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La loi d’ Okun
« A la sueur de ton front tu gagneras ton pain », derrière cette sentence biblique se
trouve un principe économique et moral accepté de tous : le travail est un acte social qui
permet à l’être humain de se réaliser. Le travail procure en effet une rémunération permettant
aux individus de subvenir à leurs besoins, d’épargner en vue de se parer contre des imprévus,
de s’assurer une retraite ou de différer dans le temps leur consommation. L’importance
sociale et économique du travail justifie donc la lutte contre le chômage.
Après la grande dépression des années 30 et les millions de chômeurs qu’elle engendra,
survint une grande transformation dans la façon de percevoir la réalité économique. Cette
crise, caractérisée par l’absence de reprise spontanée restera comme la première infirmation
de la croyance classique disant que les marchés engendrent plein emploi et assurent des
situations d’équilibre voire de paix sociale. C’est dans ce contexte qu’apparut un économiste,
dont l’œuvre marquera une véritable révolution dans la pensée économique, avec un ouvrage
majeur : la théorie générale, ce génie c’est John Maynard Keynes.
Avant Keynes, il était admis et diffusé que le marché conduisait au plein emploi et
que le chômage n’était qu’une situation de déséquilibre, déséquilibre qui en plus devait être
passager. Avec « la théorie générale », Keynes nous enseigne que dans une économie où les
prix sont visqueux ce sont les quantités qui s’ajustent et que les déséquilibres peuvent être
durables. En effet dit il, l’insuffisance de la demande globale est un obstacle au plein emploi
(alors que selon la loi de Say l’offre crée sa propre demande). Dans son analyse le chômage
n’est plus un déséquilibre passager dans le fonctionnement du marché du travail mais plutôt le
résultat d’une insuffisance de la demande globale. Le chômage volontaire de la théorie
classique se trouve donc évincer au profit du chômage involontaire qui ne donne naissance à
aucun effet d’ajustement vers l’équilibre de plein emploi. Dès lors la politique économique
capable d’augmenter la demande globale apparaissait comme une solution pour lutter contre
la situation d’équilibre de sous emploi. L’Etat n’étant pas dans la situation d’incertitude des
Entreprises, elle apparaissait donc la mieux placée pour relancer l’économie, « une assez
large socialisation de l’investissement s’avérera le seul moyen d’assurer approximativement
le plein emploi » écrit-il.
Sa Théorie Générale, a exercé une profonde influence sur les gouvernements
occidentaux, qui à la sortie de la seconde guerre mondiale, menèrent des politiques dites