Le symbolisme
A partir des années 1870, les artistes, en premier les poètes,
affirment que le monde n’est pas seulement ce que l’on peut voir ou
étudier. Il existe aussi des choses invisibles, mystérieuses, que l’art
peut révéler ou suggérer à travers les œuvres, en s’adressant avant
tout à la sensibilité et à l’imagination de celui qui regarde, lit ou écoute.
Une peinture qui revisite un mythe
Dans la mythologie grecque, Orphée
charme tous les êtres, vivants ou
inanimés, en jouant d’une lyre
offerte par le Dieu Apollon. Il est
tué et jeté dans un fleuve par les
servants du dieu, furieuses d’avoir
été charmées.
Mais sa tête, flottant sur l’eau
chante encore…
Gustave Moreau imagine qu’une
jeune fille recueille cette tête. Il
cherche à faire ressentir la
puissance mystérieuse et
permanente d’Orphée et de l’art.
L’auteur : Gustave Moreau
Orphée Gustave Moreau 1865 huile sur toile
99cm x 155cm musée d’Orsay-Paris
Ici l'horreur de la mort
d'Orphée, déchiqueté par les
Ménades, est oubliée. Il n'y a
même plus de voix qui sort de
sa bouche : le personnage
féminin est fasciné par un
visage qui repose sur une lyre
(double objet d'amour). Il ne
s'agit plus de l'Orphée
chantant, mais d'un cadavre.
Les animaux et les végétaux
sont partis. Plus loin, sur les
rochers, des musiciens ont
pris la suite. La jeune femme
triste, amoureuse, peut enfin
le maîtriser, le tenir contre elle.
Il n'y a dans la peinture
aucune résonance, aucune
impression de sonorité,
aucune présence, pas même
celle des livres qu'Orphée est
supposé nous avoir légués.
Dans ‘symbolisme », il y a « symbole » qui vient
du grec « symbolon ». Ce mot désignait un
morceau de poterie casen deux. Si deux
messagers voulaient se reconnaître, ils
rassemblaient ces deux bouts de poterie. Dans
le symbolisme, les artistes veulent réunir le
monde visible et le monde invisible.
Un poème au-delà du paysage
Dans le poème suivant, Paul Verlaine suggère ce qu’évoquent
pour lui les soleils couchants.
1 / 11 100%