page 58 / leS myThomaNeS
Interprètes
Geneviève Bélisle ................................. Lucie Baël
Éloi Cousineau .................................................... LG
Stéphanie M. Germain........................ Tiara Stein
Joël Melançon ..........................................DJ Spirit
Frédéric Paquet.............................. Jack Valachie
Blaise Tardif ................................Samuel Samson
Concepteurs
et collaborateurs artistiques
Assistance à la mise en scène
et régie ........................................Maryline Gagnon
Décors et accessoires .................Julie Rousseau
Costumes ....................................... Fruzsina Lanyi
Éclairages ...................................Maryline Gagnon
Musique originale ..........................Joël Melançon
Projections ..............Michel Antoine Castonguay
LES COMPAGNIES
Le Théâtre des Ventrebleus
Fondé en 1996, le Théâtre des Ventrebleus aime
plonger au cœur de l’imaginaire en créant des
œuvres originales ou des spectacles inspirés
d’œuvres non-théâtrales. Ses productions sont
caractérisées par le traitement contemporain des
textes, le désir de contourner le réalisme et de faire
appel à l’imaginaire des spectateurs, l’envie de
jouer avec les conventions théâtrales et le plaisir
de mettre au défi les acteurs.
Le Capitaine Horribifabulo (1996-2004) a été mis en
nomination lors de la Soirée des Masques 2004.
Avec Scrooge, la compagnie a ravi le public du
Théâtre Denise-Pelletier de 2002 à 2004. Puis,
l’équipe et lA compAgnie
LES MYTHOMANES
De Jean-Guy Legault
Mise en scène : Jean-Guy Legault
Une production du Théâtre des Ventrebleus en collaboration avec
le Théâtre du Vieux-Terrebonne et en codiffusion avec le Théâtre Denise-Pelletier
Salle Fred-Barry
Du 12 février au 1er mars 2014
inspirée des univers d’Edgar Allan Poe, la création
Poe a connu un beau succès (2006-2008). En
2008, la comédie country Rex a pris l’affiche au
Studio André-Pagé avant de se retrouver sur les
routes du Québec en mars 2010, tout de suite
après la création de Vingt Mille Lieues sous les mers,
adaptation du roman de Jules Verne présentée au
Théâtre Denise-Pelletier à l’automne 2009. À l’été
2012, le Théâtre des Ventrebleus a lancé le théâtre
ambulant La Caravane en collaboration avec la Ville
de Terrebonne, et créé le très ludique Rastronaute.
C’est là un précieux partenariat qui se poursuit.
http://www.theatredesventrebleus.com/
Le Théâtre du Vieux-Terrebonne
Le Théâtre du Vieux-Terrebonne (TVT) est l’un des
plus importants diffuseurs pluridisciplinaires au
Québec. Depuis plus de 20 ans, le TVT se distingue
par une programmation artistique de grande
qualité et toujours très à l’affût des nouveautés,
que ce soit en théâtre, chanson, humour, musique
classique, danse, jazz et rythmes du monde, cinéma
de répertoire, spectacles jeune public ou dans la
série des Grands Explorateurs. Depuis l’été 2002,
le Théâtre du Vieux-Terrebonne est également
devenu un producteur important de théâtre en été.
L’excellence de son accueil et son professionnalisme
auront notamment valu au Théâtre du Vieux-
Terrebonne quatre Félix au Gala de l’ADISQ (1994,
1999, 2004, 2009) dans la catégorie « Diffuseur de
spectacles », en plus de ceux qu’il s’est mérités
pour la qualité de son accueil comme « Salle de
spectacles » en 1992 et 2012.
http://www.theatreduvieuxterrebonne.com/fr/
leS myThomaNeS / page 59
Les Mythomanes explore le thème de la perception et
les stéréotypes modernes en réunissant une galerie
de personnages issus des plus grands mythes de
l’histoire. À une époque où l’être et le paraître se
confondent, nous sommes régulièrement confrontés
au regard et à la vision que les gens ont de nous, et
nous des autres. Nous catégorisons et inventons
des vies aux gens croisés inopinément dans le
métro, dans la rue, au restaurant, ou aperçus à la
télé, sur le web et dans les journaux. Nous voyons
en eux des gens qu’ils ne sont pas et imaginons pour
eux une vie qui nous semble follement intéressante.
Ce conte contemporain nous plonge en quelque
sorte dans une autopsie du mythe et nous fait
réaliser que les perceptions évoquent souvent des
désirs profonds inassouvis. Et si notre perception
avait une influence réelle sur la vie des autres?
ENTRETIEN AVEC JEAN-GUY LEGAULT, METTEUR EN SCÈNE
Formé en interprétation à l’Option-Théâtre du collège Lionel-
Groulx, Jean-Guy Legault œuvre depuis comme metteur en
scène, auteur, traducteur et comédien. Il est le fondateur
du Théâtre du Vaisseau d’Or pour lequel il a entre autres
signé la mise en scène du très renommé Théâtre Extrême,
spectacle cité comme l’un des cinq meilleurs spectacles
de l’année 2007 par le journal Voir. Membre fondateur du
Théâtre des Ventrebleus, il a participé comme auteur et
metteur en scène à cinq créations de la compagnie, dont
Scrooge, Poe et Vingt Mille Lieues sous les mers d’après Jules
Verne. Avec le Nouveau Théâtre Urbain, qu’il a également
fondé, il est derrière les succès de Nuit d’Irlande de Marie
Jones et La Journée des Dames d’Amanda Whittington. En
2003, il a remporté le Masque de la Révélation de l’année
en compagnie de Simon Boudreault pour l’adaptation et
la mise en scène de L’Honnête Fille de Goldoni au Théâtre
Denise-Pelletier. En 2005, le spectacle Tout Shakespeare
pour les nuls dont il a fait la mise en scène au Festival Juste pour Rire a reçu le Masque de la
production de l’année - Théâtre Privé. Il développe actuellement un projet de lectures publiques
avec le Théâtre du Vieux-Terrebonne et poursuit son travail de création au sein de La Caravane,
théâtre ambulant qui sillonne les parcs de la Rive-Nord en été. Il termine la rédaction d’un
roman-jeunesse et d’une B.D, Les Calottes.
Les Mythomanes, pouvez-vous expliquer
ce titre et dire d’où il vous est venu ?
On est parti des grands mythes populaires - Dracula,
le Loup-Garou, Lucifer, Samson, Cendrillon - qui
sont nés soit d’une histoire, soit d’un personnage,
quelquefois même aussi d’un lieu, et on s’est dit :
s’ils n’existaient pas ? Si c’était aujourd’hui que
leur histoire commençait ? On s’est intéressé au
mode de fabrication d’un mythe. Est-ce que c’est
la personne qui est à l’origine du mythe ou les
gens qui ont inventé son histoire et qui ont créé
le mythe ? Par exemple, on connaît tous un peu
l’histoire du comte Dracula: il revient de guerre, sa
Jean-Guy Legault
PHOTO : JULIE PERREAULT
page 60 / leS myThomaNeS
famille a été décimée, sa femme et ses enfants tués.
Il s’enferme dans son château pour n’en plus sortir
que la nuit parce qu’il ne veut plus voir personne.
C’est ça en fait, l’histoire de Dracula, elle est très
simple, comme ça.
Elle est tragique, finalement.
Elle est très tragique.
Mais alors pourquoi cette dérive
sanguinaire dans le roman de Bram
Stocker ?
Qu’est-ce qui est fondamental dans le mythe,
à part le personnage ? C’est ce qu’on associe
au mythe. Pour moi, ce qui est intéressant avec
Dracula, ce n’est pas tant le fait qu’il boive du sang
ou qu’il dorme dans les cercueils, c’est l’idée de
l’immortalité. On est tous en quête de ça. On veut
tous vivre éternellement. Donc le mythe de Dracula
s’est développé autour du fait qu’il était immortel.
Et depuis le XIXe siècle, le mythe de l’immortalité
est essentiellement associé aux vampires.
Et comment se traduit l’obsession de
l’immortalité dans les comportements
d’aujourd’hui ?
Chez un homme, c’est un peu la crise de la
quarantaine. Je suis assis à cette table au café
et je regarde quelqu’un assis à une autre table.
Costard ajusté, jambe alerte, il a des lunettes fumées
Louis Garneau très in, boit son petit expresso,
guette les petites demoiselles : c’est ça Dracula
pour moi aujourd’hui. Mais je l’invente. Lui-même,
Dracula, pochoir grati.
leS myThomaNeS / page 61
le personnage, ne sait pas qu’on I‘identifie de cette
manière. À travers la pièce, tous les personnages
finissent par apprendre comment les gens les voient
et par trouver que cette vie-là est plus intéressante
que la leur. Ils vont devenir carrément des pastiches,
des caricatures de ce qu’on a construit pour eux.
Leur propre mythe ?
Oui. Ils vont devenir leur propre mythe, c’est comme
ça que ça naît. Parmi les autres personnages, on a
le fameux Loup-Garou. Initialement, le Loup-Garou
hurlait à la lune pour appeler la meute à son aide.
Ce n’était pas quelqu’un de très courageux ; au
contraire, c’était un peureux, constamment aux
aguets, paranoïaque. Je me dis voilà un syndrome
dominant de notre époque : on a peur de tout. Reclus
dans son sous-sol, pour se donner du courage,
Loup-Garou s’invente une autre vie sur internet,
une identité autre.
Vous êtes allé chercher l’essence de
chaque mythe pour les lier aux obsessions
du XXIe siècle.
Exactement.
Et Cendrillon, comment l’avez-vous
rapprochée de notre époque ?
Le mythe de Cendrillon - que j’ai lié à celui de
Frankenstein - c’est un idéal de l’image et, à
l’évidence, on vit aujourd’hui dans une obsession
Loup-garou, gravures de Ch. Lebrun et
Morel d’Arleux, 1806.
Illustration de Fairy Tales of Charles Perrault par Harry Clarke, 1922.
page 62 / leS myThomaNeS
absolue de l’image. Aux États-Unis, ça n’a aucun
sens ! Cendrillon, dans la pièce, c’est une reine de
beauté américaine depuis qu’elle a quatre ans. Elle
a gagné tous les concours de Toddlers & Tiaras1,
elle est Miss Suprême, suprême, suprême…
Pour ce personnage, que vous avez
nommé Tiara justement, Cendrillon est son
modèle, sa référence, c’est une espèce
d’idéal ?
Oui, elle veut devenir Cendrillon, mais comment
peut-elle maintenir cette image-là maintenant
qu’elle est moins jeune ? Par la chirurgie
plastique forcément. Donc elle devient une
poupée transformée : c’est la créature du docteur
Frankenstein, elle est cicatrisée de partout, il n’y
a plus rien de vrai sur elle, tout est faux2. Pour
moi, c’est ça le résultat de l’obsession de l’image :
passer de l’extrême beauté à l’extrême laideur.
Mais à l’intérieur, il n’y a rien.
Et Samson ?
En ce moment, on dirait que l’homme a un peu perdu
ses repères, il cherche à se réaffirmer. Devenu
homme rose - ce qui n’est pas une mauvaise
chose -, avec l’émancipation du milieu gay aussi,
l’homme a perdu ses repères. Il n’est plus LE mâle.
On se demande un peu est « le pousseux de puck
». Une des tendances actuelles les salles de gym
pullulent – c’est de revaloriser la force physique.
On revient à quelque chose d’extrême, avec la UFC3
ce sont presque des combats de gladiateurs qu’on
voit réapparaître. C’est la volonté de l’homme de
s’affirmer comme un Samson. Un homme de force.
Aujourd’hui, ce n’est plus l’intelligence mais la force
physique, qui est le vrai signe de la puissance.
1 Toddlers & Tiaras est une série de téléréalité qui a débuté en 2009 et
qui suit le quotidien du monde des concours de beauté pour enfants. La
série en est à sa quatrième saison.
2 On pense à la russe Valeria Lukyanova qui a subi des dizaines d’opérations
de chirurgie esthétique et dépensé plus d’un million de dollars afin de
ressembler à la perfection à la poupée Barbie.
3 L’UFC, ou Ultimate Fighting Championship, organise des combats extrêmes,
dits d’« arts martiaux mixtes ».
Pour moi, c’est le monde à l’envers. Samson,
c’est cette obsession-là, de se muscler, de vivre
dans des gyms, de s’entraîner, de se dépasser
physiquement pour sentir qu’il vit. C’est quelque
chose de très actuel.
Il y a aussi un fantôme dans votre histoire,
un homme invisible. Pourquoi le fantôme
vous intéresse-t-il ?
Il nous fait peur parce qu’il n’est pas visible alors
qu’on sent sa présence ; mais son désir à lui,
c’est d’être vu et reconnu. C’est ça, le syndrome
du fantôme, et un des syndromes dominants
d’aujourd’hui, c’est ce désir obsessif d’être vu,
d’être reconnu.
Et Lucifer dans tout ça ?
Ce qui lie tous ces syndromes et tous ces
personnages, pour moi, c’est Lucifer. Lucifer,
Samson victorieux, Guido Reni, 1611-1612.
1 / 6 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !