OUTIL D’EXPLOITATION Les références militaires sur la colonne de la Grande Armée De nombreux motifs du décor de la Colonne se rapportent à des aspects militaires. En effet Napoléon est avant tout un soldat, plus précisément un officier d'artillerie, formé dès 10 ans à l'école militaire de Brienne, puis à celle de Paris. Par ailleurs ce monument est au départ un projet à l'initiative du maréchal Soult, financé en grande partie par des soldats et des marins, il est donc normal d'y retrouver des références militaires précises. Enfin, comme sur la Colonne Trajane dont elle s'inspire, on y trouve des scènes inspirées d'épisodes militaires comme la campagne d'Égypte ou le camp de Boulogne. Ces représentations militaires se trouvent principalement sur le piédestal de la Colonne : PIEDESTAL COTE EST Entourant le bas-relief représentant « l'Hommage du monument à Napoléon » se trouvent un certain nombre de gravures se rapportant à la campagne d'Égypte. Celle-ci est menée par Napoléon en 1798, à la demande du Directoire, pour contrer l'influence de l'Angleterre qui commerce avec ce pays et pour éloigner ce jeune général victorieux en Italie et dont la popularité inquiètent les cinq Directeurs. Cette campagne est un échec puisque les troupes françaises quittent l'Égypte en 1801, ce qui confirme la domination anglaise sur ce pays, mais elle se double d'une campagne scientifique qui elle est un succès : Napoléon s'est fait accompagner de 160 savants, géologues, botanistes, chimistes, médecins, qui ont dessiné avec précision les temples et les pyramides, étudié la société arabo-musulmane, découvert la faune et la flore égyptienne. Ces découvertes sont rassemblées dans un ouvrage de 10 tomes : « La découverte de l'Égypte ». Nous pouvons observer, de gauche à droite, dans la partie inférieure : une divinité du Nil avec son crocodile, des barques à fond plat évoquant des barques funéraires égyptiennes et enfin, plus surprenant, un sphinx à l'effigie de Napoléon ! Divinité du Nil avec son crocodile Sphinx à l'effigie de Napoléon De part et d'autre du bas-relief sont représentés à gauche, un palmier-dattier et à droite un obélisque. Enfin dans la partie supérieure, de chaque côté d'une abeille entourée de 2 cobras sont gravées les ailes d'Isis. Abeille entourée de 2 cobras Il faut noter aussi que dans le bas-relief, Théophile Bra a représenté, à l'extrême-droite, reconnaissable à son turban, le Mameluk Roustan. Ce dernier fut au service de Napoléon de 1799 à 1814 : il participe à sa toilette et à son repas, entretient ses armes. Il fait aussi fonction de garde du corps, dormant toujours dans la chambre voisine de son maître, voire en travers de sa porte à certaines périodes. PIEDESTAL COTE OUEST Canon de Gribeauval Ce sont surtout des représentations d'éléments de pièces d'artillerie qui entourent le bas-relief « La distribution des croix ». Dans la partie supérieure nous reconnaissons un canon, pièce légère de campagne du système Gribeauval. Il s'agit d'un canon mobile, dont les pièces sont standardisées, mis au point par Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval dans les années 1770, et qui a permis à l'artillerie française d'être supérieure à celle des autres nations européennes durant les guerres révolutionnaires et de l'Empire. Gribeauval s’attache à rationaliser l'artillerie de campagne et à la rendre à la fois plus mobile sur le champ de bataille et plus facilement réparable par l'interchangeabilité des pièces. L'artillerie de campagne est composé de 3 pièces de canon en bronze tirant des boulets pleins en fonte de fer de 4, 8 et 12 livres (soit environ 2, 4 et 6 kilogrammes), qui sont représentés sur la Colonne sous forme d'une pyramide sous le canon. De chaque côté du canon sont gravés deux fûts de canon sphériques encore appelés obusiers. Instruments pour servir le canon – droite Instruments pour servir le canon – gauche De part et d'autre du bas-relief sont représentés les instruments destinés à servir les canons, notamment l'écouvillon pour nettoyer l'âme du canon après le tir et le boute-feu servant à la mise à feu. Enfin, les gravures sous le bas-relief évoquent les bâtiments de la flottille destinés à envahir l'Angleterre selon le projet de Napoléon. L'idée de rassembler une armée et une flotte dans le Détroit du Pas-de-Calais pour envahir le sud des côtes anglaises n'est pas nouvelle lorsque la paix d'Amiens entre la France et la Grande-Bretagne est rompue en 1803. Bonaparte la reprend à son compte et entreprend des travaux gigantesques pour réussir à maîtriser la Manche quelques jours, condition incontournable pour vaincre l'ennemi historique de la France, maître des mers. Il fait construire les 2000 navires à fond plat, d'inspiration néerlandaise, reconnaissables en bas à droite sur la gravure, qui formeront la flottille de l'an X et devront transporter les 20000 marins, 150000 soldats et 9000 chevaux. Cependant cette opération est un échec : la flotte de haut bord (les plus gros vaisseaux de guerre français) que Napoléon attend pour protéger sa flottille d'invasion, est retardée par les Anglais et n'arrivera jamais dans la Manche. De plus s'exerçant sans répit, les navires français découvrent vite que leurs capacités sont insuffisantes : ils dérivent, ne parviennent pas à porter le poids de l'artillerie et se brisent lors des manœuvres. Les marins craignent de ne jamais pouvoir traverser la Manche avec de pareils bâtiments. Suite à ces déconvenues, à une menace nouvelle en Europe continentale et à une défaite contre la flotte anglaise à Trafalgar, Napoléon se résigne à abandonner le projet de débarquement sur les côtes anglaises le 25 août 1805. Il retourne ses troupes vers l'Autriche, crée la grande Armée et use désormais de moyens économiques (le blocus) pour contrer la Grande Bretagne. La flottille de l'an X sera pourtant entretenue comme force dissuasive jusqu'à la fin de l'Empire. PIDESTAL COTE SUD Piédestal côté sud – vue générale Entourant l'inscription en français sont représentés en haut, de part et d'autre du chiffre de Napoléon, des armes légères (fusils) et des tambours. Piédestal côté sud – détails partie supérieure De chaque côté de l'inscription, à gauche un étendard ou une aigle représentant la Marine, reconnaissable grâce à l'ancre et à droite une aigle représentant l'armée de terre avec le pistolet. Piédestal côté sud – détails partie gauche Piédestal côté sud – détails partie droite Enfin, dans la partie inférieure, nous reconnaissons des bâtiments de la flottille entourant des navires qui semblent être de pêche. Piédestal côté sud – détail partie inférieure PIDESTAL COTE NORD Piédestal côté nord – vue générale Au-dessus de l'inscription en latin, se trouve une évocation de la cavalerie avec le sabre briquet et de la musique militaire avec les trompettes. Piédestal côté nord – détails partie supérieure Les autres gravures, latérales et inférieures, sont similaires à celles du piédestal côté Sud, sauf que cette fois-ci la Marine est représentée à droite de l'inscription et l'armée de terre à gauche. Piédestal côté nord – détails partie gauche Piédestal côté nord – détails partie gauche Propositions pédagogiques : – Relever les éléments se rapportant à la campagne d'Égypte sur le haut-piédestal côté est. – Relever et décrire les armements représentés sur le haut-piédestal côtés ouest, nord et sud. Crédits photographiques :Vincent Beulque / Centre des monuments nationaux