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INTRODUCTION
Agir, suivant la définition du Trésor de la Langue Française, constitue un
« pouvoir propre à l'homme de transformer ce qui est, de s'exprimer par des actes ».
L’adjonction du terme « action » à celui de « théâtre » recouvre des
significations variées. Par exemple, dans les pays anglo-saxons, cela peut évoquer une
forme théâtrale bien précise, dans la tradition de l’action art ou action painting, qui se
base sur une méthode d’action improvisée et spontanée, qui a donné naissance au
happening (spectacle qui prend la forme d'une improvisation qui cherche à provoquer
la réaction spontanée et créative des spectateurs). Ce n’est pas dans ce sens que nous
emploierons le terme. Le théâtre-action dont il est question ici est un théâtre qui, par
sa forme et ses intentions, contribue à la mise en place d’espaces de rencontres et de
dialogues pour les personnes marginalisées socialement et culturellement.
Comme le suggère Benoît Szakow, dans un récent article à propos du dernier
Festival International de Théâtre-Action (FITA) Rhône-Alpes :
Le théâtre-action, ça devrait aller de soi, cette affaire-là. Limite pléonastique. Du genre
cinéma-vision ou cuisine-délice, pourrait-on dire. Alors, quid ? Est-ce parce que le
théâtre n’agit plus guère dans nos sociétés média-mondialistes ? Est-ce parce que les
autorités artistiques ont particulièrement bien travaillé à sa vanité ? Y a-t-il un projet,
une idée dans l’ajout de ce substantif offensif à ce bon vieil art dramatique ?
Le théâtre-action souhaite aider l’homme à transformer la société et à
s’exprimer en son sein. Notre société se veut autonome, elle requiert donc des
citoyens libres et autonomes. La plupart des citoyens ne se reconnaissent pas dans un
art écarté de la société, et donc délégitimé par cet écart. Pour que chacun puisse agir
sur son environnement, puisse penser, le théâtre-action défend l’idée qu’ils doivent
donner d’eux-mêmes et de leur réalité. La représentation théâtrale, par ses thèmes,
met en lumière les inégalités telles qu’elles sont. Elle ouvre un grand débat sur la place
publique avec une pépinière de personnes qui, par leurs fragilités ou handicaps, par
leurs origines, ou par leur enclavement, sont trop souvent rendus invisibles par les
SZAKOW, Benoît. « Théâtre-action (pléonasme) ». Cassandre/Horschamp, hiver 2011, n°84,
numéro de page non connu