Le clonage ? Popularisée depuis 1996 par la brebis Dolly, cette technique consiste à injecter le noyau
(et son précieux ADN) d'une cellule appartenant à un individu "A" dans un ovule "B" dont on a au
préalable ôté le noyau ; la cellule obtenue est ensuite stimulée électriquement et implantée dans
l'utérus d'une mère porteuse. Si B apporte certains éléments lors du développement embryonnaire,
tout comme la mère porteuse, c'est cependant A qui est cloné. Habituellement, donneur, ovocyte et
mère porteuse sont vivants et de la même espèce (avec des taux de réussite variables : il fallut 277
œufs fécondés pour obtenir Dolly) ; pour le mammouth, la situation sera indéniablement moins
classique...
Concernant le problème très matériel mais incontournable de l'ovule et de la mère porteuse
réquisitionnée, le mammouth ayant depuis longtemps disparu, il faut se résoudre à se tourner vers
une autre espèce. En l'occurrence, l'éléphant d'Afrique, son plus proche parent. Toutefois, les
éléphantes ne produisent qu'un unique ovule tous les quatre mois environ et, pour peu qu'elles
deviennent gestantes, cinq ans d'attente sont nécessaires avant qu'elles ne relancent un cycle de
maturation de ces précieuses cellules reproductrices. La solution ? L'équipe d'Akira Iritani a contacté
les zoos du Japon pour qu'ils leur cèdent les ovocytes à la mort de leurs éléphantes. Pas besoin donc
de prélèvements compliqués et risqués pour ces dernières.
Reste le donneur, c'est-à-dire le mammouth. Lui est mort et congelé depuis quelques milliers
d'années. En conséquence, son noyau cellulaire est forcément dénaturé et son ADN en lambeaux -
dès que survient la mort, diverses réactions chimiques s'y attaquent. Trouver une cellule
suffisamment préservée pour permettre le clonage n'est donc pas évident. Les merveilleuses momies
de bébés mammouths récemment exhumées du permafrost sibérien peuvent laisser croire que ce
souci est écarté... Trompeuse illusion ! Le froid qui a protégé leur apparence n'a pas épargné leurs
cellules : la congélation n'est pas assez rapide pour empêcher toute dégradation, et les cristaux de
glace qui se forment les déchirent de l'intérieur. Oui, mais en 2008, Teruhiko Wakayama, un autre
généticien japonais, réussissait à cloner une souris restée seize ans dans un congélateur. Un espoir
pour Akira Iritani qui, dès 2009, s'est inspiré des travaux de son collègue pour tenter de cloner un
animal congelé autrement plus imposant : un taureau. Et ce fut une réussite !
TROUVER LA CELLULE ADÉQUATE
Parallèlement, son équipe se lançait dans la récupération de l'ADN nucléaire d'un mammouth pour
tester son injection dans des ovules de souris. "Nous avons démontré que la récupération du noyau
d'une cellule morte depuis une longue période était possible, de même que sa transplantation dans
un ovocyte. Ceci est le premier pas vers la résurrection d'animaux anciens", concluait sa publication
scientifique. Un premier pas toutefois incomplet puisque cet ADN resta muet... D'autres pas restaient
donc à franchir. Le premier d'entre eux étant d'obtenir une cellule de mammouth en parfait état,
condition sine qua none pour tenter de récupérer son noyau, comme Akira Iritani l'annonçait courant
2011 : "Les problèmes techniques ont été résolus et les opérations préparatoires devant nous
permettre d'atteindre notre but ont été menées. Tout ce dont nous avons besoin maintenant, c'est
d'un bon échantillon de tissu prélevé sur un mammouth encore gelé. "Pour ce faire, le professeur
prévoyait cet été une expédition en Sibérie, dont la terre gelée a été jusqu'ici la meilleure
pourvoyeuse en momies glacées de mammouths. Pour l'heure, ses résultats ne sont pas connus mais,
en cas d'échec, des accords avec des laboratoires russes devraient lui donner accès à des carcasses
déjà exhumées et bien préservées. De quoi tester les cellules de différents tissus pour sélectionner
les plus belles, et lancer la manipulation avec ces heureuses élues... Sauf que les spécialistes de l'ADN
ancien sont unanimes : "J'ai eu la chance de travailler sur de nombreux tissus de mammouth,