
1. Revue des effets de la crise économique au Burkina Faso
L’économie mondiale connaitrait sa pire performance depuis la seconde guerre mondiale selon le FMI, avec
une réduction de la production économique mondiale de 1,4 pourcent en 2009. La forte et croissante
interdépendance des économiques accroîtraient considérablement la vulnérabilité des pays face à la crise
économique. Les analystes sont unanimes sur ses répercussions mondiales et réfute le « découplage » de la
croissance des pays en développement. Selon Willem et Velde (2008), les changements structurels et
l’émergence de la Chine sont à l’origine d’une baisse significative de l’élasticité de la croissance des
économies africaines par rapport à celle de l’OCDE ; elle est passée de 0,5 durant les années 80 et 90 à 0,2
au cours de la période 2000-2007, indiquant que les répercussions de la crise financière et économique
émanant des économies industrialisées pourraient être relativement faibles sur les économies africaines.
Toutefois, la prévision d’une récession des économies asiatique, en particulier de la Chine, pourrait amener
les économies africaines à souffrir davantage de la crise
(Willem te Velde, 2008). La croissance africaine
serait réduite de plus de deux-tiers selon les dernières prévisions du FMI - 6,2 à 1,8 pourcent, respectivement
en 2007 et 2009 - celle de l’Afrique subsaharienne le serait davantage - 6,9 à 1,5 pourcent, respectivement
en 2007 et 2009.
La crise financière et économique mondiale risque de compromettre les efforts de croissance et de réduction
de la pauvreté récemment entrepris par plusieurs pays en développement. Elle survient au moment où les
économies de ces pays ont été fort éprouvées par les crises énergiques et alimentaires des dernières années.
Si l’intégration grandissante des économies a été, dans bien des cas, une source de croissance économique
important au cours des dernières années, elle a également contribué à accroître la vulnérabilité des
économies en développement vis-à-vis des chocs extérieurs - économiques ou naturels. Ainsi, les économies
ayant profité de la croissance économique mondiale au cours des dernières années, risquent fort de payer un
lourd tribut de la chute du système financier et de l’économie mondiale (Banque Mondiale, 2008). Les
effets distributifs de la crise mondiale risquent non seulement d’être fort hétérogènes entre les pays, mais
également entre les individus d’un même pays. Il est attendu que les économies en développement, en
particulier celles de l’Afrique subsaharienne, souffrent davantage de la crise que celles industrialisées à
cause de l’instabilité de leur situation macroéconomique et financière et de leur politique nationale (Banque
Mondiale, 2008).
L’économie burkinabé est influencée par l’environnement socio économique et climatique tant sur le plan
international que continental. La hausse du prix du pétrole, la baisse des rapatriements d’épargne, le retour
massif des ressortissants burkinabé résidant à l’étranger et la mauvaise pluviométrie sont autant de facteurs
qui ont le plus pesé sur l’économie burkinabé sur la période 2000-2008. Le taux de croissance du PIB en
terme réel était de 5% en 2008 avec un PIB par tête de 287 dollars États-Unis et devrait passer à 3.5% en
2009 selon les projections du FMI. Ce ralentissement s’explique principalement par les difficultés du
secteur primaire, expliquées, en partie par la chute de la production du coton.
En effet l’agriculture a, dans son ensemble, souffert d’une mauvaise répartition spatio-temporelle des pluies
et des inondations enregistrées dans certaines régions. Il en est résulté un taux de croissance du secteur
primaire de -0,5% contre 0,9% en 2006. En particulier, la production de coton a chute de 33,2% en passant
de 649 400 tonnes au cours de la campagne 2006/2007 à 434 000 tonnes, lors de la campagne 2007/2008 en
liaison avec les difficultés de la filière marquée en partie par la baisse continue du prix aux producteurs, le
retard dans les paiements et le découragement des producteurs.
Les conséquences de la crise sur l’économie du Burkina Faso se font ressentir dans tous les secteurs
d’activité. Notamment au niveau des échanges commerciaux, il est prévu une baisse des exportations. En
effet, depuis quelques années, les exportations du Burkina Faso sont principalement dominées par les
produits qui dépendent plus des conditions de la demande, notamment, le coton fibre, l'or non monétaire, les
produits de l'élevage, les oléagineux et les fruits et légumes. La baisse des exportations est imputable
principalement à la contraction des exportations de coton et de la chute prévue de 18.2% du cours des
matières premières et 11% du prix du coton.