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ACTUALITÉS
La Keele University a réuni des experts
de 21 pays à Niagara-on-the-Lake,
Canada, du 20 au 23 février derniers
pour faire le point sur les effets de l’alu-
minium sur l’environnement et la santé.
Ce métal est omniprésent dans notre
environnement. L’exposition croissante
à l’aluminium présent dans l’air, l’eau,
la nourriture, les cosmétiques, et les
produits pharmaceutiques est associée
à un risque d’accumulation de ce
métal dans notre organisme. Ce métal,
biologiquement très réactogène et se
dissociant très lentement des liaisons
chimiques qu’il établit, a été systémati-
quement exclu des organismes vivants
au cours de l’évolution. Il est possible
que dans le cadre d’une accumulation
lente, plus marquée chez certains
individus, il puisse agir comme un facteur
exogène (parmi d’autres possibles)
dévoilant une prédisposition de nature
génétique à développer certaines mala-
dies, notamment neuro-dégénératives.
Le risque d’accumulation est augmenté
par l’allongement considérable de la
durée de vie de la population.
Une attention croissante se porte
actuellement sur l’hydroxyde d’aluminium,
une forme particulaire de l’aluminium.
Même dans l’eau, l’aluminium est
majoritairement présent sous forme de
très petites particules à pH neutre. Ces
particules sont utilisées comme adjuvant
des vaccins sous le nom d’Alum. L’identi-
fi cation de la myofasciite à macrophages
(MFM) a permis de comprendre que les
particules d’Alum peuvent persister
très longtemps, jusqu’à 12 ans après
la dernière injection, chez certains
individus prédisposés (voir l’article de
François-Jérôme Authier, La Revue
du GH N°2, octobre-décembre 2010).
La MFM est une lésion infl ammatoire
persistante localisée, détectée au site de
vaccinations anciennes, mais elle s’as-
socie typiquement à des manifestations
générales, essentiellement neurolo-
giques, telles qu’une fatigue chronique
invalidante, des douleurs musculaires
et articulaires diffuses, et des troubles
de la mémoire. Ces manifestations
ont récemment été regroupées sous
l’appellation ASIA par le groupe israélien
de Yehuda Shoenfeld (’ASIA’ Autoim-
Bechir Jarraya du service de
Neurochirurgie du groupe
hospitalier Henri Mondor
a reçu le Prix «Aesculap
EANS Research Prize»
pour les jeunes neurochirurgiens euro-
péens. Ce prix récompense le meilleur
travail européen en neurochirurgie.
Bechir Jerraya a été récompensé pour
mune/infl ammatory syndrome induced
by adjuvants. J Autoimmunity, 2011 ;
36:4-8). Les effets immunostimulants
et neurotoxiques de l’Alum sont bien
établis. Pourtant le lien pouvant exister
entre l’injection musculaire d’Alum et
l’atteinte cérébrale reste assez vague
car la distribution des particules dans
l’organisme n’a pas été étudiée.
Des particules d’aluminium fl uores-
centes ont été construites par l’équipe
«nanohybrides» d’Olivier Tillement
(CNRS/Université Lyon-Sud) pour nous
permettre de suivre le cheminement
des particules chez la souris. Après
injection musculaire, les particules sont
très rapidement capturées localement
par les monocytes/macrophages : une
partie de ces phagocytes forment une
MFM locale et une autre partie migre du
muscle vers les ganglions lymphatiques
régionaux, puis des ganglions vers le
sang, et enfi n du sang vers le cerveau
où une accumulation retardée, lente
mais continue est observée jusqu’au
6ème mois. L’ablation préalable des
ganglions lymphatiques diminue consi-
dérablement l’accès des particules au
sang et au cerveau. L’accès au cerveau
n’était pas observé après injection
intraveineuse directe des particules.
Ces données suggèrent le rôle capital de
la phagocytose des particules dans les
tissus pour leur transport à distance. Il
nous a été possible de montrer que ce
transport est très dépendant du guidage
des monocytes par la molécule chimio-
attractante MCP-1 produite par les
tissus. L’injection directe des particules
dans le cerveau a permis de montrer
que cet organe, contrairement aux
autres, possède la capacité de retenir
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les particules. L’absence de recirculation
des particules est donc certainement
impliquée dans la lente accumulation
cérébrale observée.
Il semble donc que les nanoparticules
d’aluminium, phagocytées au point d’en-
trée dans l’organisme, sont transportées
par un mécanisme du cheval de Troie
dans les organes lymphoïdes, le sang
et le cerveau, où une petite quantité peut
s’accumuler progressivement. Ce méca-
nisme ressemble beaucoup au mécanisme
d’entrée cérébrale de certaines particules
virales (VIH, VHC, peut être EBV).
Une étude conduite avec l’association des
patients MFM et l’équipe d’immunogéné-
tique de Christophe Combadière (CNRS/
UPMC) montre l’existence de polymor-
phismes dans les régions régulatrices du
gène MCP-1 et d’autres chimiokines. La
principale mutation observée est connue
pour augmenter la production de MCP-1.
Il est donc possible que la capacité des
tissus de certains individus à produire
des quantités élevées de chimiokines,
en favorisant la diffusion systémique
de l’adjuvant, constitue un facteur de
susceptibilité individuelle à développer
un syndrome des adjuvants.
Ces travaux ont éte menés grâce au
soutien de l’association E3M (Entraide
aux Malades atteints de Myofasciite à
Macrophages), de l’AFM (Association
Française contre les Myopathies), et de
la Région Ile-de-France : Neuropole
francilien (DIM- NErF) et Partenariats
Institutions-Citoyens (PICRI).
le travail scientifi que de développement
préclinique d’une nouvelle thérapie
génique dans des modèles primates de la
maladie de Parkinson (Prosavin).
Actuellement un essai clinique de cette
même thérapie génique est en cours
dans l’UF neurochirurgie fonction-
nelle, l’investigateur principal étant le
Pr Stéphane Palfi .
Aluminium et cerveau : le macrophage
cheval de Troie
Romain GHERARDI & Josette CADUSSEAU
Service d’Histologie et UPEC/INSERM
Prix européen de la société européenne de neurochirurgie