Van Gogh : revue de littérature de ses diverses pathologies et essai
danalyse du déséquilibre énergétique à travers ses peintures
Tuy Nga Brignol
Résumé : Après une revue de la littérature sur les divers diagnostics selon la médecine allopathique attribués à Van Gogh, une analyse de
ses peintures est réalisée selon une grille de lecture basée sur la correspondance entre les couleurs, les Cinq Eléments, les Cinq Emotions
et les Sept Sentiments. Une corrélation a pu être établie entre les diverses pathologies dont souffrait le célèbre artiste selon le diagnostic
occidental et les déséquilibres énergétiques révélés par les couleurs de ses œuvres, vus sous l’angle de la différenciation des syndromes
(bianzheng). La prédominance de jaune, de vert et de bleu dans l’ensemble de ses peintures pourrait être attribuée à ses troubles traduits
en termes de déséquilibres énergétiques selon la médecine chinoise. Mots-clés : Cinq Eléments - couleurs - déséquilibre énergétique -
bianzheng - Van Gogh.
Summary: After a review of the literature on various diagnoses according to allopathic medicine, an analysis of Van Goghs paintings is
performed, on the basis of correspondence between colors and the Five Elements, the Five Emotions et the Seven Feelings. A correlation
has been established between the diverse diseases of the famous artist, according to Western diagnosis, and energy imbalances revealed
by the color of his paintings, from the perspective of pathophysiological syndromes (bianzheng). The predominance of yellow, green and
blue in his artwork may be attributed to his disorders, in terms of energy imbalances according to Chinese medicine. Keywords: Five
Elements - colors - energy imbalance - biangzheng - Van Gogh.
Introduction
Hésitant un temps entre vocation artistique et vocation
religieuse, Vincent Van Gogh choisit de se consacrer à la
peinture. Tout le monde s’accorde à voir en Van Gogh le
mythe absolu du génie, du fou, du miséreux, artiste mé-
connu et condamné au malheur. Sa carrière n’a duré qu’à
peine dix ans, et il se serait suicidé [1] en laissant derrre
lui une œuvre consirable. Malgré de graves troubles
neuropsychologiques, Van Gogh ne s’est quasiment ja-
mais arrê de peindre. En dix ans, il a réali près de
neuf-cents tableaux et un millier de dessins.
Son style très coloré présente une vitalité et une tension
particulière qui n’ont pas fini de marquer les esprits.
Il applique les couleurs par touches de pinceaux, sans
mélanger sur la palette. Sous le soleil de Provence, son
style de peinture se modifie. Ses toiles sont plus colo-
rées. Il peint par larges touches courbes et utilise abon-
damment les couleurs jaune, vert et bleu.
La relation entre les trois disciplines, science, médecine
et art, a longtemps été un domaine d’exploration fasci-
nant avec leurs contrastes étonnants et leurs frontières
mal délimitées. La confrontation des problèmes médi-
caux chez les artistes (beaux-arts, musique, etc.) a tou-
jours fait couler beaucoup d’encre. On peut pratique-
ment dire qu’aucune personnalité n’a été autant dia-
gnostiquée à titre posthume que Vincent van Gogh.
Cet article ne vise ni à ajouter une nouvelle maladie à
la longue liste déjà établie à ce jour, ni à argumenter sur
le « bon diagnostic ». Il se propose, à partir des couleurs
utilisées par Van Gogh, de faire une « lecture énergé-
tique » basée sur la correspondance entre les couleurs
et les Cinq Eléments, les Cinq Emotions et les Sept
Sentiments. Un déséquilibre énergétique, dans le cadre
de la différenciation des syndromes (bianzheng) selon la
médecine traditionnelle chinoise, peut-il influencer sur
le choix des couleurs dans toute création artistique ?
Multiplicité de pathologies et de
diagnostics en médecine allopathique
Vincent Van Gogh (1853-1890) donnait dans son art
une essence profonde de la vie, et de façon unique. Plus
de cent-cinquante psychiatres et médecins de différen-
tes spécialités ont tenté d’identifier «la maladie» de l’ar-
tiste et de multiples diagnostics ont été proposés.
Cependant, comment les troubles neurologiques dont
il souffrait ont-ils pu influencer son art ? Ceci n’est pas
encore clair. La combinaison de sa personnalité excen-
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trique, irascible, ses humeurs instables et sa créativité
prolifique rendent la compréhension de sa pathologie
très complexe. Cela pose un grand défi à ceux qui es-
saient d’analyser les relations existant entre «l’esprit ar-
tistique», le cerveau et la maladie. En fait, la plupart des
diagnostics proposés pour Van Gogh au cours du siècle
dernier ne sont pas basés sur des preuves médicales,
mais sont seulement en partie vérifiables à partir d’ana-
lyses de ses tableaux et des données biographiques.
D’après une récente publication [2] datant de 2013,
une analyse de la maladie de Van Gogh a été réalisée
à la lumière de sa correspondance, dont la qualité
littéraire est largement reconnue. L’auteur s’est basé
sur les antécédents médicaux de l’artiste à travers
les nombreuses citations dans ses lettres, pour voir
comment Vincent a exprimé ses plaintes, ses émotions
liées à sa maladie. Les symptômes sont devenus plus
précis après décembre 1888. Au début, Van Gogh avait
beaucoup hésité à parler de sa maladie, mais peu à peu,
il décrivait dans ses lettres ses expériences tout au long
de ses psychoses cycloïdes. Selon l’auteur, il existe des
signes de synesthésie, de prosopagnosie et d’agnosie
spatiale. L’affinité de Van Gogh pour la poésie, déjà
au début de sa vingtaine, rend plausible l’hypothèse
d’une excitation du lobe temporal par des décharges
épileptiques, ce qui pourrait expliquer en partie le
fonctionnement complexe de son esprit créatif et
torturé par la souffrance. L’auteur a tenté de placer les
diagnostics effectivement réalisés au cours de la vie de
l’artiste dans leur contexte historique et culturel. Il est
évident que ceux qui établissent un diagnostic et ceux
qui le reçoivent sont impliqués dans le même contexte
culturel, en tenant pour acquis les modes médicales
de leur temps, y compris les biais incorporés. Par
ailleurs, à partir des archives de la faculté de médecine
de Montpellier et de la correspondance de Van Gogh,
le Pr François-Bernard Michel [3] a reconstitué les
relations de l’artiste avec ses trois psychiatres (les Drs
Jean-Félix Rey, Théophile Peyron et Paul Gachet), de
1888 à son suicide en 1890. Il a montré comment tous
les trois ont raté la prise en charge du génie, ne laissant
à Van Gogh aucun espoir de guérison.
Il existe une certaine tendance de la part des médecins
et des groupes de patients à mouler « la maladie » de
Van Gogh dans un schéma propre à leur spécialité ou à
leur maladie [4].
Parmi les diagnostics énoncés dans plus d’une douzaine
d’articles retrouvés dans Pubmed (dont la 1re date de
1981 et les derniers en 2013), on peut citer : glaucome,
xanthopsie induite par la digitaline, dyschromatopsie
acquise, maladie de Ménière, épilepsie du lobe tem-
poral, trouble bipolaire, saturnisme, intoxication à la
thuyone, saturnisme, psychose cycloïde (voir tableau I).
Chacune de ces maladies pourrait être responsable des
troubles neuropsychologiques qui auraient été aggra-
vés par la malnutrition, le surmenage, l’insomnie et un
penchant pour l’alcool, en particulier pour l’absinthe.
Le trouble bipolaire selon les critères DSM-IV
D’après l’analyse de deux neurologues [21] en 2005, Bo-
gousslavsky J (Neurologie, INSERM Unit 549) et Boller
F (Neurologie et Psychiatrie, CHUV Centre Paul Broca,
Lausanne, Suisse), il est fortement probable que Van
Gogh souffrait de trouble bipolaire ayant causé sa mort
par suicide selon les critères DSM-IV. Bien qu’aucun
diagnostic définitif n’ait pu être déterminé, les deux
auteurs se sont basés sur des preuves extrapoes à partir
des échanges de courrier du célèbre artiste. En 2005, les
deux neurologues ont rapporté les faits suivants.
Entre février 1886 et octobre 1888, lorsque Van Gogh
vivait à Paris, ses lettres ont révé tous les sympmes de
la maladie bipolaire même sil est difficile à reconstruire la
durée exacte de la dépression et des phases maniaques.
Avant 1886, Van Gogh a présenté des épisodes dépres-
sifs majeurs et mineurs alternant avec des phases hypo-
maniaques ou maniaques, souvent avec des cycles rapi-
des. Les deux épisodes de dépression ont été suivis par
des périodes prolongées d’énergie et d’enthousiasme,
d’abord comme un évangéliste, puis en tant qu’artiste.
Un épisode dépressif de longue durée a eu lieu à Londres,
après une déception amoureuse, quand il a été expulde
l’église, et au moment de sa séparation d’avec Sien, une
prostituée et son fils. Un épisode d’hypomanie durable
ou des phases maniaques ont coïnci avec ses débuts
comme évanliste, ainsi qu’à ses buts d’artiste.
2013, 12 (4)
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Tableau I. Symptômes/pathologies dont souffrait Van Gogh (PubMed).
Symptômes Références Institution/Pays
Halos colorés attribués au glaucome [5] Lanthony P, Bull Soc
Ophtalmol Fr.
Service de Physiologie – CNO des XV-XX
Paris France
Xanthopsie et cataracte [6] Arnold WN, Loftus LS. Eye
(Lond).
Department of Biochemistry and
Molecular Biology, University of Kansas
Medical Center, Kansas City 66103.USA
Xanthopsie due à intoxication digitalique [7] Lee TC. Jama.
[8] Elliott DB, Skaff A.
Ophthalmic Physiol Opt.
[9] Lanthony P. J. Fr Ophtalmol.
USA
Centre for Sight Enhancement, School
of Optometry, University of Waterloo,
Ontario, Canada
Service de Physiologie – CNO des XV-XX
Paris France
Dyschromatopsie acquise [10] Hart WM Jr. Surv
Ophthalmol.
Department of Ophthalmology,
Washington University School of
Medicine, St. Louis, Missouri, USA
Maladie de Ménière (épilepsie controversée) :
vertiges et étourdissements épisodiques, déséquilibre
physique, symptômes auditifs, acouphènes ainsi que
réaction présumée psychologique, secondaire à sa
symptomatologie physique
[11] Arenberg IK et al. Jama.
[12] Arenberg IK et al, Acta
Otolaryngol Suppl.
International Menieres Disease Research
Institute, Colorado Neurologic Institute,
Englewood 80110. USA
Epilepsie
Remarque : Epilepsie : Diagnostic rédigé par le Dr
Peyron, médecin à l’asile de Saint Rémy (France), dans
lequel le 9 mai 1889, Van Gogh s’est volontairement
engagé à l’asile pour épileptiques et déments
[13] Meissner WW. Bull
Menninger Clin.
[14] ter Borg M, Trenité DK.
Epilepsy Behav.
Boston Psychoanalytic Institute, Boston
College, MA. USA
Epilepsy Institute of the Netherlands Sein,
Pays-Bas
Trouble bipolaire,
symptômes maniaco-dépressifs ou cyclothymiques
[15] Janka Z. Orv Hetil. Pszichiátriai Klinika. Hongrie
Psychopathologie due à une intoxication chronique
au plomb (saturnisme) : débilitation débutante,
stomatite avec perte de dents, douleurs abdominales
récurrentes, anémie (avec un « teint de plomb»),
neuropathie radiale, encéphalopathie saturnine avec
crises d’épilepsie, altérations progressives du caractère et
périodes de délire, de trouble mental
[16] González Luque FJ, Montejo
González ALActas Luso Esp
Neurol Psiquiatr Cienc Afines.
Espagne
Saturnisme [17] Weissman E. J Med Biogr. Department of Internal Medicine,
University of Virginia, USA
Frontière entre psychose et épilepsie [18] Lemke S, Lemke C.
Nervenarzt.
Klinik für Psychiatrie und Neurologie
Hans Berger, Friedrich-Schiller-
Universität Jena. Allemagne
Epilepsie du lobe temporal avec des oscillations
maniaques, humeur dépressive aggravée par l’absinthe,
le brandy, la nicotine et de la térébenthine.
[19] Morrant JC. Can J
Psychiatry.
Shaughnessy Hospital, Vancouver
Canada
Dépendance à l’absinthe (thuyone) : hallucinations,
convulsions, sensations de désinhibition
[20] Arnold WN. Jama. Department of Biochemistry, University
of Kansas Medical Center, Kansas City
66103. USA
Psychose cycloïde [2]Voskuil PH. Front Neurol
Neurosci.
Hans Berger Clinic for Epilepsy,
Oosterhout, Pays-Bas
Tuy Nga Brignol
Acupuncture & Moxibustion
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Au cours des années passées à Paris (1886-1888), il a
abusé de l’alcool, consommé beaucoup d’absinthe.
L’anxiété, l’irritabilité, l’hostilité, l’excentricité et di-
vers symptômes somatiques se sont manifestés. A Arles
(1888), il a connu l’angoisse, la mélancolie, le remords,
l’insomnie et l’épuisement physique, à l’origine de son
comportement insalubre. La veille de Noël en 1888,
au cours de ce qui a été le premier épisode de sa crise
psychotique (dont il est resté amnésique), il a coupé
une partie de son oreille gauche. En mai 1889, après
deux brèves crises psychotiques, il s’est volontairement
inscrit à l’asile de Saint-Rémy. A Saint-Rémy, au cours
de l’année suivante, il a vécu des épisodes dépressifs sé-
vères et trois crises psychotiques, dont au moins deux
étaient concomitantes avec ses visites temporaires à Ar-
les. La dernière de ces crises, caractérisée par des délires
religieux et paranoïaques, ainsi que des hallucinations
auditives, a persisté pendant trois mois (février-avril
1890) et a laissé quelques souvenirs très vifs. Quittant
l’asile en mai 1890 comme étant guéri, il s’installe à
Auvers-sur-Oise. se sont manifestés des cycles ra-
pides de symptômes maniaques et dépressifs. Le 27
Juillet, il se serait tiré une balle dans la poitrine et il est
mort deux jours plus tard.
La xanthopsie de Van Gogh
Certaines hypothèses médicales ont laissé entendre que
le goût de Van Gogh pour l’utilisation de la couleur
jaune pourrait être lié à son addiction à l’absinthe. En
effet, cet alcool contient la thuyone, substance neuro-
toxique qui, à fortes doses, peut causer la xanthopsie,
un trouble de la vision amenant à voir les objets en
jaune. Toutefois, une étude a mis en évidence qu’une
consommation d’absinthe aurait entraîné le buveur
dans l’inconscience en raison de la teneur en alcool
avant qu’il ait pu ingérer suffisamment de thuyone
pour souffrir de xanthopsie.
Une autre hypothèse suggère que le Dr Gachet aurait
prescrit de la digitaline à Van Gogh pour traiter l’épi-
lepsie, substance qui pourrait entraîner une vision
teintée de jaune et des changements dans la perception
de la couleur d’ensemble [5,9]. Cependant, il n’existe
aucune preuve directe que Van Gogh ait consommé de
la digitaline, même si Van Gogh a peint la toile «Por-
trait du Dr Gachet avec branche de digitale».
Il ne semble donc pas exister d’explication médicale
en médecine allopathique pouvant expliquer pourquoi
Van Gogh avait une forte prédilection pour la couleur
jaune dans ses peintures. D’après l’analyse d’Arnold
WL [6], cette attirance par le jaune ne pourrait être ex-
pliquée que par une question de goût personnel, fondé
sur une sensibilité personnelle. Dans quelle mesure le
concept «Les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas»
est-il justifié ? Nos inclinations naturelles dictent nos
goûts. Mais dans quelle mesure nos inclinations natu-
relles pour certaines couleurs seraient-elles le reflet de
nos « équilibres/déséquilibres énergétiques » selon la
théorie des Cinq Eléments à un temps t donné ?
Relation entre médecine occidentale et mé-
decine chinoise
Les Cinq Emotions et les Sept Sentiments
Les Cinq Emotions sont réparties sur les Cinq Eléments
et sont considérées comme physiologiques quand elles
ne se manifestent pas de façon excessive, répétée ou
permanente. Elles correspondent à un mode d’adapta-
tion aux aléas de la vie.
Les Sept Sentiments représentent le caractère patho-
logique des émotions. Aux Cinq Emotions sont ajou-
tées la tristesse (bei) associée aux Poumons et la frayeur
(jing) associée au Cœur et aux Reins.
« Par suite de la séparation avec les parents, de la désespé-
rance, de l’accumulation des soucis et de la concentration,
de la rancune d’une part ; du chagrin, de la crainte, de la
joie et de la colère, d’autre part, les Organes deviennent
alors en état de vide et le Sang et l’Energie quittent leur
emplacement naturel » (Suwen, 77).
« Au niveau du Cœur demeure le shen. Les exagérations
de la crainte, l’inquiétude, la méditation ou le souci attei-
gnent facilement le shen » (Lingshu, 8).
« La tristesse, l’affliction, les soucis nuisent au Cœur »
(Nanjing, 49e difficulté).
Les sentiments en excès lèsent la circulation du qi, ce
qui va léser le qi, le Sang, le yin, le yang et les Liquides
organiques.
2013, 12 (4)
Tuy Nga Brignol 297
Chaque sentiment peut dérégler son Organe respectif
en engendrant et aggravant une maladie et réciproque-
ment, la pathologie d’un Organe peut être révélée par
un dérèglement des Sentiments. Chaque sentiment en
excès peur se transformer en Feu.
Les fonctions des Organes
Les trois Organes les plus touchés par les Sentiments
sont le Cœur, le Foie et la Rate, entraînant les syndro-
mes suivants :
vide de qi et de Sang blessant la Rate pour le qi, le
Cœur et le Foie pour le Sang ;
échange entravé entre Cœur (Feu) et Reins (Eau) :
mouvements verticaux du Feu et de l’Eau de l’axe
shaoyin perturbés ;
Foie et Rate en dissonance.
La Rate
L’excès de réflexion (soucis, rumination mentale) blesse
la Rate et noue le qi. Les fonctions de l’harmonisation-
transport du qi, du Sang et des Liquides organiques et
de la montée-descente du pur et de l’impur sont entra-
vées. L’Humidité n’est plus éliminée et se transforme en
mucosités qui montent au Cœur.
Le Foie
Le Foie assure la mise en mouvement. La colère, l’éner-
vement, l’irritabilité entravent la libre circulation du qi,
provoquant une stagnation du qi du Foie, mucosités
impures comprises. D’autre part, le Bois du Foie atta-
que la Terre de la Rate.
Le Cœur
Comme le Cœur n’est plus nourri par le Sang, limpur sta-
gne, affaiblit le ur et le shen, et ferme les orices, ce qui
ralentit le psychisme et provoque les troubles mentaux.
Dans les conditions physiologiques normales, la joie
détend et fait circuler le qi et le Sang, procurant une
sensation de légèreté, de bien-être et de bonheur. Il
s’agit de la joie interne, spontanée, inhérente à l’indi-
vidu, à différencier avec la joie liée à une cause externe
qui peut désorganiser la conscience.
Dépression et troubles psychiques en médecine chinoise
Les excès et déséquilibres alimentaires, les soucis et
pensées obsédantes, le surmenage, entraînent un Vide
de qi de Rate (jaune). Celle-ci ne peut plus fabriquer
le qi à partir des aliments (yingqi) ni transformer le qi
en Sang. La transformation et le transport ne sont plus
correctement pourvus, l’Humidité n’est plus chassée et
s’installe. A la longue, celle-ci se transforme en Muco-
sités impures qui montent au Cœur et obstruent ses
Orifices.
Le yingqi n’étant plus produit, il ne peut nourrir le
Cœur (rouge) qui est la demeure du shen.
Le shenming (clarté de l’Esprit) est affaibli, ce qui provo-
que les troubles psychiques et engendre la dépression.
La dépression et les facteurs émotionnels engendrent
une stagnation du qi du Foie (vert) qui envahit la Rate
(jaune). Les facteurs psychiques aggravent le Vide du
Cœur, ce qui provoque les troubles mentaux.
Le refoulement des émotions, la parole non exprimée
entraîne une stagnation du qi du Foie qui attaque la
Rate par le cycle de soumission. Au cours du temps,
cette stagnation de qi peut se transformer en stase de
Sang.
A cause de la stagnation du qi du Foie, les Mucosités
provenant de la Rate s’accumulent dans le Cœur. Le
shen est déplacé de sa demeure provoquant les troubles
psychiques et la dépression. Si la stagnation du qi du
Foie se prolonge, elle se transforme en Feu du Foie.
Quand le qi du Foie monte à contre-courant au Cœur,
il blesse le Cœur et le shen. Lorsque la stagnation du
qi et l’atteinte du Cœur se prolongent, la Rate est tou-
chée, entraînant le Vide de Cœur et de Rate : la Rate
ne produit pas le Sang pour nourrir le Cœur qui est la
demeure du shen, d’autant plus que les facteurs psy-
chiques aggravent son Vide, ce qui aggrave les troubles
mentaux.
Les symptômes de ces déséquilibres sont d’apparition
progressive : signes de ralentissement psychique : mu-
tisme, visage inexpressif, regard fixe (cf. Autoportraits
de Van Gogh), léthargie, dépression, introversion,
confusion mentale, intellect affaibli.
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