
La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 323 - octobre-novembre-décembre 2010 | 17
Points forts
»
La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, quel que soit l’âge de la personne.
Son évaluation commence par faire l’hypothèse de son existence, de ses caractéristiques (horaires, loca-
lisation, intensité) ; ensuite seulement viennent les mesures de son intensité et de l’efficacité de la prise
en charge proposée. Celle-ci sera adaptée à la cause supposée et aux caractères décrits.
»
Les échelles d’évaluation de la douleur sont des outils de mesure d’intensité visant à la rendre aussi
indépendante de l’évaluateur que possible. Elles sont un appoint utile en gériatrie devant des situations
complexes et répétitives. Les équipes de soins doivent s’approprier ces outils pour que ce phénomène
subjectif soit évalué et donc pris en charge de façon objective et reproductible.
Mots-clés
Douleur
Gériatrie
Échelles
Évaluation
Complexe
Répétition
Summary
Pain is a sensory and emotion-
ally experience in elderly as in
adult person. Evaluation begins
by imaging its existence, then
the characteristics of the pain
(hours, localisation, intensity)
have to be precise. After that,
it is necessary to measure the
pain with scales of intensity
and to note the result of its
management. This one depends
on aetiology.
Scales of intensity are to be as
independent as possible from
the assesmenter. They are
useful in geriatrics because
situations are complex and
repetitive. Caregivers must
appropriate themselves these
scales as tools. This subjective
phenomenom (pain) must be
assessed and managed as an
objective and reproducible one.
Keywords
Pain
Geriatrics
Elderly
Scales
Assessment
Complex
Repetition
rience douloureuse (3). C’est pourquoi une analyse
fine de ce phénomène est si importante, avec les
questions rituelles : “où avez-vous mal ?”, “quand ?”,
“comment ?”, “pourquoi ?” et “combien ?”, en utilisant
les échelles quantitatives pour la dernière partie.
J’ai personnellement l’habitude de demander aux
malades de me “raconter leur douleur”.
Évaluation du type de douleur :
où ? quand ? comment ?
Pour commencer l’évaluation, il faut connaître les
caractéristiques cliniques de la douleur. Il existe
3 types principaux de douleur.
Les douleurs par excès de nociception sont dues à
un excès de stimulation des nocicepteurs périphé-
riques. C’est le cas des douleurs de fracture, de plaie
ou de compression des tissus par une tumeur cancé-
reuse. Ce sont des douleurs assez faciles à identifier ;
l’évaluateur y trouve une certaine logique et une
correspondance anatomoclinique satisfaisante.
La lésion responsable est souvent visible clini-
quement ou radiologiquement.
Les douleurs neuropathiques sont dues à une
lésion du système nerveux sensitif chargé de la
conduction du message douloureux, par exemple
une lésion physique des nerfs ou des troncs nerveux,
une plaie, une compression ou une tumeur. Il peut
s’agir aussi d’une lésion inflammatoire (comme dans
la sclérose en plaques), d’une atteinte virale (zona)
ou ischémique (accidents vasculaires cérébraux). Ces
douleurs ont un caractère particulier (brûlures, éclairs,
dysesthésies complexes) et doivent être recherchées.
Parfois, les malades ne font pas de description
spontanée de la douleur, car ils craignent de ne pas
être crus (comme dans l’algohallucinose – sensation
douloureuse du membre amputé – par exemple).
Enfin, les douleurs psychogènes sont engendrées
par un stress d’origine psychique (dépression par
exemple). Les lombalgies et les céphalées sont des
exemples fréquents de douleurs psychogènes. C’est
une composante importante de la douleur complexe
à prendre en compte.
Il est important d’évaluer de quel type de douleur il
s’agit, car le traitement qui en découle ne sera pas
le même. Chacune des composantes de la douleur
est à intégrer, avec la prise en charge adaptée qui
s’ensuit.
Évaluation de la cause
de la douleur : pourquoi ?
La prise en charge symptomatique minutieuse
de chaque composante douloureuse n’évite pas
la démarche clinique de la recherche étiologique.
Considérer le malade dans sa globalité permet
d’établir cette analyse : par exemple, s’il est assez
logique d’évoquer une douleur possible chez un
patient ayant subi une fracture récente ou souffrant
d’une plaie, l’appréciation sera plus délicate devant
des douleurs complexes faisant suite à un accident
vasculaire cérébral ou après un zona dont les lésions
auraient disparu.
Évaluation de l’intensité
de la douleur : combien ?
La tendance actuelle est à l’élaboration d’échelles
avec obtention de scores dans tous les domaines
d’approche du patient : la douleur n’y fait pas
exception. L’utilisation d’outils tels que les échelles
est importante pour tenter de comparer des
expériences aussi complexes, subjectives et multi-
dimensionnelles que la douleur. Ils constituent
également un précieux outil, reproductible et aussi
indépendant que possible de l’évaluateur, bien que
la pratique montre que l’évaluation de l’intensité
de la douleur reste un partage d’expérience qui
dépend aussi de l’état émotionnel de l’évaluateur.
Cependant, ces échelles limitent la subjectivité
et présentent l’avantage d’obliger à questionner
le patient, ce qui évite une évaluation aléatoire
connotée d’un jugement de valeur.
Il existe 2 principaux types d’échelles d’évaluation
de l’intensité de la douleur : les échelles d’auto-
évaluation et les échelles d’hétéro-évaluation. À ces
2 types d’échelles s’ajoutent les échelles spécifiques