L’AFD ET MAURICE ÎLE DURABLE
Exécution : Planet 7 – Juin 2012
La forêt de Bras d’Eau, classée Parc national en 2011 © Government Information Service, République de Maurice
Un partenariat pour un projet
de société durable
MAURICE, ÉTAT INSULAIRE
ÉCONOMIQUEMENT DYNAMIQUE
MAIS VULNÉRABLE
Avec un PIB par habitant de 8 700 dollars, la République
de Maurice est un pays à revenu intermédiaire dont l’économie
est ouverte et diversifiée. Malgré sa taille, ses ressources naturelles
limitées et son éloignement de ses principaux marchés, elle est
pleinement insérée dans l’économie mondiale. Elle se caractérise
par une forte densité de population (628 habitants au km²)
avec 1,282 million d’habitants pour une superficie de 2 040 km².
© Fabien Dubessay
Port-Louis à l’heure de pointe
© Fabien Dubessay
Congestion routière à l’entrée de la capitale
© Fabien Dubessay
Célébration populaire de la Fête nationale
LE MID FUND, UN INSTRUMENT
DE FINANCEMENT DÉDIÉ À MID
Ce fonds mis en place par le gouvernement en 2008 est
abondé par des fonds publics, privés et internationaux. Il
finance des projets et programmes de préservation des res-
sources naturelles ou de renforcement de la résilience au
changement climatique, notamment à travers la mise en
œuvre du plan d’action MID. Depuis son lancement avec une
dotation initiale de 35 millions d’euros, le MID Fund a financé
plusieurs projets initiés par le gouvernement dans différents
domaines, dont :
l’efficacité énergétique à travers le remplacement d’am-
poules pour l’éclairage public ou le subventionnement
d’ampoules basse consommation ;
la promotion d’énergies renouvelables par la mise en place
de subventions au profit de 50 000 ménages pour leur
investissement dans des chauffe-eaux solaires, le finance-
ment de panneaux photovoltaïques dans les écoles
publiques, la formation d’installateurs de chauffe-eaux
solaires ;
la gestion des déchets via un programme de compostage
domestique.
Le MID Fund développe également ses propres programmes,
lesquels portent notamment sur la rationalisation de l’usage
de l’eau, la récupération des eaux de pluie, la construction de
bâtiments durables ou la sensibilisation à l’environnement
dans les écoles.
Une croissance économique continue (+ 4,7 % du PIB par
habitant en moyenne annuelle de 1999 à 2009) accompagnée
d’une hausse du niveau de vie a endommagé l’environnement
(perte de biodiversité, érosion côtière, pollution des milieux…)
et généré une dépendance accrue aux énergies fossiles importées
pour la production d’énergie et le transport. 83,1 % des besoins
en énergie primaire sont aujourd’hui importés (29 % charbon
et 54,1 % fioul), soit une consommation d’énergie finale
par habitant de 1,12 tep. Au cours de la dernière décennie,
la demande d’électricité de Maurice a cru en moyenne de 4 %
par an. Les contraintes sur la disponibilité et les prix de ces matières
ne vont cesser de croître dans les prochaines années, risquant ainsi
de peser sur la sécurité et les dépenses énergétiques du pays.
Cette vulnérabilité peut être accentuée par les effets du changement
climatique (inondations, sécheresses, érosion des sols…)
et menacer le développement économique et social du pays.
Maurice se retrouve ainsi face à un double défi : élaborer une
trajectoire de développement permettant de préserver durablement
ses ressources et d’accroître sa résistance aux chocs ainsi que sa
capacité de résilience, tout en favorisant le bien-être de ses habitants.
MAURICE ÎLE DURABLE, UN PROJET
DE SOCIÉTÉ
Face à ces défis, le gouvernement mauricien a affiché son intention
de promouvoir un développement harmonieux, dans le respect
de l’environnement. C’est ainsi que le Premier ministre Navin
Ramgoolam a lancé en 2008 le projet « Maurice Île Durable » (MID).
Ce dernier vise à faire émerger un véritable projet de société,
partagé par l’ensemble des citoyens, créateur de richesse économique
pérenne, résilient et profitant à tous, tout en préservant l’environnement,
les ressources naturelles, la justice sociale et la qualité de vie
de la population. MID a pour but d’assurer la mise en synergie et
la coordination des différentes politiques sectorielles et de promouvoir
une meilleure prise en compte des problématiques de durabilité au sein
de ces politiques. Un processus de démocratie participative a été
mis en place pour aboutir à une stratégie MID, déclinée par la suite
en un plan d’actions devant être intégré au budget 2013 de l’État.
La filière canne, potentiellement créatrice de valeur ajoutée
LES PRINCIPALES POLITIQUES PUBLIQUES LIÉES AU DÉVELOPPEMENT DURABLE
LE DÉVELOPPEMENT DURABLE,
FIL CONDUCTEUR DE L’INTERVENTION
DE LAFD À MAURICE
Plus qu’un secteur d’intervention, le développement durable
constitue un enjeu transversal à toutes les interventions de l’AFD
à Maurice. Plus de 70 % des 500 millions d’euros mobilisés
à Maurice par l’AFD et le Fonds français pour l’environnement
mondial (FFEM) sont en phase avec le projet Maurice Île Durable.
Ainsi, afin de préserver la biodiversité, les services écosystémiques
et de protéger le climat, l’AFD s’attache à :
intégrer davantage les dimensions environnementales
et sociales dans les projets qu’elle finance, qu’il s’agisse
d’infrastructures, de soutien au secteur privé ou d’appui
à la coopération régionale ;
appuyer le renforcement du cadre institutionnel et du processus
d’élaboration des politiques publiques ;
favoriser auprès des acteurs privés des choix d’investissements
plus sobres en ressources et à l’impact environnemental réduit.
Le gouvernement mauricien, ayant pris conscience de l’enjeu
crucial que représente le développement durable pour assurer la
prospérité du pays, a adopté plusieurs politiques en amont et en
parallèle du processus MID :
Le «
National Environment Policy
» (NEP, 2007) présente des
enjeux et objectifs à atteindre pour le développement durable
de l’île ;
Le programme «
Sustainable Consumption and Production
»
(SCP, 2008-2013) est un programme pilote devant permettre
la mise en œuvre des politiques de consommation et produc-
tion durables. 44 projets y sont référencés ;
La «
Long Term Energy Strategy 2009-2025
» formule la poli-
tique énergétique du gouvernement et affiche des objectifs
ambitieux pour la production d’énergies renouvelables, qui
devraient représenter 35 % du mix énergétique d’ici 2025.
L’accent est mis sur le développement de la filière éolienne,
l’amélioration de l’efficacité de la filière bagasse et le dévelop-
pement de nouvelles unités de production par le secteur privé ;
La création d’un «
Energy Efficiency Management Office
» (EEMO)
qui a pour mission de mettre en œuvre un programme natio-
nal d’efficacité énergétique ;
Le projet «
Small Scale Distributed Generation
» a été lancé en
décembre 2010 à l’intention des petits producteurs privés (rési-
dentiels, commerciaux et industriels) pour leur permettre de pro-
duire de l’électricité à partir de sources d’énergies renouvelables
et de vendre tout excédent à la compagnie nationale d’électricité,
pour une puissance totale installée de 3MW ;
© Astride Raghoonauth
Île aux Aigrettes, lieu de conservation de la flore endémique
par la Mauritian Wildlife Foundation
La réforme de la taxation des véhicules motorisés a été enga-
gée suite aux études financées par l’AFD et le FMI. La taxation
(à l’importation) de véhicules motorisés, anciennement basée
uniquement sur la cylindrée, est dorénavant inspirée du modèle
français du bonus/malus en fonction des émissions de CO2 ;
La «
National Biodiversity Strategy
&
Action Plan
» (2006) cible
un ensemble cohérent de constats et d’actions dédiés intégra-
lement à la biodiversité. Elle vise notamment au développe-
ment d’un réseau d’espaces naturels sensibles, à la mise en
place de zones de restauration et de lutte intensive contre les
espèces invasives, à des actions dans les secteurs de l’agricul-
ture, de la gestion des forêts, de l’aménagement du littoral, de
la conservation des ressources génétiques, etc.
© Fabien Dubessay
LAPPUI DE LAFD AU PROJET MAURICE
ÎLE DURABLE
LAide Programme Environnement
LAFD a élaboré sa troisième aide budgétaire – en collaboration
avec le gouvernement mauricien – autour d’un programme
triennal (2010-2012) de soutien au projet Maurice Île Durable,
l’Aide Programme Environnement (APE). Ce programme vise :
l’accompagnement du gouvernement mauricien
dans son effort pour développer une vision cohérente
et partagée de MID et pour réviser les politiques sectorielles
en conséquence ;
l’émergence, à partir de MID, de projets concrets au réel
impact positif sur l’environnement, l’économie et le bien-être
des habitants ;
l’affirmation de MID comme projet de société partagé
par le renforcement de la communication et du dialogue
avec le secteur privé et la société civile.
Ce prêt de 125 millions d’euros s’accompagne d’un dispositif
d’assistance technique sous forme de subventions (2 millions
d’euros) de l’AFD et du FFEM. Une équipe d’experts techniques
sectoriels externes assure également un suivi et une supervision
continus du processus MID.
© Government Information Service,
République de Maurice
Atelier de travail pour l’élaboration de la stratégie MID
Assistance technique sur lélaboration
du processus institutionnel MID
Les subventions de l’AFD, du FFEM et la participation du
gouvernement français ont notamment permis d’accompagner
le processus de préparation de la stratégie et du plan d’actions
MID. Ainsi, un expert de haut niveau a appuyé le gouvernement
mauricien dans la mise en place d’un processus participatif
inspiré du Grenelle de l’Environnement français. Cet exercice
a mobilisé 300 personnes issues de la société civile, du secteur
privé et du gouvernement, qui ont formulé leurs recommandations
dans un rapport. Par ailleurs, le FFEM finance une équipe
pluridisciplinaire, qui consolide les recommandations visant à aboutir
à une stratégie et un plan d’actions MID.
Financement
PNUD
Financement
AFD + FFEM
Projet de plan d’action MID
Consultations – Projet de plan d’action MID
Mise en œuvre par les ministères concernés
à partir de leur programmation budgétaire 2013-2015,
et par d’autres parties prenantes
Validation du Conseil des ministres
Validation du Conseil des ministres
Maurice Île Durable, un processus participatif
Contributions
du grand public
à la Vision
nationale MID
Stratégie
pour un
développement
durable portant
la contribution
de la société
civile
Chaque
ministère
dispose de sa
propre feuille
de route MID
« Green Paper »
VISION MID
STRATÉGIE & POLITIQUE MID 2012-2022
PLAN D’ACTION MID 2013-2015
Consultations – enquêtes en ligne, ministères
Comité consultatif de 300 personnes réparti en 6 groupes
de travail thématiques > Rapports et recommandations
Consultation des ministères et entités publiques
+ 9 réunions publiques décentralisées
Formulation d’un projet de politique et de stratégie MID
Consultations – projet de politique et de stratégie MID
Consultations nationales – groupes d’intérêts
spéciaux, population
Financement dacteurs privés
LAFD travaille également avec le secteur privé pour améliorer
les modes de production et d’utilisation des ressources, faisant
de l’amélioration de l’environnement une opportunité économique
et sociale pour tous. À ce titre, une ligne de crédit environnementale
de 40 millions d’euros, signée en 2009 avec quatre banques
locales pour le financement de projets « verts » a permis
l’émergence de bonnes pratiques dans les investissements privés.
COOPÉRATION AVEC L’ÎLE
DE LA RÉUNION
Le soutien à l’intégration régionale est un des objectifs de la
stratégie de l’AFD à Maurice. Le rapprochement de Maurice et
de La Réunion se justifie tout particulièrement dans les domaines
de l’énergie, de la protection de l’environnement, et plus large-
ment du développement durable. L’AFD a facilité un accord
entre l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie
(ADEME) Réunion et le gouvernement mauricien, ce qui a
p ermis d’identifier de nombreux axes de coopération : dévelop-
pement des énergies renouvelables, maîtrise de la demande
énergétique dans les bâtiments, urbanisme durable, etc.
Plusieurs appuis concrets ont pu voir le jour, tels que la
f ormation d’architectes publics à l’architecture bioclimatique
auprès de l’ADEME, l’appui de l’Agence régionale de l’énergie
Réunion (ARER) au ministère de l’Énergie dans la mise en
place d’un observatoire de l’énergie, l’appui d’Électricité de
France (EDF) au même ministère dans la rédaction d’un appel
d’offres pour une centrale photovoltaïque de 10 MW.
CONTRIBUTION DE LA LIGNE DE CRÉDIT
ENVIRONNEMENTALE À MAURICE
La ligne de crédit environnementale finance en majorité des
projets d’efficacité énergétique (39 % des financements),
d’efficacité environnementale (32 %) et d’énergies renouve-
lables (19 %). Il s’agit d’investissements hôteliers pour l’effi-
cacité énergétique, de panneaux photovoltaïques, de trans-
formation de vinasse de distillerie en bio-fertilisants, de
valorisation énergétique de biogaz issu d’un centre d’enfouis-
sement de déchets, de renouvellement d’une flotte de bus
ou d’équipements industriels plus économes.
Au 30 avril 2012, 38 projets ont été financés pour un mon-
tant total d’environ 60 % de la ligne de crédit et permettent :
l’économie annuelle d’environ 24 GWh d’électricité ;
l’installation de 3,2 MW d’énergies renouvelables ;
l’économie annuelle d’environ 3,1 millions de litres de
carburants (huile lourde, diesel, GPL) ;
l’économie annuelle d’environ 1,1 million de m3 d’eau ;
la réduction d’émissions annuelles de 145 000 tonnes
de CO2 dans l’atmosphère.
Expertise sectorielle
LAFD finance la préparation de projets concrets et innovants
en particulier dans le secteur de l’énergie, tels que des études
de préfaisabilité sur l’énergie géothermique et sur l’introduction
de l’éthanol dans le carburant automobile, ou encore
la cartographie des gisements d’efficacité énergétique dans
l’industrie et la réflexion sur un programme de réhabilitation
énergétique des bâtiments publics.
L’appui à l’innovation et le partage d’expériences en matière
de technologies vertes jouent aussi un rôle central,
avec la valorisation des atouts et du savoir-faire de La Réunion,
collectivité d’Outre-mer aux larges compétences qui partage
les contraintes climatiques et l’insularité de Maurice.
© Fabien Dubessay
Le secteur du bâtiment source de gisement d’efficacité énergétique
Interventions de la communauté
des bailleurs
D’autres partenaires de développement sont impliqués sur le projet
MID. En lien avec la feuille de route du MID, l’Union européenne
a fait un don de 3 millions d’euros au titre du Global Climate
Change Alliance. Le PNUD a mis en place plusieurs programmes
importants de soutien au MID et a financé l’élaboration du Green
Paper MID. Plus indirectement, la Banque mondiale, la Banque
européenne d’investissement et le gouvernement japonais (JICA)
financent des projets dans les domaines de l’eau, de l’assainissement,
des transports et de la lutte contre le changement climatique,
dans un souci de préservation de l’environnement. Les partenaires
se réunissent régulièrement pour coordonner leurs actions
dans les différents domaines d’intervention.
Par cette approche innovante, lAFD, les partenaires
du développement et le gouvernement mauricien adoptent
une démarche dapprentissage collectif et se retrouvent
autour d’un concept fédérateur, le développement durable.
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