Géraldine MUZART Formation théorique 2009-2010 Le XXe

Géraldine MUZART
Formation théorique
2009-2010
Le XXe siècle
Bilan comparé de la première et de la deuxième guerre mondiale
Les Trente Glorieuses: les transformations de la France
La politique étrangère de la France de 1945 à nos jours
On fait début le XXe siècle avec la Première Guerre mondiale parce qu’elle marque la fin
de l’hégémonie européenne et l’émergence de la puissance américaine. Pour la France,
et dans le monde entier, la première moitié du siècle est marquée par la guerre, la
violence et les formes les plus extrêmes de l’intolérance, de l’exclusion et par les
massacres, notamment dans les camps d’extermination nazis. La seconde moitdu XXe
siècle est plutôt placée sous le signe de la stabilité politique, avec la Ve République, de la
prospérité économique des « Trente Glorieuses », de la construction de l’Union
Européenne, et des progrès sociaux, scientifiques et techniques qui entrainent
l’amélioration de la vie pour la majorité des Français et des Européens.
Première et deuxième guerre : bilan des pertes humaines et des destructions
occasionnées
Dans un climat européen extrêmement tendu hérité des guerres du XIXe siècle, l’attentat
de Sarajevo en 1914 met le feu aux poudres et entraine tous les Etats européens
successivement dans un conflit d’une ampleur jamais vue auparavant. En effet, en 1917,
la guerre prend une dimension intercontinentale avec l’intervention des Etats-Unis et du
Japon : ce sera la première conflit « mondial » ! Il dure quatre longues années d’une
guerre d’usure et de position qui met les territoires et les populations à feu et à sang. Les
conséquences se mesurent dès la signature du Traité de paix à Versailles en 1918 et se
monnayent avec les réparations financières que l’Allemagne, tenue pour seule
responsable de la guerre, doit verser à la France. En termes démographiques,
économiques et financiers, le bilan est dramatique pour tous les pays. Il laisse par
ailleurs un traumatisme délétère et durable dans les consciences des populations qui
sera à l’origine de la 2
nde
guerre mondiale (1939-1945).
Ainsi, dans une Europe affaiblie et morcelée, les conséquences de ce drame humain se
font sentir à moyen terme avec le développement des idées nationalistes revanchardes
et la montée du nazisme et du fascisme, alimentées par les difficultés économiques et
sociales de l’entre-deux guerres. Le slogan « Laissez la paix avoir vingt ans ! »
n’empêchera pas l’Europe de sombrer de nouveau dans un conflit encore plus
catastrophique en terme de pertes humaines (militaires et civiles), de destructions
matérielles et de choc des consciences (génocide et crimes contre l’Humanité).
Ces deux guerres sont dîtes « totales » dans le sens les belligérants y jettent toutes
leurs forces. Les armes technologiques et industrielles entraînent une augmentation
considérable de la puissance de feu et des capacités de destruction, symbolisées par la
bombe atomique utilisée deux fois contre le Japon en 1945.
Le bilan humain
Bien qu'il soit difficile d'établir un bilan précis des pertes humaines de la 2
e
guerre
mondiale, on estime que ce conflit a fait 40 à 60 millions de victimes, c'est-à-dire 5 à 6
fois plus que la 1ère guerre mondiale, alors qu’elle n’a duré qu’un an de plus. Alors que
les victimes de la 1
ère
guerre mondiale étaient essentiellement des militaires, les pertes
de la 2e guerre mondiale se répartissent globalement à part égale entre militaires et
civils. L'ampleur de ces pertes est liée aux caractéristiques de la « guerre-éclair » qui a
surpris les pays envahis et mélangé aux soldats les populations civiles de l'exode, ainsi
qu'aux bombardements massifs des villes (Londres, Dresde, Hiroshima et Nagasaki).
Mais elle est surtout due aux crimes de guerre et aux crimes contre l'humanité perpétrés
par les nazis : exécutions d'otages, massacres de villages entiers, exécutions de
prisonniers de guerre, déportations massives de populations civiles et extermination de
plus de 5 millions de Juifs et de Tziganes.
De plus, avec la perte des combattants (des hommes entre 20 et 40 ans), les
démographies nationales accusent un trou dans la pyramide des âges, et une
féminisation, ainsi qu’un vieillissement des populations. Ce sont toutes les forces vives
de chaque pays qui disparaissent en même temps, laissant des veuves, des orphelins, des
vieux et des blessés (les « gueules cassées « ), qui doivent survivre sur les pensions de
guerre. Par ailleurs, les conditions de vie, d’alimentation et d’hygiène à la suite du
premier conflit sont précaires et favorisent l’épidémie de grippe espagnole qui ravage
l’Europe et augmente encore le nombre des victimes, civiles cette fois.
Pendant la 2
e
guerre, le phénomène des déplacements de populations (exode des
population civiles, des réfugiés politiques, des colons allemands ou japonais, retour des
juifs déportés, des travailleurs et prisonniers de guerre) entrainent à l’issue du conflit
des problèmes économiques et démographiques dans une période de crise alimentaire,
du logement et de l’emploi.
Les conséquences géographiques et économiques
Au sortir des deux guerres, la carte de l’Europe n’a plus rien à voir avec celle du XIXe
siècle : en 1918, les grands empires allemands et austro-hongrois sont démantelée et
divisés en de nombreux petits états nationaux (Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie,
Yougoslavie, etc.) ; après 1945, ces états retrouvent leurs frontières, mais l’Allemagne
est séparée en deux états, la RFA à l’ouest et la RDA à l’est, sous influence soviétique, de
même que toute l’Europe de l’est.
Les combats ont détruit les campagnes de régions entières en 14-18 et les grandes villes
industrielles en 39-45. Ils ont non seulement fait perdre une grande partie de la main
d’œuvre, mais aussi les outils de productions et les moyens de transports. Les grandes
régions industrielles, comme le Nord et à l’Est de la France, ou dans la Ruhr pour
l’Allemagne sont ravagées et les deux pays se trouvent par conséquent dans une
situation économique catastrophique.
De plus, l’effort de guerre a entrainé les Etats à l’endettement et la situation financière
est précaire. Le franc résiste à une trop forte dévaluation, mais l’inflation entraine le
pays dans de graves difficultés au quotidien pour les populations. La reconstruction
coûte chère et il faudra dix ans pour qu’elle soit effective. Le problème des réparations
de guerre en 1918 dues par les vaincus provoque par ailleurs des tensions au niveau
international et la Société des Nations, espoir de paix et de réconciliation, ne parvient
pas à les résoudre. En 1945, avec l’aide américaine du « Plan Marshall », l’Europe de
l’Ouest va globalement pouvoir se reconstruire en cinq ans.
Le bilan politique et moral
Si les conséquences économiques sont gigantesques, les suites politiques des conflits
sont inestimables ! Les deux guerres ont laissé dans les esprits une marque profonde de
brutalité et d’horreur qui se répercute dans la sphère politique et sociale par un
pacifisme quelque peu naïf, bientôt englouti par l’exacerbation des nationalistes après
14-18 et par un désarroi moral en 1945 après la découverte de l’horreur de la Shoah et
des victimes de la bombe A au Japon. L’après-guerre se caractérise par une volonté de
renouveau politique qui va de pair avec la reconstruction.
Régimes politiques de la IVe et Ve république.
La IVe République (1946 – 1958)
Dans un contexte difficile de rationnement et d’épuration, et bien que la continuité
républicaine ait été assurée par le Général de Gaulle, à la te du Gouvernement
provisoire (le GPRF), les français souhaitent la dissolution de la IIIe République,
héritière du désastre de la guerre, au profit d’une nouvelle constitution. Celle-ci
approuvé en 1946 veut éviter le retour à un régime autoritaire et garantir le respect des
droits de l’homme : ce sera la IVe République.
L’Assemblée nationale est au cœur des institutions, elle est élue au suffrage universel
direct et au scrutin proportionnel. Au sein du Parlement, elle domine le Conseil de la
République (équivalent du Sénat), élu au suffrage indirect par les représentant des
collectivités territoriales. Il a un rôle essentiellement consultatif. Le Président de la
République, élu pour sept ans par les deux chambres réunies en Congrès, joue un rôle
essentiellement moral. Enfin le Président du Conseil, chef de l’exécutif, doit obtenir pour
son gouvernement l’investiture de la majorité absolue des députés. Or, le mode de
scrutin favorise les petits partis. Ceux-ci se regroupent donc au sein de coalitions de
circonstances, souvent éphémères. Ce phénomène se conjuguent alors à la faiblesse de
l’exécutif et aboutit à une instabilité ministérielle chronique (22 gouvernements en 13
ans).
Dans de telles conditions, les gouvernements ont du mal à définir une politique
cohérente et durable. Malgré cela, l’œuvre de la IVe République est importante, en
continuité avec le GPRF : la France poursuit sa reconstruction (avec l’aide du Plan
Marshall) et sa modernisation, un salaire minimum est créé : le SMIG, et les français
Robert Schuman et Jean Monnet lancent la construction européenne. Malgré ces
réalisations importantes, le régime est impopulaire et il doit affronter des oppositions
irréductibles : d’une part le RPF, créé par le Général de Gaulle en 1946, critique la
faiblesse des instituions et le régime des partis, d’autre part le parti communiste, évincé
du gouvernement peu après la guerre, attaque le conservatisme et l’antisoviétisme des
gouvernements successifs. Mais ce sont surtout les problèmes coloniaux qui affaiblissent
le régime : la guerre d’Indochine d’abord, puis la guerre l’Algérie qui en 1958 finit par
faire tomber la IVe République.
La Ve République (1958 - …)
En 1958, le Général de Gaulle, rappelé au pouvoir pour gérer la crise algérienne, propose
une nouvelle constitution, approuvée par référendum. Elle reprend les éléments d’un
discours, prononcé à Bayeux en 1946 : un exécutif fort, capable de jouer un rôle d’arbitre
et indépendant des partis, limite la puissance de l’Assemblée.
Ainsi les pouvoirs et la légitimité du Président de la République sont renforcés : il est élu
au suffrage universel, il nomme le Premier Ministre, il peut recourir au référendum ou
disposer des pleins pouvoirs en cas de crise en vertu de l’article 16 de la Constitution.
Enfin, il dispose du droit de dissolution de l’Assemblée. Il est aussi le chef des armées et
de la diplomatie.
Le Premier Ministre est le chef du gouvernement, il choisit ses ministres, détermine et
conduit la politique de la nation. Il dispose de l’initiative des lois, est chargé de leur
exécution et exerce le pouvoir réglementaire.
L’Assemblée est toujours élue au suffrage universel, mais au scrutin uninominal
majoritaire à deux tours qui évite les arrangements entre partis. Elle vote les lois,
contrôle le gouvernement et évalue les politiques publiques.
Le Sénat est élu au suffrage indirect par les élus des collectivités territoriales.
Cette nouvelle République ouvre la voie à une stabilité politique qui permet au Président
de Gaulle de redonner « sa grandeur » à la France dans le concert des nations, en se
dotant de l’arme atomique, en affirmant son indépendance par rapport aux Etats-Unis et
à l’OTAN, dans le contexte même de la Guerre Froide, et en affirmant la place de la
France dans la construction économique européenne quitte à en ralentir l’évolution !
Constances et évolutions de la politique étrangère de la France de 1945 à nos
jours.
La France face à la décolonisation : Indochine, Algérie, Afrique.
Suite à la défaite de 1940, la France subit une perte de prestige importante dans son
empire colonial. En effet, les colonisés s’aperçoivent à cette occasion que la métropole
n’est pas invincible. Les idées nationalistes présentes depuis le début du XXe siècle dans
les différents pays, sur le principe du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », se
développent et les élites s’organisent, cherchent à faire entendre leur voix et mobilisent
les populations. En France, les mentalités changent moins vite. Enlisée dans le régime
parlementaire de la IVe publique, faible et instable, le pays ne perçoit pas la montée
dans ses colonies de ce mouvement d’émancipation et conserve l’illusion que quelques
aménagements suffiraient à y maintenir son emprise, tournant le dos à une évolution
inéluctable. Il s’en suit de 1945 à 1962, une politique française à l’égard de ses colonies,
fluctuante, parfois contradictoire, ballottée entre intransigeance, répression et guerres
coloniales d’une part, ouverture, dialogue et négociations d’autre part. La décolonisation
de l’Empire colonial français a été longue, difficile et meurtrière.
Elle va se dérouler par zones géographiques :
L’Asie du Sud-Est :
La France s’engage dans une longue guerre en Indochine pour rétablir son pouvoir
menacé par le Viet Minh d’Ho Chi Minh. En près de huit ans, elle aura coûté à l'armée
française près de 60.000 tués et disparus. Les victimes vietnamiennes ont été évaluées
au nombre d'environ 500.000. Elle se termine sur la défaite française à Dien Bien Phu en
1958 et par les accords de Genève qui créent quatre nouveaux Etats indépendants : le
Vietnam du Sud et le Vietnam du Nord, de part et d’autre du 17
e
parallèle, le Laos et le
Cambodge.
L’Afrique du Nord :
- Indépendance de la Tunisie et du Maroc, suite à un processus de négociation engagé
par Pierre Mendès-France, de 1954 à 1956.
- Guerre d’Algérie, à partir de 1954, violente et meurtrière, elle aboutit à l’indépendance
suite aux accords d’Evian en 1962. (Voir plus loin le développement sur ce sujet).
L’Afrique Noire :
La plupart des territoires d’Afrique sub-saharienne sont décolonisés sans heurts. En
1960, 14 pays africains obtiennent de la France leur indépendance de façon pacifique.
Celle-ci les pousse en effet à prendre leur indépendance, parfois malgré leur volonté de
rester dans la Communauté française. Mais la politique est alors au désengagement en
créant des accords de coopération dans le cadre de la politique étrangère. Cette
politique de décolonisation aura cependant des conséquences dramatiques à plus longs
termes : l’instabilité politique, les conflits frontaliers, l’écroulement économique et une
dette énorme qui ronge encore l’Afrique aujourd’hui.
En 1962, la France est en paix, pour la première fois depuis vingt-cinq ans.
La France dans la construction européenne.
L’idée d’une union européenne, ou « Etats-Unis d’Europe » est née dès le XIXe siècle et a
survécu aux deux conflits mondiaux du XXe. En 1949, l’initiative d’une mise en œuvre
vient du britannique Winston Churchill : ce sera la création du Conseil de l’Europe, avec
son hymne, son drapeau et son siège à Strasbourg.
Dans le contexte de la Guerre Froide, pour éviter le risque d’un nouveau conflit en
Europe face à la menace de l’URSS, les ennemis d’hier, à l’initiative du français Jean
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