Le produit intérieur brut à repris sa croissance en 2007

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La situation économique actuelle au Liban :
un progrès malgré la crise politique
Boutros Labaki1
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Après 15 ans de guerres et de destructions, entre 1975 et 1990, l’économie libanaise a
connu une période de reprise entre 1991 et 1995. Cette reprise était due à l’arrêt de la guerre,
le retour d’une partie des émigrés, l’afflux de capitaux privés et publics pour la
reconstruction, et le démarrage du processus de reconstruction.
Les taux de croissance économique sont montés de 2.5 % en 1991 à 8 % en 1994.
Après cette date, les taux ont chuté, et l’économie libanaise connaît depuis plus de 14 ans une
croissance ralentie, nulle ou négative. Pourquoi cela ?
Parce que les divers gouvernements qui se sont succédés depuis, ont d’une manière
constante mené deux politiques au niveau économique :
- Une politique monétaire et financière consistant à combler le déficit public par des
émissions de Bons du Trésor à très hauts taux d’intérêt ayant atteint les 40 % à certaines
périodes. La corruption a causé une partie du déficit public et le service de la dette la majeure
part. Au-delà des années 2000, la dette publique avait dépassé les 40 milliards de dollars US,
soit 2 ans de PIB, alors que nous étions sortis de 15 ans de guerre (1975-1990) avec 2
milliards de dette publique. De ces 40 milliards, 36 milliards étaient constitués d’intérêts.
Le résultat de ces politiques a été « exclusion » (crounding out) du secteur privé du
marché du crédit, les banques préférant prêter à l’Etat, dans un placement, sur, garanti et sans
effort.
Le résultat a été l’étouffement progressif du secteur privé : fermeture partielle ou
totale d’entreprises dans tous les secteurs, licenciement, chômage. L’émigration a repris de
plus belle, a un niveau double de celui de la période des guerres (1975-1990) : 60000 départs
nets par an en moyenne entre 1975 et 1990, contre 120000entre 1991 et 2005. A cette
politique monétaire et financière, il faut ajouter :
1
Professor Boutros Labaki is a civil engineer, development economist, economic and social historian, writer
and researcher. He graduated from Saint Joseph University, Beyrouth (BSc in Civil Engineering and B.A.
Economics) and Paris Universities (M.A. in quantitative economics and PhD in Economic History
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- Une politique de porte ouverte. Les gouvernements ont levé la plupart les
restrictions à l’entrée des biens, services, et travailleurs en provenance de pays voisins (Syrie
surtout, mais aussi Jordanie, Egypte) sans compter les pays à bas coût de main d’oeuvre
d’Asie. Il a de même pratiquement supprimé les droits de douanes et les obstacles non
tarifaires avec l’UE, avant même d’entrer en négociations pour l’accord de partenariat libanoeuropéen signé en 2002. De même avec les pays de la Zone Arabe de Libre Echange en 2005.
Le résultat de cette politique commerciale s’est ajouté à eux de politiques monétaires
et financières : d’où accélération du déclin des divers secteurs économique et chute du taux
de croissance du PIB :
Tableau : Taux de croissance économique au Liban 1991-2007
Année
1991
1992
1993
1994
1995
1996
1997
1998
1999
du PIB
2.5%
4.5%
7%
8%
6.5%
4%
4%
3%
1%
Année
2000
2001
2002
2003
2004
2005
2006
2007
0%
4.3%
2.6%
2.8%
4.3%
0.1%
0%
1.7%
Taux
de
croissance
Taux
de
croissance
du PIB
Source : Banque du Liban, Ministère des Finances, EIU.
De plus les coûts de production au Liban sont des plus élevés de la région : les coûts
des télécommunications sont 3 à 6 fois supérieurs à ceux des pays voisins du fait des
monopoles publics et privés, le haut coût du crédit été mentionné, le coût de l’énergie
électrique est beaucoup plus élevé que dans les pays voisins du fait de la mauvaise gestion de
l’Electricité du Liban, des monopoles des fournisseurs du fuel aux centrales, du vol de
courant sur les lignes de distributions, du non paiement des factures et de la non facturation
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d’une partie du courant fourni. De même pour les coûts de la main d’œuvre du fait du plus
haut niveau de vie au Liban en comparaison avec les pays voisins et asiatiques.
A ces phénomènes structurels, se sont ajoutés les effets des phénomènes
conjoncturels : attaques israéliennes de 1993, 1996 et surtout 2006, opérations de résistance
anti israélienne au Liban Sud crises politiques dues à l’hégémonie syrienne sur le Liban et
tentatives de résistance civile à cette hégémonie.
Avec la sortie des Israéliens en 1999 et 2000 du Liban Sud, et la sortie des Syriens en
2005 du reste du Liban, la situation économique ne s’est guerre améliorée, du fait de
l’incapacité des diverses forces politiques libanaises à s’entendre sur des compromis
acceptables par tous et du fait des interventions extérieures régionales et internationales
alimentant cette incapacité.
A cela il faut ajouter l’attaque israélienne de Juillet-Août 2006 sur le Liban et ses
conséquences désastreuses.
La situation économique globale en 2007 :
Le produit intérieur brut a repris sa croissance en 2007. Les estimations placent le
taux de croissance entre 1 % et 2 %. Plusieurs estimations évaluent cette croissance à 1.7 %.
Cette reprise après une croissance nulle en 2006, indique que l’économie libanaise n’a cessé
de s’améliorer au cours de l’année au point de retrouver ses niveaux du premier trimestre
2006, période de forte activité économique, ainsi que le montre l’indicateur global d’activité
de la Banque Centrale. Sa croissance 2 est tirée par les exportations, par le dynamisme du
secteur de la construction (reconstruction des logements et des infrastructures détruits lors du
conflit de l’été 2006 et développement des infrastructures du pays) et par la consommation.
Mentionnons aussi le secteur des services au sujet desquels n’existent pas de statistiques,
2
Croissance du PIB réel pour 2007 estimée par le FMI à 2.0% avec un déflateur estimé à 3.0%. Croissance
nominale estimée donc à 5.0%. Même estimation de la croissance réelle par le département Recherche de la
banque Audi. L’Economist Intelligence Unit estime la croissance réelle pour 2007 à 1.7%.
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notamment les secteurs des TIC (technologies de l’information et de la communication), de
l’ingénierie ou de la publicité qui continuent à se développer à l’export et qui tirent profit de
la forte croissance des pays pétroliers de la région en fournissant des occasions d’emploi aux
classes moyennes du pays. De leur côté, les banques enregistrent une forte augmentation de
près de 30 % de leur profit consolidé net 3 et une augmentation de près de 8 % de leur actif
total. Cependant, la forte augmentation des importations qui résulte de ce dynamisme
économique provoque une croissance importante du déficit commercial (+22 % par rapport à
2006). Celui-ci, déjà important, atteint à présent 38.5 % du PIB4. Malgré cela, la balance des
paiements a connu un solde positif de11.03 milliards US$ soit 8.4 % du PIB. Grâce à un
afflux net de capitaux ce solde est en hausse de 11.3 %.
Sur le plan des finances publiques, on notera une nette augmentation des revenus de
l’Etat (+19.59 % par rapport à 2006) due essentiellement à une forte hausse des revenus de la
TVA (+20.7 %) et des revenus du secteur de la téléphonie (+27.9 %). Cependant, on note
aussi une augmentation notable des dépenses publiques hors service de la dette due à une
importante augmentation des dépenses de salaires et traitements de la fonction publique
(+13.03 %) et à une augmentation des transferts à EDL (+7.93 %) qui atteignent 981 millions
US$, soit 19.35 % des dépenses totales hors service de la dette et 4.05 % du PIB. Cette
dernière augmentation est due aussi bien à la mauvaise gestion de l’Electricité du Liban
(EDL) qu’à l’augmentation internationale du prix des hydrocarbures. D’autre part, la dette
hors arriérés de paiement a atteint fin décembre 42.07 milliards US$, soit plus de 173 % du
PIB. Elle est en hausse de 4.2 % sur l’ensemble de l’année. Elle a bénéficié au mois de juin
de l’effacement par la Banque du Liban, en vertu de ses obligations légales, d’une partie de la
dette publique qu’elle détient suite à l’augmentation de la valeur de ses réserves en or.
Malgré ces performances, le niveau de vie de la population, notamment des couches
les plus pauvres, continue à se dégrader avec la reprise de l’inflation au troisième trimestre,
inflation qui touche surtout les produits de première nécessité (vêtements et produits
alimentaires) et qui a été de 5.95 % dans le Grand-Beyrouth (plus du tiers des habitants du
3
4
Source: Lebanon Weekly Monitor n°7, 2008, Banque Audi-Saradar.
Estimé à près de 24.2 milliards US$ (Comptabilité Nationale + FMI rapport 07/384 décembre 2007).
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pays). Le pourcentage des personnes en situation de pauvreté extrême (revenu personnel
inférieur à 2.0 US$ par jour) est passé de 7 % des résidents en 2004 à 13 % des résidents en
2008.
La balance des paiements a connu un solde positif remarquable sur l’ensemble de l’année,
le solde positif atteint 2.03 milliards US$, soit près de 8.4 % du PIB. Cela est dû notamment à
une augmentation de 11.3 % de l’afflux net de capitaux qui a atteint un record de 11.03
milliards US$ en 2007.
Les finances publiques
Leur état constitue un problème économique majeur au Liban. Sur l’ensemble de
l’année, les finances publiques sont caractérisées par une nette amélioration due à une nette
augmentation des revenus de l’Etat (+19.59 % par rapport à 2006). Bien que les dépenses
totales hors service de la dette aient continué à augmenté (05.95 %), un excédent primaire
hors service de la dette publique de 12.6 % du total des recettes apparaît. La croissance des
recettes totales est due à une hausse des recettes budgétaires (recettes fiscales 5 et non
fiscales6) de 17.5 % et à une hausse des recettes du Trésor de 53.2 %.
La hausse des dépenses totales hors service de la dette (+4.43 %) s’explique par une
hausse de 5.23 % des dépenses budgétaires (c’est-à-dire hors dépenses du Trésor), ellemême due essentiellement à une augmentation de 13.03 % du poste « salaires et
traitements », ainsi qu’à une hausse de 2.8 % des dépenses du Trésor, elle-même due à
une hausse des transferts à l’Electricité du Liban de 7.93 % (ces transferts passent de 909
millions US$ à 981 millions US$, soit 19.35 % des dépenses totales hors service de la dette et
4 % du PIB). Quant au service de la dette, il est en augmentation de 8.41 % sur l’ensemble
de l’année 2007 par rapport à 2006. L’apparition d’un excédent primaire a permis de
5
Notamment les recettes de la TVA qui ont augmenté de 20.7 % au cours de l’année et les recettes des impôts
sur le revenu qui ont augmenté de 10.4 %. Ces recettes ont représenté respectivement 22.89 % et 14.95 % des
revenus de l’Etat.
6
Notamment les recettes de la téléphonie mobile qui ont augmenté de 27.9 % au cours de l’année. Elles ont
représenté 1.660 milliards LL (1.10 milliards US$), soit 18.9 % des revenus de l’Etat.
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compenser la hausse du service de la dette de sorte que le déficit global des finances
publiques a connu une baisse de 15.9 % au cours de l’année par rapport à 2006. Le déficit
total est passé de 62.38 % des recettes totales à 43.87 %. Il a représenté en 2007, 10.5 %
du PIB.
75
La dette publique brute 7 a atteint 42.07 milliards US$, soit plus de 173 % du PIB à
la fin de l’année 2007. Elle a haussé 4.2 % au cours de l’année. Cependant, il faut rappeler
que ces chiffres ne tiennent compte ni des engagements involontaires de l’Etat, notamment
ses arriérés de paiement envers la Caisse Nationale de Sécurité Sociale, envers les
municipalités, envers les hôpitaux et envers les entrepreneurs, ni de la position de la Banque
du Liban vis-à-vis des banques commerciales. Quant à la part de la dette publique qui détient
la Banque du Liban, elle a fluctué entre 20 % et 24 % en 2007.
Les secteurs économiques principaux
- Le commerce extérieur est marqué par une forte hausse à la fois des exportations et des
importations, ce qui aggrave le déficit commercial :
Sur l’ensemble de l’année, les exportations sont en hausse de 12.34 % par rapport à 2006 (de
2284 à 2816 millions US$). Les importations sont en hausse de 12.57 % (soit de 9398 à
11815 millions US$) et le déficit commercial en hausse de 12.67 %. Ce dernier atteint 9
milliards US$, soit près de 38 % du PIB.
- Le secteur de la construction a connu une forte activité due à la reconstruction des
logements et des infrastructures détruites lors du conflit de l’été 2006 et au développement
des infrastructures sur l’ensemble du pays, comme le montrent les indicateurs suivants :
Les livraisons de ciment sur l’ensemble de l’année, sont en hausse de 15.3 % par rapport à
2006. Par contre les demandes de permis de construire sont en baisse de 2.6 % sur
l’ensemble de l’année par rapport à 2006, année exceptionnelle malgré le conflit de l’été. Ce
dernier indicateur étant moins significatifs que les livraisons de ciment, du fait que le gros de
7
Sans deduction des depots de l’Etat auprès de la Banque du Liban et des banques privées.
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l’activité actuelle de ce secteur ne nécessite pas de permis de construire (reconstruction
d’infrastructure publiques et de logements, entreprises détruites par la guerre de 2006).
Les transactions immobilières
menées en 2007 sont en hausse de 21.4% par rapport à
2006, notamment à cause de la forte demande qui émane des expatriés libanais. La valeur
totale des ventes de propriétés est en progression de 33.7 %.
- Le secteur des transports
Le nombre total de passagers à l’aéroport international de Beyrouth, sur l’ensemble de
l’année, est en hausse de 24.9 % par rapport à 2006, mais de 7.2 % seulement par rapport à
2005. De même le trafic du port de Beyrouth est monté de 4.227.278 tonnes à 5.317.544
tonnes entre 2006 et 2007 soit de 12.6 %.
- Le secteur commercial : son évolution peut être décrite d’assez près par :
Les compensations de chèques en hausse : sur l’ensemble de l’année ; leur croissance est de
17.82 % par rapport à 2006 et de 13.83 % par rapport à 2005.
- Le secteur industriel a connu une hausse des importations d’équipement industriel de 130
millions US$ en 2006 à 162.62 millions US$ en 2007 soit 12.51 %. Ce qui indique une
hausse de l’investissement dans ce secteur. Si on tient compte du fait que des exportations
industrielles ont haussé de 36.6 % en 2007 par rapport à 2006, on a plus d’un indicateur
d’une croissance du secteur industriel.
- Le secteur agricole Nous disposons des indicateurs suivants :
Les exportations des produits purement agricoles, sont également en hausse remarquable :
Pour l’ensemble de l’année 2007, elles sont en augmentation de 20.3 % par rapport à 2006.
Cependant le déficit agricole annuel a également connu une forte hausse de 12.7 % à 1.04
milliards US$, soit 4.42 % du PIB, et les agriculteurs continuent à souffrir de la politique de
la porte ouverte, des conséquences de la guerre de 2006, et des aléas climatiques.
- Le secteur touristique Dans ce secteur la diaspora libanaise constitue de très loin
l’essentiel des touristes qui visitent le pays. La hausse du nombre d’arrivées de voyageurs en
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2007 est de 6 % par rapport à 2006. Les activités liées au tourisme se sont accrues en 2007
par rapport à 2005, ce que ne reflète pas le taux de remplissage des hôtels qui a été de 38 %
sur l’ensemble de l’année 2007, en baisse de 48.6 % par rapport à 2006, malgré le conflits de
cette année-là entre Israël et le Hezbollah libanais 8. En effet, la diaspora réside peu dans les
hôtels du pays compte tenu du fait que de nombreux émigrés libanais continuent à entretenir
une résidence au Liban ou sont accueillis dans leur famille. De même la situation des guides
touristiques et de l’activité de location de voitures a baissé (7000 voitures fin 2007, contre
14670 en 2006). Par contre le secteur de la restauration des cafés, bars et pâtisseries est en
pleine croissance : depuis 2006 : 130 établissements ont ouvert dans divers quartiers de
Beyrouth (Gemmayzé, Hamra, Verdun, Achrafieh) 30 dans l’agglomération de Dbayé
(Banlieue Nord). Cela compense largement les 60 établissements qui ont fermé dans le centre
ville sans compter l’ouverture de nouveaux établissements de restauration cafés, bars et
pâtisseries sur la côte Nord de Beyrouth, à Tripoli et la côte Sud jusqu’à Saida.
- Le secteur bancaire qui est le secteur dominant de l’économie libanaise a évolué comme
suit :
1- L’actif du secteur
Du côté de l’actif, on a ce qui suit :
a- Une augmentation de l’actif total des banques commerciales de 7.98 % sur l’ensemble
de l’année, légèrement inférieure à celle de 2006 (+8.32%).
b- Les dépôts des banques commerciales auprès de la Banque du Liban sur l’ensemble
de l’année, sont presque inchangés. Ces dépôts représentaient 23.86 % du total de
l’actif à la fin 2007 contre 25.37 % un an plus tôt et 28.97 % deux ans plus tôt.
c- Les créances sur le secteur privé résident, sur l’ensemble de l’année sont en hausse de
3.21 %. On constatera une forte baisse des créances en livres libanaises (-12.12 %) et
8
Enquête de Deloitte & Touch citée par le quotidien l’Orient-le Jour du 5 février 2008.
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une augmentation des créances en devises (+6.66 %). Ce qui montre une chute de la
part du crédit en LL pour les activités au Liban et à l’extérieur.
d- Les créances sur le secteur public sur l’ensemble de l’année sont en hausse de 3.94 %.
Le taux de croissance est pratiquement identique pour les créances en LL (+4.13 %) et
pour les créances en devises (+3.76 %). On remarquera que le niveau du ratio
créances sur le secteur public / total créances repart à la hausse après une période de
baisse. Il dépasse à nouveau son niveau de la fin 2005, ce qui est un indicateur de
l’effet d’éviction du secteur privé par le secteur public, sur le marché du crédit, et du
besoins financiers croissants du secteur public.
e- Une augmentation remarquable des créances sur le secteur privé extérieur, de 55.08 %
sur l’ensemble de l’année. La croissance des créances sur les banques étrangères
atteint 18.94 % sur l’ensemble de l’année 9. Les crédits à l’ensemble du secteur privé
résident et non résident (hors banques étrangères) sont en hausse de 7.93 % sur
l’ensemble de l’année 2007 contre 9.26 % pour 2006.
f- Globalement, le total des créances connaît une hausse de 8.94 % sur l’ensemble de
l’année. Cependant cette hausse était de 13.95 % en 2006 malgré le conflit de l’été de
cette année-là.
g- Quant à l’exposition des banques commerciales au risque de l’Etat [(dépôts à la BDL
+ créances sur le secteur public)/total actif], elle poursuit sa baisse. Elle est de 50.01
% fin 2007 alors qu’elle était de 52.53 % à la fin décembre 2006.
9
Les banques libanaises accompagnent ces mouvements d’entreprises libanaises en finançant leurs filiales à
l’étranger lorsque celles-ci se développent dans des pays où le secteur bancaire est encore peu développé
(Algérie, Syrie, Soudan, Irak- région kurde, par exemple) ou dans des pays où elles ne sont pas encore connues
du secteur bancaire local (pays du Golfe, par exemple). Elles financent aussi des sociétés appartenant à des
entrepreneurs libanais et qui ont été fondées directement à l’étranger (pas de société mère domiciliée au Liban).
D’autre part, les banques libanaises n’hésitent pas à créer elles-mêmes des filiales à l’étranger quand le secteur
bancaire y est peu développé, surtout si elles y trouvent des clients libanais en quête de crédits et de banques
performantes. Comme elles financent également le développement à l’étranger des entreprises libanaises en
finançant au Liban même les entreprises mères (prêts en devises au secteur privé résident), le développement à
l’étranger des entreprises libanaises a donc un impact positif sur l’évolution des crédits au secteur résident aussi
bien qu’au secteur non résident.
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2- Le passif
L’évolution du passif confirme que la croissance du secteur bancaire s’est poursuivie sur
l’ensemble de l’année 2007. En effet, on constate ce qui suit :
79
a- Une croissance des dépôts du secteur privé résident de 12.43 % sur l’ensemble de
l’année (contre 8.00 % en 2006).
b- Une hausse des dépôts des non résidents sur l’ensemble de l’année de 2.31 %. Ils
avaient toutefois baissé de 1.02 % en 2006 en raison du conflit de l’été, ce qui indique
un regain de confiance des déposants étrangers dans l’économie libanaise au cours de
2007.
c- Une augmentation de la valeur totale des dépôts du secteur public sur l’ensemble de
l’année est de 10.87 % contre 6.5 % au cours de l’année 2006.
Pour ce qui est de la composition des dépôts du secteur public (LL v/s devises), on constate
ce qui suit :
a- Une hausse des dépôts en livres libanaises sur l’ensemble de l’années de 5.62 %. Les
dépôts en devises sont en hausse de 12.50 % sur l’ensemble de l’année.
b- Ce qui précède nous indique que le taux de dollarisation des dépôts du secteur privé
poursuit sa hausse. Il passe à 77.3 % fin 2007. Il était de 76.2 % fin décembre 2006.
Par ailleurs, on constate une baisse des dépôts du secteur public dans les banques
commerciales de 26.35 %.
3- Les taux d’intérêt débiteurs fin décembre 2007
Les taux débiteurs moyens sont stables sur un an à 10.10 % pour les emprunts en LL et 8.02
% pour les emprunts en US$ contre respectivement 10.37 % et 8.55 % un an plus tôt.
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Quant aux faux créditeurs moyens, ils sont également stables à 7.40 % pour les dépôts en LL
et à 4.69 % pour les dépôts en US$ contre respectivement 7.49 % et 4.76% un an plus tôt.
4- Les profits du secteur bancaire
Par ailleurs, le profit net des banques libanaises a augmenté de près de 30 %. Le profit
consolidé des trois banques les plus importantes a augmenté de 19 %.
Pour les autres grandes banques (par ordre décroissant d’actif), on notera que les profits de la
BankMed sont en hausse de 1156 % (passant de 3.2 à 40.2 millions US$), ceux de la
Fransabank de 12.2 %, ceux de la BLF de 29.7 %, ceux de la Bank of Beirut de 19 %, ceux
de la SGBL de 38.3 %. (L’Orient Le Jour de 1/3/2008, et Lebanon Weekly Monitor N° 06/08,
08/08 et 11/08, Banque AUDI – SARADAR)
- L’indicateur synthétique de l’activité économique
Pour terminer, signalons que l’indicateur synthétique de la Banque du Liban a atteint la
valeur de 187.6 points à la fin du mois de décembre 2007, alors qu’il n’était que de 177.7 un
an plus tôt. L’économie libanaise retrouve ses niveaux d’activité de 2006 puisque
l’indicateur était à 187.1 à la fin Mars 2006 avant de culminer à 191.6 à la fin Juin 2006
record historique atteint juste avant le déclenchement du conflit de l’été.
L’activité économique fin 2007 est à ses niveaux du premier semestre 2006. Le tassement de
l’activité constatée au cours du second trimestre 2007, sans doute à cause de la crise
politique, semble se résorber de manière progressive à partir du troisième trimestre malgré la
persistance de la crise politique.
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