Introduction
Pour comprendre le mouvement qui s’est déroulé de janvier à mai 2006, il faut connaître le
contexte de l’université de Caen pour l’année universitaire 2005/2006.
Comme début d’année universitaire, malheureusement, plusieurs étudiants se retrouvent sans
logement malgré les demandes effectuées auprès du CROUS. Une majeure partie de ces étudiants sont
étrangers et ils arrivent hors programme d’échanges de type Erasmus. Le problème est récurrent et
avait donné à un mouvement d’ampleur à la rentrée 2003 avec l’occupation de la halle des sports puis
l’intervention de la police nationale sur le campus1. Des réunions sont donc organisées mi-septembre
pour sensibiliser les autres étudiants à ce problème mais peu de personnes se mobilisent.
En revanche, les étudiants sont plus sensibles à des questions stricto-sensu universitaires : les
notes-taquet et le budget de l’université. Avec la réforme LMD, l’université de Caen a décidé de mettre
en place un système de note dite taquet en dessous de laquelle la compensation entre les semestres
d’une même année n’est pas possible. Autre préoccupation, le budget insuffisant pour faire fonctionner
l’université ; à Rouen, la rentrée est retardée de plusieurs semaines, notamment en Sciences, car le
budget n’est pas assez suffisant. Une campagne d’information est lancée par les organisations
syndicales. Une première AG est convoquée le jeudi 13 octobre 2005, elle réunit une soixantaine
d’étudiants. Les problèmes de logement, de budget et des note-taquets sont traités. Une nouvelle AG
est convoquée pour le mardi 25 octobre. Il y’a près de 400 étudiants en amphi Daure, un comité de lutte
est créé. Il est aussi décidé de faire des AG par UFR afin de sensibiliser les étudiants filière par filière.
Une nouvelle AG a lieu le jeudi 27 octobre. Pour éviter les problèmes, la présidente de
l’université vient en AG, devant 200 personnes, pour défendre le système des note-taquets et le budget,
elle propose même une réunion ouverte avec la direction de l’université sur ces sujets aux étudiants. Le
vendredi 28 octobre, les étudiants apprennent par voie d’affichage que la réunion promise par la
présidente est reportée ultérieurement. Furieux, les étudiants décident de demander des comptes à la
présidente lors du conseil d’administration qui soit se tenir dans l’après midi. A 15h, c’est plus d’une
centaine d’étudiants qui envahissent la salle du conseil. La police, en civil, traine sur le campus ainsi
que dans la salle attenante à la salle du conseil. De vives discussions s’engagent entre étudiants et la
direction de l’université, la présidente refusant de débuter la séance tant que les étudiants ne seraient
pas sortis. Finalement, elle prend la décision unilatérale de reporter le conseil d’administration. La
tension est à son comble ! La semaine suivante, les élus étudiants apprennent que le conseil est
reconvoqué, pour la première fois de son histoire, en dehors des murs de l’université. Il est prévu de se
tenir dans l’abbaye d’Ardennes, en périphérie de la ville ; un lieu non desservi par les transports en
commun et difficile d’accès...
Le mercredi 9 novembre, se tient le conseil d’administration du CROUS. L’AG de la veille a
décidé d’un rassemblement devant le bâtiment administratif où se tient la séance. Des cartons,
symbolisant les logements du CROUS, sont déposés devant l’entrée. Une petite cinquantaine
d’étudiants rentrent dans le bâtiment et s’installe dans la petite salle du conseil. Le recteur d’académie2,
prévenu de cette présence, arrive très énervé. Des discussions s’engagent avec lui, il essaye tant bien
que mal de se défendre, notamment sur le manque de place pour les étudiants étrangers. Comme la
présidente de l’université, il décide de reporter la séance du conseil arguant le fait que la séance n’est
pas publique et que les étudiants refusent de sortir. Les manifestants restent quelques temps dans le
bâtiment car le directeur du CROUS veut bien prendre des dossiers qu’il avait auparavant refusés pour
les réexaminer.
1 La section d’intervention de la police nationale de Caen était intervenue à la demande de la présidente de l’université
après que des étudiants se soient introduits dans son bureau.
2 Le recteur d’académie est président du conseil d’administration du CROUS