
Alexandre doit tenir compte d’une aristocratie russe, notamment de Saint-Pétersbourg, qui 
souhaite une rupture avec la France. Elle avait été très affectée par les défaites de 1805 et 1807 : 
Austerlitz et Friedland étaient une humiliation publique difficile à accepter pour les aristocrates et la 
famille impériale russes. De plus, cette aristocratie s'était enrichie du commerce avec l'Angleterre. 
La Russie, dotée d'une industrie manufacturière faible, mais riche en matières premières, souffre du 
blocus continental imposé par Napoléon contre l'Angleterre. Ce blocus la prive d'une partie de son 
commerce, de ses ressources et de revenus pour vendre ses graines et son bois et pour acheter des 
biens manufacturés. Napoléon ne pourra accepter la levée du blocus continental par la Russie.
Le 13 décembre 1810, pour renforcer le blocus continental dans des ports le long de la Mer 
Baltique,   Napoléon   signe   une   loi   qui   annexe   un   certain  nombre   de   territoires,   dont   le   duché 
d'Oldenbourg. L'offre de l'Empereur de recevoir en compensation la ville d'Erfurt est refusée par le 
régent Pierre Ier. Par un décret impérial du 22 janvier 1811, Napoléon ordonne le déplacement de la 
famille Oldenburg et la saisie du duché. Le Tsar Alexandre considère que l'annexion par la France 
du   duché   d'Oldenbourg,   dirigé   par   son   beau-frère,   ne   respecte   pas   une   des   clauses   formelles 
consentie par Napoléon au traité de Tilsit. En outre, par cette occupation, la France contrôle la 
Baltique, artère du commerce russe.
A l'été 1811, constatant qu'il serait impossible de s'entendre avec la Russie, Napoléon doit se 
résoudre à  la  guerre. Pour avoir le  temps d'organiser  la Grande Armée, il la fixe pour l'année 
suivante.
En janvier 1812, Napoléon fait occuper la Poméranie suédoise, sans déclaration préalable. 
Bernadotte,   élu   prince   héritier   de   Suède   et   ancien   maréchal   français,   éprouve   beaucoup   de 
ressentiment à l'égard de Napoléon et pense qu'une alliance avec la France signifierait la soumission 
de   la   Suède   aux   ordres   de  Paris.   Contre   toute   attente,   il   rassure  Alexandre  sur   ses   intentions 
pacifiques à l'égard de la Russie.
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Carte de l'Europe napoléonienne en 1812