CENTRE HOSPITALIER DU PAYS DU GIER (CHPG) SERVICE DE MEDECINE PHYSIQUE ET READAPTATION (MPR) RUE LEON MARREL 42800 RIVE DE GIER Tél : 04-77-75-25-53 LE HANDICAP, UN HORIZON DIFFERENT …. Elaboré par : • Marlène BONJOUR (IDE) • Sandrine BONNARD (IDE) • Marie Agnès CANTAT (IDE) • Francesco FORTE (Animateur) • Rosalie KUME (AS) • Amandine GOURGAUD (CDS) Et en collaboration avec toute l’équipe MPR 1 PRESENTATION DE L’ETABLISSEMENT ET DU SERVICE : Le service de Médecine Physique et de Réadaptation (MPR) de Rive de Gier dépend du Centre Hospitalier du Pays de Gier (CHPG) de Saint Chamond. Nous accueillons dans ce service 40 patients en hospitalisation complète et possédons 10 places en Hôpital De Jour (HDJ), ce qui correspond à 15 à 20 patients par jour. Les patients accueillis sont : • atteints de troubles neurologiques tels que des accidents vasculaires cérébraux (AVC), des tétraplégies, des scléroses en plaques (SEP) .… • opérés de coiffe et prothèse totale d’épaule (PTE), de prothèse totale de genoux (PTG), de ligaments croisés antérieurs (LCA)… • victimes d’accidents de la voie publique (AVP) : polytraumatisés, amputés… Tous bénéficient d’une prise en soins individualisée qui s’intéresse au devenir de la personne sachant que pour certains patients, le retour à sa vie antérieure n’est plus envisageable…. La richesse d’une équipe pluridisciplinaire permet de construire ensemble une prise en soins de qualité. …Cette équipe est constituée de : • 2 médecins rééducateurs, • 1 cadre de santé de filière infirmière et 1 cadre de santé kinésithérapeute, • 8,3 équivalents temps pleins (ETP) kinésithérapeutes, • 2,6 ETP ergothérapeutes, • 0.5 ETP orthophoniste, • 0.5 ETP neuropsychologue, • 2 ETP professeurs d’activité physique adaptée, • 10 ETP infirmières jour et nuit + 1 ETP IDE en HDJ, • 16.5 ETP aides-soignantes jour et nuit dont 5,5 ETP référents hôteliers, + 1 ETP en HDJ • 0.5 ETP assistante sociale, • 1 ETP animateur socioculturel, • 0.2 ETP diététicienne, • De bénévoles : association « As de Trèfle » … A l’occasion du colloque infirmier, notre réflexion s’est portée sur les patients porteurs d’un handicap ayant des conséquences sur leur devenir … En effet, le handicap frappe au cœur de la cellule familiale et « bouleverse voire anéantissent les paramètres sociaux, affectifs, économiques qui 2 servaient jusque là de point de repères, de moteur de vie et d’espoir… »1 ; De même au niveau sociétal, le regard de l’autre change… En fait, la perception du handicap dépend de la robustesse et de l’émotivité de chacun….Mais, nous pouvons constater que pour beaucoup, l’avenir s’assombrit et les projets de vie s’effacent : le futur se matérialise comme indésirable voir inexistant, comme un éclatement du schéma de vie, comme «une mise en miettes » du corps et de l’esprit. C’est dans cet état d’esprit que les patients se trouvent, lorsqu’ils arrivent dans notre service et nous allons mettre en lumière le travail de reconstruction que nous tentons de mettre en place au quotidien … Dans un premier temps, nous vous proposons une approche conceptuelle afin de préciser les différents termes utilisés en Médecine Physique et Réadaptation (MPR) • Le Handicap : « La main dans le chapeau » de l’anglais Hand in cap, comme l’énonce Le Petit Larousse, et ce qu’on pourrait imaginer par la formule « il a tiré le mauvais numéro »… Il s’agit d’un désavantage, résultant d’une déficience ou d’une incapacité, qui gêne ou limite le sujet dans l’accomplissement de son rôle social. L’OMS s’appuie sur les travaux du professeur Philip Wood qui définit le handicap, dés 1976, selon 3 niveaux2 : ‐ les déficiences qui s’expriment au niveau de l’organe. ‐ les incapacités qui s’expriment au niveau de la personne. ‐ les désavantages ou obstacles qui s’expriment au niveau de la société. 1 Walter HESBEEN. La réadaptation. Aider à créer de nouveaux chemins. Edition Seli Aslan, Paris. 2006. 156pages ; cit page 57 2 La C.I.D.I.H.(Classification Internationale des Déficiences, Incapacités et Handicaps (ou désavantages)) proposée par WOOD constitue une véritable avancée dans le champ du handicap. 3 • La Rééducation : Ce sont des « techniques qui visent à aider l’individu à réduire les déficiences et les incapacités d’un patient. »3 • La Réadaptation : C’est « l’ensemble de moyens mis en œuvre pour aider le patient à s’adapter à ses incapacités lorsqu’elles deviennent stabilisées et persistantes. »4. Walter Hesbeen rajoute ainsi que « la réadaptation est la science et l’art de la gestion des obstacles.»5 • La Réinsertion : C’est un « ensemble de mesures médico-sociales visant à optimiser le retour dans la société en évitant les processus d’exclusions »6 et permettre de réintégrer le patient à la place qui lui convient le mieux dans la société et/ou de lui conserver sa place. En pratique, nous pouvons définir le handicap comme ce qu’il reste quand on a dépassé le stade des récupérations possibles et le stade des compensations ; c’est donc une situation « stabilisée » face à l’environnement. Avant d’obtenir cette situation dite « stabilisée », le chemin est long et le patient doit prendre conscience que son horizon sera, sans doute, autre que celui désiré mais moins obscur que ce qu’il pouvait imaginer... A son arrivée dans notre service, le patient vient de passer plusieurs semaines dans un service technique de médecine, chirurgie ou soins intensifs…Epuisé, affaibli, triste et encore dans une phase de colère et/ou de déni, il est souvent replié sur lui-même, refusant encore de croire ce qui lui arrive… C’est durant son hospitalisation en MPR que notre équipe pluridisciplinaire va tout mettre en œuvre pour préparer le patient à un avenir différent en effectuant une prise en soins rééducative active mais aussi une prise en soins non conventionnelle …. Le projet thérapeutique est formalisé à l’entrée par le médecin qui définit des objectifs de soins pour le patient. Ce projet tient compte bien entendu de la 3 Principales techniques de rééducation et réadaptation- www.cofemer.fr/rubrique.php?id_rubrique=445-consulté le 01/11/12 4 Principales techniques de rééducation et réadaptation- www.cofemer.fr/rubrique.php?id_rubrique=445consulté le 01/11/12 5 Walter HESBEEN. La réadaptation. Aider à créer de nouveaux chemins. Edition Seli Aslan, Paris. 2006. 156pages – citation p.21 6 Principales techniques de rééducation et réadaptation- www.cofemer.fr/rubrique.php?id_rubrique=445consulté le 01/11/12 4 pathologie du patient, mais aussi de son histoire de vie avec une approche systémique, où le patient se positionne au centre des préoccupations en incluant l’environnement social familial et architectural. Il évolue tout au long de son séjour grâce aux synthèses pluridisciplinaires qui ont lieu tous les mardis. Lors de ces synthèses, chaque acteur de soins énoncent clairement les problèmes rencontrés, les progrès effectués, les limites envisagées pour le patient ; ceci permet d’évaluer et de réajuster la prise en soins …Mais c’est aussi moment d’échanges pour parler du retour à domicile, de l’environnement familiale et de ses contraintes. Ce projet mobilise tous les membres de notre équipe où la communication reste la pierre angulaire de notre organisation… Nous parlons, dans le langage de tous les jours, d’équipe pluridisciplinaire puisque le travail qui en découle désigne « l’ensemble des compétences professionnelles et complémentaires des différents acteurs composant l’équipe »7 c'est-à-dire une juxtaposition de compétences professionnelles. Cependant, le terme d’équipe interdisciplinaire s’impose au cours de l’hospitalisation car une mise en commun des compétences professionnelles de chacun s’instaure et donne du sens pour une prise en soins efficiente...Ainsi, l’équipe « utilise son expertise, c'est-à-dire un ensemble de compétences qui s’unissent en une synergie performante. Le patient est au cœur du projet thérapeutique élaboré par l’équipe soignante »8. La coopération et la relation demeurent alors le socle du travail interdisciplinaire qui induit « une volonté individuelle de s’engager dans un projet commun. Ceci implique une écoute mutuelle, un respect du travail de chacun… »9 Ainsi, « la coopération n’est plus seulement une contrainte mais peut devenir une liberté lorsqu’elle est conçue par les uns et les autres comme permettant de renforcer leurs propres capacités d’action »10. La volonté de notre service est de maintenir cette coopération entre les différents acteurs de soins afin d’optimiser la prise en soins des divers patients…Cette équipe pluridisciplinaire se composent de nombreux acteurs ayant des missions spécifiques que nous allons vous présenter… 7 Marie Agnès CANTAT-Si la nuit m’était contée…Des compétences infirmières..à la continuité des soins en MPR - Mémoire de DU Soins infirmiers en rééducation-réadaptation-2010/2011- cit p.22 8 Walter HESBEEN. Op cit.79 9 Eliane PARRIN.L’empreinte du creux. 2004/2005. Mémoire cit.p.15 10 G.NALLET, I.BRUNET. Revue Internationale de Soins Palliatifs. 2002 5 • Les médecins sont responsables d’un secteur de 20 lits. A l’entrée, ils énoncent le projet thérapeutique et ses objectifs en présence du patient et de ses proches en stipulant qu’il sera réajusté si besoin… Ils effectuent une visite médicale chaque matin et règlent les problèmes médicaux du jour. • Les kinésithérapeutes interviennent pour la récupération des amplitudes articulaires (en utilisant pas exemple un kinéthèque), des capacités motrices et fonctionnelles en soins individualisée ou collective et biquotidienne. Par des massages, des mobilisations actives et passives des membres lésés, avec ou sans aide techniques : électrostimulateur pour les douleurs, fauteuil roulant, cannes canadiennes, déambulateur… • Les ergothérapeutes effectuent l’évaluation des déficiences et des situations de handicap et analysent les besoins humains et matériels en vue du retour à domicile. • L’orthophoniste effectue une prise en charge des troubles de la déglutition, de la communication chez les patients ayant des déficits neurologiques • La neuropsychologue fait une évaluation à visée diagnostique et prend en charge les perturbations cognitives, le trouble du comportement et de la personnalité suite à des lésions cérébrales. • Les professeurs d’Activité physique adaptée (APA) proposent un entraînement à l’endurance, un renforcement musculaire. Ils animent la balnéothérapie et participent à la prise en soins des pathologies du dos avec une orientation sur une pratique physique adaptée après l’hospitalisation. • L’accompagnateur socio-culturel propose un programme d’animation en lien avec le projet thérapeutique du patient. Son rôle est d’écouter les patients et de donner vie à leurs idées, de les aider à s’épanouir, à s’ouvrir sur l’extérieur. Il a, avec la coopération de l’ensemble de l’équipe, la mission « d’accompagner » les patients dans des activités physiques, culturelles et sociales… Il travaille également en collaboration avec le tissu associatif, les familles et les partenaires locaux. 6 • L’assistante sociale établit et gère les dossiers d’aide sociale, recherche des organismes, des partenaires para médicaux afin de préparer le retour à domicile dans les meilleures conditions. • Les infirmiers et les aides-soignants : Les soins infirmiers dépendent bien entendu du rôle prescrit mais pour nous, c’est aussi une prise en soins spécifique non conventionnelle dépendante du rôle propre. Celle-ci s’appuie 24h-24 sur la continuité des compétences spécifiques de chaque intervenant… Pour nous, en MPR, la prise en soins non conventionnelle correspond à toute l’approche thérapeutique rééducative que nous établissons avec les patients de son entrée jusqu'à sa sortie… Nous la définissons comme non conventionnelles car : • elle n’est pas quantifiable en termes de Programme de Médicalisation des Systèmes d’Informations (PMSI). • elle est chronophage mais réelle. • Elle est bénéfique, essentielle pour le patient. Elle tend à être aidante en essayant de montrer au patient ce qu’il peut faire en allant puiser en lui dans ses propres ressources et pouvoir envisager son avenir maintenant….. Prenons l’exemple de l’accompagnement lors des soins de nursing : Pour nous, la toilette n’est pas seulement un soin d’hygiène mais c’est aussi un soin éducatif ayant pour objectif l’accompagnement vers la ré autonomisation tout en tenant compte du handicap… Pour cela, nous prenons et donnons du temps aux patients : • dans le réapprentissage des actes de la vie quotidienne. Par exemple, il est important de prendre soin du coté hémi négligent chez un patient porteur d’un AVC en lui montrant que cette partie de ce corps qu’il occulte, qu’il ne ressent plus, qu’il ne voit plus, existe toujours…et fait partie intégrante de lui-même… Nous sommes toujours vigilants au membre supérieur lésé. Celui-ci doit être rehaussé par un support ergonomique en position allongée et systématiquement maintenu en écharpe en position assise en début de séjour afin d’éviter l’appendement du bras. La sonnette, le téléphone…doivent être placés du coté sain sinon le patient ne pourra pas s’en servir. Par contre, il reste important de se placer du coté lésé lors des soins afin de stimuler le patient et lui fait prendre conscience de ce côté lésé qu’il a tendance à oublier. 7 Nous priorisons, de ce fait, la toilette du haut du corps au lavabo. Nous assurons une aide partielle en le guidant et le suppléant. Par exemple, la toilette du bras sain est effectuée par les soignants alors que le visage, le torse et le bras lésé sont lavés par le patient. Ce soin permet à celui-ci de voir son reflet dans le miroir, de visualiser, de toucher son coté hémi négligent. • dans la participation active de ses soins en le faisant collaborer, en le guidant, l’encourageant et surtout en le stimulant car ceci demande une énergie immense pour ces patients… Par exemple, lors de l’habillage, le patient doit commencer par le membre lésé et inversement débuter par le membre sain pour le déshabillage afin que ça soit plus facile et moins douloureux pour lui…Des aides et outils techniques (planche et disque de transfert, verticalisateur, chaise douche murale etc.…) sont, bien entendu, proposés pour faciliter et tendre au plus près vers un retour à l’autonomie, vers un retour à une vie acceptable pour lui et ses proches… Les missions de tous ces partenaires sont d’assurer aux patients, des soins, des aides humaines et techniques afin d’optimiser leur retour à domicile dans les meilleures conditions possibles. Ainsi, nous ne sommes ni dans le loisir ni dans l’occupation mais dans le soin avec le but d’aider ces personnes à retrouver des repères sociaux, économiques et culturelles. L’esprit, qui se dégage de notre équipe, est celui de l’attention et des actes donnés à un patient conscient de sa différence. Cet esprit se diffuse et se propage sans être quantifiable, sans être palpable, reconnaît Walter Hesbeen11. C’est une attention subtile d’où la nécessité de faire connaître ces petits détails invisibles et bénéfiques au bon rétablissement des patients. Cette prise en soins non conventionnelle reste indissociable d’un accompagnement social. 11 Walter HESBEEN. La réadaptation. Aider à créer de nouveaux chemins. Edition Seli Aslan, Paris. 2006. 156pages 8 Cette attention subtile se manifeste : ¾ Par la présence attentionnée de l’équipe soignante : Comme l’explique Walter Hesbeen, l’objectif est de rechercher ce qui est merveilleux chez un individu au-delà du visible de son apparence…les IDE comme les AS ne sont pas seulement porteuses d’une spécificité thérapeutique. Elles apparaissent comme des spécialistes du détail…, ce qui n’est pas ni aisément montrable, ni facilement explicable ou mesurable. Il s’agit d’un détail aidant qui prend de l’importance aux yeux de la personne qui témoigne de l’intérêt particulier porté à quelqu’un, signe d’une présence à l’autre. Les soignants sont là lors des moments non prévisibles où les malades et leurs proches expriment leur joie, leur peine, leurs interrogations, leurs confidences, leur prise de conscience, leurs désillusions, leurs espoirs, leurs projets… Leur présence organisée et continue leur permet de recevoir de nombreuses informations qu’ils auront à décoder, à analyser et à partager. ¾ Par les activités mises en place dans le service : • • en participant au maintien du lien social en rapport avec les activités précédentes du patient en proposant des actions en lien direct avec une démarche thérapeutique et des objectifs de rééducation ; Ceci afin de se prouver qu’il peut faire différemment et favoriser voire améliorer son autonomie. L’impact de ces activités a pour objectifs la réadaptation à sa vie personnelle, la reconstruction en lien avec l’Estime de soi et la reprise de la confiance en soi. Au travers des différentes activités, nous proposons après concertations : • des repas en salle à manger avec repas à thème mensuel pour favoriser et développer les liens sociaux et relationnels, éviter le repli sur soi • des sorties culturelles et sportives : (restaurant, musée, cinéma, bowling, voile, vélo-rail, péniche etc.…) dans le but d’une confrontation du handicap avec le regard des autres, de réinsertion dans la réalité et le domaine du possible afin que le patient prenne conscience qu’avec son handicap, la vie sera différente mais envisageable. 9 • • des ateliers créatifs : dans un but d’occupation et d’échanges mais aussi de se retrouver face à ce qu’il peut faire et éventuellement faire savoir, valoriser ce qui peut paraître inaccessible… (fabrication de décoration, ateliers bijoux, cuisine, peinture etc..) le simulateur de conduite : la liberté et les limites, c’est à dire redonner confiance et évaluer la possibilité de remonter dans une voiture, apprendre à changer une roue avec les ergothérapeutes etc (orientation ensuite vers une auto-école pour validation) Nous avons choisi de développer 2 activités à savoir : L’atelier bien-être qui comprend le toucher-détente et les soins esthétiques : Une pièce est aménagée spécifiquement pour cette activité : décor, musique et ambiance appropriés. Ceci permet de l’utiliser à tout moment ou lors d’activités programmées… C’est un soin effectué et planifié par les aidessoignantes, organisé avec les patients et validé par le médecin : c’est un moment d’évasion, sans occulter l’état de santé où la notion de prendre soin prend tout son sens. Même si ce soin ne s’intéresse qu’aux parties du corps non touchées par la maladie ou l’accident, il n’en est pas moins important dans la reconstruction de tout un être meurtri en permettant de mentaliser l’ensemble du corps. Nos compétences propres ne nous permettent pas de toucher aux parties lésées, réservées aux compétences techniques des kinésithérapeutes… Il s’agit également de diversifier la notion du « prendre soin » en travaillant sur : • Le soin du corps, en mettant à profit les formations dispensées dans l’établissement autour du « toucher détente », notamment « le toucher à 4 mains »…L’objectif étant, pour le patient, de faire ressentir, de faire percevoir ce corps mutilé, il s’agit d’un lâcher prise afin de pouvoir vider de toute tensions le corps et l’esprit. C’est un vrai moment de récupération et de renouvellement d’énergie, c’est aussi une ouverture au dialogue afin de pouvoir mettre des mots sur les maux. … 10 • Le soin esthétique afin de permettre aux patients de retrouver une image de soi valorisée et d’obtenir une prise de conscience d’un plaisir retrouvé face à un reflet dégradé, voir mutilé. Par exemple pour les AVC, neurinome opéré… C’est le temps d’une écoute individualisée et privilégiée en lien avec un mal être et une estime de soi difficilement verbalisable dans une prise en soins quotidienne, il s’agit d’une mise en confiance soignant/soigné. La voile : une activité sportive et culturelle Deux fois par an, à Saint Victor sur Loire, l’activité prévoit d’embarquer à bord d’une goélette. Il s’agit d’un voilier à 2 mats très stable et suffisamment grand permettant d’accueillir 11 personnes à bord. Cette pratique est tout à fait adaptée aux personnes à mobilité réduite. Chaque personne aura la possibilité de découvrir et de pratiquer les différents postes de navigation (barre, écoutes des grandes voiles, écoutes de fock…). L’opportunité de se retrouver à l’extérieur de se confronter aux obstacles de l’environnement, la satisfaction de se montrer à la hauteur vis à vis des autres patients reste le principal enjeu de ces sorties sportives et culturelles. Cette activité est animée par l’accompagnateur socio-culturel, par un APA ou kiné, une IDE et/ou une AS Ces activités permettent aux patients de ne plus se focaliser sur la perte mais sur les capacités individuelles à exploiter et à découvrir ce dont ils sont capables, de les aider à élaborer un des maillons de la reconstruction et de sortir du cocon de l’hospitalisation, milieu protégé … C’est un tremplin vers un autre horizon…. Que nous vous proposons de découvrir à travers le témoignage de (patients) ******************** 11 Pour conclure, nous pouvons dire, au terme de cette présentation, que notre service de Médecine Physique et Réadaptation permet, pour chaque patient en situation de handicap, de commencer une réinsertion dans la réalité de sa nouvelle vie et ceci grâce à une prise en soins individualisée de toute notre équipe pluridisciplinaire … Accueillir une personne en situation d’handicap demande un travail considérable car après une mise en miettes du corps et de l’esprit, le patient s’inscrit alors, comme un maillon dans la grande chaine de la reconstruction, tout en exprimant colère, peur, tristesse…Pour nous, cette prise en soins nous apporte un réel enrichissement pédagogique et humain et même si notre travail n’est pas toujours visible et quantifiable, comme la partie immergée d’un iceberg, il permet d’aider le patient à développer potentialités et créativité… Afin de favoriser le maintien de la vie sociale et la ré autonomisation, nous devons souligner l’importance de la présence de la famille et de l’entourage proche autour du projet interdisciplinaire. Il s’agit d’un soutien indispensable qui reste le seul lien avec la vie antérieure du patient et sa situation nouvelle de handicap. C’est également une aide précieuse pour nous afin de mieux comprendre l’histoire de vie de chaque personne…. Durant le séjour, des permissions thérapeutiques sont accordées par le médecin, après discussions lors des synthèses. L’objectif est de permettre au patient • de se confronter aux difficultés de la vie extérieure comme par exemple le regard des autres • de le mettre face à la réalité dans son milieu de vie, • de retrouver sa place au sein de la cellule familiale • de se sevrer peu à peu du « cocon » sécurisant du centre de rééducation • de l’aider à reprendre progressivement sa vie interrompue par l’accident. • De l’aider à réaménager son lieu de vie. La conception du soin dans notre service, est de montrer de l’intérêt pour le patient en lui apportant une attention particulière, sans le réduire à son handicap. Cette démarche « d’accompagnement médico/social » de personnes handicapées, hospitalisées, réside dans la transformation sociale qu’elle génère et ceci est possible, comme nous l’avons évoqué, en créant un tissu social avec l’association As de Trèfle et autour d’activités sportives ou culturelles. Ce mode d’intervention requiert de la part de notre équipe l’art de la relation tout en respectant la place de chacun. Ainsi, suite à une hospitalisation 12 longue et intense dans la prise en soin, il est nécessaire de trouver « la juste distance » relationnelle en repérant les limites émotionnelles et physique entre soignant/soigné. Il est, en effet, primordial de trouver un équilibre lorsqu’un attachement mutuel s’instaure et de pouvoir maitriser tout « débordement » quand une relation de confiance et des affinités s’installent… « Une trop grande proximité peut s’avérer intrusive alors qu’une distance trop éloignée peut manquer d’efficacité. »12 Chaque relation restant unique, aucun comportement ne sera mieux que l’autre, l’important est de pouvoir réajuster. La force du lien dépend des affinités de chacun. Quand nous parvenons à redonner du sourire et des projets à une personne porteuse d’un handicap, que son horizon redevient désirable même s’il est différent de celui envisagé, alors nous avons réussi ensemble car : « C’est l’indifférence différence … » aux différences qui fait la Pierre Bourdieu 12 Walter HESBEEN. La réadaptation. Aider à créer de nouveaux chemins. Edition Seli Aslan, Paris. 2006. 156pages. Cit.page 39. 13 Mots clés : Handicap, Rééducation, Réadaptation, Réinsertion, prise en soin non conventionnelle, équipe pluridisciplinaire, équipe interdisciplinaire, projet thérapeutique Remerciements : • • • • • A l’équipe de l’ARFI pour leurs conseils, leur soutien tout au long de cette aventure. A toute l’équipe pluridisciplinaire du service de rééducation pour leur soutien et leur implication. A Diogo pour son témoignage. A Slimane pour ses prouesses de réalisateur. Au CHPG qui nous a permis de mener à bien ce projet. 14 BIBLIOGRAPHIE • CANTAT Marie-Agnès : Si la nuit m’était contée…Des compétences infirmières à la continuité des soins en MPR - Mémoire de DU Soins infirmiers en rééducation-réadaptation-2010/2011. • C.I.D.I.H. (Classification Internationale des Déficiences, Incapacités et Handicaps (ou désavantages)) • HESBEEN Walter : La réadaptation. Aider à créer de nouveaux chemins. Edition Seli Aslan, Paris. 2006. 156pages. • NALLET G,.BRUNET I : Revue Internationale de Soins Palliatifs. 2002 • PARRIN Eliane : L’empreinte du creux. 2004/2005. Mémoire. • Principales techniques de rééducation et réadaptationwww.cofemer.fr/rubrique.php?id_rubrique=445-consulté le 01/11/12 15