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Synthèse
Contexte
La Puissance Publique renforce, avec le Programme Hôpital Numérique et dans le cadre de la
Stratégie Nationale de Santé, son action en faveur du développement des systèmes d’information
hospitaliers (SIH) : l’informatisation de l’hôpital est une condition à la mise en œuvre du parcours
coordonné du patient et de l’usager.
Dans un secteur fortement administré, les politiques publiques sont un déterminant majeur du
développement des SIH, si ce n’est le déterminant principal. Les établissements sont soumis par
ailleurs à des contraintes locales et dépendent des conditions du marché national de l’informatique
hospitalière.
Le développement des systèmes d’information hospitaliers (SIH) est, en France, un sujet de débat
multi-décennal. Au cœur de ce débat, le rapport entre le niveau de dépenses et les résultats obtenus
occupe une place centrale. Souvent jugé comme un poste de dépenses excessives, le SIH n’en est
pas moins un édifice complexe, issu de cinquante ans d’évolutions. Il nécessite donc de mobiliser des
ressources tant financières qu’humaines conséquentes.
Repères et état des lieux global des SIH
Le SIH ne peut se résumer à un logiciel (ou à un éditeur) : il est composé de plusieurs dizaines, voire
de plusieurs centaines de logiciels (de quarante à trois cent cinquante dans les sites audités). Il est
bâti à partir de briques préfabriquées fournies par des éditeurs de progiciels. Mais l’assemblage de
ces briques reste très complexe pour le Maître d’Ouvrage, avec comme résultat une intégration
partielle des briques et donc un système moins performant. Les causes en sont, premièrement, le peu
de compétences d’architecte du SI disponible dans les établissements et, en second lieu, d’une
diffusion insuffisante de l’interopérabilité auprès des acteurs du marché (offre et demande).
Le marché français de l’informatique de santé, dont la taille est estimée entre 1,6 et 2,15 Md€
(troisième marché européen) est particulièrement fragmenté (offre et demande) et structurellement
fragile : près de 350 sociétés sont présentes sur le segment de l’édition des logiciels hospitaliers,
segment estimé à 450 M€. Du côté des établissements, la dynamique d’investissement est forte, en
particulier sous l’impulsion des politiques publiques. Mais, étant donné la rareté des effectifs
consacrés aux projets d’informatisation dans les établissements, ces derniers sont confrontés à des
difficultés majeures de priorisation et de réalisation des projets.
Concernant le développement des SIH eux-mêmes, les établissements sanitaires ont clairement
franchi un cap important :
(1) L’informatisation des fonctions administratives et médicotechniques est totale, depuis
plusieurs années : l’usage et la maturité des utilisateurs sont désormais freinés par une offre
souvent obsolète ou à tout le moins datée, en tout cas pour les logiciels administratifs. Si
l’offre des éditeurs semble en mesure d’évoluer, la migration du parc existant constitue, pour
les établissements et les éditeurs, des chantiers de grande ampleur.
(2) Les établissements sont en phase massive d’informatisation du cœur de métier : 90% des
établissements sanitaires ont engagé l’informatisation de la production des soins, plus de la
moitié ayant terminé la mise en œuvre de dossiers patients informatisés transversaux.
(3) Deux axes restent émergents : l’informatisation des spécialités médicales, basée en partie sur
une informatisation historique, peine à se développer et à s’intégrer aux dossiers médicaux
informatiques transversaux. En second lieu, l’ouverture du SIH sur le territoire est encore
émergente ; ce dernier sujet est particulièrement déterminant pour que les établissements
trouvent leur place dans le parcours de soins du patient.