dossier pédagogique - Théâtre de Longjumeau

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DOSSIER PÉDAGOGIQUE
2015-2016 THÉÂTRE DE LONGJUMEAU
EL CID
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JEUDI 14 AVRIL 2015 À 10H
AU THÉÂTRE DE LONGJUMEAU
À partir de 12 ans
Mise en scène Danuta Zarazik
Chorégraphie Karine Herrou
Direction Musicale Sinda Elatri
Maître d’Armes Florence Leguy
Costumes Amélie Hagnerel et Perrine Chassagne
Maquillage Catherine Gargat
Avec la Compagnie Alegría :
Emilien Audibert,
Agathe Boudrières,
Rym Bourezg,
Emanuele Contadini,
MarieGiros,
Issam Kadichi,
Thibaut Kizirian,
Simon Lapierre,
Davide Lazzaretto,
Laurie-Anne Macé
et Clovis Rampant.
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L’AUTEUR
PIERRE CORNEILLE
Ses dates : 6 juin 1606 – 1er octobre 1684
Pierre Corneille est un dramaturge et poète français, il nait à Rouen le 6 juin 1606.
Il étudie au Collègue Bourbon de Rouen tenu à cette période par les jésuites, en
classe de rhétorique notamment, et obtient des prix d’éloquence en latin.
Issu d’une famille de magistrats et l’aîné de cinq enfants, on le prédestine à devenir avocat, mais rien n’y fait. En effet, sa personnalité timide et discrète le détourne
du barreau pour se réfugier dans la poésie.
Il écrit sa première pièce, Mélite, à l’âge de 23 ans, ses œuvres de jeunesses se
tournent vers la comédie. Il s’affirme peu à peu comme un écrivain talentueux et
se fait remarquer par Cardinal de Richelieu, ce dernier lui propose de faire partie d’un cercle d’écrivains pour composer des pièces à sa demande : La société
des cinq auteurs, parmi lesquels L’Estoile, Boisrobert, Guillaume Colletet et Rotrou. Seulement, le jeune Corneille
aspire à une liberté d’écriture et ne supporte pas de composer sur commande. C’est en 1636, qu’il écrit une pièce
d’empreinte semi-tragique, semi-comique, le Cid qui reçue un accueil triomphal. Pièce centrale dans sa carrière,
Corneille s’affirme alors comme un dramaturge de renommée internationale (Le Cid fût traduit dans la majeure
partie des langues européennes) et publie toute une série d’œuvres à succès depuis Horace en passant par La Mort
de Pompée, Polyeucte et Cinna. Il est élu à l’Académie française le 22 janvier 1647 ce qui lui vaudra le surnom de
« Père de la tragédie ».
Côté vie privée, Corneille épouse en 1641 Marie de Lampérière avec qui il aura six enfants. Son frère Thomas Corneille, lui aussi dramaturge, de dix neuf ans son cadet, connaîtra le succès avec une quarantaine d’ouvrages et
succèdera à la mort de son frère au fauteuil d’académicien.
Pierre Corneille sera rattrapé par une jeune génération d’écrivains dont Jean Racine. En effet, on reproche au travail
de Corneille d’être irrégulier, ses compositions alternent succès et déception. Sa popularité baisse cruellement à
partir de Pertharite (1652), au point de se murer dans le silence durant sept années. Il refait apparition sur scène
avec Œdipe en 1659, mais la suite de ses compositions reçoit un accueil mitigé. Après sa dernière œuvre Surena,
Corneille quitte la scène parisienne définitivement et disparait le 1er octobre 1684.
Les œuvres de Corneille sont aujourd’hui considérées comme des classiques de la littérature française, elles ont
aussi contribué à fixer la langue française, qui était à cette période en plein évolution (voir ci-dessous).
Pierre Corneille, Théâtre de P. Corneille: avec des commentaires, et autres morceaux intéressants,
Tome 6, (1650), 1765.
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SES ŒUVRES
1629
1632
1633
1634
1634
1635
1636
1637
1640
1642
1642
1643
1643
Mélite
La Veuve
La Galerie du palais
La Suivante
La Place Royale
Médée
L’Illusion comique
Le Cid
Horace
Cinna
Polyeucte
La Mort de Pompée
Le Menteur
1629
1632
1633
1634
1634
1635
1636
1637
1640
1642
1642
1643
1643
1644
1645
1646
1646
1649
1650
1651
1651
1656
1659
1660
1661
1662
La Suite du menteur
Rodogune
Théodore, vierge et martyr
Héraclius
Don Sanche d’Aragon
Andromède
Nicomède
Pertharite
Imitation de Jésus-Christ
Œdipe
Examens et trois Discours
Conquête de la Toison d’or
Sertorius
1663
1664
1666
1667
1670
1672
1674
Sophonisbe
Othon
Agésilas
Attila
Tite et Bérénice
Pulchérie
Surena
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L’ŒUVRE
Le Cid est une tragi-comédie en 5 actes écrite par Pierre Corneille, publiée en 1636 et représentée pour la première
fois au Théâtre du Marais à Paris en janvier 1637.
Cette œuvre suscita beaucoup de critiques concernant son contenu et sa forme lors de sa publication et sera
condamnée par l’Académie française et le Cardinal de Richelieu.
Le « Cid », « seid » en arabe, veut dire « Seigneur ». Corneille s’est librement inspiré de l’ouvrage Les Enfances du
Cid de l’écrivain espagnol Guillén de Castro, ce qui lui a valut d’être accusé de plagiat.
LES PERSONNAGES
Don Rodrigue (Rodrigue) : fils de Don Diègue et amant de Chimène. Cid est un surnom de guerre qui ne sera rappelé qu’aux actes IV et V et uniquement par le roi et l’Infante.
Chimène : fille de Don Gomès et maîtresse de don Sanche et de Don Rodrigue dont elle est aussi l’amante.
Don Gomès (le comte) : comte de Gormas et père de Chimène.
Don Diègue [de Bivar] : père de don Rodrigue.
Doña Urraque (l’Infante) : Infante de Castille, secrètement amoureuse de don Rodrigue.
Don Fernand : premier roi de Castille.
Don Sanche : amoureux de Chimène.
Elvire : gouvernante de Chimène
Léonor : gouvernante de l’Infante.
Don Arias et Don Alonse : gentilshommes castillans.
RÉSUMÉ
Plus qu’une tragi-comédie, El Cid est un poème épique où la passion amoureuse guerroie avec les codes d’honneur
exacerbés de la péninsule ibérique du XIe siècle. C’est dans le contexte historique d’une Espagne arabo-andalouse
déchirée par les luttes de pouvoir opposant Chrétiens et Musulmans qu’un amour mythique et immortel voit le jour:
celui de Rodrigue et Chimène. Cependant la querelle de leurs pères érige entre eux un obstacle invincible: l’honneur. Faut-il sacrifier son amour ? Faut-il sauver l’honneur ? Faut-il tuer ? Faut-il mourir ?
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L’ARGUMENT
ACTE I
L’histoire se passe à Séville en Espagne en 1033. On apprend que Chimène, fille du Comte Don Gomès s’apprête à
épouser Rodrigue, fils du comte Don Diègue. Ce dernier vient d’être désigné gouverneur du Prince de Castille au
grand désarroi de Don Gomès qui attendait cette promotion. Les relations entre les deux hommes dégénèrent au
point d’en venir aux mains : Don Gomès gifle Don Diègue et le déshonore en faisant tomber son épée. Don Diègue,
fatigué par son grand âge fait appel à son fils, Rodrigue et lui demande de le venger. L’acte se termine sur le
trouble qui hante Rodrigue, doit-il rétablir l’honneur de son père en tuant Don Diègue, ce qui le conduirait à perdre
Chimène à tout jamais ?
ACTE II
Rodrigue décide de venger son père et provoque Don Gomès en duel. Toute la cour est en émoi devant tant de
colère et tente tant bien que mal de dissuader les deux hommes de se battre. L’Infante, elle aussi éprise de Rodrigue,
propose de l’emprisonner, tandis que Don Arias, gentilhomme castillan tente de dissuader Don Gomès. De son côté,
Don Fernand, roi de Castille craint que cette affaire ne vienne aggraver la situation politique : Séville est sur le point
d’être attaquée par les Maures. La situation s’avère incontrôlable, Don Gomès est assassiné par Rodrigue. Chimène
renonce à son mariage et demande au Roi la permission de venger son père.
ACTE III
Chimène demande au Roi la tête de Rodrigue comme titre de vengeance. Rodrigue rejoint ses appartements et lui
offre la possibilité de le tuer de ses propres mains. Les deux amoureux se lamentent sur leur sort et repensent au
passé. Rodrigue explique à Chimène qu’il ne l’aurait pas mérité s’il n’avait pas vengé son père, tiraillé entre son
honneur et ses sentiments pour elle. Son père, lui, le félicite et l’encourage d’aller se battre contre les maures pour
recevoir les hommages du roi ou bien une mort glorieuse.
ACTE IV
Rodrigue revient victorieux de la bataille contre les Maures et obtient le pseudonyme de « Cid » par le roi, Don Fernand. Chimène soulagée de savoir Rodrigue sain et sauf, souhaite tout de même assouvir sa vengeance et demande
au roi la permission d’organiser un duel entre Rodrigue et un chevalier volontaire pour rétablir son honneur. Elle
s’engage à épouser le vainqueur, une opportunité que ne manquera pas de saisir Don Sanche, un prétendant. Le roi
accepte mais à une condition : Chimène devra épouser le chevalier vainqueur même s’il s’agit de Rodrigue.
ACTE V
Rodrigue retrouve Chimène dans ses appartements et lui annonce qu’il ne se défendra pas lors du duel car il ne
supporte pas d’être haït par elle. Chimène le supplie de se battre car elle ne souhaite pas épouser Don Sanche.
L’Infante de son côté pleure sur son sort et se désole que Rodrigue et Chimène n’aient pas été séparés avec tous
ces évènements. Chimène, quant à elle, se rend compte que la situation vire à l’absurde: elle devra épouser le
meurtrier de son père ou bien celui de son amour. Don Sanche arrive auprès de Chimène ce qui l’amène à penser
que Rodrigue est vaincu. Elle se résout à entrer au couvent afin de pleurer son père et son amant. On apprend finalement par le roi que Rodrigue a épargné la vie de Don Sanche lors du duel, et qu’elle est par conséquent invitée à
accepter la main du « Cid » une fois les maures repoussés et son deuil terminé.
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EN SAVOIR PLUS...
LES MAURES À SÉVILLE
L’histoire du Cid se déroule à Séville durant « la reconquista ». Il faut savoir que le territoire de Séville et plus largement de l’Andalousie a subi de nombreuses invasions car il était riche en minéraux (fer, bronze, or et argent). De
plus, Séville est traversée par le fleuve Guadalquivir, ce qui en fait un atout commercial et maritime.
Découverte par les phéniciens, fondée par les tartessiens, conquise
par les catharginois puis les romains, cette ville d’Andalousie constitue un carrefour où diverses civilisations se croisent.
Durant le Moyen Âge, Séville sera occupée par les peuples germaniques qui seront écartés par des armées venant du Maroc vers 711,
c’est la « conquista » symbolisée par la bataille du Guadalete, opposant l’armée Omeyyade et le Royaume de Wisigoth.
En effet, c’est le lieutenant Tariq ibn Ziyad, qui mènera les troupes
berbères sur les terres espagnoles en passant par le détroit de Gilbratar, « djebel Tariq » en arabe, la « montagne de Tariq ». La conquête
par le peuple arabe s’est faite plus ou moins sans contraintes car
les conditions de vie de la population andalouse sont rudes à cette
période : persécution des juifs par les catholiques, épuisement de la
population par la famine et les épidémies, les habitants aspirent à
une stabilité politique et un avenir meilleur, ils vont donc collaborer
avec l’armée Omeyyade.
Toutefois, les relations entre souverains musulmans étant conflictuelles, les chrétiens vont profiter de cette instabilité politique pour
reconquérir les terres andalouses, c’est la « reconquista » qui débute en 718 jusqu’en 1492.
Cette fragilité de l’Espagne du sud est symbolisée par les communautés « taïfas » qui contrôlent chacune une partie
du territoire, Séville est alors occupée par la dynastie des Abbadides qui régna de 1023 à 1091. Un fameux chevalier, mercenaire chrétien nommé Rodrigo Díaz de Vivar alias El Cid Campeador s’est illustré en héros au côté des
armées venues du nord et notamment du roi Ferdinand le Grand de Castille qui occupa le trône de 1035 à 1065.
Selon la légende, El Cid a été élevé à la cour du roi Ferdinand le Grand après la mort de son père. Le Roi pour le
récompenser de sa bravoure mise à profit pour repousser les attaques des maures, lui donne en mariage sa nièce,
Jimena Diaz (Chimène).
Nous remarquerons que les dates indiquées ci-dessus ne correspondent pas réellement au récit de Corneille, en
effet, ce dernier s’est librement inspiré de cette histoire pour en faire un drame à part entière à l’instar de l’écrivain
espagnol Guillén de Castro y Bellvís (1569-1631) et son œuvre Las Mocedades del Cid, dont Corneille s’est aussi
inspiré.
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LA RÈGLE DES TROIS UNITÉS
Le théâtre du 17ème siècle, appelé « théâtre classique » est régenté par un ensemble de règles qui répondent à un souci
de vraisemblance. En effet, l’histoire doit sembler vraie auprès du public et pour ce faire, des règles de « bienséances »
ont été appliquées en accord avec les mœurs de l’époque. C’est François Hédelin, abbé d’Aubignac, qui fixa ces règles
dans son ouvrage Pratique du théâtre, publié en 1657. La pièce El Cid a suscité beaucoup de controverses en particulier pour le non-respect de certains points.
L’unité d’action : L’attention du spectateur doit se concentrer sur une intrigue pour permettre une meilleure compréhension de l’action. Dans El Cid, Corneille génère une intrigue secondaire entre l’Infante et Rodrigue. L’Infante tente
de dissimuler ses sentiments car elle sait que Rodrigue et Chimène sont épris l’un de l’autre.
L’unité de temps : L’action doit se dérouler le temps de la représentation. Dans El Cid l’action se déroule en 24h,
seulement le lecteur à peine à croire qu’autant d’évènements puissent se dérouler en si peu de temps ! (duel entre
Rodrigue et Don Gomès, attaque de la ville dans la nuit par les maures, Rodrigue sauve la ville puis réunion le lendemain avec le roi).
L’unité de lieu : L’action doit se dérouler dans un lieu unique. Cependant, il est possible qu’un lieu ait plusieurs décors.
El Cid se déroule à Séville mais l’action prend place dans différents espaces : la chambre de Chimène, dans les rues
de Séville, au palais du roi etc.
« LA QUERELLE DU CID »
Corneille est incontestablement un grand dramaturge. Depuis la première El Cid, le public l’acclame et le place au
centre de toutes les préoccupations y compris les plus jaloux et réactionnaires. En effet, Corneille n’a pas totalement
respecté la fameuse règle des trois unités, et constitue une faute grave pour le cercle des dramaturges classiques.
L’action condensée est surréaliste, l’histoire d’amour entre Chimène et Rodrigue est concurrencée par les sentiments
de l’Infante pour Rodrigue, l’action se déroule dans différents lieux dans la ville de Séville. De plus, le dénouement
heureux de l’histoire d’amour entre Rodrigue et Chimène contredit la définition de « tragédie », ce qui lui vaut le titre
de « tragi-comédie ».
Corneille est également accusé d’avoir plagié la pièce Les Enfances du Cid de l’écrivain espagnol Guillén de Castro,
de l’avoir non seulement imitée mais également de ne pas l’avoir respectée en déplaçant l’action à Séville au lieu de
Burgos, lieu initial de l’intrigue. Le Cardinal de Richelieu demanda à l’Académie française d’émettre son opinion et
publiea Les Sentiments de l’Académie sur la tragi-comédie du Cid en 1637.
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LE CID DE JULES MASSENET
Le Cid est un opéra français en quatre actes composé par Jules Massenet sur un livret de d’Adolphe d’Ennery, de
Louis Gallet et d’Édouard Blau. Il fut représenté pour la première fois le 30 novembre 1885 à l’Opéra de Paris. Jules
Massenet s’est inspiré à la fois de la pièce Les Enfances du Cid de Guillén de Castro et de celle de Pierre Corneille
El Cid, il a notamment choisi de placer l’intrigue à Burgos.
On observe dans le document ci-à côté, que Jules Massenet a souhaité mettre en valeur le caractère des personnages en choisissant des tessitures de voix particulières.
La tessiture de voix désigne l’ensemble des sons qu’un chanteur peut atteindre avec sa propre voix.
Les rôles de Chimène et l’Infante sont tous les deux interprétés par des chanteuses sopranos. La voix de soprano est
souvent privilégiée pour mettre en valeur les personnages féminins d’apparence jeune et amoureuse. Cependant,
le registre « soprano dramatique » indique que le compositeur a souhaité ajouter une valeur sérieuse au personnage
de Chimène en lui préférant une voix de soprano davantage présente dans les notes graves. En effet, Chimène est
une femme dotée d’une forte personnalité, ainsi ce timbre de voix permet de mettre en avant ce trait de caractère.
Rodrigue, quant à lui est interprété par un chanteur ténor. La voix de ténor est la voix la plus aigue dans le registre
masculin, les compositeurs se plaisent à l’utiliser pour caractériser vocalement des héros dont le sort est cruel tant
du point de vue sentimental que loyal. Ce registre semble parfaitement convenir pour le rôle de Rodrigue, personnage central de la pièce El Cid, continuellement incompris par ses pairs et tiraillé entre son amour pour Chimène
et le devoir envers son père.
Cette œuvre musicale pourrait permettre d’étudier la pièce El Cid sous un angle différent, axé sur la psychologie
des personnages.
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LA PRODUCTION
EL CID SELON LA COMPAGNIE :
Si Le Cid de Corneille fait partie des pièces classiques les plus souvent jouées en France depuis sa création, c’est
que son contenu n’a pas vieilli d’un iota. Le dilemme cornélien (amour du pouvoir ou pouvoir de l’amour) trouve ici
sa plus infinie représentation. Mais comment mettre en scène ce texte aujourd’hui ?
D’une part, nous avons essayé de retranscrire la pièce dans son contexte historique. A l’époque du Cid, l’Espagne
était en pleine Reconquista, bouleversée par une guerre opposant Chrétiens et Musulmans. Ces deux cultures comme
autrefois s’entremêlent dans notre mise en scène, au travers des chants (aussi bien arabes qu’espagnols) et de la
danse (flamenco). Les trois combats (querelle des deux pères, affrontement entre Don Rodrigue et le Comte, ordalie
judiciaire entre Don Rodrigue et Don Sanche) sont exécutés à l’épée médiévale et présentés dans leur entièreté.
D’autre part, il s’agissait de rendre à la pièce sa véritable nature, celle de tragicomédie. En effet, si nous avons à
notre répertoire trois pièces appartenant au genre comique, à savoir Le Malade Imaginaire de Molière, La Folie
d’Isabelle de Flaminio Scala et l’Arlequin, Serviteur de Deux Maîtres de Goldoni, Le Cid de Corneille va puiser dans
l’infinie profondeur du genre tragique. Le tragique exprime la prise de conscience par l’homme des forces qui
pèsent sur lui, le dépassent et le dominent. Il ne se manifeste pas que dans la tragédie, et toutes les tragédies ne
sont pas forcément tragiques : c’est le cas du Cid. Les éléments comiques ne manquent pas : les personnages du
Roi et de Don Arias font dans notre mise en scène l’objet d’un décalage avec la tragédie propre aux amants et à la
querelle de leurs pères.
Pour en revenir au dialogue direct entre les acteurs et le public, la Commedia dell’Arte est peut-être le style théâtral où ce dialogue est le plus clair : le jeu masqué est par nature destiné à une adresse directe, frontale, avec le
spectateur. Les représentations se jouent sur un tréteau en bois, démontable, conçu pour être installé n’importe
où, en salle comme à l’extérieur : ainsi, c’est le théâtre qui vient directement à la rencontre du public. Si Le Cid
ne reprend pas les codes du jeu masqué, le tréteau est bien conservé, ainsi que l’esprit de la Commedia, aussi
bien dans le rapport frontal au public que dans les jeux scéniques. Dans les représentations qui ont lieu en milieu
scolaire, le rapport au public est double dans la mesure où nous proposons, à la fin du spectacle, une rencontre
‘’bord de scène’’ entre les comédiens et les élèves où nous pouvons échanger, parler de l’œuvre, de l’auteur, de
notre manière d’aborder les alexandrins, du processus de fabrication du spectacle, de la Commedia dell’Arte en
général, etc…
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LA COMPAGNIE ALEGRIA
La Compagnie Alegría est une association loi 1901 fondée en 2014 par les dix élèves de la huitième promotion de
l’Académie Internationale Des Arts du Spectacle, à l’issue de leur troisième et dernière année de formation professionnelle.
L’AIDAS propose un cursus intensif à la Commedia dell’Arte et à toutes les disciplines associées telles que l’escrime
artistique, la pratique du masque, le mime, le chant, la danse (classique, flamenco, tango) l’acrobatie etc..., mais
aussi une formation aux autres types de théâtre. Les quatre spectacles de la compagnie sont tirés soit du théâtre
classique, comme Le Malade Imaginaire de Molière, El Cid de Corneille, soit de la tradition populaire italienne
comme la Folie d’Isabelle de Flaminio Scala, ou l’Arlequin, Valet de Deux Maîtres de Carlo Goldoni. Ces derniers
s’inspirant totalement ou de manière plus référentielle des techniques de la Commedia.
L’AIDAS a permis à la troupe de jouer ses spectacles lors de festivals en France (à Paris, Tomblaine, Cergy et en
région parisienne), à l’étranger (à Rome, Venise et Bergame), et lors de festivals professionnels: le Mois Molière à
Versailles et le Festival OFF d’Avignon.
DANUTA ZARAZIK, METTEUSE EN SCÈNE.
Danuta Zarazik est formée à l’Ecole Supérieure d’Art Dramatique de Strasbourg. En tant
que comédienne, elle a notamment travaillé avec Georges Lavaudant, Robert Girones,
Carlo Boso, Ariel Garcia Valdes, Jean Marie Villégier, Emmanuel Ostrovski, Sylvie MonginAlgan… sur des œuvres de Racine, Molière, Marivaux, Shakespeare, Eschyle, Pirandello,
Tchekov, Gorki, Ibsen, B. Chartreux, N. de Pontcharra…
Depuis de nombreuses années, elle travaille en étroite collaboration avec Carlo Boso en
tant que co-directrice de l’Académie Internationale Des Arts du Spectacle et est également
formatrice sur les stages AFDAS qu’il dirige. Par ailleurs, elle anime des stages de théâtre autour d’auteurs divers,
tels que Brecht, Koltès, Beckett, Shakespeare, Genet, Strindberg, Garcia Lorca, Sean O’Casey… En 2003, elle fonde
la Cie des Utopies Sauvages.
En tant que metteur en scène, elle a dirigé Mademoiselle Julie de Strindberg, Virulla (comédie musicale présentée
au théâtre du Gymnase à Paris en 2007 et au Zénith de Toulon en 2009), Toute une Journée dans les bras d’un
Homme de Dario Fo et Franca Rame (présenté à l’Espace Pierre Cardin à Paris et au Festival d’Avignon OFF en 2004
et 2012), La Esmeralda d’après Victor Hugo (Festival d’Avigon Off 2012) et El Cid (Avignon OFF 2013 et au théâtre
Montansier de Versailles en avril 2014)… Elle signe également en collaboration avec Carlo Boso les mises en scène
de La Nuit des Rois de Shakespeare, La Trilogie de la Villégiature de Goldoni, Arlequin poli par l’Amour de Marivaux...
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