Géraldine MUZART Formation théorique 2009-2010 Le XXe

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Géraldine MUZART
Formation théorique
2009-2010
Le XXe siècle
Bilan comparé de la première et de la deuxième guerre mondiale
Les Trente Glorieuses: les transformations de la France
La politique étrangère de la France de 1945 à nos jours
On fait début le XXe siècle avec la Première Guerre mondiale parce qu’elle marque la fin
de l’hégémonie européenne et l’émergence de la puissance américaine. Pour la France,
et dans le monde entier, la première moitié du siècle est marquée par la guerre, la
violence et les formes les plus extrêmes de l’intolérance, de l’exclusion et par les
massacres, notamment dans les camps d’extermination nazis. La seconde moitié du XXe
siècle est plutôt placée sous le signe de la stabilité politique, avec la Ve République, de la
prospérité économique des « Trente Glorieuses », de la construction de l’Union
Européenne, et des progrès sociaux, scientifiques et techniques qui entrainent
l’amélioration de la vie pour la majorité des Français et des Européens.
Première et deuxième guerre : bilan des pertes humaines et des destructions
occasionnées
Dans un climat européen extrêmement tendu hérité des guerres du XIXe siècle, l’attentat
de Sarajevo en 1914 met le feu aux poudres et entraine tous les Etats européens
successivement dans un conflit d’une ampleur jamais vue auparavant. En effet, en 1917,
la guerre prend une dimension intercontinentale avec l’intervention des Etats-Unis et du
Japon : ce sera la première conflit « mondial » ! Il dure quatre longues années d’une
guerre d’usure et de position qui met les territoires et les populations à feu et à sang. Les
conséquences se mesurent dès la signature du Traité de paix à Versailles en 1918 et se
monnayent avec les réparations financières que l’Allemagne, tenue pour seule
responsable de la guerre, doit verser à la France. En termes démographiques,
économiques et financiers, le bilan est dramatique pour tous les pays. Il laisse par
ailleurs un traumatisme délétère et durable dans les consciences des populations qui
sera à l’origine de la 2nde guerre mondiale (1939-1945).
Ainsi, dans une Europe affaiblie et morcelée, les conséquences de ce drame humain se
font sentir à moyen terme avec le développement des idées nationalistes revanchardes
et la montée du nazisme et du fascisme, alimentées par les difficultés économiques et
sociales de l’entre-deux guerres. Le slogan « Laissez la paix avoir vingt ans ! »
n’empêchera pas l’Europe de sombrer de nouveau dans un conflit encore plus
catastrophique en terme de pertes humaines (militaires et civiles), de destructions
matérielles et de choc des consciences (génocide et crimes contre l’Humanité).
Ces deux guerres sont dîtes « totales » dans le sens où les belligérants y jettent toutes
leurs forces. Les armes technologiques et industrielles entraînent une augmentation
considérable de la puissance de feu et des capacités de destruction, symbolisées par la
bombe atomique utilisée deux fois contre le Japon en 1945.
Le bilan humain
Bien qu'il soit difficile d'établir un bilan précis des pertes humaines de la 2e guerre
mondiale, on estime que ce conflit a fait 40 à 60 millions de victimes, c'est-à-dire 5 à 6
fois plus que la 1ère guerre mondiale, alors qu’elle n’a duré qu’un an de plus. Alors que
les victimes de la 1ère guerre mondiale étaient essentiellement des militaires, les pertes
de la 2e guerre mondiale se répartissent globalement à part égale entre militaires et
civils. L'ampleur de ces pertes est liée aux caractéristiques de la « guerre-éclair » qui a
surpris les pays envahis et mélangé aux soldats les populations civiles de l'exode, ainsi
qu'aux bombardements massifs des villes (Londres, Dresde, Hiroshima et Nagasaki).
Mais elle est surtout due aux crimes de guerre et aux crimes contre l'humanité perpétrés
par les nazis : exécutions d'otages, massacres de villages entiers, exécutions de
prisonniers de guerre, déportations massives de populations civiles et extermination de
plus de 5 millions de Juifs et de Tziganes.
De plus, avec la perte des combattants (des hommes entre 20 et 40 ans), les
démographies nationales accusent un trou dans la pyramide des âges, et une
féminisation, ainsi qu’un vieillissement des populations. Ce sont toutes les forces vives
de chaque pays qui disparaissent en même temps, laissant des veuves, des orphelins, des
vieux et des blessés (les « gueules cassées « ), qui doivent survivre sur les pensions de
guerre. Par ailleurs, les conditions de vie, d’alimentation et d’hygiène à la suite du
premier conflit sont précaires et favorisent l’épidémie de grippe espagnole qui ravage
l’Europe et augmente encore le nombre des victimes, civiles cette fois.
Pendant la 2e guerre, le phénomène des déplacements de populations (exode des
population civiles, des réfugiés politiques, des colons allemands ou japonais, retour des
juifs déportés, des travailleurs et prisonniers de guerre) entrainent à l’issue du conflit
des problèmes économiques et démographiques dans une période de crise alimentaire,
du logement et de l’emploi.
Les conséquences géographiques et économiques
Au sortir des deux guerres, la carte de l’Europe n’a plus rien à voir avec celle du XIXe
siècle : en 1918, les grands empires allemands et austro-hongrois sont démantelée et
divisés en de nombreux petits états nationaux (Pologne, Tchécoslovaquie, Hongrie,
Yougoslavie, etc.) ; après 1945, ces états retrouvent leurs frontières, mais l’Allemagne
est séparée en deux états, la RFA à l’ouest et la RDA à l’est, sous influence soviétique, de
même que toute l’Europe de l’est.
Les combats ont détruit les campagnes de régions entières en 14-18 et les grandes villes
industrielles en 39-45. Ils ont non seulement fait perdre une grande partie de la main
d’œuvre, mais aussi les outils de productions et les moyens de transports. Les grandes
régions industrielles, comme le Nord et à l’Est de la France, ou dans la Ruhr pour
l’Allemagne sont ravagées et les deux pays se trouvent par conséquent dans une
situation économique catastrophique.
De plus, l’effort de guerre a entrainé les Etats à l’endettement et la situation financière
est précaire. Le franc résiste à une trop forte dévaluation, mais l’inflation entraine le
pays dans de graves difficultés au quotidien pour les populations. La reconstruction
coûte chère et il faudra dix ans pour qu’elle soit effective. Le problème des réparations
de guerre en 1918 dues par les vaincus provoque par ailleurs des tensions au niveau
international et la Société des Nations, espoir de paix et de réconciliation, ne parvient
pas à les résoudre. En 1945, avec l’aide américaine du « Plan Marshall », l’Europe de
l’Ouest va globalement pouvoir se reconstruire en cinq ans.
Le bilan politique et moral
Si les conséquences économiques sont gigantesques, les suites politiques des conflits
sont inestimables ! Les deux guerres ont laissé dans les esprits une marque profonde de
brutalité et d’horreur qui se répercute dans la sphère politique et sociale par un
pacifisme quelque peu naïf, bientôt englouti par l’exacerbation des nationalistes après
14-18 et par un désarroi moral en 1945 après la découverte de l’horreur de la Shoah et
des victimes de la bombe A au Japon. L’après-guerre se caractérise par une volonté de
renouveau politique qui va de pair avec la reconstruction.
Régimes politiques de la IVe et Ve république.
La IVe République (1946 – 1958)
Dans un contexte difficile de rationnement et d’épuration, et bien que la continuité
républicaine ait été assurée par le Général de Gaulle, à la tête du Gouvernement
provisoire (le GPRF), les français souhaitent la dissolution de la IIIe République,
héritière du désastre de la guerre, au profit d’une nouvelle constitution. Celle-ci
approuvé en 1946 veut éviter le retour à un régime autoritaire et garantir le respect des
droits de l’homme : ce sera la IVe République.
L’Assemblée nationale est au cœur des institutions, elle est élue au suffrage universel
direct et au scrutin proportionnel. Au sein du Parlement, elle domine le Conseil de la
République (équivalent du Sénat), élu au suffrage indirect par les représentant des
collectivités territoriales. Il a un rôle essentiellement consultatif. Le Président de la
République, élu pour sept ans par les deux chambres réunies en Congrès, joue un rôle
essentiellement moral. Enfin le Président du Conseil, chef de l’exécutif, doit obtenir pour
son gouvernement l’investiture de la majorité absolue des députés. Or, le mode de
scrutin favorise les petits partis. Ceux-ci se regroupent donc au sein de coalitions de
circonstances, souvent éphémères. Ce phénomène se conjuguent alors à la faiblesse de
l’exécutif et aboutit à une instabilité ministérielle chronique (22 gouvernements en 13
ans).
Dans de telles conditions, les gouvernements ont du mal à définir une politique
cohérente et durable. Malgré cela, l’œuvre de la IVe République est importante, en
continuité avec le GPRF : la France poursuit sa reconstruction (avec l’aide du Plan
Marshall) et sa modernisation, un salaire minimum est créé : le SMIG, et les français
Robert Schuman et Jean Monnet lancent la construction européenne. Malgré ces
réalisations importantes, le régime est impopulaire et il doit affronter des oppositions
irréductibles : d’une part le RPF, créé par le Général de Gaulle en 1946, critique la
faiblesse des instituions et le régime des partis, d’autre part le parti communiste, évincé
du gouvernement peu après la guerre, attaque le conservatisme et l’antisoviétisme des
gouvernements successifs. Mais ce sont surtout les problèmes coloniaux qui affaiblissent
le régime : la guerre d’Indochine d’abord, puis la guerre l’Algérie qui en 1958 finit par
faire tomber la IVe République.
La Ve République (1958 - …)
En 1958, le Général de Gaulle, rappelé au pouvoir pour gérer la crise algérienne, propose
une nouvelle constitution, approuvée par référendum. Elle reprend les éléments d’un
discours, prononcé à Bayeux en 1946 : un exécutif fort, capable de jouer un rôle d’arbitre
et indépendant des partis, limite la puissance de l’Assemblée.
Ainsi les pouvoirs et la légitimité du Président de la République sont renforcés : il est élu
au suffrage universel, il nomme le Premier Ministre, il peut recourir au référendum ou
disposer des pleins pouvoirs en cas de crise en vertu de l’article 16 de la Constitution.
Enfin, il dispose du droit de dissolution de l’Assemblée. Il est aussi le chef des armées et
de la diplomatie.
Le Premier Ministre est le chef du gouvernement, il choisit ses ministres, détermine et
conduit la politique de la nation. Il dispose de l’initiative des lois, est chargé de leur
exécution et exerce le pouvoir réglementaire.
L’Assemblée est toujours élue au suffrage universel, mais au scrutin uninominal
majoritaire à deux tours qui évite les arrangements entre partis. Elle vote les lois,
contrôle le gouvernement et évalue les politiques publiques.
Le Sénat est élu au suffrage indirect par les élus des collectivités territoriales.
Cette nouvelle République ouvre la voie à une stabilité politique qui permet au Président
de Gaulle de redonner « sa grandeur » à la France dans le concert des nations, en se
dotant de l’arme atomique, en affirmant son indépendance par rapport aux Etats-Unis et
à l’OTAN, dans le contexte même de la Guerre Froide, et en affirmant la place de la
France dans la construction économique européenne quitte à en ralentir l’évolution !
Constances et évolutions de la politique étrangère de la France de 1945 à nos
jours.
La France face à la décolonisation : Indochine, Algérie, Afrique.
Suite à la défaite de 1940, la France subit une perte de prestige importante dans son
empire colonial. En effet, les colonisés s’aperçoivent à cette occasion que la métropole
n’est pas invincible. Les idées nationalistes présentes depuis le début du XXe siècle dans
les différents pays, sur le principe du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », se
développent et les élites s’organisent, cherchent à faire entendre leur voix et mobilisent
les populations. En France, les mentalités changent moins vite. Enlisée dans le régime
parlementaire de la IVe République, faible et instable, le pays ne perçoit pas la montée
dans ses colonies de ce mouvement d’émancipation et conserve l’illusion que quelques
aménagements suffiraient à y maintenir son emprise, tournant le dos à une évolution
inéluctable. Il s’en suit de 1945 à 1962, une politique française à l’égard de ses colonies,
fluctuante, parfois contradictoire, ballottée entre intransigeance, répression et guerres
coloniales d’une part, ouverture, dialogue et négociations d’autre part. La décolonisation
de l’Empire colonial français a été longue, difficile et meurtrière.
Elle va se dérouler par zones géographiques :
L’Asie du Sud-Est :
La France s’engage dans une longue guerre en Indochine pour rétablir son pouvoir
menacé par le Viet Minh d’Ho Chi Minh. En près de huit ans, elle aura coûté à l'armée
française près de 60.000 tués et disparus. Les victimes vietnamiennes ont été évaluées
au nombre d'environ 500.000. Elle se termine sur la défaite française à Dien Bien Phu en
1958 et par les accords de Genève qui créent quatre nouveaux Etats indépendants : le
Vietnam du Sud et le Vietnam du Nord, de part et d’autre du 17e parallèle, le Laos et le
Cambodge.
L’Afrique du Nord :
- Indépendance de la Tunisie et du Maroc, suite à un processus de négociation engagé
par Pierre Mendès-France, de 1954 à 1956.
- Guerre d’Algérie, à partir de 1954, violente et meurtrière, elle aboutit à l’indépendance
suite aux accords d’Evian en 1962. (Voir plus loin le développement sur ce sujet).
L’Afrique Noire :
La plupart des territoires d’Afrique sub-saharienne sont décolonisés sans heurts. En
1960, 14 pays africains obtiennent de la France leur indépendance de façon pacifique.
Celle-ci les pousse en effet à prendre leur indépendance, parfois malgré leur volonté de
rester dans la Communauté française. Mais la politique est alors au désengagement en
créant des accords de coopération dans le cadre de la politique étrangère. Cette
politique de décolonisation aura cependant des conséquences dramatiques à plus longs
termes : l’instabilité politique, les conflits frontaliers, l’écroulement économique et une
dette énorme qui ronge encore l’Afrique aujourd’hui.
En 1962, la France est en paix, pour la première fois depuis vingt-cinq ans.
La France dans la construction européenne.
L’idée d’une union européenne, ou « Etats-Unis d’Europe » est née dès le XIXe siècle et a
survécu aux deux conflits mondiaux du XXe. En 1949, l’initiative d’une mise en œuvre
vient du britannique Winston Churchill : ce sera la création du Conseil de l’Europe, avec
son hymne, son drapeau et son siège à Strasbourg.
Dans le contexte de la Guerre Froide, pour éviter le risque d’un nouveau conflit en
Europe face à la menace de l’URSS, les ennemis d’hier, à l’initiative du français Jean
Monnet, avec l’Allemagne, l’Italie et le Benelux décident de mettre en commun leurs
productions de charbon et d’acier, les piliers économiques de l’époque : la CECA
(Communauté Economique du Charbon et de l’Acier) voit le jour en 1951.
Parallèlement, un projet de Communauté Européenne de Défense (CED) subit
l’opposition des communistes et gaullistes français qui le font échouer en 1954 par
crainte du réarmement de l’Allemagne et par le refus du Général de Gaulle de toute
organisation fédéraliste.
La poursuite du projet européen, la CEE (Communauté Economique Européenne) en
1957, aboutit à un marché commun où les barrières douanières disparaissent peu à peu.
La CEE élabore des politiques économiques communes, en particulier dans le domaine
de l’agriculture et tend vers une unification juridique et administrative.
La France, à travers le Président De Gaulle, pourtant pionnière et bénéficiant
particulièrement de la politique agricole commune, s’oppose aux velléités fédéralistes
ou atlantistes de la jeune Communauté, et en particulier à l’intégration de la GrandeBretagne, en pratiquant la « politique de la chaise vide ». Il faudra attendre l’arrivée au
pouvoir de Georges Pompidou en 1969 pour que la construction européenne reprenne
avec l’élargissement à six nouveaux pays, dont le Royaume-Uni.
L’Europe vit alors la période économique euphorique, connue sous le nom des « Trente
Glorieuses ».
L’économie française de 1945 à nos jours : Trente Glorieuses et trente années de
crises.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’économie française a connu deux grandes
périodes économiques : d’abord une phase de croissance, connue comme les « Trente
Glorieuses », nom donné a posteriori par l’économiste Jean Fourastié qui parle d’une
« révolution invisible » ; puis une seconde phase de crises et de récessions commencée
dans les années 1970 à la suite des chocs pétroliers de 1973 et 1979 et qui perdure
encore aujourd’hui depuis environ trente années « médiocres ».
En 1945, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la France est en ruine :
économiquement et politiquement tout est à reconstruire ! L’objectif du nouveau
gouvernement provisoire, puis de la IVe République est d’assurer en priorité à la
population : l’approvisionnement en nourriture, en logement, en voies de
communication et en produits manufacturés, puis dans un second temps de retrouver la
puissance économique et politique d’avant guerre. Il faut donc reconstruire le plus vite
possible en commençant par redresser la production agricole pour supprimer le
rationnement alimentaire, puis le secteur de l’énergie (à l’époque principalement le
charbon) et l’industrie.
Pour cela, les gouvernements sur le principe de « l’État-Providence », interviennent
fortement dans l’économie grâce à la planification et aux nationalisations de grandes
entreprises. Le financement a été possible grâce à l’aide américaine : le « Plan Marshall ».
Bientôt, on peut mettre fin au rationnement (1949) et au début des années 1950, la
France est reconstruite (industrie, logements, réseaux routiers).
L’économie s’engage alors dans la période des « Trente Glorieuse » qui se caractérise par
une forte croissance économique, de 5% en moyenne, et un taux d’emploi exceptionnel
(très peu de chômage) dans tous les secteurs économiques. Ceci provoque de profonds
changements de modes de vie et en particulier un phénomène de modernisation du pays
et des mentalités.
Sur le plan social, cela se traduit par un accroissement démographique dû au « babyboom », mais aussi à une forte immigration due au besoin immédiat de main-d’œuvre.
On passe de 40 millions d’habitants en 1946 à presque 65 millions en janvier 2010.
Parallèlement, la création de la Sécurité Sociale pour la protection des travailleurs, en
cas de maladie, mise en place dès 1945, implique un accès plus facile à la santé et fait
reculer le taux de mortalité.
L’augmentation et le rajeunissement de la population ont pour conséquences
économiques une plus forte consommation des ménages. La France entre dans l’ère de la
société de consommation. Les familles profitent du confort moderne (eau courante,
électroménager, voiture, etc.). Par ailleurs, l’accès à l’éducation gratuite et à la culture de
masse permet d’élever la qualification de travailleurs, et en particulier celui des femmes.
Enfin, la réduction du temps de travail de 39h à 35h en 2000 profite au secteur du
tourisme, des sports et des loisirs.
La modernisation engagée au cours des Trente Glorieuses est une démarche
volontariste. Elle donne à l’industrie française une puissance et un prestige jamais
connus avant-guerre comme par exemple dans les secteurs de l’automobile (Renault),
l’aéronautique (Caravelles, Concorde, Airbus), ou l’aérospatiales (Ariane).
Cependant, cette modernisation a aussi pour conséquence la « tertiarisation » de la
société (i.e. le développement extrême du secteur des services), de même que la
« technologisation » du marché (robotisation, fordisme, mises en application rapides des
sciences : transistor, micro-processeur, carte à puce, etc.) et de la société (équipement
ménager, automobile, l’ordinateur personnel, la Hifi, etc.). Cela ouvre des marchés, mais
modifie aussi en profondeur le paysage économique et social français, en particulier
dans les secteurs primaire et secondaire.
La part des agriculteurs dans la population active passe de 36% en 1946 à 5% en 1999.
La mécanisation permet la concentration des grandes exploitations agricoles et une
meilleure productivité : ainsi la France reste la première puissance exportatrice de
céréales et de viande en Union Européenne. Cependant, cette modernisation se fait aux
dépens des petits agriculteurs qui disparaissent lentement. Elle entraîne aussi un fort
endettement, tandis que la surproduction et l’ouverture du marché font chuter les prix.
Les agriculteurs sont donc de plus en plus dépendants des subventions européennes.
De même dans le secteur secondaire, celui de l’industrie, le marché s’est totalement
transformé dans les années 1970. En effet, en provoquant l’augmentation du prix de
l’énergie, donc de la production, tandis que le salaire minimum (SMIC) reste assez élevé,
les crises pétrolières plongent l’industrie française dans la crise et le marasme.
Après les chocs pétroliers de 1973 et 1979, et malgré les politiques de rigueur (ou de
relance) menées depuis les années 1980 par les gouvernements successifs de gauche
comme de droite pour faire face à la crise, celle-ci se caractérise par la hausse de
l’inflation et du chômage qui ont des répercussions sociales importantes. En effet, on
constate des écarts de plus en plus importants et de nouvelles inégalités entre les
différentes catégories sociales, par exemple entre les inactifs (retraités) et les actifs, qui
comprennent les chômeurs, mais aussi des travailleurs précaires, et les personnes
bénéficiant des minima sociaux tels que le RMI ou RSA, et la CMU. Il s’agit là d’une
nouvelle forme de pauvreté moderne. Par ailleurs, la conséquence du « baby-boom »
d’après-guerre se fait sentir aujourd’hui par un « papy-boom » pas suffisamment
anticipé qui pose le problème grandissant du financement des retraites et de la Sécurité
Sociale.
Dans les années 1980 à 2010, même si la croissance des « Trente Glorieuses » est très
fortement ralentit et que son taux de chômage (environ 9% dans les années 2000) reste
plus élevé que dans la moyenne des pays européens, les niveaux économiques
(production, productivité, compétitivité, commerce extérieur et intérieur, etc.) sont
supérieurs à ce qu’ils étaient avant guerre. La France reste donc une grande puissante
mondiale (5e rang mondial). Ainsi Jacques Marseille montre « qu’un taux de croissance
de 2% aujourd’hui créé plus de richesses qu’un taux de croissance de 6% il y a quarante
ans ».
Conclusion générale
De la planète en guerre au premier homme sur la lune, que doit-on retenir de cette
période ? Les deux guerres mondiales laissent des séquelles durablement visibles sur les
territoires et dans les mentalités des peuples européens. Le prestige du Vieux Continent,
largement discrédité à la suite des deux conflits mondiaux doit bientôt gérer la
décolonisation de son Empire. Pourtant la période des « Trente Glorieuses » permettra
un rattrapage économique sans précédent, avec la reconstruction et le redressement de
l’économie mondiale et en particulier européenne. Le terme de crise très généralement
employé de nos jours semble donc excessif. Même si on ne peut ignorer les terribles
conséquences sociales du chômage, la France a atteint les objectifs économiques fixés
après la guerre, portée par le courant de croissance mondiale et par l’aspiration vers le
haut de la construction de l’Union Européenne, dont elle est un des pays leader.
L’Europe, foyer philosophique toujours fécond, porte alors un projet de paix et d’espoir
pour l’Humanité. Pourtant, la tempête économique et monétaire qui souffle actuellement
sur le « village planétaire » fait craindre l’arrivée des rigueurs politiques et sociales et
des gels de budgets. La France de l’Après-Guerre et de Mai 68, vieillissante, s’inquiète
pour sa retraite et sa santé déclinante. La crise de la société de consommation du XXe
siècle annoncerait-elle une crise de la civilisation européenne et occidentale au XXIe ?
Deux épisodes historiques
La guerre d’Algérie (1954-1962)
1er novembre 1954 : la « Toussaint Rouge » : attentats et émeutes meurtrières à Alger
1957 : bataille d’Alger et tortures par les parachutistes du général Massu
1958, le 13 mai : manifestation à Alger, ce vrai faux coup d’état impose à la métropole un
changement de gouvernement. Retour du Général de Gaulle à la tête de l’État.
1958, le 4 juin: discours du Général de Gaulle : « Je vous ai compris ».
1960, 24 janvier : semaine des barricades à Alger. Le général de Gaulle annonce la tenue
du référendum pour l'indépendance de l'Algérie.
1961, le 23 avril : Putsch des généraux d'Alger, mais le « oui » à l’auto-détermination
algérienne est majoritaire. Négociation des Accords d’Evian.
1962 : Indépendance de l’Algérie. Massacres et fuite des Pieds-Noirs et des Harkis.
Face à l'insurrection armée, déclenchée à la Toussaint 1954 par le Front de libération
nationale (FLN), Le Président du Conseil, Pierre Mendès France, et son ministre de
l'Intérieur, François Mitterrand, réagissent avec fermeté tout en engageant des
réformes. En 1956, Guy Mollet ne parvient ni à obtenir une victoire sur le FLN, ni à
négocier un compromis acceptable, en dépit de l'engagement du contingent dans une
guerre devenue de plus en plus coûteuse et meurtrière.
Revenu au pouvoir en mai 1958, grâce à la pression des militaires et des Français
d'Algérie, le général de Gaulle laisse croire dans un premier temps qu'il va pacifier
l'Algérie et la maintenir dans la France. Mais constatant que les musulmans du FLN et les
ultras de l'Algérie française refusent l'assimilation, les premiers rejetant la « paix des
braves », les seconds s'opposant aux réformes, il fait admettre en 1961 la possibilité
d'une « Algérie algérienne » par référendum.
Il engage alors avec le FLN des négociations qui aboutissent aux accords d'Evian signés
en 1962. L'indépendance de l'Algérie, est approuvée massivement par référendum, mais
elle est rejetée par les irréductibles de l'Algérie française.
Les violences perpétrées par l'Organisation Armée secrète (OAS) brisent les dernières
chances de réconciliation entre les deux communautés et condamnent près d'un million
d'Européens à fuir l'Algérie, préférant la « valise » au « cercueil ».
Les événements de mai 1968
Mai 68 est d'abord un mouvement de révolte étudiante sans précédent, né du malaise
latent au sein de l'université française (critique de l'enseignement traditionnel,
insuffisance des débouchés, menaces de sélection). Le point culminant est atteint dans la
nuit du 10 au 11 mai : étudiants et CRS s'affrontent en de véritables combats de rues
(voitures incendiées, rues dépavées, vitrines brisées), faisant des centaines de blessés.
Au lendemain de cette « nuit des barricades », le pays est stupéfait. L'agitation étudiante,
jusque-là isolée, rencontre alors la sympathie de l'opinion publique : le 13 mai, à Paris et
dans toute la France, les syndicats manifestent avec les étudiants pour protester contre
les brutalités policières.
La crise prend alors une nouvelle dimension, car le lendemain, de façon tout à fait
inattendue et spontanée, une vague de grèves s'enclenche : à la révolte étudiante
succède une véritable crise sociale, qui met en péril les sommets de l'État. Le pays se
retrouve paralysé par 7 millions de grévistes déclarés (sans compter les salariés en
chômage technique, ou bloqués par le manque de transports). Dans les usines, les
bureaux, les services publics, les transports, tous cessent le travail.
La crise devient politique. Le 27 mai, les représentants du gouvernement, des syndicats
et du patronat signent les accords de Grenelle, qui portent essentiellement sur une
augmentation de 10 % des salaires et une revalorisation de 35 % du SMIG, privilégiant
ainsi les revendications « quantitatives » classiques aux revendications « qualitatives ».
Mais ces accords, rejetés par certains éléments de la « base » qui veulent poursuivre la
grève, ne suffisent pas à trouver une issue immédiate au conflit.
Le 30 mai, le Général annonce la dissolution de l'Assemblée et la tenue d'élections
anticipées. Cela marque le retournement d'une opinion inquiète et lasse qui, à défaut
d'alternative claire, n'entrevoit d'autre débouché à la crise et à la paralysie économique
que le retour à l'ordre.
Par son triple aspect – universitaire, social et politique – l'explosion de Mai 68 a
profondément ébranlé la société française par une remise en cause globale de ses
valeurs traditionnelles, et a été le révélateur d'une crise de civilisation. Si le mouvement
de Mai 68 a échoué à court terme, ses retombées sont multiples. Sur le plan politique, les
événements de mai-juin ont anéanti l'autorité du « vieux » général de Gaulle : son départ
après l'échec du référendum d'avril 1969 en est le résultat différé. Révolution pacifique
et sans résultat tangible immédiat, Mai 68 marquera pourtant profondément les années
70 avec son idéologie contestataire, tiers-mondiste, anti-capitaliste, anti-américaine et
anti-productiviste.
Quelques personnages importants
Charles De Gaulle (1890 – 1970)
Charles de Gaulle incarne l’esprit de la Résistance. Il acquiert ses galons de général « à
titre provisoire » en tentant de faire face à l’armée allemande lors de l’invasion de maijuin 1940. Sous-Secrétaire d’État au gouvernement, il refuse l’armistice et s’enfuit à
Londres, d’où il lance à la BBC son appel à la résistance le 18 juin 1940. Jusqu’à la fin de
la Seconde Guerre mondiale, il n’a de cesse de rassembler autour de lui les mouvements
de résistance français et de dénoncer la collaboration du maréchal Pétain et de son
gouvernement avec l’occupant allemand.
A la Libération, il remet sur pied des institutions républicaines. Après une éclipse suite à
des divergences politiques (la «traversée du désert»), il est rappelé au pouvoir pendant
la guerre d’Algérie, donne une nouvelle Constitution à la France, celle de la Ve
République, et passe à l’action. Cette action va s'ordonner autour de quatre idées clefs :
organiser le nouveau système institutionnel ; résoudre le problème algérien et
parachever la décolonisation ; déployer une politique extérieure de grandeur et
d'indépendance nationale ; enfin, procéder à un certain nombre de grandes réformes,
sociale et administrative.
Homme d'avant-hier et d'après-demain, visionnaire en politique étrangère, grand
stratège sur l'échiquier international, audacieux et déterminé dans le jeu institutionnel,
Charles de Gaulle est peut-être en avance sur son temps dans sa vision de l'avenir. Mais
il est en retard sur une époque qu'à la fin il ne comprenait plus très bien, dès lors qu'il
s'agit de canaliser les forces neuves de la jeunesse, de devancer les transformations
nécessaires, d’entreprendre de grandes réformes. Lorsqu'il tente de s'y attaquer enfin,
après le choc et le redressement de mai-juin 1968, il est déjà trop tard, et le pays le lui
manifeste sans ambages en lui répondant « non » pour la première fois lors du
référendum d'avril 1969 sur la régionalisation et la réforme du Sénat.
Pierre Mendès-France (1932-1940)
Avocat, député radical-socialiste il rejoint Londres comme combattant volontaire dans
l'aviation (1942). Ministre de l'Économie nationale (1944), il démissionne après le rejet
de son plan d'assainissement financier (1945). Président du Conseil (1954-1955), il met
fin à la politique intransigeante et de répression de la France : en négociant les Accords
de Genève avec le Viet Minh qui mettent fin à la Guerre d’Indochine ; puis il engage le
dialogue avec les nationalistes tunisiens et marocains et leur accorde l’autonomie
interne et amorce le processus qui a conduit pacifiquement à l’indépendance des deux
protectorats du Maghreb en 1956. Pour autant, il rejette la Communauté européenne de
défense en 1954. Vice-président du parti radical-socialiste (1955-1957), il est l'un des
fondateurs du Front républicain, rassemblant la gauche non communiste, et devient
après 1958 l'une des principales figures de l'opposition au régime présidentiel de la
Ve République. Sa conception rigoureuse de la démocratie et de la morale politique, son
souci de l'indépendance et de l'autorité du pouvoir ont marqué la vie politique française.
Il a publié : la République moderne (1962), La vérité guidait leurs pas (1976).
François Mitterrand (1916 – 1995)
Séduisant et cultivé, excellent orateur, François Mitterrand, issu de la bourgeoisie
catholique provinciale, se découvre très vite des dispositions pour diriger les hommes.
Pendant la 2e Guerre Mondiale, il entre au service du maréchal Pétain, puis entre dans la
résistance en 1943. Après la libération de la France, François Mitterrand se lance dans la
politique. En 1947, il est nommé ministre des anciens combattants. On lui confie ensuite
différents postes notamment au ministère de la France d'outre-mer et à celui de
l’Information. A cette époque, François Mitterrand adopte une position très favorable à
l’autonomie des colonies et s’oppose aux politiques de répression en Tunisie et au
Maroc. Devenu ministre de l'Intérieur dans le cabinet de Pierre Mendès France en 1954,
au début de la guerre d’Algérie, il prononce ces mots : « La seule négociation, c’est la
guerre ! ». Il est ministre de l’Intérieur puis ministre de la justice dans celui de Guy
Mollet.
En 1958, François Mitterrand, farouche opposant au Général de Gaulle, soutient le
« non » à la Constitution. Il continue de nourrir de grandes ambitions politiques et
attend que les événements tournent en sa faveur. En 1965, il se présente aux élections
présidentielles et réussit à mettre le Président de Gaulle en ballotage mais échoue au
second tour.
Conscient qu’il lui faut s’appuyer sur un parti solide, il cherche à rassembler la gauche.
En 1971, il réussit à réunir à former un nouveau Parti socialiste, dont il prend la
direction en tant que secrétaire général. Il atteint la présidence de la République le 10
mai 1981 en incarnant le renouveau de la Gauche française et l’espoir de la nouvelle
génération issue de 1968.
De sa longue présidence, un « règne de 14 ans, on retient de grandes réformes sociales :
abolition de la peine de mort en 1982, la semaine des 39 heures, la cinquième semaine
de congés payés, l’instauration du RMI, la retraite à 60 ans… sans compter la commande
et la réalisation de prestigieux édifices comme la pyramide du Louvre, la Bibliothèque
nationale de France et l’Arche de la Défense.
Personnage monumental de la Vème République, François Mitterrand a été un homme
de secrets. La fin de son deuxième septennat est assombrie par des scandales financiers,
et celui-ci se termine dans un climat maussade tissé de désillusions.
Chronologie
1914 – 1918 : 1ère guerre mondiale
1917 : Révolution russe
1936 : le Front Populaire
1937 : Guernica de Picasso
1939 – 1945 : 2ème guerre mondiale
1940 : Le Dictateur de Charles Chaplin
1944 : droit de vote des femmes
1945 : sécurité sociale, création de l’ONU
1946 – 1954 : Guerre d’Indochine
1954 – 1962 : Guerre d’Algérie
1957 : Traité de Rome : mise en marche de l’Europe
1958 : début de la Ve République
1968 : événement de mai
1974, 1979 : crises pétrolières
1989 : chute du mur de Berlin
2002 : l’Euro, monnaie européenne
Bibliographie
L. Bély, Connaître l’Histoire de France, Editions J-P Gisserot, 2008
A. Malet et J. Issac, Histoire I et II, Hachette Littératures, 1958-1959
J. Marseille, Nouvelle Histoire de la France, Editions Perrin, Paris, 1999
A. de Maurepas, H. robert, P. Thibault, Les Grands Hommes d’Etat de l’Histoire de France,
Larousse, Paris, 1989
J-C Volkmann, La Chronologie de l’Histoire de France, Editions J-P Gisserot, 2009
J. Carpentier et F. Lebrun, Histoire de l’Europe, Editions du Seuil, 1992
P. Miquel, Les Mensonges de l’Histoire, Edition Perrin, Paris, 2002
J. Sévillia, Historiquement correct, pour en finir avec le passé unique, Editions Perrin,
2006.
Sources internet
http://www.herodote.net
http://www.wikipedia.com
http://www.larousse.fr/encyclopedie
http://www.universalis.fr
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