SEPTEMBRE 2007
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ACTUALITES EN EUROPE
A
quelques mois du 2ème
Sommet Europe Afrique, de
décembre prochain à Lis-
bonne, le Portugal s’engage à une
bonne réussite de cet événement. En
tout cas, c’est ce qu’a confirmé leur
ministre des Affaires étrangers Luis
Amado au Maroc.
Exprimant les défis des uns et les
obligations des autres, M Amado a
souligné que son pays, qui assure la
présidence européenne, «adhère de-
puis longtemps dans la dynamique
du rapprochement et de coopération
entre l’Europe et l’Afrique».
Le sommet Europe-Afrique va es-
sayer d’établir un nouveau partenariat
entre les pays européens et africains.
Cette redynamisation de la coo-
pération intervient au moment où
le Vieux continent est fortement
critiqué pour avoir contribué au
sous-développement du Conti-
nent africain qui a trouvé, ces der-
niers jours, une alternative à tra-
vers la coopération avec la Chine.
Ce genre de partenariat doit être à
la hauteur des engagements pris par
les deux continents dans la pers-
pective de réalisation des objectifs
du millénaire, a-t-il insisté, tout
en formant l’espoir que le som-
met de Lisbonne puisse déboucher
sur une stratégie conjointe tournée
vers l’avenir, qui augure de nou-
velles perspectives de coopération
pour le bien des deux continents.
L’objectif est de tourner la page de
relations longtemps fondés sur des
rapports de force et de domination
entre pays riches et pauvres, is-
sues de l’histoire du colonialisme,
a précisé le responsable portugais.
Cette relance de la coopération
euro-africaine intervient au moment
où les Africains ne cessent de for-
muler des critiques acerbes en l’en-
droit des puissances colonisatrices
qui ont développé une coopération
du type néocolonialiste, accentuant
le sous -développement des Etats
africains.
En plus, les analystes africains
pointent du doigt le Vieux continent
de soutenir les dictatures africaines
à travers des élections entachées de
plusieurs irrégularités.
Eu égard à tout ce qui précède, plus
d’une personne s’interrogent si
les Européens n’ont pas peur de la
Chine qui est parvenue à établir un
partenariat du type nouveau avec les
Etats africains.
Ce partenariat est basé sur la coopé-
ration gagnante et le respect mutuel,
contrairement aux Européens qui
ont pratiqué longtemps la diploma-
tie de bâton et de la carote.
L. Ondimo
Sommet Europe - Afrique
COOPERATION INTERNATIONALE
En grève de la faim à Lille de-
puis le 15 juin dernier, pour ré-
clamer leur régularisation col-
lective, certains sans papiers risquent
d’être expulsés.
A en croire la fermeté du préfet du
Nord Pas-de-Calais, Daniel Canépa
qui refuse de céder au «chantage», ces
grévistes vont faire l’objet d’une mise
en rétention administration avant d’être
reconduits dans leurs pays d’origine.
«C’est la 13ème grève du genre en 11
ans. Cela ne peut plus durer» a-t-dit
Daniel Canepa en annonçant vouloir
opérer une “rupture” dans sa gestion
du conflit.
«Avant, l’équation était: grève de la
faim régularisation. Maintenant, ce
sera: grève de la faim expulsion».
Pour M. Canépa le mouvement mené
par les grévistes de la faim «ne re-
présente pas la réalité du problème
de l’immigration». Car, dit–il, sur les
22.500 demandes de titres de séjour
demandées dans le Nord-Pas-de-Ca-
lais l’an passé, seuls 6% ont été refu-
sées. A rappeler qu’une disposition de
sortie de crise a été présentée par le
préfet Daniel Canépa, malheureuse-
ment rejeté par le Comité de soutien
aux sans-papiers du Nord (CSP-59)
et leurs appuis “historiques”, la LDH
(Ligue des Droits de l’Homme) et le
MRAP.
Signé par six associations dont Em-
maüs, jugées non représentatives par
les sans-papiers, le plan prévoit le
réexamen de 150 dossiers, dont ceux
des grévistes, la délivrance, dès le
dépôt de la liste, d’un document leur
permettant de circuler librement et la
remise immédiate d’un titre provisoire
pour ceux qui seront régularisés.
Le Comité réclame la régularisation
de tous les grévistes et de quelque 500
autres étrangers, en s’appuyant sur des
accords passés en 2004 avec la Préfec-
ture. Des accords remis en cause par
M. Daniel Canépa, secrétaire général
du ministère de l’Intérieur quand Ni-
colas Sarkozy le dirigeait et préfet du
Nord depuis août 2006. Un appel si-
gné par plus de 250 acteurs culturels,
artistes, techniciens, qui demandent au
préfet l’ouverture de “réelles négocia-
tions”, a été rendu public. Un soutien
qui s’ajoute à ceux de la Confédération
paysanne, de la CGT, de RESF ou en-
core des Verts, du PCF et du PS, qui
avaient demandé ensemble, le 13 août,
la nomination d’un médiateur.
La Ligue des Droits de l’Homme
(LDH) et le MRAP Nord-Pas-de-Ca-
lais “condamnent” les interpellations
et demandent «l’ouverture d’un réel
dialogue» entre Préfecture et sans-pa-
piers.
Les autorités françaises, après l’appel
de durcissement du ministre Brice
contre l’immigration irrégulière, vont
prendre d’autres mesures sur les clan-
destins mais aussi sur la sécurisation
des policiers qui les convoient à la
frontière. En fin août, des policiers
français ont été agressés à leur arrivée
en Guinée où ils reconduisaient en
avion deux guinéens en situation irré-
gulière.
Fodé Soumaré
Sans papiers de Lille
FRANCE
Le Portugal s’engage à contribuer
au succès du prochain sommet
Europe - Afrique de décembre.
Le préfet promet l’expulsion à tout gréviste de la faim.
Photo AP
Plus de 900 enfants immigrés non
accompagnés africains (la plupart
marocains et sénégalais, arrivés l’an-
née dernière après de périlleuses tra-
versées traumatiques sur les barques
de fortune) risquent la violence et
même les abus sexuels dans les cen-
tres de détention espagnols des Iles
Canaries, selon un rapport de Human
Rights Watch.
Le rapport (intitulé “Responsabilités
de non-accueil: L’échec espagnol
envers les droits de protection des
enfants migrants aux Iles Canaries”)
documente comment les enfants res-
tent dans ces centres pour des pério-
des indéterminées, souvent dans des
conditions de surpeuplement et de
dégradation. Ils auraient été battus
par le personnel et auraient été lais-
sés sans protection contre les violen-
ces de la part d’autres enfants. Ils ne
bénéficient d’aucune instruction pu-
blique, ont des possibilités de récréa-
tion et loisirs restreintes et sont limi-
tés dans leur liberté de mouvements.
«Ces enfants devraient être protégés
par les Autorités espagnoles et non
laissés en proie aux violences et aux
abus. Les Iles Canaries devraient
fermer ces centres et mieux traiter
ces enfants» a dit Simone Troller de
Human Rights Watch.
Qu’ils aient ou non le droit de res-
ter en Espagne, ces enfants jouissent
pleinement de la Convention des
Droits de l’Enfant, ratifiée en 1990
par le Gouvernement espagnol à qui
Human Rights Watch demande aussi
de permettre aux enfants de deman-
der l’asile
Le Gouvernement espagnol pourrait
procéder au regroupement familial,
mais seulement après avoir effectué
une analyse et un contrôle soignés
établissant que les mesures adoptées
soient dans l’intérêt de l’enfant et
qu’elles soient sans risque pour son
bien-être.
Si le retour de l’enfant n’est pas pos-
sible, le Gouvernement espagnol doit
leur fournir de réelles opportunités
afin de lui assurer la possibilité d’une
intégration locale et un statut légal.
Steven Ogongo
Enfants immigrés victimes de violences
et d’abus dans les centre de détention.
Détention avec abus
ESPAGNE