qu’elle néglige la vengeance du père tué. Ensuite, Bataille interprète la « mort
de Dieu » en la liant à l’expérience mystique. Cette « mort » est répétable et
théâtrale. Ce meurtre du Père ne consiste pas seulement à renverser la relation
père-fils. Le renversement lui-même se déplace. Par conséquent, le concept de
mort s’élargit et s’altère. C’est la « mort » qui n’est ni vie ni mort, et sans
laquelle on ne peut comprendre ni la mort ni la vie. Sa pensée résiste à la
tradition métaphysique (Ch. V).
Tout en affirmant la « mort de Dieu », les textes de Bataille ne sont pas
en rupture avec le concept de divinité, mais recherchent plutôt le divin ou le
sacré plus divin que Dieu lui-même. Ce que ces concepts désignent, c’est la
divinité qui dépasse les limites du christianisme. Le divin n’est pas seulement
bon ou pur, mais aussi mauvais et impur. Nous y avons trouvé une coexistence
des contraires, influencée par la divinité dans la philosophie de Nietzsche, les
ténèbres lumineuses et le « mourir de ne pas mourir » de la théologie mystique,
l’ambiguïté du sacré de la sociologie française et la coïncidence des contraires
du surréalisme. Mais comme cette coexistence concerne tous les attributs de
Dieu, elle produit un obstacle dans la pensée de Bataille qui se fonde sur la
dichotomie métaphysique entre le quotidien et le non-quotidien, entre la
transcendance et l’immanence, entre l’inauthentique et l’authentique. La
pensée dichotomique est dérangée par la totalité de la coexistence des
contraires. D’où une aporie de la métaphysique (Ch. VI).
Dans ses œuvres romanesques aussi, Bataille poursuit le divin en le
représentant par des personnages. Et Ma Mère et Le Petit entrelacent cette
divinité au familial. Ces personnages semblent en apparence la réduire au
triangle d’Œdipe, qui, non moins que la dialectique hégélienne, appartiennent