CHAPITRE 3: ÉCONOMIE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE

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CHAPITRE 3: ÉCONOMIE DU DÉVELOPPEMENT DURABLE.
Section 1: La croissance économique est-elle compatible avec la préservation de l’environnement ?
I. La croissance économique et le bien-être.
A. Le PIB, une une évaluation imparfaite du bien-être.
Doc 1 & 2 p 140. Doc 1 p 142.
De nombreux exemples nous permettent de démontrer que la hausse du PIB n’est pas forcément synonyme
d’amélioration du bien-être. Nous pouvons le démontrer grâce à certains indicateurs (satisfaction de vie).
L’absence de lien entre richesse et satisfaction est connue sous le nom de paradoxe d’Easterlin.
Ajoutons que l’augmentation de la richesse peut être inégalement répartie. Ainsi, certains individus continuent
de ne pas avoir accès aux biens et aux services. Ce problème se pose parfois de façon aiguë dans le domaine de
l’alimentation.
Doc 1 & 2 p 146.
Enfin, la production économique peut aboutir à la destruction de l’environnement. Une des préoccupations les
plus importantes porte sur la diffusion de gaz à effet de serre et son impact sur le réchauffement climatique. Il
faut aussi souligner l’épuisement de ressouces naturelles non renouvelables. Ces inconvénients sont pris en
compte par le concept d’externalités.
B. Une approche patrimoniale.
Le PIB est un flux de revenus. Il nous permet de mesurer la création de richesses lors d’une période. Pour
mesurer le bien-être, il est sans doute important d’évaluer les stocks de capital susceptibles d’engendrer cette
richesse. On utilise dans ce cas une approche patrimoniale.
Ce patrimoine peut se décomposer en cinq types de capitaux. Le premier est le capital naturel. Il regroupe les
ressources susceptibles d’engendrer un service productif (richesses de la mer, du sol, du sous-sol). Le capital
physique englobe l’ensemble des moyens de production produits et accumulés par l’homme. L’accumulation de
capital physique s’appelle l’investissement. Le capital humain est constitué des capacités physiques et
intellectuelles des individus. Comme le précédent, il peut faire l’objet d’une accumulation, lors de la formation
(initiale ou professionnelle). Le capital social est une notion empruntée à la sociologie (P. Bourdieu) et désigne
les relations qu’un individu peut utiliser dans un but économique (recherche d’emploi par exemple). Enfin, la
notion de capital institutionnel fait référence aux contraintes humaines qui structurent les relations
économiques, politiques et sociales : appareil législatif, normes et valeurs. Ce capital joue un rôle en particulier
dans l’institutionnalisation du marché : ensemble de normes de comportement et d’institutions (judiciaires,
économiques et politiques) qui permettent la confiance nécessaire au bon fonctionnement du marché.
On peut mesurer ces capitaux et leur capacité à générer des richesses. Le capital physique a un impact étudié et
relativement bien connu sur la production. Le capital naturel permet d’obtenir des richesses que l’on peut
mesurer : extraction minière ou d’énergie, explotation du bois... Mais d’autres types d’effet sont difficiles à
appréhender, comme le rôle des forêts dans l’absorption des gaz à effets de serre ou l’utilisation de la nature
dans le tourisme (soleil, enneignement, qualité des paysages, présence de la faune et de la flore...).
Doc 2, 3 & 4 p 142.
II. L’analyse économique du développement durable.
A. La notion de développement durable.
La première conférence sur les questions environnementales a eu lieu en 1972 à Stockholm. Sera créé le
Programme des Nations Unies pour l‘Environnement. Parallèlement, le club de Rome (groupe de réflexion
réunissant scientifiques, économistes, industriels et hauts fonctionnaires), publie un rapport qui met en garde
contre les dangers de la croissance : « Halte à la croissance (The limits to growth)». Tous aboutissent à la
conclusion que la croissance peut nuire à l’environnement. Pour de nombreux chercheurs, il faut mettre fin à la
croissance, sous peine de détruire progressivement les ressources que nous
nous offre la planète, et donc notre
capacité à y produire pour vivre.
Doc 1 p 148.
C’est pourtant une autre approche, moins radicale,
radicale qui fera consensus à partir des années 1980. À l’intitiative du
Programme des Nations Unies pour l’’Environnement est publié un nouveau rapport : « Notre avenir à tous (Our
common future)»
)» appelé aussi rapport « Brundtland », du nom de la présidente de la commission mondiale sur
l’environnement et le développement.
développement Y apparaît pour la première fois la notion de développement durable
(sustainable).
). Ce concept est défini comme le développement répondant aux « besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs ». On y met également l’accent sur « les
besoins essentiels des plus démunis ».
Ainsi cette notion est basée sur trois axes. Du point de vue économique, une nouvelle optique est présentée:
présenté la
croissance ne doit pas être rejetée. Elle est non seulement acceptable mais également nécessaire pour permettre
aux plus démunis de satisfaire leurs
eurs besoins. La croissance économique est donc liée au deuxième axe : les
préoccupations sociales. Troisièmement, la notion d’environnement occupe une place centrale, puisque détruire
l’environnement priverait les générations futures des moyens de satisfaire
satisfaire leurs besoins.
B. Les débats autour de la notion de développement durable.
La notion de développement durable ne fait pas parfaitement consensus et génère un certain nombre de débats.
Nous pouvons décrire ces débats en utilisant l’approche patrimoniale
patrimoniale décrite dans le premier paragraphe. Dans
cette optique, on peut considérer que le développement est durable quand le stock des différents types de
capitaux reste inchangé. La question est de savoir si ces capitaux sont substituables. S’ils le sont, un type
ty de
capital peut disparaître au profit d’un autre à partir du moment où le stock global se maintient. Si les capitaux ne
sont pas substituables, il faut donc veiller
vei
à maintenir le stock de chacun d’eux.
Doc 1 p 150.
Dans la première optique, dite de la « soutenabilité faible », on peut donc faire diminuer le capital naturel à
condition que le stock des autres capitaux
cap
augmente. Par exemple, on peut imaginer que l’augmentation du
capital technique et des connaissanecs permette à l’ensemble de la société de
d pallier
lier la disparition de certaines
c
ressources naturelles. L’homme a aujourd’hui suffisament de connaissances pour réimplanter des espèces
d’animaux, replanter des forêts, dépolluer des fleuves. En ce qui concerne l’énergie, de nouvelles techniques
peuvent permettre de rechercher du pétrole et du gaz dans des zones autrefois difficilement accessible, voire
même de remplacer ces sourcess d’énergie.
Cette approche est évidemment optimiste. Elle consiste à croire que le niveau de pollution peut diminuer avec le
progrès technique. Le lien entre niveau de développement et pollution serait donc représenté sous la forme
for
d’une courbe en cloche, appelée, courbe de Kuznets environnementale.
D’autres
utres économistes et scientifiques sont plus pessimistes et pensent que le capital naturel n’est pas toujours
substituable par du capital technique ou humain. Il s’agit du principe de la « soutenabilité forte ». Certains
dommages à l’environnement sont vus comme irréparables : utilisation de ressources non renouvelables, gaz à
effet de serre. La seule solution consiste à repenser le développement à l’aune des préoccupations écologiques.
Doc 3 p 151.
C. La question des biens communs.
La définition de biens communs repose sur deux critères. Ils sont accessibles à tous (biens « non excluables ») et
en même temps l’utilisation de ces biens par un agent économique empêche l’utilisation par un autre agent (on
parle de biens « rivaux »). On peut donner comme exemple : les ressources halieutiques (ressources en
différentes espèces vivantes aquatiques), nappes d’eau, air, biodiversité...
Doc 3 p 147.
La problématique autour des biens communs est représentée par la « fable » des pâturages. Si chaque utilisateur
a un « droit de vaine pâture », il va chercher à maximiser son utilisation en occupant le pâturage avec son
troupeau. Étendu à tous les utilisateurs, ce raisonnement risque d’aboutir à la disparition des ressources du
pâturage. Face à ce problème, deux solutions sont possibles. Les auteurs libéraux envisagent une privatisation
du pâturage, qui en garantit l’entretien et qui engendre le paiement de droits d’entrée. On peut à l’inverse
imaginer que ce soit l’État qui réglemente et limite l’accès aux pâturages. Ils deviennent alors des biens
collectifs. D’autres suggérent la création de coopératives pour gérer les ressources communes.
Dans le cas des privatisations, on peut donner l’exemple de l’eau potable, dont l’exploitaion est souvent confiée
à des entreprises privées. La réglementation de l’État est illustrée par l’existence de parcs nationaux. Quant aux
coopératives, de nombreux exemples historiques en démontrent l’efficacité, telles que l’entretien des steppes par
les populations nomades de Mongolie qui avaient établi des propriétés de groupe.
III. Les indicateurs du développement durable.
Pour mesurer le développement durable, nous savons déjà que le PIB ne constitue pas l’indicateur adapté. En
effet, il mesure des flux et non des stocks (comme les quatre différents types de capitaux cités dans le premier
paragraphe). De plus, il ne prend pas en compte les dégradations sur l’environnement, qui ne font l’objet
d’aucun échange monétaire. Ajoutons que le développement est surtout une notion qualitative, qui correspond
mal à la mesure purement économique du PIB.
D’autres indicateurs doivent donc être mis au point. De nombreux économistes ont fait des propositions. Ce fut
le cas de W. Nordhaus et J. Tobin, qui recommendent de prendre en compte un certain nombre de dépenses pour
les retrancher au PIB. Ces dépenses sont qualifiées de regrettables. Il s’agit par exemple des dépenses liées à la
défense nationale, mais aussi aux déplacements contraints. La valeur estimée du temps de loisirs, du travail
domestiques et du travail bénévole, les services publics sont à l'inverse considérés comme un « plus ».
Ce fut aussi l’objectif de la commission Stigliz-Sen-Fitoussi réunie en 2008 à l’initiative du gouvernement
français. Il s’agissait de trouver un indicateur patrimonial. Pourtant cette commission n’a pas souhaité apporter
de solution définitive à cette question et a préféré en souligner les difficultés.
D’abord, il n’est pas aisé de donner une mesure précise du capital naturel. Certaines ressources naturelles ne
sont pas parfaitement connues. De plus, les ressources naturelles ont un impact qualitatif difficile à chiffer
(beauté des paysages, qualité de l’air). Et enfin l’apport de certains éléments tels que la biodiversité ont des
effets qu’on ne peut évaluer et quantifier. Une deuxième difficulté repose sur le fait que la notion de
développement durable suppose qu’on arrive à projeter la valeurs des différents capitaux dans le temps (à
l’échelle de plusieurs générations) qu’on parvienne à estimer leurs évolutions et leur possible substituabilité. Par
exemple, comment savoir si dans un siècle l’évoltion des techniques permettra réellement de produire sans
utiliser autant d’énergie ?
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