T O IT T E RRASS E L’ ESP A CE RE T ROUVÉ édition 2012 c o o r d i n at i o n éditoriale Maylis Gaillard Journaliste et responsable de projets éditoriaux au sein de l’Atelier Large Design (Chévara) elle est spécialiste des énergies renouvelables et du développement durable, qu’elle aborde régulièrement sous l’angle de l’architecture et de la construction. www.atelier-large.com Conseil technique Bastien Cany Journaliste chez Pyc Édition et rédacteur en chef de la revue Étanchéité.info. www.etancheite-info.fr textes Emmanuelle Jeanson et Guillaume Maincent, journalistes. images Laurent Blossier, photographe spécialisé dans la prise de vue de bâtiment et d’architecture. dessins techniques Laurent Stefano, infographiste. TOI TTERR A S S E L’E SPA C E RE TR OUVÉ édition 2012 Le mot du président p. 04 La nouvelle vie des toits p. 06 01 Toitures-terrasses p h o t o v o lta ï q u e s Un immeuble à énergie positive, à Meudon (92) p. 09 02 Toiture gazon Château ducal, à Caen (14) p. 17 03 T o i t u r e av e c piscine et jardin Maison individuelle, à Saint-Cyr-sur-Mer (83) p. 25 04 T o i t u r e v é g é ta l i s é e Quatre séries de maisons mitoyennes, à Blagnac (31) p. 33 2 05 Terrain de sport aménagé en toiture Terrain de football, à Courbevoie (92) p. 41 06 Toit réfléchissant et m e m b r a n e p h o t o v o lta ï q u e Le restaurant Le Bec, à Lyon (69) p. 49 07 T o i t u r e v é g é ta l i s é e Hall 7 du Parc des expositions, à Villepinte (93) p. 57 08 D i g u e f l o tta n t e et contre-jetée Port Hercule à Monaco p. 65 Documents de référence p. 72 Missions & publications p. 74 3 Les mille et une terrasses de l’étanchéité Forte du bon accueil du premier opus « Toit-terrasse, l’espace retrouvé » publié en 2010, la Chambre syndicale française de l’étanchéité a souhaité réitérer l’exercice avec cette nouvelle édition. Ce sont huit références qui viennent illustrer le propos, de façon plus pertinente que jamais. En effet, ces huit réalisations couvrent des domaines très variés : un restaurant, une digue flottante, un hall d’exposition, un terrain de football, un immeuble de bureaux, un ensemble de bâtiments d’habitation, un musée ou bien encore une maison individuelle. Autant de destinations et autant de problématiques à prendre en compte pour apporter des réponses techniques, environnementales, esthétiques ou encore économiques, en neuf comme en rénovation Pour chacune de ces huit aventures, à chaque fois, une réponse pointue en termes d’étanchéité a été apportée. C’est pour cela que, à l’instar de la première édition, ce nouvel ouvrage comporte, pour chaque projet, une double page détaillant les solutions techniques trouvées. Il fait également la part belle aux photos, à la présentation des réalisations et aux témoignages des maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre pour que le lecteur, au gré de pages plus nombreuses, puisse mieux appréhender chaque construction dans sa singularité. 4 Telle est l’ambition de cet ouvrage : montrer de façon pragmatique, en s’appuyant sur des réalisations concrètes, que l’étanchéité du XXIe siècle accompagne les concepteurs afin que le toit-terrasse ait une véritable fonction et ne se réduise pas à une simple protection – ce qui constitue cependant toujours sa mission fondamentale. L’étanchéité d’aujourd’hui apporte bien une valeur ajoutée indéniable en libérant un espace pour les personnes, en permettant la production d’énergie ou la rétention d’eau, en participant à la création d’un biotope, en optimisant les performances énergétiques du bâtiment. Et ce, que le projet soit économique ou fastueux. Toutes ces réalisations n’auraient pu se faire sans le talent des concepteurs mais aussi sans la qualité d’intervention des compagnons, notamment dans le domaine de l’étanchéité. Ces derniers sont membres d’une profession structurée, organisée, sur laquelle maîtres d’ouvrage et maîtres d’œuvre peuvent s’appuyer pour développer leurs projets. C’est en travaillant ensemble et en amont que les idées les plus audacieuses pourront prendre corps et que l’on pourra utiliser toujours davantage le toit-terrasse et son espace retrouvé. Bonne lecture ! Jean Passini Président de la Chambre syndicale française de l’étanchéité 5 La nouvelle vie des toits Longtemps assigné à un simple rôle de couverture, le toit-terrasse acquiert au fil des ans de nouveaux usages : producteur d’électricité, surface végétalisée... L’étape suivante, que nous sommes en train de franchir, est qu’il devienne un véritable espace à vivre. Longtemps abandonnés aux antennes et autres équipements de ventilation, chauffage, climatisation…, les toitsterrasses reçoivent depuis le début des années quatre-vingt-dix des équipements de production énergétique. Ils accueillent aussi de plus en plus fréquemment de la végétation, participant ainsi à la gestion des eaux pluviales et à la thermique du bâtiment, offrant par la même occasion un espace vert favorisant la biodiversité. Quelques voisins chanceux profitent de la vue d’un carré de verdure, mais rares sont les accès à ces îlots de nature. Une nouvelle vision des toits Grâce au travail des architectes, urbanistes et étancheurs, le toitterrasse peut pourtant devenir le lieu privilégié d’activités humaines diverses. L’idée est d’exploiter cet 6 espace pour en faire un lieu de vie à usage récréatif : jardins, espaces sportifs, magasins, lieux de détente, d’échanges, d’évasion... Sous la pression urbaine, le bâtiment multi-usages a de l’avenir. Un jardin partagé suspendu Le jardin partagé a vocation à créer du lien avec la nature, qui se fait rare au cœur des villes. Faute d’espaces libres au sol, les jardins partagés se perchent. Ils se développent dans l’habitat social notamment, ou encore sur des bâtiments publics, comme celui qui couronne depuis 2009 le gymnase des Vignoles, construit dans le XXe arrondissement de Paris. Conçus et aménagés par la Ville de Paris, 800 m2 de terrasse plantée ont été ouverts aux riverains, sous la houlette d’une association d’insertion. Accessible par un escalier extérieur et un ascenseur pour les personnes à mobilité réduite, ce jardin solidaire, ouvert à tous, permet de mener des projets d’insertion, ou simplement de se promener. On s’assoit aux terrasses aménagées ici et là. Des enfants viennent y jouer ou jardiner ; une école voisine a construit un projet pédagogique en lien avec ce jardin suspendu. On souffle ou on s’active selon l’humeur du moment ! Une serre sur le toit La voie des cultures en toiture est ouverte, comme le montre une serre de plus de 3 000 m2, érigée en haut d’un bâtiment industriel de Montréal. Depuis avril 2011, la ferme Lufa commercialise quotidiennement jusqu’à 800 kg de fruits et légumes. Cette production hors-sol est obtenue dans les conditions les moins consommatrices possibles d’eau (la pluie est récupérée) et d’énergie. Elle connecte en direct producteurs et consommateurs et la serre, en isolant le bâtiment, réduit de 20 % les coûts de chauffage et de climatisation. Des ruches, installées dans la serre, assurent la pollinisation des plantes par les abeilles. Autre exemple, aux États-Unis, au sud de New York, une entreprise propose aux centres commerciaux d’installer une production maraîchère en toiture, pour garnir les rayons juste en-dessous… Se dépenser en prenant de la hauteur Les espaces en toiture dédiés au sport ne sont pas non plus un concept récent mais le potentiel est encore bien peu exploité. Le citadin aspire à des activités sportives à proximité de son lieu de vie ou de travail. Or celles-ci, réclamant de l’espace, se trouvent souvent excentrées et il devient ardu de créer de nouveaux équipements. Les Japonais construisent depuis déjà longtemps des “practices” de golf et des piscines sur les toits de leurs immeubles. Les exemples ne manquent pas non plus en France. Ainsi à Nice, en 2003, la municipalité a trouvé un compromis astucieux : elle a cédé une friche industrielle pour la construction d’un centre commercial sur le toit duquel ont été implantés 8 000 m2 de terrains de football, de basket et de volley. Le toit, prolongement de la rue Des pays confrontés de façon aigüe à la problématique de densité urbaine se sont lancés avec audace dans l’optimisation de l’espace. Les Pays-Bas, notamment, se montrent créatifs en la matière : commerces ou logements installés sur des toits de bâtiments administratifs ou sur des immeubles d’habitation, comme les trois “maisons bleues” de Rotterdam, construites sur le toit d’un immeuble dans un quartier classé au Patrimoine mondial de l’Unesco. Autant de sujets qui pourront alimenter de prochaines éditions de la collection “Toits-terrasses, l’espace retrouvé”. 7 01 T o i t u r e s - t e r r a s s e s p h o t o v o lta ï q u e s Un i m m eu b le à é n er g i e posi t i ve, à Meud o n 8 Une énergie positive sur la forêt de Meudon Situé entre la forêt de Meudon et la zone commerciale de Vélizy 2, le Green Office® déploie des panneaux photovoltaïques en toiture, en façade et en parking. Ce bâtiment à énergie positive met en œuvre des systèmes d’étanchéité exigeants pour éviter toute perte thermique. Le promoteur Bouygues Immobilier souhaitait bâtir, à côté des bureaux de Bouygues Telecom, un immeuble de haute qualité environnementale. Le souci d’écologie allait jusqu’aux dalles en bois, devant provenir de forêts gérées durablement. Mais il est allé plus loin que la simple démarche HQE® en réalisant un bâtiment à énergie positive et a trouvé un locataire qui souhaitait l’occuper en totalité : le critère de performance énergétique a séduit une entreprise de services informatiques. OBJEC T IF Pour honorer son statut de bâtiment à énergie positive, le Green Office® joue sur deux axes : réduction de la consommation d’énergie, grâce à une excellente isolation et production massive d’énergie thermique et électrique sur place. Au bout du compte, les occupants des 23 300 m2 SHON produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment. La chaleur est fournie par une chaudière à huile végétale qui fonctionne en cogénération : elle produit du chauffage (pour les locaux et l’eau chaude du restaurant d’entreprise, avec un stockage tampon pour la nuit) et de l’électricité. À l’extérieur, 4 200 m2 de panneaux photovoltaïques complètent cette production de courant avec 453 000 kWh prévisionnels par an, vendus à EDF sous le régime de l’obligation d’achat, au tarif qui précédait le moratoire gouvernemental de l’hiver 2010-2011. CHALLENGE Partant du principe que le meilleur kilowattCON T E X T E Lieu Meudon (92) livraison Juillet 2011 intervenants Maîtrise d’ouvrage Bouygues Immobilier Maîtrise d’œuvre Ateliers 115 Architectes Projet exemplaire et avant-gardiste, le Green Office® de Meudon est appelé à devenir l’immeuble de bureaux de référence en matière d’économies d’énergie et de développement durable dans le tertiaire. www.green-office.fr 9 Io n E n escu , architecte au sein de l’atelier 115 Architectes « Green Office® est une expérience passionnante : atteindre l’équilibre énergétique pour un immeuble tertiaire de cette envergure représente non seulement un objectif ambitieux, mais aussi une première en France. » heure est celui que l’on ne consomme pas, un bâtiment à énergie positive est un bunker énergétique qui doit minimiser les déperditions. Bouygues Immobilier a fixé la barre très haut, imposant 6,9 m2.K/W de résistance thermique. De ce fait, la société titulaire du lot étanchéité devait isoler tous les points singuliers susceptibles de créer un pont thermique : édicules, jonctions de façade, lanterneaux de désenfumage. Au plus fort des travaux, qui lui ont pris un an, l’entreprise a dépêché une douzaine d’hommes en toiture, et une vingtaine en façade. SOLU T IONS La prestation s’est divisée en deux lots : les travaux verticaux, qui ont fait davantage intervenir les composants métalliques, et les travaux horizontaux, qui comprenaient aussi des terrasses végétalisées. L’entreprise s’est chargée elle-même de la pose des panneaux solaires, utilisant des platines métalliques moins onéreuses que les plots en béton. Les platines, collées, ne portent pas atteinte à l’étanchéité. En surface horizontale, le procédé met en œuvre deux couches : une mousse polyuréthane classique, recouverte d’un isolant en perlite et mousse phénolique. Cette deuxième couche permet de faire barrière à l’asphalte, qui ne peut être coulé directement sur la mousse polyuréthane sous peine de choc thermique et de tuilage. Les jonctions terrasse-façade reprennent ces deux couches en 16 + 8 cm, de quoi garantir 6,05 m2.K/W de résistance thermique. Les relevés ont reçu une finition aluminium, avec, en contre-façade, une isolation qui permet de garantir une résistance thermique de 3,05. Les surfaces végétalisées, qui abritent un restaurant inter-entreprises, ont reçu des rouleaux de sedums déroulés sur une couche drainante et un filtre. Une touche de vert qui fait écho à la forêt toute proche. 10 questions à Alexandre Cartier, directeur technique de Bouygues Immobilier Comment est né ce projet ? Nous souhaitions au départ bâtir un bâtiment exemplaire au plan énergétique et, le projet avançant, nous avons décidé d’aller plus loin en réalisant un bâtiment à énergie positive. Le défi était intéressant à relever, et le fait d’être pionnier en la matière nous a motivés. Le critère énergétique a séduit une entreprise de service informatique, qui est devenue locataire du lieu. Pourquoi le photovoltaïque ? Parce que nous pouvions faire d’une pierre, deux coups, en utilisant le moindre mètre carré disponible : toitures, bardages en façade, ombrières de parking, allèges, verrières et brise-soleil sont couverts de silicium, soit 4 200 m2 pour 611 kWc. Comptez-vous rééditer l’opération ? Oui, en tant que promoteur, nous avons des projets de cet ordre à Nanterre, Rueil-Malmaison et Lyon. Cet immeuble a dix ans d’avance sur la réglementation : en 2020, l’Europe imposera à toute construction neuve d’être à énergie positive. N Plan de la toiture 4m 11 4 Modules photovoltaïques, placés en série sur l’une des toitures-terrasses. 5 Au total, 2 800 panneaux ont pris place, en terrasse, en verrière ou en façade. 1 Alternance de dalles de bois et de modules photovoltaïques. 2 Bordure d’une des terrasses végétalisées. 3 Terrasse végétalisée, constituée de rouleaux de sedums ; en haut de la photo, la verrière photovoltaïque. 2 12 1 3 4 5 13 Couvrir et produire Cet immeuble nouvelle génération se caractérise par ses toitures-terrasses multifonctions – surfaces végétalisées, terrasses dallées de bois, panneaux photovoltaïques – pour lesquelles l’étancheur a dû adapter son intervention. Les divers emplacements possibles pour les panneaux sur le toit ont été hiérarchisés afin de favoriser la production d’électricité. Plan de la toiture 14 1 2 4 3 5 6 7 8 Détail terrasse photovoltaïque 1 Panneau photovoltaïque sur platine métallique 2 Dallette béton posée sur non-tissé 3 Étanchéité asphalte gravillonné 4 Feuille de bitume élastomère 5 Isolant 6 cm 6 Isolant 12 cm 7 Pare-vapeur 8 Support béton 15 02 Toiture gazon Châ teau Ducal , à C aen 16 Un talus engazonné à la conquête du passé Adossé aux remparts du château ducal de Caen, un talus pentu abrite une extension du musée de Normandie. Et offre une vie souterraine à la butte d’artillerie qui s’y trouvait au XVIe siècle, en conservant son aspect végétalisé. Construit en 1060 par Guillaume le Conquérant, le château ducal, qui accueille le musée de Normandie, a fait l’objet d’un programme de restauration sur ses cinq hectares. Alors qu’ils réfléchissaient à une nouvelle muséographie, la Ville et son cabinet d’architectes ont eu l’idée de dégager 1 200 m2 de salles d’exposition supplémentaires en valorisant une ancienne butte d’artillerie, laissée à l’abandon à flanc de rempart. Une butte qui offrait de beaux volumes, mais dormait sous les ronces. OBJEC T IF En lieu et place de l’ancestral amas de terre a donc été aménagé un polygone surprenant, maintenu par une charpente métallique prenant appui sur le rempart. Au sommet de l’ouvrage, une longue verrière ménageant un vide entre le rempart et le haut du talus laisse pénétrer la lumière dans les salles du musée sous-jacent et met en valeur le parement intérieur du rempart. Le visiteur a réellement la sensation que le bâtiment renoue avec son histoire. Plus qu’un défi d’architecte, il s’agissait de retrouver une cohérence historique tout en alliant le nouveau avec l’ancien. CHALLENGE Qui dit cohérence historique, dit respect de la géométrie des lieux. Or une butte d’artillerie est par nature inclinée : généralisé au XVIe siècle lorsqu’apparurent les canons, l’ouvrage servait à consolider les remparts de l’intérieur et à faire monter les pièces d’artillerie. De plus, sa configuration laisse place à la végétation. Le défi CON T E X T E Lieu Caen (Calvados) livraison Mai 2008 intervenants Maîtrise d’ouvrage Ville de Caen Maîtrise d’œuvre Millet Chiloux et associés Les talus végétalisés abritant 1 200 m2 de salles d’exposition du musée de Normandie sont parcourus par une allée ouverte à la promenade, ce qui en fait un musée vivant. 17 Patr i ce Bo n aparte , directeur des bâtiments communaux de la ville de Caen « Plus qu’un défi d’architecte, il s’agissait de retrouver une cohérence historique, tout en alliant le nouveau avec l’ancien. Avec un travail à réaliser la fois en surface et sous la butte. » posé à l’entreprise d’étanchéité était donc de réaliser une couverture qui concilie solidité et étanchéité, inclinaison et végétalisation. Le tout, sans multiplier les points de contact avec la muraille, monument classé, et sans alourdir outre mesure la structure. Le même défi était imposé pour le lot toiture : avec de telles pentes, impossible de couler le béton directement sur le plancher. Il a donc fallu le couler dans des bacs en acier posés à l’horizontale, lesquels, une fois secs, ont été fixés ensuite à la charpente avant d’être liés les uns aux autres par un clavetage en béton. S o l u t i o n s L’étancheur a exclu d’emblée la terre végétale, qui aurait été trop lourde pour la structure. Ont été alors déroulés des rouleaux de gazon précultivé (des micromottes pour la face nord) sur un substrat à base d’agrégats volcaniques de 270 mm d’épaisseur, reposant lui-même sur une membrane de drainage. Afin d’éviter que tout cela ne s’éboule au pied de pentes atteignant par endroits 50° d’inclinaison, l’entreprise a imaginé un système de retenue en escalier, conçu avec le fournisseur de rouleaux précultivés : sous le substrat, elle a parsemé le toit de cornières en aluminium, disposées en quinconce et reliées entre elles par des câbles en inox. Ces câbles sont eux-mêmes fixés à la charpente au niveau de plots en béton affleurants. Ainsi, le substrat supportant la pelouse est maintenu. Dessous, a été préalablement disposé un complexe d’étanchéité comprenant un pare-vapeur en bitume élastomère, des panneaux peu compressibles de perlite cellulose et un complexe bitumineux bicouche. De l’avis de tous, cette réalisation est un succès. Le procédé inspire tant qu’aujourd’hui, tous les fournisseurs inscrivent le végétalisé en pente à leur catalogue. 18 questions à Fabrice Fleury, responsable du service travaux neufs à la mairie de Caen Quelles étaient les spécificités de ce chantier ? Il s’agissait de profiter de l’existence d’une butte d’artillerie en friche, adossée aux remparts du château, pour y “creuser” une extension du musée qui en conserverait le caractère végétal. Le projet s’annonçait compliqué puisqu’une butte d’artillerie est par nature inclinée… Avez-vous rencontré des difficultés ? Oui, on ne s’attendait pas à trouver, enfouis, une maison du XIVe siècle et les restes d’une forge ! Il a fallu modifier les marchés publics pour permettre leur conservation dans le musée même. De plus, les Monuments historiques nous ont imposé une contrainte de réversibilité : il faut pouvoir “démonter” le musée pour restituer le site d’origine, aussi n’a-t-on pas engravé la construction dans la muraille. Êtes-vous satisfait de ce projet ? Je pense qu’au niveau esthétique, c’est réussi. Le seul inconvénient est que les talus attirent les promeneurs, or il ne faut pas trop marcher dessus sous peine de dégrader le système de végétalisation. N Plan de la toiture 10 m 19 3 Le talus a été engazonné à l’aide de rouleaux précultivés. 4 L’un des accès au musée,sous le talus. 5 Un des bâtiments du château. 6 Entrée principale du musée. 1 Façade nord. 2 Entre le talus et le rempart, une verrière laisse pénétrer la lumière à l’intérieur du musée, 1 20 2 3 4 5 6 21 Abriter et renouer avec l’histoire La géométrie des lieux et le souci de cohérence historique ont poussé le maître d’œuvre à concevoir des talus pentus en guise de toit du musée. Pour l’étancheur, il s’agissait d’allier étanchéité, solidité et végétalisation avec les différentes inclinaisons rencontrées. Un système de retenue en escalier du substrat a été réalisé. Coupe transversale 1 Talus engazonné 2 Musée 1 2 Coupe longitudinale 1 Mur du rempart 2 Talus engazonné 3 Musée 1 2 3 22 1 2 3 4 5 6 7 8 Détail talus 1 1 Mur en pierre du rempart 2 Dalle bois 3 Costière métallique 4 Substrat (260 mm) 5 Étanchéité bicouche élastomère 6 Isolant 7 Pare-vapeur 8 Dalle béton 1 4 2 3 5 6 7 89 10 11 Détail talus 2 1 Verrière 2 Dalle bois 3 Poutre 4 Substrat 5 Câble inox 6 Planche 7 Étanchéité bicouche élastomère 8 Isolant 9 Pare-vapeur 10Dalle béton 11 Charpente 23 03 T o i t u r e av e c p i s c i n e e t j a r d i n Mai so n i n di v i d uelle, à S a i nt -C y r -sur-Mer 24 Baignade sur un toit perché Bel exploit technique que cette piscine à débordement et ce jardin, perchés sur le toit d’une villa. Ou comment nager au-dessus de son salon, avec la mer pour seule ligne d’horizon… Maison de style provençal construite en pierre et brique dans les années cinquante, cette villa subit une mutation radicale en 2003 : l’étage est “décapité” et reçoit une extension sous la forme d’un cube en béton, coiffé d’une piscine qui occupe toute la surface du toit. L’ouvrage montre hélas rapidement des défauts d’étanchéité, au niveau des projecteurs, avec des infiltrations entre la mousse polyuréthane et la coque polyester. Des années plus tard, les nouveaux propriétaires choisissent de le modifier et font appel au concepteur d’origine. L’architecte, convaincu de la possibilité de réhabiliter la piscine, point d’orgue de son projet, les persuade de la conserver, en y apportant toutefois quelques modifications. OBJEC T IF L’idée est de réduire la surface de la piscine initiale à un tiers de la surface du toit (soit 15 x 4 m). Un jardin, une terrasse sous laquelle se cache le local technique et une douche en plein air occupent les deux tiers restants. Les 200 m2 de toit-terrasse bénéficient d’une vue imprenable sur la mer. Les choix architecturaux doivent être concrétisés dans les moindres détails et seule une mise en œuvre extrêmement rigoureuse peut concourir à la réussite de cette réhabilitation. Ainsi, aucune remontée d’étanchéité ne doit être visible... CHALLENGE Le choix de conserver la piscine à débordement multiplie les techniques à mettre en œuvre au niveau des liaisons. Les jonctions entre les différents supports sont nombreuses et délicates à réaliser : jardin/piscine, deck/ CON T E X T E Lieu Port D’Alon St-Cyr-sur-Mer (83) livraison Juillet 2009 intervenants Maîtrise d’ouvrage M. et Mme Verley Maîtrise d’œuvre MOA Architecture, Julien Monfort et Laure Pantel Bureau d’études SCEC (Société Conseil en Étanchéité et Couverture) Pour l’extension de cette villa, agrémentée d’une piscine sur le toit, l’architecte Julien Monfort a reçu en 2003 une mention au prix de la Première œuvre, au concours architecture du Moniteur. 25 L aure Pa n tel , architecte chargée de la réhabilitation « Ce chantier a exigé un fort investissement en temps, avec un dossier très complet, et des visites quotidiennes pendant cinq mois. Les différents corps de métier intervenaient simultanément ou se succédaient à un rythme rapide, avec une imbrication complexe à gérer. » piscine, deck/jardin, liaisons avec le local technique, émergence de l’escalier d’accès, conduits de cheminée, etc. L’étancheur, séduit par ce projet atypique, accepte le défi, à condition d’être soutenu par un bureau d’études techniques spécialisé. SOLU T IONS Un travail remarquable a été effectué par le métallier sur les très nombreuses jonctions, notamment au niveau des goulottes des bassins de débordement et du conduit de cheminée émergeant dans les bassins et qu’il a fallu contourner. L’étanchéité, inaccessible, a été volontairement réalisée largement au-delà des normes. Après la préparation du support (parois béton grenaillées), la première phase a consisté en la pose d’un pare-vapeur sur la dalle béton et de panneaux incompressibles de verre cellulaire collés au bitume à chaud (sous 1,70 m d’eau, l’isolation thermique est assurée). Cette première phase sécurise l’ouvrage. La seconde phase a, quant à elle, nécessité une adaptation permanente. Après un surfaçage de bitume à raison de 3 kg/m2, une double couche d’étanchéité “monocouche” a été appliquée. Le local technique situé sous le deck a demandé lui aussi des dispositions particulières, au niveau des projecteurs et des évacuations des buses. Les parties sous jardin sont à demi remplies de blocs de polystyrène expansé afin d’alléger le dispositif et de ménager l’étanchéité. Les blocs sont recouverts d’une couche drainante et d’une couche filtrante. Le jardin, planté de gazon et de diverses essences méditerranéennes, dont plusieurs oliviers de belle stature, bénéficie d’un arrosage automatique enterré. Ce chantier complexe a requis une grande précision et de nombreux réglages. Il n’a été rendu possible que par une démarche atypique de conception, chiffrage et réalisation simultanés, sans être limité par un budget arrêté au départ. 26 questions à Patrice Triffault, ingénieur-consultant en étanchéité À quel stade du projet êtes-vous intervenu ? Dès le début, le propriétaire a souhaité qu’un tiers apporte son expertise et intervienne. L’idée était de respecter la volonté de l’architecte tout en restant intransigeant sur les points délicats, de façon à ne pas prendre de risques inconsidérés. Quel a été votre rôle ? J’ai été présent tout au long de la phase de conception-réalisation, qui a été assez animée. J’ai servi d’arbitre entre l’architecte et les entreprises, et d’intermédiaire entre les différentes parties. Il a parfois fallu trouver des solutions techniques inédites pour satisfaire tout le monde ! Que retirez-vous de cette expérience ? C’est un chantier hors normes. L’architecte a établi un carnet d’étanchéité en trois dimensions, afin de visualiser le travail à réaliser ; c’était une première très intéressante. n Jardin Deck Piscine Plan de la toiture 1m 27 1 Vue générale de la maison. 2 La piscine arrive au bord du toit. 3 Trappe d’ouverture du local technique. 4 Bac inox recueillant l’eau de débordement. 5 Deck et piscine semblent se prolonger jusqu’à la mer. 6 Détail, bord du deck. 7 Bassin de débordement, côté jardin. 1 2 28 3 4 5 6 7 29 Vivre sous une piscine en toute sécurité La piscine occupe un tiers des 200 m2 de toitureterrasse, le restant se partage entre un deck recouvert de bois et un jardin accueillant notamment des oliviers. Soit trois fonctions différentes, ayant chacune ses particularités relatives à l’étanchéité. Coupe transversale 1 Jardin 2 Local technique 3 Bassin 4 R + 1 5 RdC 1 4 5 30 2 3 4 1 5 6 7 8 9 10 2 Coupe jonction bassin / jardin 1Goulotte, bassin de débordement 2Fourreau inox et tube PVC (aspiration piscine) 3Galets 4Bande résiliente type néoprène 5Étanchéité bicouche élastomère 6 Terre 7 Complexe drainant 8 Isolant 9 Feuille PVC 10Support béton 3 31 04 T o i t u r e v é g é ta l i s é e Quatre sér i es de ma i so n s m i toy enn es , à Bla gn ac 32 Palette de textures en toiture L’architecture de cet ensemble de bâtiments d’habitation à l’allure industrielle privilégie la vie au cœur de l’ensemble de maisons, avec une présence végétale à différents niveaux : dans le patio et sur les toits-terrasses. Cet ensemble de bâtiments, peu ouvert sur l’extérieur, porte bien son nom : “Le grand patio”, conçu comme un havre de tranquillité pour ses quelque 500 habitants. Situé au nord-ouest de la ville rose, il est l’un des premiers projets de ce nouveau quartier du Grand Toulouse. Son aspect industriel se fond dans le style des bâtiments récents de la ZAC Andromède, en cours de construction et édifiée dans la continuation d’Aéroconstellation, zone d’assemblage de l’A380. OBJEC T IF La spécificité de ce projet résidait dans la volonté de proposer une vraie mixité des typologies de logements, des surfaces d’habitation et des offres de prix. Le résultat, bien abouti, est un exemple rare parmi les programmes de cette taille (120 logements). L’ensemble est ainsi formé de 36 maisons de 2 à 5 pièces, pour certaines mitoyennes munies de places de parking en sous-sol, ou abritant des duplex ou triplex avec garage individuel, ainsi que de deux immeubles collectifs. L’un abrite des logements sociaux et l’autre des appartements en accession à la propriété. Ces différents bâtiments possèdent tous des toits-terrasses à pente de 3 %, qui reçoivent selon les cas une finition bitumineuse autoprotégée, une finition en gravillons ou une végétalisation. L’étanchéité du parvis, sur sous-sol abritant des parkings, devait être traitée avec autant de soin. CHALLENGE Pour des raisons de thermique, d’acoustique, de sécurité et de pérennité, la structure en béton était nécesCON T E X T E Lieu Blagnac (31) livraison 2009 intervenants Maîtrise d’ouvrage Icade Promotion Logement Maîtrise d’œuvre Puig Pujol Architectures Certifié Habitat et Environnement, ce projet présentait des exigences environnementales assez poussées. Les terrasses végétalisées sont un élément de réponse. 33 L aure n t N i colas , directeur régional d’Icade Promotion Logement « Les toitures végétalisées comptent dans la relation de nos clients avec le bâti. L’entretien, et notamment l’eau qu’elles requièrent, dépend du choix de la copropriété. Les charges induites sont réparties entre les habitants. Un système de récupération des eaux de pluie pourrait les limiter et faire entrer les TTV dans un cycle plus vertueux, ce serait à étudier pour aller plus loin. » saire dans les immeubles, de 2 à 4 étages. Pour les maisons, une structure bois a été retenue afin d’optimiser les coûts, tout en obtenant une bonne qualité d’isolation thermique. Le montage dans cet espace a été rapide. SOLU T IONS Les toits des immeubles et des maisons donnant sur la rue sont dotés d’un revêtement d’étanchéité bi-couche mixte apparent à base de feuilles bitumées. La couche supérieure est autoprotégée par une feuille métallique. Les quatre bandes parallèles de maisons mitoyennes disposent d’un toit végétalisé. Le tapis végétal ras à dominante de sedum et mousses, passant du vert printanier au rouge en période de sécheresse, protège l’étanchéité. L’ensemble totalise 587 m2 de TTV, y compris les bandes stériles en gravillons créées au pourtour de la zone végétalisée et autour de chaque sortie de toit. D’autres maisons portent en toit-terrasse 5 cm de gravillons protégeant une étanchéité bicouche, sur laquelle sont posés un résilient en polystyrène extrudé et quatre plots béton supportant un panneau solaire thermique. Elles possèdent en outre une extension dont le toit, à la finition bitume, rappelle ceux des immeubles. Leurs garages présentent des toits revêtus de gravillons, répondant aux zones garnies de galets de la dalle béton du patio. L’étanchéité de la dalle est constituée d’un complexe unique multifonctions. Elle comporte de vastes bacs végétalisés et des zones de galets pour la récupération des eaux pluviales et la séparation des maisons. Toutes les maisons disposent de jardins. L’ensemble forme un jeu varié de couleurs et d’aspects, mêlant le minéral, le végétal, le béton et le métal. 34 questions à Jean Manuel Puig, architecte, Puig Pujol Architectures À quels impératifs répond ce concept de « patio » ? n Conçu comme une bastide, cet ensemble privilégie la vie à l’intérieur, dans un espace de rencontres et de jeux qui a été très travaillé. Une rue intérieure dessert les entrées des logements. Et le choix des divers types d’étanchéité ? Il résulte à la fois de la position des toitures et d’un arbitrage économique. Les terrasses visibles des appartements ont été végétalisées pour soigner la vue de cette 5e façade. Elles participent de la pénétration du végétal et de l’esthétique. La toiture végétalisée est-elle un parti pris ? Plan masse Depuis dix ans, notre agence y a recours assez souvent, dans les ERP comme dans le logement, mais notre démarche environnementale n’est pas dogmatique, la végétalisation doit être justifiée. Ici, l’aménagement au sol exigeait des moyens et des réflexions poussés. Les toitures ont, elles, été hiérarchisées pour s’adapter au budget. 35 4 L a végétalisation repose sur du sedum et des mousses. 5Vue depuis le patio ; le parking est situé en-dessous de la dalle. 6Maisons individuelles dotées d’un toit bitumineux. 1-3 Bandes de maisons individuelles, toitures gravillons et panneaux solaires thermiques. 2Au premier plan, l’une des toitures végétalisées. 2 2 36 1 3 4 5 6 37 Bitume, gravillons et végétalisation Outre l’aspect industriel de l’ensemble, le plus frappant dans cet ensemble d’habitations réside dans la variété du traitement des toitures-terrasses. La végétalisation a été choisie pour soigner l’apparence des toits des maisons visibles par les habitants des immeubles. Toits végétalisés T oits végétalisés tanchéité É sous gravillons tanchéité É autoprotégée olaire S thermique 2 3 Immeuble 1 4 5 6 7 8 9 Étanchéité sous gravillons Plan des toitures 1 38 Étanchéité autoprotégée Solaire thermique Détail toiture maison bois 1 Costière relevée avec équerre de renfort 2 Zone stérile gravillons 3 Semis (80 %) et plantations (20 %) 4 Substrat monocouche sur drainage 5 Étancheité bicouche 6 Isolant 7 Étanchéité 8 Support bois 9 Bardage Maisons individuelles Immeuble 2 39 05 Terrain de sport aménagé en toiture Terra in de foot ball, à C our b evoi e 40 La Défense dans la ligne de tir Gare à ne pas envoyer le ballon trop haut… La patience des usagers de ce terrain de foot avec vue imprenable a été récompensée : restaurée, la toiture de ce gymnase municipal de Courbevoie est repartie pour quelques décennies. Le stade Jean Blot a la particularité de se trouver… au-dessus du gymnase du même nom ! Construit en 1995, en plein cœur d’une commune à forte densité urbaine, ses 4 000 m2, son sol synthétique usé jusqu’à la trame, étaient bordés de caniveaux qui ne remplissaient plus ni leur rôle de maintien du revêtement, ni celui de collecte des eaux pluviales. Des infiltrations d’eau commençaient à endommager la salle de sport sous-jacente. Une vaste rénovation a été entreprise ; huit mois de travaux ont été nécessaires pour restaurer l’étanchéité de ce terrain de sport, qui est resté fermé pendant quatre ans pour réfection. OBJEC T IF Le sol de la toiture-terrasse devait être restauré pour permettre aux écoliers et membres d’associations sportives de retrouver un lieu de détente et d’activités agréable et fonctionnel. Il fallait également retrouver un rôle de couverture efficace pour les salles situées endessous. CHALLENGE Le gymnase devant rester ouvert au public pendant la durée des travaux, les intervenants ont dû tenir compte de l’occupation des salles sous-jacentes, en limitant le bruit occasionné et en décalant au besoin certaines opérations. Mais la principale difficulté de ce chantier hors normes résidait dans l’évacuation de quelque 800 m3 de déchets et dans l’approvisionnement du chantier par l’extérieur, à une hauteur équivalent à quatre étages… CON T E X T E Lieu Courbevoie (92) livraison Juin 2010 intervenants Maîtrise d’ouvrage Municipalité de Courbevoie 41 Témoignage, d’une personne des services des sports de la ville « En décembre 2009 et en février 2010, deux manifestations se sont déroulées alors que les travaux d’étanchéité puis de coulage de la dalle se poursuivaient au-dessus de la salle. » Le tout en limitant la perturbation de la circulation des rues entourant le bâtiment. Le système de caniveau initial, à double fond, s’était déformé avec le temps et ne pouvait être réutilisé. L’entreprise d’étanchéité a donc dû étudier une solution originale et garantissant l’évacuation des eaux pluviales pour le remplacer. SOLU T IONS L’étanchéité asphalte d’origine, la chape protectrice en ciment de 10 cm d’épaisseur et l’ancien revêtement ont été évacués à partir de l’été 2008, à l’aide d’une grue à bras de 55 tonnes, permettant de passer au-dessus des hauts filets de protection. Les matériaux nécessaires à la restauration ont ensuite pris le chemin inverse. La dépose du complexe a découvert une dalle en béton dont l’état était satisfaisant, et qui a été simplement décapée, puis isolée avec 60 mm d’épaisseur de mousse polyuréthane, en pose libre sur pare-vapeur, en respectant scrupuleusement le bombement initial, étudié pour faciliter l’évacuation des eaux de pluie. Une étanchéité, composée de deux couches élastomère renforcées a été posée sur un écran d’indépendance. Enfin, une couche de drainage courant jusque dans le caniveau, puis une chape de béton armé de 10 cm ont recouvert l’ensemble. Les joints de dilatation sont constitués d’une double costière en béton, dont l’étanchéité est assurée par des bandes de bitume élastomère. Un cordon de mastic souple extrudé est inséré dans la lyre. Les coffrages permettant de couler la chape en béton armé ont été installés en suivant le tracé en “S ” de ces joints au sol. Quant aux caniveaux périphériques, ils ont été modifiés, prenant désormais la forme d’un chéneau métallique doublé de profilés aluminium fixés dans la chape. Vissée dans le profilé, une tôle pince le sol souple, permettant de le fixer solidement au sol. Des caillebotis métalliques, dont le maillage est adapté aux crampons des chaussures de football, viennent se poser par-dessus. 42 questions à Bruno Pelletier, Responsable des services techniques de Courbevoie Quelle est l’origine de ce terrain de sport en toiture ? La construction de ce centre omnisports avait été programmée pour répondre à une demande toujours plus diversifiée d’activités sportives dans notre ville : une forte évolution démographique, une demande croissante des clubs, et enfin, la proximité de la Défense, qui draine une clientèle en soirée. Ce terrain à ciel ouvert répondait à la problématique de rareté des terrains disponibles. N Quels travaux avaient été prévus ? La réfection du terrain était nécessaire car la surface était très usée. Les caniveaux périphériques étaient par ailleurs déformés N par la forte tension exercée par le synthétique. Et au final ? C’est toute l’étanchéité qui a été Loir restaurée. Les travaux ont duré huit e mois, mais l’ensemble du projet a nécessité la condamnation du terrain pendant quatre ans. À présent, les activités ont repris de plus belle, à la grande satisfaction de tous. Toiture terrain de sport 20 m Plan masse 20 m 43 1 De hauts filets ont été placés sur le pourtour du terrain. 2 Jonction entre la surface synthétique et l’un des caniveaux. 3 Le terrain est situé à une hauteur équivalant à 4 étages ; il surplombe un autre terrain, au sol. 4 Sous la surface synthétique, se dissimule l’important travail de réfection qui a été réalisé. 5 À l’arrière-plan, le quartier de la Défense. 6-7 Le terrain est légèrement bombé, afin d’évacuer les eaux pluviales vers les caniveaux. 1 2 44 3 4 5 6 7 45 Couvrir et accueillir La réfection de l’étanchéité devait répondre à deux exigences : restaurer le rôle de couverture qui faisait défaut (des fuites dans les salles sous-jacentes étaient observées) et permettre la remise en service du terrain de football en pelouse synthétique, avec les contraintes d’usage que cela suppose. La dalle de béton d’origine a été décapée, isolée, étanchée, puis une chape de ciment a été coulée, séparée de la pelouse synthétique par une membrane de désolidarisation. Détail sur chéneau 1 Bande porte solin 2 Profilé en acier 3 Caillebotis en acier 4 Pelouse synthétique 5 Chape béton grillagée 6 Couche de désolidarisation 7Étancheité bicouche 8 Isolation 9Pare-vapeur 10Tasseau bois 1 2 3 2 4 5 6 7 8 9 10 1 2 3 Façade 1 Filets de protection 2 Fenêtres 3 Niveau de terrain de sport 4 Entrée 46 4 1 3 2 4 5 Détail au droit du chéneau 1 Caillebotis 2 Profilé en acier 3 Fixation mécanique 4 Chape béton 5 Couche de désolidarisation 47 06 Toit réfléchissant e t m e m b r a n e p h o t o v o lta ï q u e L e restauran t L e Bec, À Ly o n 48 Toiture solaire pour chef étoilé Situé au cœur de Lyon, cet ancien entrepôt des Salins du Midi abrite aujourd’hui le restaurant La Rue Le Bec. Les trois arches de son toit sont équipées d’une membrane réfléchissante et de modules photovoltaïques souples. L’activité du port Rambaud, construit en 1926 sur la Saône, a cessé à la fin des années quatre-vingt-dix. En 2002, en partenariat avec la SEM Lyon Confluence et la Caisse des dépôts et consignations, Voies Navigables de France, via sa filiale Rhône Saône Développement, décide de transformer le site dans le cadre du nouveau quartier Confluence. Les nouveaux docks ont vocation à accueillir des activités liées à la communication, aux médias, à l’événementiel, à l’art contemporain et aux services. Le restaurant de Nicolas Le Bec (deux étoiles au Michelin) prend place sur le quai Rambaud. OBJEC T IF Parmi les bâtiments contemporains construits sur le quai, l’œil est attiré par un ensemble étonnant : un cube orange de six étages accolé à un ancien entrepôt de sel, le bâtiment des Salins, réhabilité avec élégance afin de conserver le caractère industriel du lieu. Outre une exigence de grande qualité architecturale, le maître d’ouvrage souhaitait un ouvrage à haute performance. Le choix de capteurs photovoltaïques souples associés à un complexe d’étanchéité réfléchissant, effectué par le maître d’ouvrage délégué et promoteur, le groupe Cardinal, répondait à ces objectifs. L’aspect esthétique était essentiel puisque deux immeubles ont une vue plongeante sur les toits du restaurant. CHALLENGE Le bâtiment, en béton, est notamment remarquable par sa toiture, constituée de trois voûtes, à préserver. CON T E X T E Lieu Quai Rambaud, Lyon 2e (69) livraison Août 2009 intervenants Maîtrise d’ouvrage SCI les Salins (VNF-CDC-Groupe Cardinal) Maîtrise d’œuvre Jakob+Mac Farlane Architectes L’ancien entrepôt des Salins du Midi est l’un des trois édifices conservés dans le nouveau quartier de Lyon-Confluence, qui prolonge le centre de Lyon jusqu’à la pointe sud de la presqu’île, entre Rhône et Saône. 49 Bre n d a n Mac Farla n e , architecte « Un aspect du projet consistait à conserver le bâtiment des années trente, qui rappelle aux promeneurs le passé industriel du site. La membrane photovoltaïque s’intègre parfaitement à la forme de ses trois arches élégantes, dont l’orientation permet de produire de l’électricité, ce qui est aussi une dimension importante de l’ouvrage. » L’étanchéité d’origine était composée de brai de houille, un résidu de charbon mélangé à du bitume, classiquement rencontré sur les bâtiments de cette époque. Le pari technique était de réaliser 1400 m2 d’une étanchéité compatible avec l’ancienne, qui était très détériorée mais impossible à retirer sans arracher le support. Difficulté supplémentaire, les formes arrondies de la toiture ont obligé l’équipe d’étancheurs à utiliser des échelles souples. SOLU T IONS Une des trois arches, ayant dû être reconstruite, est constituée d’une charpente métallique et de bacs acier support d’étanchéité. Les autres sont en béton. Leur ancienne étanchéité, amiantée et plus ou moins continue, a été laissée en l’état et recouverte d’un pare-vapeur renforcé, soudé à chaud. Des plaques de laine de roche épousant la forme des arches sont fixées mécaniquement. Une première membrane d’étanchéité (feuille de bitume calandrée renforcée par un non tissé de polyester et un voile de verre), puis une membrane réfléchissante, de couleur blanche, sont soudées en plein, en prenant la précaution de ne pas monter trop haut en température afin que le refluage au niveau des joints ne déborde pas trop sur le film blanc. L’entrepreneur a travaillé au jugé, après des essais réalisés avec l’assistance technique du fabricant. Les puits de lumière, relevés, costières isolées, l’accès en toiture, les extracteurs de fumées, ont été traités classiquement. Les modules photovoltaïques souples (des cellules de silicium amorphe encapsulées) sont déroulés et collés sur un complexe d’étanchéité spécifique. L’ensemble totalise 13 kWc de puissance. 50 questions à Jean-Paul Viossat, directeur de Rhône Saône Développement Comment est né ce projet ? Rhône Saône Développement est une filiale qui gère le patrimoine foncier et immobilier de Voies Navigables de France. À ce titre, nous gérons la reconversion du port Rambaud. Le projet, qui englobe l’entrepôt et le Cube Orange, a été voulu dans un esprit de haute qualité environnementale. Pourquoi avoir conservé ce bâtiment parmi des constructions neuves ? Les Salins et, à proximité, l’ancien bâtiment des douanes et un ancien entrepôt à sucre, sont les trois bâtiments existants conservés comme témoignages de l’activité portuaire du site. L’ensemble représente 65 000 m2, sur les 400 000 m2 de SHON de la première phase de Lyon Confluence. Pourquoi un restaurant dans ce lieu ? Le quartier de la Confluence se veut un quartier mixte dans ses fonctions : économiques, culturelles, de loisirs et de logements. Trois restaurants ont été créés sur ce site remarquable, en bord de Saône. Le chef Nicolas Le Bec a fait de La Rue Le Bec un établissement de grande qualité et accessible à beaucoup. n Plan masse 25 m 51 25 m 1 Des garde-corps ont été placés sur la périphérie de la toiture. 2 Le bâtiment est situé sur la rive de la Saône. 3 Les verrières apportent lumière naturelle au restaurant. 4 La souplesse des membranes photovoltaïques a permis d’épouser parfaitement la courbure de la toiture. 5 Jeu de perspectives et de couleurs en toiture… 1 52 2 3 4 4 5 53 Rénover et renouveler L’étancheur a dû procéder à deux types d’intervention. L’une sur une charpente métallique neuve supportant des bacs acier (arche nord) ; l’autre (pour les deux autres arches), sur une ossature béton munie d’une étanchéité existante (brai de houille), abîmée mais impossible à retirer. L’étanchéité existante a été recouverte d’un pare-vapeur renforcé soudé à chaud, puis les mêmes produits et techniques ont été utilisés. Plan de la toiture Modules photovoltaïques Verrières en polycarbonate 54 N 5m 1 Détail - jonction entre deux arches 1 Relevé sur costières métalliques faisant JD 2 Membrane réfléchissante 3 Isolant 4 Pare-vapeur 5 Ancienne étanchéité 6 Ossature béton 7 Bac acier 4 2 3 5 2 7 6 Nouvelle étanchéité Étanchéité rénovée 1 4 2 Détail - jonction arche nord et bâtiment voisin (orange) 1 Bâtiment voisin (nord) 2 Caniveau étanché 3 Ossature béton 4 Départ arche nord 5Membrane réfléchissante 5 3 1 Coupe longitudinale 1 Bâtiment voisin 2 Les trois arches du restaurant 3 Verrière puits de lumière 4 Ossature béton existante 5 Extraction restaurant 2 2 3 2 5 4 55 07 T o i t u r e v é g é ta l i s é e hall 7 d u Parc des e x pos i t i o n s, à V i llep i n te 56 Végétalisation à perte d’horizon Dans le cadre de l’extension du Parc des expositions de Paris-Nord Villepinte, le hall 7 a été doté d’une toiture largement végétalisée. Celle-ci concourt notamment au confort acoustique de ce bâtiment HQE®. Le Parc des expositions de Villepinte, créé en 1982, est en constant développement. Il évolue autour d’un concept de “fleur”, où chaque hall figure un pétale et le cœur un parvis central. Muni d’un remarquable auvent, le nouveau hall 7 concrétise la première phase de réaménagement du parvis. La dimension environnementale est au cœur de ce projet de 36 000 m2 de SHON. L’enveloppe du bâtiment est traitée avec une attention particulière, au regard du confort acoustique des usagers et de celui de l’environnement extérieur immédiat. Outre 12 000 m2 de bardage triple peau, l’entreprise d’étanchéité a pris en charge les 36 000 m2 de toiture, dont plus de 17 000 m2 végétalisés. Ce qui place cette surface parmi les plus grandes toitures végétalisées de France (néanmoins fort discrète, car invisible depuis le parvis). OBJEC T IF Astuces de conception et équipements techniques s’allient pour offrir aux visiteurs un espace à la fois pratique, confortable, esthétique et “durable”. Outre les avantages environnementaux et la protection de l’étanchéité, végétaliser la plus grande surface possible de toit concourt aux performances acoustiques et thermiques du bâtiment. CHALLENGE Le nombre conséquent de lanterneaux et de pompes à chaleur, passages de câbles et passerelles associées étaient la principale contrainte à prendre en compte dans l’agencement des zones végétalisées. Les rouleaux de végétalisation devaient également s’articuler autour d’une imCON T E X T E Lieu Villepinte (93) livraison Août 2010 intervenants Maîtrise d’ouvrage Sipac (filiale de la Chambre de commerce et d’industrie de Paris) Maîtrise d’œuvre Chaix & Morel et Associés Ce nouveau bâtiment est le premier hall d’exposition HQE® en France. 57 Do m i n i que R o b i n et, directeur général de la Sipac « Notre volonté d’intégrer le bâtiment à l’environnement répond à une demande du Conseil général et des communes alentour. La TTV, compromis le plus intelligent, s’accorde avec la pérennité du bâtiment, son confort d’utilisation et l’environnement immédiat d’une réserve ornithologique et d’espaces verts. » posante “cheminée solaire” qui amorce la convection de l’air et crée une ventilation naturelle dans le hall. SOLU T IONS Afin d’optimiser la surface végétalisée, les équipements techniques ont été regroupés en bandes, entourées de végétation. Le support, en bacs acier nervurés, est isolé avec de la laine de roche acoustique. Une étanchéité bitumineuse bicouche recouvre l’ensemble. Les zones végétalisées, séparées de leur bande stérile en gravillons par une bande pare-gravier, reposent sur un complexe antiracines. Des rouleaux précultivés de végétaux peu exigeants, de type toundra, ont été choisis pour la faible épaisseur de substrat nécessaire (40 mm), limitant ainsi la charge supportée par la charpente métallique (100 kg/m2 à saturation d’eau) et donc son dimensionnement. Les autres zones sont traitées classiquement. La surface courante a reçu une finition d’étanchéité ardoisée de 2,5 mm et les chemins de circulation (1600 m2) sont matérialisés par une couche de finition renforcée de teinte plus claire. Les 156 lanterneaux de désenfumage, les joints de dilatation, etc., étaient autant de points singuliers à traiter par l’étancheur. Les nombreux supports de gaines et de PAC impliquent également un grand nombre de plots, dotés d’un relevé d’étanchéité de 20 cm. Douze points d’eau, indispensables pour l’arrosage de la végétation, ont été eux aussi traités, avec un relevé d’étanchéité. Sans oublier la cheminée bioclimatique, en surélévation, qui court sur la longueur du bâtiment. Des chéneaux évacuent l’eau de pluie vers les zones végétalisées. Le seul chantier de toiture a demandé sept mois de travail à quinze étancheurs. 58 questions à Denis Germond, architecte associé chez Chaix & Morel et Associés Comment votre suggestion a-t-elle été reçue par le maître d’ouvrage ? Pourquoi mettre en œuvre une toiture végétalisée... dans une zone où le toit n’est pas visible ? Elle répond en partie aux cibles HQE visées par le maître d’ouvrage. La rétention d’eau réduit le risque de saturation du réseau des eaux pluviales, la biodiversité est favorisée par la restitution d’espaces naturels, et puis cette solution s’inscrit dans l’aménagement paysager global du site qui privilégie les espaces verts. Il s’est investi totalement dans ce projet mais s’interrogeait sur la détection d’éventuelles infiltrations. Or le support en bacs acier nervurés permet de suivre le cheminement de l’eau et, le cas échéant, retirer une partie de la végétation n’est pas très compliqué. Cette solution technique est-elle amenée à se développer sur ce genre de bâtiment ? Certainement. La tendance est à une gestion de plus en plus soucieuse de l’environnement. La TTV, dont l’entretien est minime, est intéressante dans ce cadre. n Hall 7 Plan masse 100 m 59 1 Entrée du hall. 2 La part de surface végétalisée a été optimisée en fonction des espaces réservés aux équipements techniques. 3 La végétalisation, de type toundra, ne demande que peu d’entretien. 4 “Cheminée” bioclimatique, qui participe à la régulation thermique du hall. 5 Il s’agit de l’une des plus vastes toitures végétalisées françaises : 17 000 m 2 . 6 Chemin d’accès aux équipements. 7 La couleur de la végétation varie au gré des saisons. 1 2 60 3 4 5 6 7 61 Protéger et améliorer le confort La toiture végétalisée présente deux fonctions principales qui justifient pleinement sa mise en œuvre. Première fonction, le rôle de protection thermique et acoustique. Les utilisateurs témoignent d’un confort inédit dans ce type de hall, qui cumule souvent bruit et chaleur. Deuxième fonction, l’intégration dans l’environnement, d’un point de vue paysager mais aussi de la biodiversité avec des plantes attirant insectes et oiseaux. Détail de façade intérieure 1 Garde-corps 2 Acrotère 3 Toiture végétalisée 4 Collecteur EP 5 Charpente acier 6 Panneaux de polycarbonate 7Issue de secours 1 2 3 5 4 6 7 Coupe longitudinale 1 Entrée 2 Toiture 2 1 62 Détail périphérie 1 Bardage aluminium 2 Isolant 3 Relevé 4 Garde-corps 5 Étanchéité bicouche 6 Bande stérile gravillonnée 7 Pare-graviers 8 Bacs acier 9 Charpente métallique 1 Détail équipement technique 1 Végétalisation 2 Pare-vapeur 3 Isolant 4Lanterneau de désenfumage 4 2 3 5 6 7 1 4 8 9 2 3 63 08 D i g u e f l o tta n t e e t c o n t r e - j e t é e Port Hercule à Mon aco 64 Promenade face au large Promeneurs et plaisanciers arpentent à nouveau la digue prolongeant le rocher de Monaco ainsi que sa contre-jetée, rénovées et revêtues de pierre blonde. CON T E X T E L’extension de Port Hercule lancée en 2001, avait pour objet de développer la grande plaisance et la croisière haut de gamme. Une digue semi-flottante (350 m de long, 28 m de large), s’articule à la terre ferme au moyen d’une rotule métallique gigantesque, son extrémité étant amarrée par deux séries d’ancrages fixés à plus de 50 m de fond. Elle protège le port contre le vent d’est, tout en accueillant commerces et bureaux. Une contre-jetée (145 m de long, 30 m de large) lui fait face, créant un bassin supplémentaire pour de nouveaux bateaux. OBJEC T IF L’étanchéité des ouvrages en superstructure, réalisée en 2003 après la fin du gros œuvre, devait être restaurée et l’aspect béton brut de la digue et de la contre-jetée, lieux de promenade privilégiés, amélioré. La digue devait, en outre, devenir une zone de transition fonctionnelle, sécurisée et agréable pour les croisiéristes. CHALLENGE La résine d’étanchéité détériorée occasionnait des infiltrations dans le tunnel routier donnant accès à la digue ainsi que dans les bâtiments. Les deux gares maritimes ont été remaniées, notamment le terminal principal : création d’ascenseurs, ajout d’un auvent en partie haute, réaménagement des façades et du parvis de promenade... Avec un étage de moins, la “petite gare”dispose de 270 m2 pour l’accueil des passagers et de divers locaux techniques. L’étancheur devait s’adapter aux contraintes dictées par les choix architecturaux et tenir compte de l’agressivité du climat marin. SOLU T IONS Digue et contre-jetée ont été traitées avec la même solution technique. Sur la promenade, en partie Lieu Port Hercule (Principauté de Monaco) livraison 2010 et 2011 intervenants Maîtrise d’ouvrage Service des Travaux publics de Monaco Maîtrise d’œuvre Groupement d’architectes Atelier Blanchi / RKNL Les dernières extensions du port de plaisance de Monaco ont fait peau neuve : une étanchéité retrouvée, un dallage de pierre élégant et une gare maritime de standing. 65 P i erre R i jely, responsable du chantier chez Engeco « Ce chantier très particulier s’est déroulé en plusieurs phases car le port est resté en activité. Et inutile d’employer les instruments habituels, comme un simple niveau, car l’ensemble est sans arrêt en mouvement ! » haute de la digue (niveau R+ 2), après la dépose de la chape de protection et de l’étanchéité sous-jacente, les supports ont été repris (mortier de résine sur le béton dégradé). Une étanchéité bicouche, protégée par une chape béton, a été mise en œuvre : un écran d’indépendance en voile de verre, une couche d’enduit d’imprégnation à froid, une feuille élastomère avec une armature polyester à joints soudés et une seconde couche de même nature soudée en plein… Une fois l’étanchéité contrôlée par une mise en eau de 48 heures, les parties sur locaux chauffés ont reçu une isolation inversée, posée sur un écran d’indépendance, à l’avancement (au fur et à mesure que le maçon recouvrait avec la pierre). Au droit de la gare principale, le sol remanié demandait de recréer la pente nécessaire à la pose du revêtement de pierre. Pour éviter toute sur­­charge, c’est l’isolant (des plaques de perlite) qui a été calepiné en usine pour obtenir une pente de 1,5 %. L’étanchéité se poursuit à l’intérieur du hall. Une difficulté technique est apparue au niveau de trois poteaux métalliques, soutenant l’auvent, munis d’un joint de dilatation en leur milieu. Une “lyre”, étanchéité souple spécifique, a été mise en place pour accompagner la dilatation. Cette mise en œuvre originale (hors DTU) a permis d’obtenir l’aspect métallique continu souhaité par l’architecte. Une couche de désolidarisation et de drainage en polyéthylène alvéolaire, puis une chape béton et enfin un revêtement de pierres calcaires, complètent l’ouvrage. Le quai desservant les deux gares au niveau inférieur, a été traité, quant à lui, sur la longueur des bâtiments par une étanchéité liquide (résine de polyuréthane), protégée par un caillebotis en bois composite et délimitée par une bande inox en bordure de la chaussée. Ce travail permet aux croisiéristes et promeneurs de profiter d’un nouvel espace de détente agréable. 66 questions à Guillaume Roti, chef de section au service des Travaux publics monégasques Qu’apportent ces chantiers herculéens à la ville ? Économiquement, la digue et la contre-jetée apportent beaucoup en remplissant depuis 2003 leur office de protection du port contre la houle, en augmentant la capacité d’accueil du port et de la zone d’accostage de paquebots. De plus, l’une et l’autre sont accessibles au public pour le plaisir de tous. Ces travaux signent-ils l’achèvement de ces ouvrages ? Outre les gares, deux tiers de la digue abritent un parking de 400 places, sur quatre niveaux. Le reste se répartit en deux volumes vides de 2 000 m2. Le projet d’origine n’a cessé d’évoluer et se poursuit. Diverses options d’aménagement, qui sont étudiées au fur et à mesure, s’offrent pour les années à venir. Quant aux locaux situés sous la promenade de la contre-jetée, ils seront aménagés ultérieurement en commerces. De nouvelles interventions en étanchéité sont donc envisagées ? Oui. Le bâtiment situé à l’extrémité de la digue n’a pas été restauré. Il subira des modifications à terme. N Digue nord Digue sud Contre-jetée Digue semi-flottante Fort Antoine Plan masse 50 m 67 1 La digue semi-flottante, avec un solarium aménagé côté mer sur les caissons. 2-3 La digue représente un hectare gagné sur la mer. 4 Côté mer, de nouveaux garde-corps ont été installés ; côté port, les anciens ont été conservés, en traitant les fissures et les joints à la résine. 5L’espace promenade et en-dessous, la gare maritime principal. 6 Auvent protégeant une partie de la digue. 7 La digue protège le port de la houle venue du large. 1 2 68 3 4 5 6 7 69 Protéger et agrémenter Digue (ici représentée) et contre-jetée ont été traitées avec la même solution technique concernant l’étanchéité. Sur la promenade, en partie haute de la digue (niveau R+ 2), les supports ont été repris (mortier de résine sur le béton dégradé). La société a opté pour une étanchéité bicouche élastomère inversée, protégée par une chape béton, recouverte par un revêtement de pierre. 1 Grande gare Coupe sur point bas 1 Garde-corps en pierre 2 Gaine éclairage 3 Revêtement de sol 4 Chape 5 Désolidarisation 6 Étanchéité bicouche 7 Dalle 2 4 3 5 6 7 2 1 Coupe de la digue semi-flottante 1 Côté large 2 Côté port 3 Mur d’eau fixe 70 3 1 2 3 4 6 7 8 et 9 10 5 11 3 4 56 7 8 Grande gare - Coupe sur point haut zone isolée 1 Profil en acier 2 Relevé étanchéité 3 Plinthe en pierre 4 Joint de désolidarisation 5 Relevé béton 6 Revêtement de sol 7 Chape 8 Désolidarisation 9 Étanchéité bicouche 10 Isolant en pente (1,5 %) 11 Dalle Petite gare - Coupe sur point bas de la promenade 1 Réservation EP 2 Relevé d’étanchéité 3 Joint de désolidarisation 4 Revêtement de sol 5 Chape 6 Désolidarisation 7 Isolant 8 Étanchéité bicouche 9 Dalle 2 1 9 7 1 23 4 5 8 9 6 Petite gare - Coupe sur JD promenade haute 1 Revêtement de sol 2 Chape 3 Désolidarisation 4 Isolant 5 É tanchéité bicouche 6 Dalle 7 Profil inox 8 Joint souple 9 Feuillard zinc 71 Documents de référence pour la conception d’ouvrages de bâtiment avec étanchéité DTU relatifs aux travaux d’étanchéité D T U 4 3 . 1 pour les toituresterrasses sur supports maçonnés. D T U 4 3 . 3 pour les travaux d’étanchéité sur tôles d’acier nervurées. D T U 4 3 . 4 pour les travaux d’étanchéité sur bois et panneaux. D T U 4 3 . 6 pour les travaux avec produits hydrocarbonés en planchers intermédiaires. D T U 1 4 . 1 pour les cuvelages. D T U 2 0 . 1 pour les murs enterrés. Les mémentos de conception et les CCS (cahier des clauses spéciales) de ces DTU apportent aux maîtres d’ouvrages et maîtres d’œuvre des précisions importantes sur la nécessité de faire procéder à un entretien et sur les limites de prestations entre corps d’état. DTU concernant les professions connexes pour les supports maçonnés, les reliefs… DTU 52.1 pour les protections avec carrelage scellé. DTU 52.2 pour les protections avec carrelage collé. DTU 20.12 1 - téléchargeables sur le site www.etancheite.com 2 - téléchargeables sur le site www.cstb.fr 72 Règles professionnelles • Pour les toitures-terrasses végétalisées (2007)1. • Pour l’application de systèmes d’étanchéité liquide au-dessus de parties non closes1. • Pour l’application de systèmes d’étanchéité liquide en planchers intermédiaires1. • Cahier des charges de l’Office des asphaltes. Recommandations professionnelles • Pour le photovoltaïque avec membranes souples d’étanchéité1. • Pour les capteurs solaires rapportés sur toiture-terrasse1. • Pour l’isolation thermique par l’extérieur des parois enterrés avec étancheité1. Textes spécifiques pour la réfection Réfection des ouvrages d’étanchéité des toitures-terrasses ou inclinés et pour l’isolation thermique : D é c r e t n 2 0 0 7 - 3 6 3 du 19 mars 2007 et arrêté du 3 mai 2007. DTU 43.5 o Pour le calcul des charges et la détermination des efforts charges d’exploitation des bâtiments. N o r m e NF P 0 6 - 0 0 4 charges permanentes et charges d’exploitation dues aux forces de pesanteur. R è g l e s V 6 5 pour le calcul des efforts de soulèvement. R è g l e s N 8 4 pour les charges d’exploitation liées à la neige. N o r m e NF P 0 6 - 0 0 1 Cahiers du CSTB Classement FIT des étanchéités de toitures - Guide technique. 3 5 0 2 Étanchéité des toitures par membranes monocouches synthétiques en PVC-P 2. 3 6 0 0 Systèmes d’évacuation des eaux pluviales par effet siphoïde 2. 3 6 4 4 Supports de systèmes d’étanchéité de toitures dans les départements d’outre-mer (DOM)2. 2358 Autres N o r m e NF E 8 5 - 0 1 5 pour les garde-corps de terrasses inaccessibles. Av i s t e c h n i q u e s , d o c u m e n t s t e c h n i q u e s d ’ a p p l i c at i o n 2 . 73 La Chambre syndicale française de l’étanchéité (CSFE) intervient dans les domaines de l’étanchéité de toituresterrasses, murs enterrés, cuvelages, ouvrages d’art ainsi que du bardage. Elle intègre également la fonction d’isolation des bâtiments. L a CSFE r e g r o u p e • les industriels qui fabriquent les produits destinés à ces métiers ; • les entreprises qui mettent en œuvre ces produits, bénéficiant d’une qualification professionnelle Qualibat ou de références équivalentes ; • des membres partenaires dans des métiers connexes (accessoires, isolants, etc.). Seule organisation professionnelle du domaine et membre de la Fédération française du bâtiment (FFB), elle rassemble 340 adhérents et 200 agences représentant environ 75 % de l’activité en France. Elle a été fondée en 1929. Ses missions Représentativité Présente dans de très nombreuses instances, elle y défend les intérêts de ses membres. Technique Elle mène des travaux dans les 74 domaines de la normalisation, de la réglementation, de la recherche et de l’entretien. Elle participe activement à l’élaboration de DTU et de règles ou recommandations professionnelles. Communication Elle promeut les métiers de l’étanchéité et du bardage : édition d’ouvrages techniques, publication des revues Étanchéité.info et Bardage.info, site www.etancheite.com Formation Les formations initiales et continues sont deux priorités : communication auprès des jeunes, élaboration de référentiels, etc. Sécurité, hygiène et santé Elle participe activement à la rédaction de documents réglementaires ou normatifs sur la sécurité des biens et des personnes concernant l’exécution des travaux d’étanchéité. Assurance Contribution aux travaux concernant l’assurabilité des ouvrages incluant les spécificités de la profession. Environnement La prise en compte de l’environnement, orientation déterminante de la CSFE, se traduit par les réflexions relatives à la Haute qualité environnementale, la gestion des déchets, l’élaboration de fiches de données environnementales et sanitaires. La CSFE et l’environnement Soucieuse des préoccupations des concepteurs, la CSFE met à leur disposition plusieurs plaquettes disponibles sur demande ou téléchargeables sur le site www.etancheite.com La toiture-terrasse, L a r é p o n s e à l a d é m a r c h e HQE ® Documents d’accompagnement : •1 0 fiches de données environnementales et sanitaires (FDES) relatives à 10 systèmes d’étanchéité bitumineuse ; •1 FDES relative à la membrane d’étanchéité synthétique ; •3 FDES relatives à des étanchéités avec asphalte ; •1 2 FDES relatives à des familles de systèmes d’étanchéité liquide (SEL). Les fiches ont été établies “syndicalement” et correspondent à la moyenne des impacts générés, en prenant en compte, le cas échéant, primaire, liaisonnement, revêtement et protection, et en intégrant la quote-part de relevés, descentes EP… dans le m2 courant. La version intégrale des fiches est disponible sur la base de données INIES www.inies.fr ou sur demande. L’étanchéité de toiture et les qualifications Qualibat Le recours à des entreprises qualifiées est un gage d’excellence pour tous les maîtres d’ouvrages, publics et privés. Chaque entreprise Qualibat est sélectionnée sur ses aptitudes à réaliser des travaux dans une activité donnée et est régulièrement contrôlée sur les plans administratif, juridique et financier. Dans le domaine de l’étanchéité des toitures, les qualifications correspondantes sont les suivantes : • Étanchéité en matériaux bitumineux en feuilles : 3211, 3212, 3213, 3214. • Étanchéité en matériaux de synthèse en feuilles : 3221, 3222, 3223. • Étanchéité en asphalte coulé 3233, 3234. • Étanchéité liquide : 3241, 3242. • Tôles d’acier nervurées (TAN) avec étanchéité en feuille : 3271, 3272. • Support bois et dérivés avec étanchéité : 3281. Le choix du niveau de qualification à retenir est fonction de la complexité des travaux. Se reporter à la nomenclature Qualibat susceptible d’évolutions sur www.qualibat.com 75 Publication de l’Association pour la promotion des métiers de l’étanchéité (APME PROMETHEE) éditée sous l’égide de la CSFE. 6/14 rue la Pérouse 75784 Paris cedex 16 Tél. : 33(1) 56 62 13 20 www.etancheite.com Conception éditoriale Conseils techniques 01 immeuble à énergie positive à meudon Entreprise d’étanchéité 05 terrain de sport à Courbevoie Entreprise d’étanchéité Bastien Cany, Pyc Édition SMAC Isochape 02 Château Ducal à caen Entreprise d’étanchéité 0 6 r estaur an t Le Bec à Lyon Entreprise d’étanchéité SEO ECB 03 Maison à St - C y r - s u r - M e r Entreprise d’étanchéité 0 7 Hal l d u par c d es exposition s à Vil l epin te Entreprise d’étanchéité Pyc Édition, Atelier Large Design Coordination éditoriale Maylis Gaillard Rédaction Emmanuelle Jeanson, Guillaume Maincent Design graphique Florie Collongues, Laurianne Mariette, Atelier Large Design Photographies Laurent Blossier, sauf p. 56-60-61 : Une terre d’images (UTI) Infographies Laurent Stefano Impression Loire Offset Titoulet, avril 2012 N o ISBN 978-2-9535882-0-0 76 Intervenants techniques SGF Étanchéité 04 ensemble de maisons à Blagnac Entreprise d’étanchéité Riva® Étanchéité Soprema Entreprises 0 8 Digue à Mon ac o Entreprise d’étanchéité SNA TO I T -T E R R A S S E L ’ E S P A C E RETROUV É édition 2012 De Caen à Blagnac, en passant par Lyon ou encore Monaco, cet ouvrage vous propose de poursuivre les visites de toituresterrasses initiées en 2010. 1 5 € TTC Publication de l’Association pour la promotion des métiers de l’étanchéité APME PROMETHEE, édité sous l’égide de la CSFE. -:HSMJPD=Z]]WUU: Au programme, une approche sensible des questions environnementales et toujours une architecture qui revendique haut et fort le rôle à la fois structurel et fonctionnel des toits-terrasses. Publié sous l’égide de la Chambre syndicale française de l’étanchéité, ce livret présente huit réalisations remarquables. édition 2010 01 logements s o c i a u x à Pa r i s ( 7 5 ) Végétalisation de toiture. Architectes : Jakob & MacFarlane. 0 4 é c o l e n at i o n a l e d’architecture de Nantes (44) Rampes et toitures accessibles. Architectes : Lacaton & Vassal. 02 groupe scolaire à Beausoleil (06) Toitures accessibles sur trois niveaux. 0 5 é c o h ô t e l s pa Yves Rocher à L a G a c i l ly ( 3 5 ) Toitures-terrasses jardins. Architecte : Agence Cab. Architectes : Cabinet H. Penicaud. 03 Villa Arson à Nice (06) Rénovation. 06 villa Vuillet à Saint-Mandrier (83) Maison à flanc de côteau sur plusieurs niveaux. Architectes : Michel Marot, Gilles Nesa. Architecte : Jérôme Oddoux.