duos Horatios ; fugam ; tres Curatios vulneratos.
4. Sujet : Romani – COD : magnam gratiam.
c. 1. Numae : G. sg., CDN regnum – Albanis : D. pl.,
COS du verbe indicit. 2. Horatiis et Curatiis : D. pl.,
COI de jubent. 3. Horatios : Acc. pl., COD du verbe
interficiunt – Horatius : N. sg., sujet du verbe simulat.
4. Horatio : D. sg., COS du verbe habent.
10 1. Après le règne de Numa, Tullus Hostilius
déclare la guerre aux Albains. 2. Chez les Romains,
il y a trois frères, les Horaces et trois, les Curiaces,
chez les Albains : les chefs ordonnent aux Horaces
et aux Curiaces de s’affronter. 3. Les Curiaces tuent
aussitôt deux Horaces, mais le troisième Horace
simule la fuite et bientôt, il tue l’un après l’autre les
trois Curiaces blessés. 4. Les Romains éprouvent une
grande reconnaissance envers Horace.
Comprendre le sens des mots
11 ludus, i, m. ➞ ludique, adjectif : relatif au
jeu – pugna, ae, f. ➞ pugnacité, nom féminin :
combativité – ira, ae, f. ➞ irascible, adjectif : qui
se met facilement en colère et ire, nom féminin,
synonyme de colère (terme vieilli ou soutenu) –
Egeria, ae, f. ➞ égérie, nom, féminin : conseillère,
inspiratrice (souvent d’un homme politique).
• Chassez l’intrus !
12 Regard, regain et peut-être régal.
Ces mots ne renvoient pas à l’élément reg- qui
signifie « diriger, gérer » du verbe latin regere.
Regard : dérivé du verbe regarder, avoir l’œil sur –
regain : herbe qui repousse dans une prairie après
une première coupe (re + gain, herbage, terme usité
dans les patois de l’Est et du Nord-Est) – régal : origine
controversée selon qu’on le rattache à l’ancien
français rigale (bruit joyeux) ou à régal, doublet de
royal (et dans ce cas ce n’est pas un intrus).
Voir Le Robert, Dictionnaire historique de la langue
française, dir. Alain Rey.
Compétences
– lire et dire en latin
– mémoriser des phrases latines
– reconnaître le modèle de déclinaison
– établir la relation entre cas et fonctions (Socle
commun, C1)
– accorder le nom et l’adjectif qualificatif (genre,
nombre, cas) (Socle commun, C1)
– utiliser le lexique (Socle commun, C1)
– réinvestir les mots-clés appris (latin)
– acquérir progressivement de l’autonomie dans la
traduction
– apprendre des mots nouveaux et structurer l’ap­pren­
tissage du vocabulaire français (Socle commun, C1)
30
Culture :
Les insignes du pouvoir
pp. 12-13
Cette double page permet de faire le lien avec
l’année précédente par une mise au point sur
l’héritage étrusque.
Dans les cités étrusques, les rois (nommés lucumons)
étaient les chefs des familles les plus puissantes :
leur pouvoir était politique, militaire et religieux.
Ils arboraient des marques distinctives (au sens de
l’ad­jec­tif latin insignis, qui porte une marque dis­tinc­
tive) devenues par la suite les « insignes » des hauts
magistrats romains : la couronne d’or, le sceptre de
bronze surmonté d’un aigle, la tunique à bande
de pourpre (toga praetexta, manuel, p. 25), le siège
pliant (et donc portatif ) recouvert de plaques
d’ivoire (sella curulis).
Durant les processions, le roi était précédé par un
garde d’honneur : un « licteur » portant sur l’épaule un
faisceau de verges (fasces), des baguettes de bouleau
ou d’orme, entourant une hache, emblème du pouvoir
suprême. Les verges symbolisaient en effet le pouvoir
de détruire et reconstruire la cité, de flageller ses sujets,
et la hache celui de les exécuter, si nécessaire.
Sous la République, seuls les magistrats cum imperio
(voir mots-clés et chapitre 3) sont accompagnés de
licteurs, selon un code strict : pour un dictateur et
un maître de cavalerie (deux magistratures exercées
à titre exceptionnel, en cas de crise), le cortège est
respectivement de 24 et 6 licteurs ; pour un consul, il
est de 12 licteurs ; pour un préteur, il est de 2 licteurs.
Les licteurs précèdent les magistrats en marchant
sur une ligne ; celui qui se trouve au plus près du
magistrat s’appelle le lictor proximus : c’est à lui que
le magistrat donne ses instructions et comme c’est le
licteur principal on l’appelle aussi lictor primus.
Les licteurs imposent à la foule le respect dû au
magistrat qui passe (descendre de cheval, se découvrir
la tête, se tenir à l’écart). Ils sont aussi chargés d’infliger
la punition à ceux qui sont condamnés.
Les faisceaux romains ont été repris comme emblème
par divers mouvements ou régimes politiques.
La Révolution française, puis la République (voir le
sceau, manuel, p. 8) en font l’insigne du pouvoir qui
appartient au peuple et de l’union des départements.
On trouve toujours les faisceaux de licteurs dans les
armoiries de la République française.
En Italie, le fascisme tire précisément son nom des
fasces antiques, dont Mussolini reprend le symbole.
Apanage des rois étrusques, la sella curulis (chaise
curule), sans dossier ni accoudoir, pouvait être
placée sur leur char (currus), ce qui expliquerait
son appellation (curulis), également rapprochée de
l’adjectif curvus (recourbé, plié).
© Magnard, 2011 – Latin 4e – Livre du professeur
Seuls ont le droit d’utiliser la sella curulis en public :
– les magistrats possédant l’imperium (cités ci-dessus) ;
– les censeurs ;
– les édiles dits « curules », ainsi distingués des édiles
« plébéiens » (qui n’ont droit qu’à un tabouret) ;
– le flamine de Jupiter (flamen dialis, manuel, p. 136).
De manière générale, il est important de montrer
combien les Romains sont attachés aux « insignes »
qui marquent le pouvoir, à titre public comme à
titre privé (le pater familias). Ils accordent en effet le
plus grand respect à ceux qui incarnent la majestas
dans leur société fortement hiérarchisée : tout ce qui
littéralement fait paraître « plus grand » (major) rend
nécessairement plus digne (dignus) d’être honoré.
Prolongement
7 Il est fondamental de faire comprendre aux élèves,
en se fondant sur l’extrait de Tite-Live, les mesures
essentielles qui distinguent par principe le système
républicain du système monarchique : d’une part la
division du pouvoir souverain en deux (imperium
duplex) pour éviter la concentration de celui-ci par
un seul homme (système des deux consuls) ; d’autre
part la limitation du pouvoir par l’instauration d’une
durée annuelle (annuum) du mandat.
Non seulement ces principes, destinés à empêcher la
tentation du pouvoir personnel, perdureront tout au
long de la période républicaine, jusqu’au principat
d’Auguste (27 avant J.-C.), mais encore ils inspireront
la réflexion de tous les théoriciens modernes sur le
fonctionnement des institutions.
• Activités B2i : préparer une fiche illustrée
On peut travailler sur l’épisode de Brutus faisant
exécuter ses propres fils en s’appuyant sur le texte
de Tite-Live et sur le tableau que David en a tiré
(Jacques-Louis David, Les licteurs rap­portent à
Brutus les corps de ses fils, 1789, Musée du Louvre).
Les consuls ordonnent aux licteurs de commencer
l’exécution ; aussitôt ceux-ci dépouillent les
coupables de leurs vêtements, les frappent de verges,
et leur tranchent la tête ; pendant tout ce temps, les
regards des spectateurs étaient fixés sur le père.
Tite-Live, Histoire romaine, II, V, 8.
• Corrigé des questions
1 Trois rois étrusques ont régné sur Rome : Tarquin
l’Ancien (616 à 578 avant J.-C.) ; Servius Tullius (578 à
534 avant J.-C.) ; Tarquin le Superbe (534 à 509 avant
J.-C.).
2 Le pater familias est le « père de la famille » dont
il est le chef (il est le représentant le plus âgé de
la branche de la gens à laquelle il appartient). Son
autorité sur sa familia est absolue (manuel de 5e,
pp. 46 et 51).
3 Sur la plaque de terre cuite (Cerveteri, nécropole
de la Banditaccia, troisème quart du vie siècle
avant J.-C.), dite « Campana », on observe deux
personnages (sans doute des magistrats), chacun
assis sur une sella curulis et portant des mullei calcei.
On remarque aussi leur manteau pourpre.
1 L’héritage étrusque
Il s’agit ici de passer en revue les principaux aspects
de cet héritage, avant de les reprendre au fil des
chapitres, par exemple :
– l’urbanisme : Cloaca maxima, Grand Cirque, Mur dit
servien (manuel, p. 9), Forum (chapitre 5) ;
– l’habitat : la domus avec atrium ;
– la culture : l’alphabet, les spectacles et les jeux
(chapitres 8, 9 et 10) ;
– la religion : les temples, les rites et cultes (chapitres
14, 15 et 16) ;
– la vision de l’au-delà : les Enfers (chapitres 17 et 18).
Pour l’apport « savant », voir les publications de
Dominique Briquel, grand spécialiste du monde
étrusque, dont on peut consulter l’article « Rome
comme ville étrusque » (in Roma illustrata, P. Fleury,
O. Desbordes, dir., Caen, PUC, 2008, pp. 63-84).
2 La toge
On se reportera au manuel de 5e (p. 59) ainsi qu’à
la ressource numérique (avec calque expliquant le
drapé de la toge) consacrée à la statue du patricien
romain (dite Togatus Barberini), p. 45. On pourra
aussi observer la statue du notable d’origine
étrusque Aulus Metellus (manuel, p. 25) avec l’aide
des informations données dans le « Gros plan sur… ».
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4 Jules César est accompagné de ses licteurs
(lictores) qui portent les faisceaux (fasces) avec la
hache (securis).
5 Il est vêtu d’une toge pourpre (à rapprocher du
manteau des magistrats étrusques sur la plaque de
terre cuite), insigne de la majestas de sa charge de
consul.
6 On reconnaît les faisceaux portés par le licteur.
Compétences
– retrouver des informations culturelles déjà connues
– comprendre un vocabulaire spécifique
– avoir des connaissances et des repères relevant de
la culture civique (Socle commun, C5)
– comprendre les principes d’un État de droit, le fonc­
tionnement des institutions (Socle commun, C6)
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