
2007 4
LES OBJECTIFS DE LA RECHERCHE TRANSLATIONNELLE
La recherche translationnelle doit assurer un continuum entre la recherche biologique cognitive1 et la
recherche clinique2, en prenant en compte le patient dans sa réalité complexe et unique et également
collectivement comme membre d’un groupe de malades. Elle doit ainsi permettre la mise en œuvre
optimale des connaissances les plus récentes dans la pratique médicale [V-VI].
Elle doit se développer à proximité du patient afin de permettre un flux bidirectionnel des
connaissances de la recherche cognitive vers son application au patient et des observations faites
chez le malade vers la recherche cognitive (figure 1).
De la recherche cognitive à la recherche clinique (du laboratoire au patient)
Les chercheurs en recherche fondamentale fournissent aux cliniciens et aux chercheurs de l’industrie
pharmaceutique de nouvelles cibles thérapeutiques : l’identification d’un oncogène activé dans une
tumeur expérimentale a pu ainsi devenir un outil diagnostique, pronostique et permettre le
développement de nouveaux traitements, les outils et les médicaments étant utilisés d’abord dans des
cohortes limitées (transfert) avant d’être étendus à de grandes séries de patients (recherche clinique).
L’industrie pharmaceutique peut donc, en s’appuyant sur les avancées de la recherche cognitive et en
collaboration avec les équipes académiques et cliniques, proposer et développer des traitements plus
adaptés à la physiopathologie de certains cancers, voire des sous-types d’un cancer donné.
Les cliniciens vont ainsi tester, sur une population de malades sélectionnée selon des critères établis à
l'avance, soit un médicament dont le but est, par exemple, de contrecarrer l’hyperexpression du produit
d'un gène identifié, soit un effet combiné d'une thérapie conventionnelle et d’un traitement
complémentaire (thérapie cellulaire, vectorisation du traitement, etc.) sur une pathologie déterminée.
Les résultats obtenus et leur analyse statistique permettront de définir les pourcentages de bons et
mauvais répondeurs et l'efficacité thérapeutique potentielle.
1 La Recherche Cognitive (du latin cognoscere – connaître), aussi dénommée Recherche Fondamentale, que le Petit Robert
définit ainsi : « recherche orientée vers les domaines fondamentaux d’une discipline (opposée à recherche appliquée) ». En
biologie, ou plus largement dans les sciences du vivant, il s’agit bien là de connaître et comprendre les systèmes biologiques qui
régissent la vie, sans se préoccuper immédiatement des applications éventuelles à court, moyen ou long termes. C’est pourquoi
la Recherche Fondamentale explore des modèles comme les végétaux, la bactérie, le virus, le ver, la drosophile, qui sont bien
plus simples que les mammifères, et en particulier l’être humain. En cancérologie, cette recherche cognitive s’attache à
comprendre pourquoi et comment une ou plusieurs cellules deviennent cancéreuses, pourquoi et comment le système
immunitaire protège ou ne protège plus contre ses phénomènes de cancérisation. Les chercheurs utilisent très souvent des
modèles de cancers humains ou de rongeurs, in vitro et in vivo.
La recherche fondamentale est conduite dans des laboratoires de recherche du CNRS, de l’Inserm et de l’Université, le plus
souvent au sein de campus de recherche, mais aussi dans certaines entreprises privées. La proximité de l’hôpital, du malade,
n’est pas une condition nécessaire à son développement.
2 La recherche clinique s’intéresse à l’être humain, qu’il soit en bonne santé ou malade, dans tous les domaines qui
concernent sa santé. Ainsi, en cancérologie, elle se préoccupe du diagnostic de cancer, du dépistage (précoce), du diagnostic
de risque de cancer, des traitements, quels qu’ils soient (chimiothérapie, radiothérapie, chirurgie, immunothérapie,..), mais aussi
du patient comme personne malade, dans son environnement, participant éventuellement à des protocoles de recherche
biomédicale. La recherche clinique utilise les outils statistiques et épidémiologiques, qui sont autant de domaines de recherche à
part entière. Elle se développe dans l’hôpital, au lit du malade ou en consultation, mais aussi en réseau avec les partenaires de
la prise en charge du patient. Elle fait appel, directement ou indirectement, à tous les métiers d’un établissement hospitalier.
En cancérologie, plus que dans d’autres disciplines médicales, la recherche clinique et les soins sont (et doivent être) très liés,
puisque l’objectif est de toujours progresser dans un domaine où beaucoup de traitements sont encore insuffisamment efficaces.
Il a même été montré que les patients qui participent à un essai de recherche clinique ont une meilleure chance de survie. Un
des objectifs du Plan Cancer est d’ailleurs d’augmenter le nombre de patients à qui l’on propose de participer à un protocole de
recherche.
La Recherche Clinique essaye donc de comprendre et traiter la maladie chez l’homme, la femme, l’enfant, autant d’êtres
humains éminemment complexes. Elle a aussi un devoir d’application, d’action, dans une certaine forme d’urgence car il s’agit
de milliers de vies en danger.