progressive du nombre des lobules de type 3, bien différenciés,
particulièrement après la première grossesse. Hilakivi-Clarke
(16) fait donc l’hypothèse qu’une interaction entre un niveau
élevé d’imprégnation aux estrogènes et un gène BRCA1 non
fonctionnel peut être responsable de la présence persistante d’un
grand nombre de lobules de type 1 chez les patientes porteuses
de la mutation, une autre possibilité étant que la mutation d’un
seul des gènes BRCA1 soit suffisante pour empêcher la diffé-
renciation normale du sein au cours de la grossesse. Cette diffé-
renciation rend compte dans la population normale de la dimi-
nution du risque de cancer du sein pour une grossesse survenue
avant l’âge de 20 ans (16).
Bien que la majorité des cancers du sein associés à une mutation
BRCA1 n’exprime pas de récepteurs estrogéniques, les facteurs
qui influencent chez ces patientes le taux des hormones endo-
gènes paraissent modifier le risque de cancer du sein (18). D’un
côté, la castration diminue le risque, d’un autre côté la grossesse
semble l’augmenter. Narod et al. (18) ont tenté de répondre à la
question du risque de cancer du sein chez ces patientes sous
contraception orale en recrutant à travers 52 centres dans 11 pays,
891 paires de femmes porteuses de mutation BRCA1 et 330 paires
de femmes porteuses de mutation BRCA2. Parmi les porteuses
de mutation BRCA2, l’utilisation d’une contraception orale
n’est pas associée à une augmentation du risque de cancer du
sein (OR = 0,94, IC 95 % = 0,72-1,24). Pour les femmes
porteuses de mutation BRCA1, l’usage de la contraception orale
est associé à une petite augmentation du risque relatif de cancer
du sein (OR = 1,20, IC 95 % = 1,02-1,04). Quand les femmes
porteuses d’une mutation BRCA1, qui n’ont jamais utilisé la
contraception orale, sont comparées à celles qui l’ont utilisée
pour au moins 5 ans, ces dernières ont une augmentation du
risque relatif de cancer du sein plus marquée (OR = 1,33,
IC 95 % = 1,11-1,60). Cette augmentation se retrouve chez
celles qui ont utilisé la contraception orale avant l’âge de 30 ans
(OR = 1,29, IC 95 % = 1,09-1,52) ou dont le cancer du sein a été
diagnostiqué avant l’âge de 40 ans (OR = 1,38, IC 95 % = 1,11-
1,72). Ces résultats, qui modulent les recommandations de
l’expertive collective de l’INSERM (14) qui avait considéré que
“l’utilisation d’une contraception orale, dans l’état actuel des
connaissances, n’est pas contre-indiquée en raison de l’existence
d’un risque génétique”, tout en soulignant “qu’une attention
particulière doit être cependant apportée concernant les infor-
mations sur les avantages et les inconvénients de telles médi-
cations”, doivent être mis en rapport avec les données qui
suggèrent que le risque de cancer de l’ovaire ne diminue pas
avec la durée de prise d’une contraception orale en cas de
mutation BRCA1/BRCA2 (19).
APPROCHE THÉRAPEUTIQUE HORMONALE
DES PRINCIPALES ANOMALIES MAMMAIRES
Cette approche repose sur des avis d’experts ou de courtes
études de faible niveau de preuve, dans une “zone grise” de
l’evidence based medicine.
Mastodynies
Devant une mastodynie préalable à toute thérapeutique hormonale,
une fois confirmé le diagnostic et affirmé son caractère isolé, si la
jeune femme désire une contraception et si l’intensité des douleurs
mesurée par auto-évaluation sur une réglette graduée est sévère, on
pourra proposer une pilule combinée normodosée à climat proges-
tatif, par exemple Planor®, éventuellement associée à Progestogel®
dont la fonction placebo est par ailleurs précieuse chez ces jeunes
filles souvent “stressées”. Au bout de quelques mois, le relais pourra
être pris par une pilule combinée mini-dosée, mono- ou biphasique,
à climat également progestatif, par exemple Miniphase®, pour s’en
tenir aux spécialités remboursées. Si les douleurs sont moins
intenses, c’est cette option qui sera adoptée en premier. Si les
mastodynies sont apparues sous pilule combinée minidosée,
mono-, bi- ou triphasique, on pourra soit changer de spécialité dans
la même gamme thérapeutique en y associant la prescription de
Progestogel®quotidienne ou biquotidienne, soit passer à Planor®.
Signalons que la consommation d’alcool peut majorer la bio-
disponibilité de l’estradiol et celle du jus de pamplemousse, la
biodisponibilité de l’éthinylestradiol et favoriser ainsi les masto-
dynies. L’apparition de mastodynies sous Diane 35®est assez
fréquente du fait du climat estrogénique de ce composé large-
ment utilisé dans l’acné. Dans cette situation, le Progestogel®
reste d’un bon recours. On peut aussi associer pendant les 10 ou
12 premiers jours de Diane 35®la prise d’un quart, d’un demi
ou d’un comprimé par jour d’Androcur®, selon l’intensité des
douleurs (hors AMM). La substitution à la Diane 35®de pilules
triphasiques au norgestimate récemment sorties (Triafémi®, Tri-
cilest®), qui ont la double AMM pour contraception et acné
légère à modérée, représente également une solution.
Adénofibrome
Traitement de la forme typique
Dans 80 % des cas, l’adénofibrome est unique et le plus souvent
d’une taille de moins de 3 cm. Concernant les adolescentes, devant
un adénofibrome isolé, le praticien a trois solutions : surveiller,
tenter un traitement médical ou poser une indication chirurgicale.
Quelle que soit la solution retenue, le choix des mots et le poids
des informations tiendra le plus grand compte de l’inquiétude
toujours sous-jacente chez une adolescente, en proie à l’angoisse
d’être anormale. Un essai de traitement médical est envisageable
quand l’examen clinique et l’examen échographique mammaire
±cytoponction est compatible avec le diagnostic d’un adéno-
fibrome de moins de 3 cm, d’apparition récente et dans un
tableau clinique évoquant une hyperestrogénie relative. On peut
tenter un traitement progestatif antigonadotrope à forte dose, du
cinquième au vingt-cinquième jour du cycle ou 21 jours sur 28,
norprégnane ou norstéroïdien, seul ce dernier étant efficace pour
certaines (20). En cas d’évolution favorable, le traitement sera
poursuivi 6 à 12 mois, puis relayé par une complémentation
progestative en deuxième phase de cycle ou, en cas de désir de
contraception, par la prescription d’une pilule fortement anti-
gonadotrope à climat progestatif. On se souviendra que les effets
secondaires dermatologiques et métaboliques sous norstéroïdes
(acné, prise de poids, etc.) et les troubles du cycle sous norpré-
gnanes (aménorrhée, métrorragies, etc.) sont toujours très mal
tolérés à l’adolescence et qu’à cet âge, l’effet contraceptif réel de
ces molécules n’a jamais été validement évalué. Un antécédent
d’adénofibrome opéré n’est pas une contre-indication à la
contraception estroprogestative. Quand un adénofibrome est en
place, c’est-à-dire qu’il ne répond pas aux critères de la nécessité
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La Lettre du Sénologue - n° 20 - avril/mai/juin 2003