le handicap, un horizon different

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CENTRE HOSPITALIER DU PAYS DU GIER
(CHPG)
SERVICE DE MEDECINE PHYSIQUE ET
READAPTATION (MPR)
RUE LEON MARREL
42800 RIVE DE GIER
Tél : 04-77-75-25-53
LE HANDICAP,
UN HORIZON DIFFERENT ….
Elaboré par :
• Marlène BONJOUR (IDE)
• Sandrine BONNARD (IDE)
• Marie Agnès CANTAT (IDE)
• Francesco FORTE (Animateur)
• Rosalie KUME (AS)
• Amandine GOURGAUD (CDS)
Et en collaboration avec toute l’équipe MPR
1
PRESENTATION DE L’ETABLISSEMENT ET DU SERVICE :
Le service de Médecine Physique et de Réadaptation (MPR) de Rive de Gier
dépend du Centre Hospitalier du Pays de Gier (CHPG) de Saint Chamond. Nous
accueillons dans ce service 40 patients en hospitalisation complète et possédons
10 places en Hôpital De Jour (HDJ), ce qui correspond à 15 à 20 patients par
jour. Les patients accueillis sont :
• atteints de troubles neurologiques tels que des accidents vasculaires
cérébraux (AVC), des tétraplégies, des scléroses en plaques (SEP) .…
• opérés de coiffe et prothèse totale d’épaule (PTE), de prothèse totale de
genoux (PTG), de ligaments croisés antérieurs (LCA)…
• victimes d’accidents de la voie publique (AVP) : polytraumatisés,
amputés…
Tous bénéficient d’une prise en soins individualisée qui s’intéresse au devenir de
la personne sachant que pour certains patients, le retour à sa vie antérieure n’est
plus envisageable….
La richesse d’une équipe pluridisciplinaire permet de construire ensemble une
prise en soins de qualité. …Cette équipe est constituée de :
• 2 médecins rééducateurs,
• 1 cadre de santé de filière infirmière et 1 cadre de santé kinésithérapeute,
• 8,3 équivalents temps pleins (ETP) kinésithérapeutes,
• 2,6 ETP ergothérapeutes,
• 0.5 ETP orthophoniste,
• 0.5 ETP neuropsychologue,
• 2 ETP professeurs d’activité physique adaptée,
• 10 ETP infirmières jour et nuit + 1 ETP IDE en HDJ,
• 16.5 ETP aides-soignantes jour et nuit dont 5,5 ETP référents hôteliers,
+ 1 ETP en HDJ
• 0.5 ETP assistante sociale,
• 1 ETP animateur socioculturel,
• 0.2 ETP diététicienne,
• De bénévoles : association « As de Trèfle » …
A l’occasion du colloque infirmier, notre réflexion s’est portée sur les patients
porteurs d’un handicap ayant des conséquences sur leur devenir …
En effet, le handicap frappe au cœur de la cellule familiale et « bouleverse
voire anéantissent les paramètres sociaux, affectifs, économiques qui
2
servaient jusque là de point de repères, de moteur de vie et d’espoir… »1 ;
De même au niveau sociétal, le regard de l’autre change…
En fait, la perception du handicap dépend de la robustesse et de l’émotivité de
chacun….Mais, nous pouvons constater que pour beaucoup, l’avenir
s’assombrit et les projets de vie s’effacent : le futur se matérialise comme
indésirable voir inexistant, comme un éclatement du schéma de vie, comme
«une mise en miettes » du corps et de l’esprit.
C’est dans cet état d’esprit que les patients se trouvent, lorsqu’ils arrivent
dans notre service et nous allons mettre en lumière le travail de reconstruction
que nous tentons de mettre en place au quotidien …
Dans un premier temps, nous vous proposons une approche conceptuelle afin
de préciser les différents termes utilisés en Médecine Physique et
Réadaptation (MPR)
•
Le Handicap :
« La main dans le chapeau » de l’anglais Hand in cap, comme
l’énonce Le Petit Larousse, et ce qu’on pourrait imaginer par la
formule « il a tiré le mauvais numéro »…
Il s’agit d’un désavantage, résultant d’une déficience ou d’une
incapacité, qui gêne ou limite le sujet dans l’accomplissement de son
rôle social. L’OMS s’appuie sur les travaux du professeur Philip Wood
qui définit le handicap, dés 1976, selon 3 niveaux2 :
‐ les déficiences qui s’expriment au niveau de l’organe.
‐ les incapacités qui s’expriment au niveau de la personne.
‐ les désavantages ou obstacles qui s’expriment au niveau de la
société.
1
Walter HESBEEN. La réadaptation. Aider à créer de nouveaux chemins. Edition Seli Aslan, Paris. 2006.
156pages ; cit page 57
2
La C.I.D.I.H.(Classification Internationale des Déficiences, Incapacités et Handicaps (ou désavantages))
proposée par WOOD constitue une véritable avancée dans le champ du handicap.
3
•
La Rééducation :
Ce sont des « techniques qui visent à aider l’individu à réduire les
déficiences et les incapacités d’un patient. »3
•
La Réadaptation :
C’est « l’ensemble de moyens mis en œuvre pour aider le patient
à s’adapter à ses incapacités lorsqu’elles deviennent stabilisées et
persistantes. »4. Walter Hesbeen rajoute ainsi que « la réadaptation est
la science et l’art de la gestion des obstacles.»5
•
La Réinsertion :
C’est un « ensemble de mesures médico-sociales visant à
optimiser le retour dans la société en évitant les processus
d’exclusions »6 et permettre de réintégrer le patient à la place qui lui
convient le mieux dans la société et/ou de lui conserver sa place.
En pratique, nous pouvons définir le handicap comme ce qu’il reste quand on
a dépassé le stade des récupérations possibles et le stade des
compensations ; c’est donc une situation « stabilisée » face à l’environnement.
Avant d’obtenir cette situation dite « stabilisée », le chemin est long et le
patient doit prendre conscience que son horizon sera, sans doute, autre que
celui désiré mais moins obscur que ce qu’il pouvait imaginer...
A son arrivée dans notre service, le patient vient de passer plusieurs semaines
dans un service technique de médecine, chirurgie ou soins intensifs…Epuisé,
affaibli, triste et encore dans une phase de colère et/ou de déni, il est souvent
replié sur lui-même, refusant encore de croire ce qui lui arrive…
C’est durant son hospitalisation en MPR que notre équipe pluridisciplinaire va
tout mettre en œuvre pour préparer le patient à un avenir différent en
effectuant une prise en soins rééducative active mais aussi une prise en soins
non conventionnelle ….
Le projet thérapeutique est formalisé à l’entrée par le médecin qui définit des
objectifs de soins pour le patient. Ce projet tient compte bien entendu de la
3
Principales techniques de rééducation et réadaptation- www.cofemer.fr/rubrique.php?id_rubrique=445-consulté
le 01/11/12
4
Principales techniques de rééducation et réadaptation- www.cofemer.fr/rubrique.php?id_rubrique=445consulté le 01/11/12
5
Walter HESBEEN. La réadaptation. Aider à créer de nouveaux chemins. Edition Seli Aslan, Paris. 2006.
156pages – citation p.21
6
Principales techniques de rééducation et réadaptation- www.cofemer.fr/rubrique.php?id_rubrique=445consulté le 01/11/12
4
pathologie du patient, mais aussi de son histoire de vie avec une approche
systémique, où le patient se positionne au centre des préoccupations en
incluant l’environnement social familial et architectural. Il évolue tout au long
de son séjour grâce aux synthèses pluridisciplinaires qui ont lieu tous les
mardis.
Lors de ces synthèses, chaque acteur de soins énoncent clairement les
problèmes rencontrés, les progrès effectués, les limites envisagées pour le
patient ; ceci permet d’évaluer et de réajuster la prise en soins …Mais c’est
aussi moment d’échanges pour parler du retour à domicile, de
l’environnement familiale et de ses contraintes. Ce projet mobilise tous les
membres de notre équipe où la communication reste la pierre angulaire de
notre organisation…
Nous parlons, dans le langage de tous les jours, d’équipe pluridisciplinaire
puisque le travail qui en découle désigne « l’ensemble des compétences
professionnelles et complémentaires des différents acteurs composant
l’équipe »7 c'est-à-dire une juxtaposition de compétences professionnelles.
Cependant, le terme d’équipe interdisciplinaire s’impose au cours de
l’hospitalisation car une mise en commun des compétences professionnelles
de chacun s’instaure et donne du sens pour une prise en soins
efficiente...Ainsi, l’équipe « utilise son expertise, c'est-à-dire un ensemble de
compétences qui s’unissent en une synergie performante. Le patient est au
cœur du projet thérapeutique élaboré par l’équipe soignante »8. La
coopération et la relation demeurent alors le socle du travail interdisciplinaire
qui induit « une volonté individuelle de s’engager dans un projet commun.
Ceci implique une écoute mutuelle, un respect du travail de chacun… »9
Ainsi, « la coopération n’est plus seulement une contrainte mais peut devenir
une liberté lorsqu’elle est conçue par les uns et les autres comme permettant
de renforcer leurs propres capacités d’action »10. La volonté de notre service
est de maintenir cette coopération entre les différents acteurs de soins afin
d’optimiser la prise en soins des divers patients…Cette équipe pluridisciplinaire
se composent de nombreux acteurs ayant des missions spécifiques que nous
allons vous présenter…
7
Marie Agnès CANTAT-Si la nuit m’était contée…Des compétences infirmières..à la continuité des soins en
MPR - Mémoire de DU Soins infirmiers en rééducation-réadaptation-2010/2011- cit p.22
8
Walter HESBEEN. Op cit.79
9
Eliane PARRIN.L’empreinte du creux. 2004/2005. Mémoire cit.p.15
10
G.NALLET, I.BRUNET. Revue Internationale de Soins Palliatifs. 2002
5
•
Les médecins sont responsables d’un secteur de 20 lits. A l’entrée, ils
énoncent le projet thérapeutique et ses objectifs en présence du patient et de
ses proches en stipulant qu’il sera réajusté si besoin… Ils effectuent une visite
médicale chaque matin et règlent les problèmes médicaux du jour.
•
Les kinésithérapeutes interviennent pour la récupération des
amplitudes articulaires (en utilisant pas exemple un kinéthèque), des capacités
motrices et fonctionnelles en soins individualisée ou collective et
biquotidienne. Par des massages, des mobilisations actives et passives des
membres lésés, avec ou sans aide techniques : électrostimulateur pour les
douleurs, fauteuil roulant, cannes canadiennes, déambulateur…
•
Les ergothérapeutes effectuent l’évaluation des déficiences et des
situations de handicap et analysent les besoins humains et matériels en vue
du retour à domicile.
•
L’orthophoniste effectue une prise en charge des troubles de la
déglutition, de la communication chez les patients ayant des déficits
neurologiques
•
La neuropsychologue fait une évaluation à visée diagnostique et
prend en charge les perturbations cognitives, le trouble du comportement et
de la personnalité suite à des lésions cérébrales.
•
Les professeurs d’Activité physique adaptée (APA) proposent un
entraînement à l’endurance, un renforcement musculaire. Ils animent la
balnéothérapie et participent à la prise en soins des pathologies du dos avec
une orientation sur une pratique physique adaptée après l’hospitalisation.
•
L’accompagnateur socio-culturel
propose un programme
d’animation en lien avec le projet thérapeutique du patient. Son rôle est
d’écouter les patients et de donner vie à leurs idées, de les aider à s’épanouir,
à s’ouvrir sur l’extérieur. Il a, avec la coopération de l’ensemble de l’équipe, la
mission « d’accompagner » les patients dans des activités physiques,
culturelles et sociales… Il travaille également en collaboration avec le tissu
associatif, les familles et les partenaires locaux.
6
•
L’assistante sociale établit et gère les dossiers d’aide sociale,
recherche des organismes, des partenaires para médicaux afin de préparer le
retour à domicile dans les meilleures conditions.
•
Les infirmiers et les aides-soignants :
Les soins infirmiers dépendent bien entendu du rôle prescrit mais pour
nous, c’est aussi une prise en soins spécifique non conventionnelle
dépendante du rôle propre. Celle-ci s’appuie 24h-24 sur la continuité des
compétences spécifiques de chaque intervenant…
Pour nous, en MPR, la prise en soins non conventionnelle correspond à toute
l’approche thérapeutique rééducative que nous établissons avec les patients
de son entrée jusqu'à sa sortie…
Nous la définissons comme non conventionnelles car :
• elle n’est pas quantifiable en termes de Programme de
Médicalisation des Systèmes d’Informations (PMSI).
• elle est chronophage mais réelle.
• Elle est bénéfique, essentielle pour le patient.
Elle tend à être aidante en essayant de montrer au patient ce qu’il peut faire
en allant puiser en lui dans ses propres ressources et pouvoir envisager son
avenir maintenant…..
Prenons l’exemple de l’accompagnement lors des soins de nursing :
Pour nous, la toilette n’est pas seulement un soin d’hygiène mais c’est
aussi un soin éducatif ayant pour objectif l’accompagnement vers la ré
autonomisation tout en tenant compte du handicap…
Pour cela, nous prenons et donnons du temps aux patients :
• dans le réapprentissage des actes de la vie quotidienne. Par
exemple, il est important de prendre soin du coté hémi négligent
chez un patient porteur d’un AVC en lui montrant que cette
partie de ce corps qu’il occulte, qu’il ne ressent plus, qu’il ne voit
plus, existe toujours…et fait partie intégrante de lui-même…
Nous sommes toujours vigilants au membre supérieur lésé.
Celui-ci doit être rehaussé par un support ergonomique en
position allongée et systématiquement maintenu en écharpe en
position assise en début de séjour afin d’éviter l’appendement du
bras.
La sonnette, le téléphone…doivent être placés du coté sain
sinon le patient ne pourra pas s’en servir. Par contre, il reste
important de se placer du coté lésé lors des soins afin de
stimuler le patient et lui fait prendre conscience de ce côté lésé
qu’il a tendance à oublier.
7
Nous priorisons, de ce fait, la toilette du haut du corps au
lavabo. Nous assurons une aide partielle en le guidant et le
suppléant. Par exemple, la toilette du bras sain est effectuée par
les soignants alors que le visage, le torse et le bras lésé sont
lavés par le patient. Ce soin permet à celui-ci de voir son reflet
dans le miroir, de visualiser, de toucher son coté hémi négligent.
•
dans la participation active de ses soins en le faisant collaborer,
en le guidant, l’encourageant et surtout en le stimulant car ceci
demande une énergie immense pour ces patients… Par exemple,
lors de l’habillage, le patient doit commencer par le membre lésé
et inversement débuter par le membre sain pour le déshabillage
afin que ça soit plus facile et moins douloureux pour lui…Des
aides et outils techniques (planche et disque de transfert,
verticalisateur, chaise douche murale etc.…) sont, bien entendu,
proposés pour faciliter et tendre au plus près vers un retour à
l’autonomie, vers un retour à une vie acceptable pour lui et ses
proches…
Les missions de tous ces partenaires sont d’assurer aux patients, des soins,
des aides humaines et techniques afin d’optimiser leur retour à domicile dans
les meilleures conditions possibles. Ainsi, nous ne sommes ni dans le loisir ni
dans l’occupation mais dans le soin avec le but d’aider ces personnes à
retrouver des repères sociaux, économiques et culturelles.
L’esprit, qui se dégage de notre équipe, est celui de l’attention et des actes
donnés à un patient conscient de sa différence. Cet esprit se diffuse et se
propage sans être quantifiable, sans être palpable, reconnaît Walter
Hesbeen11. C’est une attention subtile d’où la nécessité de faire connaître ces
petits détails invisibles et bénéfiques au bon rétablissement des patients.
Cette prise en soins non conventionnelle reste indissociable d’un
accompagnement social.
11
Walter HESBEEN. La réadaptation. Aider à créer de nouveaux chemins. Edition Seli Aslan, Paris. 2006.
156pages
8
Cette attention subtile se manifeste :
¾ Par la présence attentionnée de l’équipe soignante :
Comme l’explique Walter Hesbeen, l’objectif est de rechercher ce qui est
merveilleux chez un individu au-delà du visible de son apparence…les IDE
comme les AS ne sont pas seulement porteuses d’une spécificité
thérapeutique. Elles apparaissent comme des spécialistes du détail…, ce qui
n’est pas ni aisément montrable, ni facilement explicable ou mesurable. Il
s’agit d’un détail aidant qui prend de l’importance aux yeux de la personne qui
témoigne de l’intérêt particulier porté à quelqu’un, signe d’une présence à
l’autre. Les soignants sont là lors des moments non prévisibles où les malades
et leurs proches expriment leur joie, leur peine, leurs interrogations, leurs
confidences, leur prise de conscience, leurs désillusions, leurs espoirs, leurs
projets… Leur présence organisée et continue leur permet de recevoir de
nombreuses informations qu’ils auront à décoder, à analyser et à partager.
¾
Par les activités mises en place dans le service :
•
•
en participant au maintien du lien social en rapport avec les
activités précédentes du patient
en proposant des actions en lien direct avec une démarche
thérapeutique et des objectifs de rééducation ; Ceci afin de se
prouver qu’il peut faire différemment et favoriser voire améliorer
son autonomie.
L’impact de ces activités a pour objectifs la réadaptation à sa vie personnelle,
la reconstruction en lien avec l’Estime de soi et la reprise de la confiance en
soi.
Au travers des différentes activités, nous proposons après concertations :
• des repas en salle à manger avec repas à thème mensuel pour
favoriser et développer les liens sociaux et relationnels, éviter le
repli sur soi
• des sorties culturelles et sportives : (restaurant, musée, cinéma,
bowling, voile, vélo-rail, péniche etc.…) dans le but d’une
confrontation du handicap avec le regard des autres, de réinsertion
dans la réalité et le domaine du possible afin que le patient prenne
conscience qu’avec son handicap, la vie sera différente mais
envisageable.
9
•
•
des ateliers créatifs : dans un but d’occupation et d’échanges mais
aussi de se retrouver face à ce qu’il peut faire et éventuellement
faire savoir, valoriser ce qui peut paraître inaccessible… (fabrication
de décoration, ateliers bijoux, cuisine, peinture etc..)
le simulateur de conduite : la liberté et les limites, c’est à dire
redonner confiance et évaluer la possibilité de remonter dans une
voiture, apprendre à changer une roue avec les ergothérapeutes etc
(orientation ensuite vers une auto-école pour validation)
Nous avons choisi de développer 2 activités à savoir :
L’atelier bien-être qui comprend le toucher-détente et les soins
esthétiques :
Une pièce est aménagée spécifiquement pour cette activité : décor, musique
et ambiance appropriés. Ceci permet de l’utiliser à tout moment ou lors
d’activités programmées… C’est un soin effectué et planifié par les aidessoignantes, organisé avec les patients et validé par le médecin : c’est un
moment d’évasion, sans occulter l’état de santé où la notion de prendre soin
prend tout son sens. Même si ce soin ne s’intéresse qu’aux parties du corps
non touchées par la maladie ou l’accident, il n’en est pas moins important
dans la reconstruction de tout un être meurtri en permettant de mentaliser
l’ensemble du corps. Nos compétences propres ne nous permettent pas de
toucher aux parties lésées, réservées aux compétences techniques des
kinésithérapeutes…
Il s’agit également de diversifier la notion du « prendre soin » en travaillant
sur :
•
Le soin du corps, en mettant à profit les formations
dispensées dans l’établissement autour du « toucher
détente », notamment « le toucher à 4 mains »…L’objectif
étant, pour le patient, de faire ressentir, de faire percevoir ce
corps mutilé, il s’agit d’un lâcher prise afin de pouvoir vider de
toute tensions le corps et l’esprit. C’est un vrai moment de
récupération et de renouvellement d’énergie, c’est aussi une
ouverture au dialogue afin de pouvoir mettre des mots sur les
maux. …
10
•
Le soin esthétique afin de permettre aux patients de
retrouver une image de soi valorisée et d’obtenir une prise de
conscience d’un plaisir retrouvé face à un reflet dégradé, voir
mutilé. Par exemple pour les AVC, neurinome opéré…
C’est le temps d’une écoute individualisée et privilégiée en lien avec un mal
être et une estime de soi difficilement verbalisable dans une prise en soins
quotidienne, il s’agit d’une mise en confiance soignant/soigné.
La voile : une activité sportive et culturelle
Deux fois par an, à Saint Victor sur Loire, l’activité prévoit d’embarquer à bord
d’une goélette. Il s’agit d’un voilier à 2 mats très stable et suffisamment grand
permettant d’accueillir 11 personnes à bord. Cette pratique est tout à fait
adaptée aux personnes à mobilité réduite. Chaque personne aura la possibilité
de découvrir et de pratiquer les différents postes de navigation (barre, écoutes
des grandes voiles, écoutes de fock…). L’opportunité de se retrouver à
l’extérieur de se confronter aux obstacles de l’environnement, la satisfaction
de se montrer à la hauteur vis à vis des autres patients reste le principal enjeu
de ces sorties sportives et culturelles. Cette activité est animée par
l’accompagnateur socio-culturel, par un APA ou kiné, une IDE et/ou une AS
Ces activités permettent aux patients de ne plus se focaliser sur la perte mais
sur les capacités individuelles à exploiter et à découvrir ce dont ils sont
capables, de les aider à élaborer un des maillons de la reconstruction et de
sortir du cocon de l’hospitalisation, milieu protégé …
C’est un tremplin vers un autre horizon…. Que nous vous proposons de
découvrir à travers le témoignage de (patients)
********************
11
Pour conclure, nous pouvons dire, au terme de cette présentation,
que notre service de Médecine Physique et Réadaptation permet, pour
chaque patient en situation de handicap, de commencer une réinsertion dans
la réalité de sa nouvelle vie et ceci grâce à une prise en soins individualisée de
toute notre équipe pluridisciplinaire …
Accueillir une personne en situation d’handicap demande un travail
considérable car après une mise en miettes du corps et de l’esprit, le patient
s’inscrit alors, comme un maillon dans la grande chaine de la reconstruction,
tout en exprimant colère, peur, tristesse…Pour nous, cette prise en soins nous
apporte un réel enrichissement pédagogique et humain et même si notre
travail n’est pas toujours visible et quantifiable, comme la partie immergée
d’un iceberg, il permet d’aider le patient à développer potentialités et
créativité…
Afin de favoriser le maintien de la vie sociale et la ré autonomisation, nous
devons souligner l’importance de la présence de la famille et de l’entourage
proche autour du projet interdisciplinaire. Il s’agit d’un soutien indispensable
qui reste le seul lien avec la vie antérieure du patient et sa situation nouvelle
de handicap. C’est également une aide précieuse pour nous afin de mieux
comprendre l’histoire de vie de chaque personne….
Durant le séjour, des permissions thérapeutiques sont accordées par le
médecin, après discussions lors des synthèses. L’objectif est de permettre au
patient
• de se confronter aux difficultés de la vie extérieure comme par
exemple le regard des autres
• de le mettre face à la réalité dans son milieu de vie,
• de retrouver sa place au sein de la cellule familiale
• de se sevrer peu à peu du « cocon » sécurisant du centre de
rééducation
• de l’aider à reprendre progressivement sa vie interrompue par
l’accident.
• De l’aider à réaménager son lieu de vie.
La conception du soin dans notre service, est de montrer de l’intérêt pour le
patient en lui apportant une attention particulière, sans le réduire à son
handicap. Cette
démarche « d’accompagnement médico/social » de
personnes handicapées, hospitalisées, réside dans la transformation sociale
qu’elle génère et ceci est possible, comme nous l’avons évoqué, en créant
un tissu social avec l’association As de Trèfle et autour d’activités sportives
ou culturelles.
Ce mode d’intervention requiert de la part de notre équipe l’art de la relation
tout en respectant la place de chacun. Ainsi, suite à une hospitalisation
12
longue et intense dans la prise en soin, il est nécessaire de trouver « la juste
distance » relationnelle en repérant les limites émotionnelles et physique
entre soignant/soigné. Il est, en effet, primordial de trouver un équilibre
lorsqu’un attachement mutuel s’instaure et de pouvoir maitriser tout
« débordement » quand une relation de confiance et des affinités
s’installent… « Une trop grande proximité peut s’avérer intrusive alors
qu’une distance trop éloignée peut manquer d’efficacité. »12 Chaque relation
restant unique, aucun comportement ne sera mieux que l’autre, l’important
est de pouvoir réajuster. La force du lien dépend des affinités de chacun.
Quand nous parvenons à redonner du sourire et des projets à une personne
porteuse d’un handicap, que son horizon redevient désirable même s’il est
différent de celui envisagé, alors nous avons réussi ensemble car :
« C’est
l’indifférence
différence … »
aux
différences
qui
fait
la
Pierre Bourdieu
12
Walter HESBEEN. La réadaptation. Aider à créer de nouveaux chemins. Edition Seli Aslan, Paris. 2006.
156pages. Cit.page 39.
13
Mots clés :
Handicap, Rééducation, Réadaptation, Réinsertion, prise en soin non conventionnelle,
équipe pluridisciplinaire, équipe interdisciplinaire, projet thérapeutique
Remerciements :
•
•
•
•
•
A l’équipe de l’ARFI pour leurs conseils, leur soutien tout au long de
cette aventure.
A toute l’équipe pluridisciplinaire du service de rééducation pour leur
soutien et leur implication.
A Diogo pour son témoignage.
A Slimane pour ses prouesses de réalisateur.
Au CHPG qui nous a permis de mener à bien ce projet.
14
BIBLIOGRAPHIE
•
CANTAT Marie-Agnès : Si la nuit m’était contée…Des compétences
infirmières à la continuité des soins en MPR - Mémoire de DU Soins
infirmiers en rééducation-réadaptation-2010/2011.
•
C.I.D.I.H. (Classification Internationale des Déficiences, Incapacités et
Handicaps (ou désavantages))
•
HESBEEN Walter : La réadaptation. Aider à créer de nouveaux
chemins. Edition Seli Aslan, Paris. 2006. 156pages.
•
NALLET G,.BRUNET I : Revue Internationale de Soins Palliatifs. 2002
•
PARRIN Eliane : L’empreinte du creux. 2004/2005. Mémoire.
•
Principales
techniques
de
rééducation
et
réadaptationwww.cofemer.fr/rubrique.php?id_rubrique=445-consulté le 01/11/12
15
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