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LA LETTRE VERNIMMEN.NET
N° 143 octobre 2016
par Pascal Quiry
et Yann Le Fur
raisonnement d’arbitrage qui, malgré sa
simplicité de démonstration (Vernimmen
pp. 737 et 738) n’a pas convaincu
immédiatement l’ensemble de la
communauté financière. Encore
aujourd’hui, et même si ce théorème n’est
plus remis en question, ses conséquences
sont souvent ignorées. Certains oublient
qu’il n’y a pas de repas gratuit, que la magie
de l’effet de levier occulte le coût du
risque…
La théorie des options, par le regard
complémentaire qu’elle offre sur le bilan
d’une entreprise, apporte une autre
manière de vérifier ce théorème.
Partons d’un bilan économique simplifié,
avec seulement deux catégories de
ressources pour l’entreprise : les fonds
propres et les dettes financières. Les dettes
d’exploitation sont extraites du passif et
sont prises en considération dans l’actif
économique.
Le bilan économique simplifié
Pour simplifier, les dettes financières ont
une échéance unique T, date à laquelle
devra être remboursée la somme
contractuellement due (N). La valeur à
l’instant t de cette dette Dt dépend du
risque qu’elle supporte et correspond à la
valeur actualisée à un taux intégrant le coût
du risque (r) de la somme due (N)7 (VAr(N)T–
t).
Si cette dette ne supportait pas de risque,
son rendement serait plus faible, égal au
taux sans risque rf (r > rf). La différence
entre la valeur de la dette sans risque et la
dette portée par l’entreprise correspond au
coût du risque Rt. Nous pouvons donc
retrouver la valeur de la dette risquée par
différence entre la valeur de la dette
risquée et le coût du risque.
Dt = VAr(N)T–t = VArf(N)T–t – Rt
Regardons ce bilan par le prisme des
options (cf. Vernimmen – Chapitre 38
Endettement, capitaux propres et théorie
des options) :
- A l’échéance de la dette,
l’actionnaire pourra obtenir la
différence, si elle est positive, entre
la valeur de l’actif économique et le
montant à rembourser de la dette.
Sinon, les fonds propres ne vaudront
rien. L’actionnaire est ainsi le
détenteur d’une option d’achat sur
les actifs de la société à un prix
d’exercice égal au montant de la
dette à échéance. La valeur des fonds
propres est égale à la valeur d’une
option d’achat sur les actifs de la
société à un prix d’exercice égal au
montant de la dette à échéance
Ct(N).
- Les créanciers sont prioritaires sur les
actionnaires. A l’échéance de la
dette, ils seront remboursés du
montant dû sauf à ce que la valeur de
l’actif économique soit inférieure à
ce montant, auquel cas le
remboursement sera amputé de la
7À l’échéance, DT est égal à N si la société est effectivement
en mesure de rembourser sa dette.