6 AVRIL 2017 WWW.CONSEILLER.CA
L’ob je c ti f pr em ie r l or squ ’u n cl ie nt tom be m a la de , c ’e st d ’ é li m i-
ner le stress financier. De le rassurer. On va refaire les hypothèses,
revoir la situation, toujours avec une approche globale à la fois
légale, fiscale et financière.
PERTE DE REVENUS ET
FRAIS SUPPLÉMENTAIRES
Pour y parvenir, il est nécessaire de partir à la cueillette du maxi-
mum d’informations possible. À commencer par savoir qui sera
l’intervenant décisionnel : le malade lui-même, un mandataire
en vertu d’une procuration générale ou restreinte, le conjoint,
un enfant ?
Il faut ensuite vérifier les droits aux prestations d’invalidité
des régimes d’État – assurance emploi, CSST, SAAQ, Retraite
Québec – et ceux des régimes privés, tant du côté des assurances
collectives qu’individuelles. Établir les ressources financières
disponibles du malade, vérifier le plan d’interventions médicales
à venir, établir les coûts, évaluer les droits du malade à se faire
rembourser ses frais médicaux – RAMQ, police d’assurance
collective ou assurance individuelle – et, le cas échéant, les autres
façons de financer les soins. Le malade a-t-il droit au crédit d’impôt
pour personnes handicapées tant au fédéral qu’au Québec ? À
des services externes de la part d’un CLSC ou d’organismes à
but non lucratif ?
« On va aussi mettre à jour tous les documents juridiques,
indique Gaétan Vei llette, pla nif icateur financier au Groupe
Investors. Vérifier la procuration générale et le mandat en cas
d’inaptitude, le ou les testaments établis tant au Canada qu’à
l’étranger, les conventions d’union de fait. Existe-t-il une procu-
ration relative à l’acharnement diagnostique ou thérapeutique,
aux transplantations, aux prélèvements ou au don d’organes ? »
Mais ce qui inquiète finalement le plus le client lorsque le
diagnostic n’est pas fatal, ce sont les risques financiers encourus :
perte d’emploi, perte de clients, notamment dans le cas des tra-
vailleurs autonomes, faillite, saisie, perte de fonctions publiques
pour le personnel politique ou encore les administrateurs d’un
conseil d’administration, modifications à l’habitat, changement de
résidence, acquisition d’un véhicule adapté, d’une chaise roulante
électrique, d’un triporteur ou d’un lit adapté, services de soins
personnels, etc. Il y a d’un côté bien souvent une perte de revenus
et, de l’autre, des frais supplémentaires.
« Selon la situation, le conseiller peut proposer plusieurs
concepts et stratégies, explique M.Veil le tte . Déf isc alise r pro-
gressivement le patrimoine – retraits du REER, disposition d’actif,
gains en capital –, prendre une marge de crédit hypothécaire,
identifier des aidants naturels qui peuvent être admissibles au
crédit d’impôt pour aidant naturel, enclencher les prestations
du Régime de pension agréé (RPA) et demander les rentes des
régimes d’État comme le Régime de rentes du Québec (RRQ),
le programme de Sécurité de la vieillesse (PSV), le Supplément
de revenu garanti (SRG), etc. »
DES CRAINTES IRRAISONNÉES
« Bien sûr qu’il faut vérifier que le dossier du client est en adé-
quation avec sa nouvelle situation mais, dans ma pratique à moi,
une fois les demandes d’indemnités faites, dans neuf cas sur dix,
ma conclusion a été de ne rien changer, nuance Jean Dupriez.
C’est compliqué parce qu’on voit des craintes irraisonnées surgir
chez le client. Il se dit : je suis malade, je dois faire quelque chose.
Or, il faut à tout prix éviter qu’il ne fasse des changements à un
portefeuille d’investissement simplement parce qu’il est malade.
S’il a des placements bâtis pour prendre une retraite dans cinq,
dix, quinze ans, ce n’est pas parce qu’il développe un cancer que
ceux-ci ne demeurent pas pertinents. »
M.Dupriez précise que, dans la plupart des cas, les clients
arrivent avec des maladies qui certes font peur, mais qui sont tout
à fait susceptibles d’être soignées aujourd’hui au Canada.
« Chez les femmes, c’est le cancer du sein, chez les hommes,
c’est la prostate, résume-t-il. Ce sont les cancers les plus courants
« Si le client a des
placements bâtis pour
prendre une retraite dans cinq,
dix, quinze ans, ce n’est pas
parce qu’il développe un cancer que ceux-ci ne
demeurent pas pertinents. »
– Jean Dupriez
« On va aussi mettre
à jour tous les documents
légaux. Vérifier la procuration
générale et le mandat en cas
d’inaptitude, le ou les testaments établis tant au
Canada qu’à l’étranger, les conventions d’union
de fait. » – Gaétan Veillette
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