
Cadre d’Intervention Régional Caraïbes
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I. Les enjeux de développement des petites économies insulaires
caribéennes
Si depuis les indépendances, la plupart des pays caribéens ont connu des trajectoires de
développement qui les placent aujourd’hui parmi les pays à revenu intermédiaire supérieur, la région
reste marquée par sa profonde hétérogénéité en termes de développement (1). De par leur petite taille
et leur insularité, les îles Caraïbes se caractérisent également par leur profonde vulnérabilité
environnementale, économique et sociale vis-à-vis des chocs extérieurs (2), et font face depuis
quelques années à un essoufflement de leurs moteurs de croissance (3). Dans ce contexte, les
processus d’intégration et de coopération régionale engagés depuis cinquante ans restent à
accompagner (4).
1.1. D’importantes disparités de développement
De prime abord, la Caraïbe peut apparaître comme une région stable et développée. Avec des
pays classés en majorité dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire supérieur (plus de 3 946
US$ de PIB par an et par habitant), elle présente un indicateur de développement humain (IDH)
moyen (hors Haïti) de 0,724 correspondant à un niveau de développement humain supérieur. Cette
situation masque toutefois une grande diversité de situations.
Cette hétérogénéité s’observe tout d’abord au niveau de la taille des territoires. Avec une
superficie de 110 000 km², l’île de Cuba représente à elle seule la moitié de la superficie de la Caraïbe
insulaire, et la population de l’île près d’un quart de la population de la région. A l’inverse, une grande
majorité d’Etats a une population inférieure à 500 000 habitants. Sur le plan politique et administratif,
la Caraïbe se caractérise par une grande diversité de modèles et statuts, avec la présence systèmes
politiques variés hérités de la période coloniale.
Au niveau économique, avec un PIB par habitant de 21 700 US$ en 2011, un Barbadien apparaît
deux fois plus riche qu’un Grenadien (PIB de 10 500 US$ en 2011) et vingt fois plus riche qu’un
Haïtien (PIB de 1 200 US$ en 2011).
De même, les structures d’activité sont fort diverses suivant les pays considérés. Ainsi pour des
pays comme Haïti, le Guyana, Saint Vincent les Grenadines ou la Dominique, plus de 20% du PIB est
assuré par les revenus de l’agriculture et de la pêche. La part du secteur secondaire est élevée dans les
pays pétroliers comme Trinité-et-Tobago, et dans des pays qui ont une industrie minière comme le
Guyana, la Jamaïque, le Suriname ou la République Dominicaine. Enfin de nombreuses îles affichent
une très forte orientation tertiaire, en lien avec les activités du tourisme et le développement du secteur
bancaire offshore depuis la fin des années 1990. Le tertiaire représente ainsi 90% du PIB aux
Bahamas, 85% aux îles Caïmans, et 74% à la Barbade.
1.2. De profondes vulnérabilités économiques, sociales et environnementales
Quelle que soit l’hétérogénéité de leurs modèles politiques ou de leurs activités économiques, les
pays et territoires caribéens sont pour la plupart des Petites Economies Insulaires en Développement
(PEID) abritant une population inférieure à 5 millions d’habitants (et le plus souvent à 500 000).
Même si Haïti, Cuba et la République Dominicaine ont une population d’environ 10 millions
d’habitants, ces îles partagent un certain nombre de problématiques avec les PEID et sont classés par
l’OCDE et la CNUCED dans cette catégorie. De même, si le Belize et les pays du plateau des Guyanes
ne sont pas à proprement parler des territoires insulaires, l’enclavement de ces régions entourées de
larges fleuves et de forêts (plus de 90 % du territoire), ainsi que la forte concentration des populations
sur les zones côtières, conduisent à assimiler ces pays à des PEID.
Comme l’illustrent de nombreux travaux de recherche
, ces PEID sont caractérisés par une
vulnérabilité marquée, c'est-à-dire à la fois par une plus grande exposition aux différents chocs
exogènes mais également par une plus faible capacité d’absorption de ces chocs, ce qui menace
Voir Annexe 7 : Concepts et indicateurs de la vulnérabilité des petites économies insulaires caribéennes.