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LE COMMERCE ETHIQUE
ET
LE COMMERCE EQUITABLE
AU
ROYAUME-UNI
* * *
Alain GAUGRIS
Janvier 2004
Janvier 2004
Document réalisé par Alain GAUGRIS, Elisabeth MASETTY et Anne PERICOI
revu par Pierre GRANDJOUAN
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Le développement durable, concept ayant émergé au sein des instances internationales il y a une quinzaine d’années, comporte 3
aspects : la croissance économique, l’équité sociale et la protection de l’environnement. Les commerces éthique et équitable sont la
traduction économique et sociale de ces préoccupations.
Destiné à améliorer l’impact des activités des entreprises sur la société et l’environnement, le commerce éthique, ou responsabilité
sociale et environnementale (RSE), prend progressivement de l’ampleur au Royaume-Uni. La présence du Gouvernement britannique
reste toutefois encore discrète dans ce domaine. Les autorités nationales ont en effet choisi jusqu’à présent de ne pas légifèrer en matière
de RSE, tout en encourageant les entreprises à s’engager de façon volontaire sur cette voie, et en s’intéressant parallèlement aux
questions relatives au développement durable.
Il y a une vingtaine d’années, la RSE faisait ses balbutiements au Royaume-Uni, grâce à la formation d’Organisations non
gouvernementales (ONG) vouées à la promotion de ce nouveau type de commerce auprès des entreprises. Les ONG jouèrent en effet
un rôle moteur dans le développement de la RSE, en particulier par la création en 1984 du 1er fonds d’investissement dit « éthique »,
car incluant ou excluant les valeurs le composant sur une base éthique, sociale et/ou environnementale. En outre, certaines ONG,
au-delà de la seule incitation des entreprises à opter pour la RSE, exercèrent une pression suffisante sur certains dirigeants de sociétés
pour les déterminer à adopter une attitude responsable socialement et environnementalement. Le principal acteur de la RSE demeure
indubitablement l’entreprise, quel que soit son secteur d’activité. Les formes d’engagement dans ce domaine sont multiples comme, par
exemple, le respect de normes environnementales internationales ou encore l’adoption d’un code de conduite interne. L’entreprise, dont
le degré d’implication peut être plus ou moins poussé, trouve de nombreux avantages à se livrer au commerce éthique, notamment en
termes d’image. D’ailleurs, le niveau de sensibilité des consommateurs à cette nouvelle forme de commerce semble croître parallèlement
à l’accroissement du nombre d’entreprises impliquées. Corrélativement, une certaine professionnalisation de la RSE permet d’encadrer
les sociétés, notamment grâce à l’apparition de cabinets spécialisés dans l’évaluation éthique des entreprises, et dont les audits sont
dorénavant intégrés au sein des rapports annuels des entreprises.
Enfin, un signe probant du développement de la RSE est sans doute perceptible à travers l’apparition de préoccupations éthiques
dans le domaine financier. Ainsi, un nombre croissant d’acteurs du secteur bancaire se lancent sur la voie du commerce éthique, et la
valeur des fonds d’investissement éthique a décuplé entre 1997 et 2001 au Royaume-Uni. Des indices boursiers éthiques -
FTSE4GoodUK et FTSE4GoodUK50 - ont également fait jour en 2001. Cependant, apparue encore trop récemment pour que
son efficacité économique soit pleinement prouvée, la RSE voit encore son développement freiné.
Le commerce équitable, quant à lui, est plus spécifiquement axé sur l’établissement de partenariats fondés sur l’équité avec les petits
producteurs des pays du Sud. L’idée de mettre en œuvre une autre forme de commerce apparut dès la fin du XIXème siècle au
Royaume-Uni, elle ne fut cependant réellement formalisée qu’à partir des années 1960 avec l’apparition d’organisations de commerce
alternatif. Par la suite, l’institutionnalisation du commerce équitable a été progressivement réalisée, notamment par la création de
labels équitables et la formation d’organisations d’ampleur internationale - pour l’importation et la labellisation des produits -
spécialisées dans cette forme de commerce. Le commerce équitable est essentiellement centré sur le paiement d’une rémunération
équitable permettant à la fois la juste rétribution du producteur et le développement de la communauté locale. En outre, le nombre
d’intermédiaires du commerce équitable est volontairement restreint. Les producteurs, sélectionnés par les organisations labellisatrices
et regroupés en coopératives, commercent directement avec les organisations importatrices, au nombre de 5 au Royaume-Uni. Celles-ci
peuvent ensuite soit commercialiser directement les produits importés, soit les vendre aux différents distributeurs de produits équitables
(sur le marché britannique, ces distributeurs sont tant des magasins spécialisés que des enseignes de moyenne ou grande distribution).
Fairtrade Foundation, organisation de labellisation du Royaume-Uni, a élaboré en 1994 son propre label, Fairtrade Mark. Le rôle
de cette organisation est étendu, il va de l’établissement des critères des produits équitables à la sensibilisation du public.
La demande de produits équitables au Royaume-Uni est marquée par une augmentation soutenue ces dernières années, les ventes de
produits équitables se sont ainsi accrues de 40% en 2001. Le travail primordial des différents acteurs du commerce équitable demeure
cependant la sensibilisation des consommateurs à ce sujet, afin qu’ils traduisent leurs préoccupations éthiques en achats.
Commerces éthique et équitable sont en essor au Royaume-Uni, mais leur véritable expansion dépend à présent essentiellement d’un
engagement massif des consommateurs.
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Le commerce s’organise traditionnellement à l'insu tant du producteur que du consommateur. Le
producteur ne connaît pas la destination de son produit, tandis que le consommateur ignore la
provenance des articles qu’il achète. En outre, les intermédiaires les plus puissants1 ont la capacité
d’imposer leurs règles, leurs prix, voire leurs produits.
Selon nombre d’analystes, un fossé grandissant entre les pays riches et les pays pauvres résulte de cette
organisation. Les écarts entre les populations les plus riches et les plus pauvres se creusent et
aujourd'hui, la part représentant 20% de la population la plus riche dans le monde a des revenus
soixante fois supérieurs à celle qui représente 20% de la population la plus pauvre.
La majeure partie de la population des pays en développement (ou PED) ne bénéficient pas de
l’accroissement des échanges commerciaux internationaux. L’environnement social de ces pays est
incertain, le niveau des salaires réels très bas, et les conditions de vie sont difficiles. Ainsi, une
importante proportion de la population des pays pauvres d’Afrique, d’une partie de l’Asie ainsi que de
certaines régions d’Amérique centrale vit en dessous du seuil de pauvreté internationalement fixé à 1
USD par jour. Le revenu d’une personne est dit « inférieur au seuil de pauvreté » lorsque son niveau de
revenu ne suffit pas à couvrir ce qui est considéré comme le minimum nécessaire pour subvenir aux
besoins d’une famille en termes de nourriture, de logement, d’habillement et de soins médicaux. Et,
souvent, ces travailleurs ne disposent pas de la possibilité de se regrouper pour la défense de leurs droits,
ni celle de participer aux décisions qui les touchent directement.
De ce constat sont nés deux types de commerce alternatifs : le commerce éthique et le commerce
équitable.
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Le rapport Brundtland2 de 1987, intitulé « Notre avenir à tous », définit le développement durable
comme un développement « qui répond aux besoins des générations présentes sans compromettre la
capacité des générations futures de répondre aux leurs ». Certains préfèrent cependant parler d’un
développement soutenable, c'est-à-dire d’un développement que notre environnement peut supporter
sur le long terme, ce qui serait aussi une traduction plus littérale du terme anglophone sustainable
development. Les tenants du terme « durable » penchent pour la notion de durabilité (cohérence entre les
besoins et les ressources globales de la Terre à court et à long terme), plutôt que pour l'idée d'une
recherche de la limite jusqu'à laquelle la Terre sera capable de nous supporter sans dommage.
1 Grandes marques commanditaires, groupes industriels, organismes financiers, grands distributeurs, centrales d'achat.
2 Rapporteur du projet de la Commission mondiale pour l'environnement et le développement.
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