Dossier pédagogique – Trésor d’affiches 2
1. De l’art d’être lisible – La composition
C’est une évidence : une bonne affiche doit être lisible. De loin, en vitesse, par le plus grand nombre.
Pour atteindre cet objectif, l’artiste dispose de nombreux outils, dont la composition de l’image, la
couleur et la typographie.
La composition
Une image doit être construite. Il s’agit de placer des éléments (points, lignes, surfaces) dans un certain
ordre afin que l’ensemble dégage une impression ou une idée. La construction de l’image (lois de la
perspective, respect des proportions, utilisation de la grille) et la disposition des couleurs forment la
composition.
La particularité de l’affiche est qu’elle cumule deux compositions, celle de l’image utilisée (dessin,
photographie) et celle de l’ensemble (l’image associée au slogan, au nom du produit, aux informations
indispensables).
Une composition qui s’appuie sur un axe unique (horizontal, vertical ou oblique) apparaît
fréquemment : une image construite simplement génère une lecture sans difficulté.
La composition est aussi capable de suggérer des états d’âme : sommes-nous dans un espace ouvert ou
fermé, en équilibre ou sur le point d’éclater ? Autrement dit, l’ensemble paraît-il fixe ou dynamique,
ordonné ou déconcertant ?
C’est aussi la composition qui dicte le sens de la lecture, « la circulation du regard ». Soit de façon
conventionnelle : de haut en bas et de gauche à droite ; soit de façon plus innovante : du centre vers
l’extérieur ou en zigzag.
2. De l’art d’être lisible – La couleur
A la fin du XIXe siècle, les affiches passent du noir et blanc à la couleur grâce à la technique de la
lithographie (littéralement « gravure sur pierre »). La couleur va servir à attirer l’attention des passants
et à séduire le public.
Sur le plan de la perception individuelle, la couleur est capable de créer des émotions et des
associations d’idées. Ainsi, le rouge est la couleur archétypale, symbole de la vie, à cause du sang et du
feu. Mais la couleur est d’abord un fait de société car sa portée symbolique dépend du lieu et de
l’époque. Ainsi, en Chine, le rouge est la couleur du mariage et, au XIXe siècle, il devient la couleur du
socialisme. En Suisse, le rouge est forcément associé à la couleur du drapeau national.
À partir de la fin de la Première Guerre mondiale, des enquêtes ont été menées en Europe occidentale
afin de connaître la couleur préférée des adultes. Plus de la moitié des gens citaient le bleu. Il semble
que cette couleur séduise, apaise et fasse rêver, car elle évoque le ciel, la mer, le voyage et donc
l’infini.
Sur le plan phénoménologique, le jaune est une couleur particulièrement visible, que l’on distingue de
loin. Sur le plan symbolique, elle désigne le soleil et les qualités qui lui sont associées : lumière, chaleur,
source de vie et rayonnement. Elle est aussi associée à la richesse (or et blé) et au dynamisme, ainsi
qu’à la tonicité.
L'association de couleurs complémentaires est régulièrement utilisée par les peintres et les graphistes
pour jouer sur leur combinaison forte et leur rendu esthétique. Une couleur est exaltée par la
proximité optique de sa complémentaire. La couleur complémentaire d’une couleur chaude est une
couleur froide et vice versa. Aussi, les trois couleurs fondamentales du spectre solaire qui sont le bleu
(cyan), le rouge (magenta) et le jaune trouvent leur complémentaire dans l’orange, le vert et le violet.