survenue d’une DE n’est jamais fortuite ou anodine car elle est toujours un symptôme d’un état de
« non santé ». Pour cette raison, le retentissement souvent important, quel que soit l’âge, de la DE sur
la vie quotidienne de l’homme et de la partenaire ne doit plus occulter sa valeur de symptôme pour la
santé non sexuelle non seulement chez les soignants mais aussi dans la population. Ce concept « DE
maladie-DE symptôme » permet ainsi de mieux différencier la « non santé », la qualité de vie, la
sexualité et les troubles sexuels, source de confusion encore trop fréquente (3,4). Il permet également
de ne pas faire un bilan systématique à tout sujet ayant une DE mais une évaluation ciblée (2,8) qui
hiérarchise les priorités en fonction des données cliniques essentielles puisque le diagnostic de la DE
et la distinction « DE maladie ou symptôme » reposent sur le seul interrogatoire. Que la DE soit
« maladie » ou non pour le sujet, le concept DE « symptôme » souligne tout l’intérêt de réaliser un
bilan de santé globale (même si la DE n’est pas un problème pour le patient) susceptible de révéler
des pathologies méconnues ou des situations à risque, tout particulièrement cardiovasculaires
(1,2,4,5,6,7) (avec à partir de 35 ans, le concept de l’ « angine de verge » (3) authentique marqueur
clinique et de risque cardiovasculaires).
En conclusion, la DE peut être un symptôme et une maladie. Si elle est toujours un symptôme (parfois
révélateur) d’un état de « non-santé » (sexuelle, psychique et / ou physique), elle n’est pas
obligatoirement maladie car la DE n’altère pas toujours la qualité de vie. Cette distinction entre qualité
de vie (enjeu de la « DE maladie ») et santé globale (enjeu de la « DE symptôme ») permet de
hiérarchiser les priorités en fonction de l’étape clinique primordiale. Ainsi, de façon totalement
inattendue, la DE offre la possibilité d’une approche plus globale de la santé tant à l’échelon individuel
(via un bilan de santé chez tout sujet consultant pour DE) que collectif (via le dépistage opportuniste
de morbidités notamment cardiovasculaires et la perspective d’un dépistage ciblé de la DE dans
certaines populations à risque).
1) BONDIL P : La dysfonction érectile; Ed. John Libbey Eurotext, Paris, 2003.
2) BONDIL P: Quelles investigations, le non-spécialiste doit-il demander devant un patient consultant pour un
dysfonctionnement érectile ? Andrologie, 2004, 14 : 291-306.
3) BONDIL P, DELMAS V : L’ « angine de verge » ou la révolution actuelle de la dysfonction érectile. In press : Prog
Urol 2005.
4) BUVAT J, RATAJCZYK J, LEMAIRE A : Les problèmes d'érection : une souffrance encore trop souvent cachée.
Andrologie 2002; 12 : 73-83.
5) CHEITLIN MD : Erectile dysfunction : the earliest sign of generalized vascular disease ? J Am Coll Cardiol 2004;
43 : 185-6.
6) GIAMI A: Sexual health : The emergence, development and diversity of a concept. Annual Review of Sex Research.
2002, 13 : 1-35.
7) LEWIS W, FUGL-MEYER KS, BOSCH R, FUGL-MEYER A, LAUMANN EO, LIZZA E, MARTIN-MORALES
A: Definitions, classification and epidemiology of sexual dysfunction. In Sexual medicine : sexual dysfunctions in men