152 TransFormations n°2/2009
avouables que sa dénomination ne veut bien le laisser croire (C. Heslon, 2007, p. 87).
"Cette fonction socialement revendiquée ne crée guère de métiers correspondants" et
n'apparaît, dans le code ROME, par exemple, que du point de vue du public concerné
(G. Pineau, 2007 p. 163). Quant aux pratiques évoquées sous le vocable
d'accompagnement, elles font référence à des pratiques préalablement existantes et
identifiées, ce qui laisse à penser que "le sens de la revendication d'accompagnement
n'est pas à chercher dans des pratiques nouvelles mais dans une nouvelle manière de poser
des pratiques anciennes" (G. Le Bouëdec, 2007, p. 170).
On pourrait donc, d'entrée de jeu, se dire que, puisqu'il s'avère être quelque peu
fantomatique, le professionnel, à la recherche duquel nous nous proposons d'aller,
n'existe pas. Sauf que l'accompagnement nous a habitués à le savoir loin d'être aussi
simple qu'il n'en a l'air et que les processus d'émergence et de reconnaissance de sa
professionnalité sont peut-être aussi complexes et inattendus que lui....
Défini tantôt, avant tout, comme une posture, ou encore comme une relation,
comme une pratique, comme une fonction sociale essentielle, comme un métier,
comme un lien entre différents métiers unis par une même idéologie,
l'accompagnement est sans doute tout cela et plus encore. Il semble décidemment
bien s'inscrire dans le paradigme de la logique floue! Est-il judicieux et cohérent de
parler de métier, ou de professionnalisation lorsque l'on parle d'accompagnement ?
Si certains avis sur la question sont posés de manière quelque peu exclusive à nos
yeux, d'autres semblent plus nuancés, faut-il y voir des positionnements se situant sur
des niveaux logiques différents, reflets de la complexité de l'accompagnement ?
Nous considérons, pour notre part, que ce qu'engage l'accompagnement c'est
incontestablement bien plus que des compétences, un statut, des fonctions ou une
rémunération, et que, si ce n'est, certes pas, un métier comme les autres, cela ne
signifie pas pour autant qu'il n'en soit pas un.
La notion d'art a été souvent évoquée à son sujet. L'art d'être à un moment donné
d'un chemin de vie, celui ou celle qui va être un des catalyseurs des ressources dont la
personne dispose pour poursuivre ce chemin sans nous. A l'image du thérapeute
extérieur qui devient le catalyseur du thérapeute intérieur. L'art est expression de soi,
fragile et éphémère, mais qui peut aussi traverser le temps, d'une ou de plusieurs vies,
et qui peut être défini comme tel par soi et/ou l'autre, et/ou la société, ce qui pose par
essence la question de son ambiguïté et de sa légitimité. De ce point de vue, il existe
effectivement certaines similitudes. S'il nous fallait vraiment le caractériser, nous
serions tentée de considérer ce dernier comme un métier d'art, en ce sens qu'il est
possible d'y associer trois critères. Celui de métier au sens d'un ensemble de savoir-
faire complexes, (... et que dire en plus de la complexité du savoir "être" ici !), souvent
longs à acquérir et fondés sur une transformation de la matière (...humaine, la sienne
et celle de l'autre), s'exerçant dans les domaines de la création ou de la restauration
(...de soi). Celui d’une production d'objets uniques ou de petites séries (....participer
peu ou prou au développement et à la reconnaissance de la singularité et de l'unicité