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entre répression et libéralisation financières. Dans notre travail, nous utiliserons
la distinction entre systèmes financiers basés sur la banque et systèmes
financiers basés sur le marché, distinction qui remonte aux contributions de
Gerschenkron (1962), Cameron (1967) et Chandler (1977). En ce qui concerne
le système financier basé sur les banques, on opère la distinction entre les
banques spécialisées (principalement les banques commerciales,
d’investissement et de crédit) d’une part, et les banques universelles d’autre
part. L’origine de cette diversité de structure provient de plusieurs facteurs qui
peuvent être résumés de la manière suivante: (i) l’importance de la tradition
idéologique [cf. Huveneers et Steinherr (1993 p.18)]; (ii) le niveau de
développement économique [cf. Amable et Chatelain (1995, p.124)]. Ayoub
(2002), quant à lui, soutient l’idée selon laquelle l’histoire, les caractéristiques
économiques du pays, les pesanteurs socio-culturelles et religieuses et la
maturité financière constituent des facteurs déterminants de portée non
négligeable sur l’évolution de la structure du système financier. Il conclut que
ces facteurs peuvent conjointement ou séparément exercer une influence
notable sur la contribution du système financier au financement des projets
d’investissements des entreprises. Au Liban, les autorités monétaires ont
entamé, depuis le début des années quatre vingt dix, de nouvelles réformes
bancaires et financières en vue de réduire l’intervention de l’Etat,
d’encourager les institutions financières à mobiliser l’épargne intérieure en
favorisant l’innovation financière et la multiplication des instruments financiers,
en stimulant la concurrence entre les banques et en renforçant le rôle du
marché dans l’allocation des ressources financières. Force est de constater
que ces réformes2visent à faire évoluer la structure du système financier
libanais de façon à la rendre conforme aux besoins de l’économie libanaise.
Le système financier formel libanais se compose principalement d’une
banque centrale, d’une multitude de banques de second rang et d’une
bourse peu développée. Cependant, Ayoub (2002) souligne l’existence de
pratiques financières informelles dans certaines régions libanaises. Malgré
l’absence des études sur ce phénomène, il suppose que le poids du secteur
financier informel est assez important au Liban.
1. Les Institutions financières bancaires
L’analyse du tableau ci-dessous, qui montre la nature et le poids des
différentes banques dans le système financier formel libanais, nous permet de
constater les points suivants: - le nombre des banques commerciales
représente en moyenne 93% du total du nombre des institutions financières
bancaires au Liban, soit 47% du total des institutions financières bancaires et
non bancaires. En outre, celui des banques commerciales libanaises
représente 81% du total des banques commerciales, soit 44% du total des
institutions financières. En effet, avec deux banques pour dix mille habitants, le
pays se situe très nettement au dessus de la moyenne mondiale qui est de
0.73. En fait, cette période marque une augmentation du nombre de banques
2. Les principaux axes de ces réformes ont été présentés par H. AYOUB (2002) «Efficacité du système
financier et rôle des banques dans le cadre d'une économie en cours de reconstruction et de
développement: Cas du Liban», Thèse de doctorat.
3. Economist Intelligence Unit (1993), Country Report - Lebanon, 2nd Quarter, p.28.