DOSSIER THÉMATIQUE Gériatrie La douleur de la personne âgée : évaluation Pain in elderly: assessment V. Darees* L a douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable rapportée à une lésion tissulaire réelle ou virtuelle, ou décrite “en termes d’un tel dommage” (1). L’expérience de vie de la personne âgée est plus riche en événements et en pathologies potentiellement douloureuses que celle de l’adulte. De même, son histoire médicale est souvent abondante et complexe, avec des pathologies intriquées ; la chronicisation est fréquente. Par ailleurs, il y a davantage de risques de rencontrer chez une personne âgée une pathologie source de douleur chronique comme l’arthrose, une séquelle de chirurgie, un zona, une polyarthrite, etc. La douleur non identifiée et devenue chronique est source de confusion mentale et d’un retentissement fonctionnel plus sévère. * Équipe mobile de soins palliatifs CHU-93, hôpital Jean-Verdier, Bondy. Évaluation de l’existence de la douleur : l’hypothèse de la douleur Bien connaître les effets de la douleur sur le comportement est indispensable pour en faire le diagnostic. L’évaluation des aspects multidimensionnels de la douleur indique clairement que la sévérité de la douleur est le facteur primaire déterminant l’impact de la douleur sur le patient et l’urgence de la mise en place d’un traitement adapté (2). C’est donc bien le retentissement de la douleur sur le comportement qui est le meilleur indicateur de son intensité. Si le vieillissement seul affecte peu le seuil de perception de la douleur, en revanche, celui-ci est influencé par la répétition des expériences douloureuses antérieures. Par ailleurs, le retentissement psychique et social de cette douleur devenue chronique est souvent plus sévère chez la personne âgée (douleur provoquée par un soin répété comme le soin d’escarre, ou la mobilisation pour la toilette par exemple). Le retentissement de la douleur se situe à 3 niveaux : somatique, psychique et social. Si ces 3 niveaux sont atteints, on parle de douleur totale. Chez une personne âgée ayant des troubles de la communication, en particulier, on fera l’hypothèse de la douleur devant, par exemple, une modification du comportement moteur : arrêt de la déambulation ou au contraire agitation, délire ou verbalisation inadaptée ou au contraire silence chez une personne qui verbalisait beaucoup. Le retentissement de la douleur chez la personne âgée peut être particulièrement sévère et peut provoquer des troubles du sommeil, voire un isolement social. La dépression engendrée par la chronicisation de la douleur peut prendre le masque d’une régression, d’autant plus qu’il existe des troubles cognitifs et une poly­médication. Lorsqu’on parle d’évaluation, il s’agit la plupart du temps d’évoquer les échelles d’intensité. Il en sera bien sûr question, avec les résultats d’études récentes de l’utilisation de ces échelles. Mais auparavant, passons en revue les différentes évaluations indispensables à l’approche du patient douloureux. La douleur non identifiée, qui n’est donc pas prise en charge, engendre un phénomène d’habituation et une adaptation du comportement. Les attitudes les plus couramment observées sont un évitement des situations douloureuses pouvant conduire à un repli. Il semble que le cortex frontal droit soit impliqué dans la genèse de la mémorisation de l’expé- 16 | La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 323 - octobre-novembre-décembre 2010 Points forts »» La douleur est une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, quel que soit l’âge de la personne. Son évaluation commence par faire l’hypothèse de son existence, de ses caractéristiques (horaires, localisation, intensité) ; ensuite seulement viennent les mesures de son intensité et de l’efficacité de la prise en charge proposée. Celle-ci sera adaptée à la cause supposée et aux caractères décrits. »» Les échelles d’évaluation de la douleur sont des outils de mesure d’intensité visant à la rendre aussi indépendante de l’évaluateur que possible. Elles sont un appoint utile en gériatrie devant des situations complexes et répétitives. Les équipes de soins doivent s’approprier ces outils pour que ce phénomène subjectif soit évalué et donc pris en charge de façon objective et reproductible. rience douloureuse (3). C’est pourquoi une analyse fine de ce phénomène est si importante, avec les questions rituelles : “où avez-vous mal ?”, “quand ?”, “comment ?”, “pourquoi ?” et “combien ?”, en utilisant les échelles quantitatives pour la dernière partie. J’ai personnellement l’habitude de demander aux malades de me “raconter leur douleur”. Évaluation du type de douleur : où ? quand ? comment ? Pour commencer l’évaluation, il faut connaître les caractéristiques cliniques de la douleur. Il existe 3 types principaux de douleur. Les douleurs par excès de nociception sont dues à un excès de stimulation des nocicepteurs périphériques. C’est le cas des douleurs de fracture, de plaie ou de compression des tissus par une tumeur cancéreuse. Ce sont des douleurs assez faciles à identifier ; l’évaluateur y trouve une certaine logique et une correspondance anatomoclinique satisfaisante. La lésion responsable est souvent visible cliniquement ou radiologiquement. Les douleurs neuropathiques sont dues à une lésion du système nerveux sensitif chargé de la conduction du message douloureux, par exemple une lésion physique des nerfs ou des troncs nerveux, une plaie, une compression ou une tumeur. Il peut s’agir aussi d’une lésion inflammatoire (comme dans la sclérose en plaques), d’une atteinte virale (zona) ou ischémique (accidents vasculaires cérébraux). Ces douleurs ont un caractère particulier (brûlures, éclairs, dysesthésies complexes) et doivent être recherchées. Parfois, les malades ne font pas de description spontanée de la douleur, car ils craignent de ne pas être crus (comme dans l’algohallucinose – sensation douloureuse du membre amputé – par exemple). Enfin, les douleurs psychogènes sont engendrées par un stress d’origine psychique (dépression par exemple). Les lombalgies et les céphalées sont des exemples fréquents de douleurs psychogènes. C’est une composante importante de la douleur complexe à prendre en compte. Il est important d’évaluer de quel type de douleur il s’agit, car le traitement qui en découle ne sera pas le même. Chacune des composantes de la douleur est à intégrer, avec la prise en charge adaptée qui s’ensuit. Évaluation de la cause de la douleur : pourquoi ? La prise en charge symptomatique minutieuse de chaque composante douloureuse n’évite pas la démarche clinique de la recherche étiologique. Considérer le malade dans sa globalité permet d’établir cette analyse : par exemple, s’il est assez logique d’évoquer une douleur possible chez un patient ayant subi une fracture récente ou souffrant d’une plaie, l’appréciation sera plus délicate devant des douleurs complexes faisant suite à un accident vasculaire cérébral ou après un zona dont les lésions auraient disparu. Évaluation de l’intensité de la douleur : combien ? La tendance actuelle est à l’élaboration d’échelles avec obtention de scores dans tous les domaines d’approche du patient : la douleur n’y fait pas exception. L’utilisation d’outils tels que les échelles est importante pour tenter de comparer des expériences aussi complexes, subjectives et multidimensionnelles que la douleur. Ils constituent également un précieux outil, reproductible et aussi indépendant que possible de l’évaluateur, bien que la pratique montre que l’évaluation de l’intensité de la douleur reste un partage d’expérience qui dépend aussi de l’état émotionnel de l’évaluateur. Cependant, ces échelles limitent la subjectivité et présentent l’avantage d’obliger à questionner le patient, ce qui évite une évaluation aléatoire connotée d’un jugement de valeur. Mots-clés Douleur Gériatrie Échelles Évaluation Complexe Répétition Summary Pain is a sensory and emotionally experience in elderly as in adult person. Evaluation begins by imaging its existence, then the characteristics of the pain (hours, localisation, intensity) have to be precise. After that, it is necessary to measure the pain with scales of intensity and to note the result of its management. This one depends on aetiology. Scales of intensity are to be as independent as possible from the assesmenter. They are useful in geriatrics because situations are complex and repetitive. Caregivers must appropriate themselves these scales as tools. This subjective phenomenom (pain) must be assessed and managed as an objective and reproducible one. Keywords Pain Geriatrics Elderly Scales Assessment Complex Repetition Il existe 2 principaux types d’échelles d’évaluation de l’intensité de la douleur : les échelles d’auto­ évaluation et les échelles d’hétéro-évaluation. À ces 2 types d’échelles s’ajoutent les échelles spécifiques La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 323 - octobre-novembre-décembre 2010 | 17 DOSSIER THÉMATIQUE Gériatrie La douleur de la personne âgée : évaluation élaborées pour une pathologie précise (en rhumatologie, en neurologie, etc.). Avec les échelles d’autoévaluation, le patient mesure lui-même l’intensité de sa douleur. Cet outil requiert une certaine capacité d’abstraction : le malade doit pouvoir définir lui-même les différentes caractéristiques de cette “expérience sensorielle et émotionnelle désagréable” (4). Il existe 3 échelles d’autoévaluation : l’échelle visuelle analogique (EVA), l’échelle numérique (EN) et l’échelle verbale simple (EVS). L’EVA est constituée d’une réglette graduée de 0 à 10 ou de 0 à 100 côté évaluateur (figure). Le patient ne voit pas la graduation, mais il visualise une ligne horizontale (le plus souvent de couleur rouge) le long de laquelle il doit déplacer le curseur. La réglette est présentée horizontalement : l’extrémité gauche correspond à l’absence de douleur (cotation 0) et le côté droit, à la pire douleur que le patient puisse imaginer (cotation 10). L’évaluateur lit la cotation de l’autre côté de la réglette. A 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 B Je n’ai pas mal Ma douleur est intolérable Figure. Réglette d’EVA vue du côté de l’évaluateur (A) et vue du côté du patient (B). L’EN consiste à demander au patient de coter lui-même oralement sa douleur en lui attribuant une note de 0 (absence de douleur) à 10 (pire douleur qu’il puisse imaginer). L’EVS, plus simple à utiliser, consiste à demander au patient de quantifier sa douleur selon 3 niveaux : “faible”, “modérée” ou “intense”. Les patients trouvent parfois difficile de coter leur douleur, même en l’absence de troubles cognitifs. Ces échelles sont cependant très utiles, en particulier dans la douleur aiguë et dans la douleur cancéreuse, pour suivre l’efficacité d’un traitement et pour différencier plusieurs douleurs chez un même patient. Tous les 18 | La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 323 - octobre-novembre-décembre 2010 termes sont standardisés pour que l’interrogatoire soit le plus reproductible possible, donnant aussi l’occasion de parler de cette douleur avec le malade. Une récente étude menée par le département de psychologie de l’université de Catalogne et portant sur une population de 177 patients de plus de 65 ans visait à comparer les résultats obtenus à partir de 2 types d’échelles : l’échelle des visages et une échelle chiffrée nommée “pain thermometer” (PT). Les scores obtenus étaient comparables et la relation entre l’intensité de la douleur éprouvée par le patient et l’affect négatif ressenti était significative (5). Si le patient n’est pas en mesure d’évaluer lui-même sa douleur, l’équipe peut recourir aux échelles d’hétéro-évaluation, qui sont fondées sur l’observation du comportement du patient, en particulier toute modification de comportement qui pourrait être attribuée à la douleur. Différentes échelles validées existent en France : ➤➤ l’échelle Doloplus 2 en gériatrie (téléchargeable sur le site du Centre national de ressources de lutte contre la douleur : www.cnrd.fr), qui est adaptée à l’évaluation globale du retentissement de la douleur sur le comportement durant une journée ; ➤➤ l’échelle ECPA (téléchargeable sur www.cnrd.­fr), adaptée à l’évaluation de la douleur provoquée par les soins, également applicable en gériatrie. Une version simplifiée Algoplus (téléchargeable sur www.cnrd.fr) reprend en 5 items une évaluation de l’intensité de la douleur provoquée par les soins ou de l’intensité d’une douleur aiguë ; elle est aisément reproductible et semble assez indépendante de l’évaluateur. Une équipe française a validé prospectivement une échelle mise au point par une équipe canadienne.­ Il s’agit d’une grille d’évaluation de la douleur conçue pour les personnes âgées ayant des difficultés à communiquer (Pain Assessment Checklist for Seniors with Limited Ability to Communicate [PACSLAC]). Cette grille a été validée auprès d’une population de 86 personnes âgées souffrant de troubles cognitifs sévères. Les situations observées étaient “calmes”, “douloureuses” ou “pénibles”, ce qui correspond au quotidien des gériatres, qui relèvent souvent des situations douloureuses à caractère quotidien et répétitif. Dans cette étude, la grille a été considérée comme fiable et cohérente. Sa validité discriminante a été jugée satisfaisante. Elle semble assez longue DOSSIER THÉMATIQUE Gériatrie à remplir mais présente l’avantage, selon nous, d’obliger le soignant à s’interroger sur de petits signes de modification du comportement pouvant être révélateurs de douleurs (6). Le but de l’utilisation d’une échelle est d’objectiver la douleur en limitant la dimension subjective. Une équipe norvégienne (7) a croisé l’évaluation de la douleur par l’échelle Doloplus 2 avec une hétéroévaluation non validée laissée à l’appréciation du soignant : “oui”, “non”, “ne sait pas”. La population étudiée a plus de 65 ans et vit en établissement médicalisé. Davantage de patients sont reconnus comme douloureux avec Doloplus 2 qu’avec l’évaluation subjective. L’échelle semble donc avoir sa place non seulement pour la mesure, mais aussi pour le dépistage de la douleur. C’est ce que l’on observe en clinique gériatrique lorsque les patients n’ont pas de plainte, ni spontanée, ni à la sollicitation. L’observation “échelle en main” permet souvent de dépister une douleur que le patient refusait peut-être d’exprimer pour diverses raisons (culturelle, crainte du traitement, fierté, etc.). Une autre étude menée en Suède (8) a comparé l’EVS et l’EVA. Il s’agissait de savoir si les 2 échelles sont aussi fiables l’une que l’autre et si elles sont interchangeables. La population étudiée (sans critère d’âge) est hospitalisée dans un service de rééducation pour traumatisés de la moelle épinière. Les patients ont des douleurs musculo-squelettiques localisées ou projetées, par excès de nociception ou neuropathiques ; ils sont répartis en 3 groupes en fonction de l’étiologie de la douleur. Dans cette étude, l’EVS est divisée en 5 niveaux : 0 (pas de douleur), 1 (douleur faible), 2 (douleur modérée), 3 (douleur sévère) et 4 (pire douleur imaginable). Les auteurs concluent que les 2 échelles ne sont pas interchangeables et que le choix de l’échelle à utiliser doit être orienté par l’étiologie de la douleur. Ces auteurs préfèrent l’EVS pour la clinique, et l’EVA pour la recherche. À Milan, une autre équipe (9) a comparé l’EN et l’EVS dans la douleur aiguë paroxystique. Les patients souffraient de douleurs chroniques d’origine cancéreuse. Cette étude multicentrique a rassemblé 240 patients atteints d’un cancer évolué avec une douleur de fond et des accès douloureux paroxystiques (ADP) dans les dernières 24 heures, dont l’intensité était supérieure à 6 sur 10. Les résultats ont mis en évidence que l’EN était plus discriminante entre douleur de fond et ADP d’une part, et davantage reproductible dans la mesure des ADP d’autre part. Les auteurs ont conclu à la supériorité de l’EN dans l’évaluation de l’intensité douloureuse des ADP dans cette population. L’équipe de S.M. Paul (10) a cherché à démontrer qu’il existait un lien entre EVS et EN. D’autres échelles plus sensibles comportent des graduations plus fines et on peut s’interroger sur la pertinence d’une simple échelle verbale à 3 niveaux. L’expérience a montré que l’utilisation d’une échelle simple à utiliser et aisément reproductible, qui augmente la fiabilité de l’évaluation, était préférable pour une population gériatrique avec troubles cognitifs fréquents. Par ailleurs, les antalgiques de la douleur par excès de nociception ont été classés par l’OMS en 3 catégories, qu’il est aisé de relier aux niveaux de douleur (faible, modéré, intense) proposés dans l’autoévaluation. Enfin, cette classification en 3 niveaux est aisément reproductible pour les essais cliniques. Ces échelles semblent donc avoir leur place dans de nombreux domaines, et également dans l’évaluation de l’intensité de la douleur, puisqu’il est question d’assurer la reproductibilité de la mesure d’un phénomène subjectif. L’équipe de R.C. Serlin (11) a recherché un lien entre la gradation de la douleur par le patient et la sévérité de son retentissement sur son activité. Il apparaît qu’il n’y a pas de relation linéaire entre la sévérité de la douleur “dite” et son interférence avec les activités de la vie quotidienne. Cette étude multicentrique montre également une interférence identique dans 4 pays culturellement et linguistiquement différents. Par ailleurs, les équipes de douleur cherchent à faire correspondre les données subjectives de l’EVS avec une cotation chiffrée. Les résultats varient selon les pathologies étudiées (rhumatologie, cancérologie, douleur chronique autre). Réévaluation Une fois la douleur soigneusement étiquetée et une fois le traitement prescrit, la prise en charge n’est pas pour autant terminée. Il faut s’attacher à renouveler cette évaluation, à un intervalle qu’il faudra définir, dans des conditions reproductibles, et à évaluer l’efficacité du traitement proposé. La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 323 - octobre-novembre-décembre 2010 | 19 AudioNova définit ses protocoles d'appareillage Tout au long de l’année 2010, des groupes de travail regroupant audioprothésistes et assistantes ont en effet confronté leur pratique de l’appareillage auditif et de son suivi, pour déterminer ensemble une démarche commune dans la prise en charge du patient. Résulte de ce travail la définition des protocoles d’appareillage et de suivi AudioNova. Les protocoles AudioNova définissent, pour chacun des différents types de surdité, la séquence de tests auditifs et audioprothétiques que l’audioprothésiste doit pratiquer à chacun de ses rendez vous avec le patient. Ils permettent ainsi d’adapter la prise en charge du malentendant à sa pathologie, l’audioprothésiste déterminant, à partir de la prescription médicale, la série de tests et de données nécessaires à l’analyse des besoins du patient. Etape par étape, ils détaillent également l’ensemble des documents et informations à transmettre au patient pour garantir transparence, pédagogie de l’appareillage (bénéfices, démarches, durée, limites, travail de rééducation nécessaire…), et in fine totale implication du malentendant dans la démarche. L’objectif de ce travail est de pouvoir apporter à l’ensemble de nos patients et de nos partenaires une garantie homogène de qualité d’appareillage. Il s’agit donc pour le réseau AudioNova d’un outil fondamental dans la construction de son identité et la mise en adéquation de celle-ci avec la pratique quotidienne de chacun de nos centres d’audition. Notre challenge pour l’année 2011 sera la mise en place progressive de ces protocoles dans l’ensemble de nos centres d’audition. Ceci nous permettra d’améliorer encore notre pratique du métier de l’audioprothèse pour contribuer à lever les barrières à l’appareillage auditif et à en réduire les échecs. Pour autant, il ne s’agit pas d’un outil figé et grâce aux commentaires de nos partenaires, médecins ORL en tête, nous poursuivrons continuellement cette démarche qualité. Bruno Delaunay Fabien Auberger C’est ici que l’ego du clinicien risque de souffrir : quelques patients ont besoin de leur douleur pour se sentir exister, sentir leur corps, capter ou garder l’attention de leur entourage, y compris du soignant. On note parfois ainsi un épuisement des équipes de soins face à cette évaluation répétitive et quelquefois décourageante. On observe également des comportements résistants de la part de soignants qui refusent d’entendre la douleur du malade : “Je suis un bon soignant ; avec moi, les malades n’ont pas mal.” Conclusion L’évaluation de la douleur de la personne âgée est complexe. Des outils permettent de la mesurer au mieux. Il est important de garder à l’esprit que les équipes soignantes doivent s’approprier un outil, quel qu’il soit, dans ces situations répétitives, pour rendre cette évaluation objective et reproductible. Cela étant, la douleur reste un phénomène subjectif, dont l’évaluation est clinique. ■ Références bibliographiques 1. Merskey H, Spear FG. Pain: psychologiced and psychiatric aspects. London: Billiere Tindall Gassesell 1967. 2. Anderson KO, Syrjala KL, Cleeland CS. How to assess cancer pain. In Turk DC, Melzack R (Eds). Handbook of pain assessment, 2nd ed. New York: Guilford Press, 2001, pp.579-600. 3. McNamara P, Oscar-Berman M, Albert M. Frontal lobe function and pain in elderly. J Adult Dev 2000;7:113-9. 4. Hirzowski F, Boureau F. Nécessité d’évaluer la douleur en pratique quotidienne. Douleurs 2000;1-1:16-8. 5. Miró J, Huguet A, Nieto R, Paredes S, Baos J. Evaluation of reliability, validity, and preference for a pain intensity scale for use with the elderly. J Pain 2005;6:727-35. 6. Aubin M, Verreault R, Savoie M et al. Validité et utilité clinique d’une grille d’observation (PACSLAC-F) pour évaluer la douleur chez des aînés atteints de démence vivant en milieu de soins de longue durée. Can J Aging 2008;27:45-55. 7. Torvik K, Kaasa S, Kirkevold O et al. Validation of Doloplus-2 among nonverbal nursing home patients: an evaluation of Doloplus-2 in a clinical setting. BMC Geriatr 2010;10:9. 8. Lund I, Lundeberg T, Sandberg L et al. Lack of interchangeability between visual analogue and verbal rating pain scales: a cross sectional description of pain etiology groups. BMC Med Res Methodol 2005,5:31. 9. Brunelli C, Zecca E, Martini C et al. Comparison of numerical and verbal rating scales to measure pain exacerbations in patients with chronic cancer pain. Health Qual Life Outcomes 2010;8:42. 10. Paul SM, Zelman DC, Smith M, Miaskowski C. Categorizing the severity of cancer pain: further exploration for establishment of cutpoints. Pain 2005;113:37-44. 11. Serlin RC, Mendoza TR, Nakamura TR et al. When is cancer pain mild, moderate or severe? Grading pain severity by its interference with function. Pain 1995;61:277-84. 20 | La Lettre d’ORL et de chirurgie cervico-faciale • n° 323 - octobre-novembre-décembre 2010