Benoˆıt Jacob
Sous la direction d’´
Eric Leichtnam
emoire de magist`ere MMFAI - pr´esentation du domaine de recherche
Th´eorie des nombres et eom´etrie non-commutative
Cette partie ne constitue qu’un survol de certains th`emes li´es `a notre domaine de recherche. Les
eveloppements techniques qui figurent dans notre m´emoire de DEA n’ont pas ´et´e reproduits ici.
1Lafonctionzˆeta de Riemann
Le produit de Dirichlet suivant, o`upparcourt l’ensemble des nombres premiers, converge absolu-
ment pour Re s>1:
ζ(s)=
p
1
1ps·
Riemann a montr´e qu’il admet un prolongement m´eromorphe sur Cerifiant l’´equation fonctionnelle
ζ(s)=
ζ(1 s),
o`u l’on a pos´e
ζ(s)=2
1/2πs/2Γ(s/2)ζ(s),
Γd´esignant la fonction Γ d’Euler.
La fonction
ζadeuxpˆoles simples, en 0 et en 1. Ses z´eros sont tous de partie r´eelle comprise entre
0 et 1 strictement. L’hypoth`ese de Riemann est l’affirmation qu’ils sont tous de partie r´eelle 1/2. Les
eros de la fonction ζsont ceux de
ζainsi que les entiers pairs strictement n´egatifs, que l’on appelle
ses z´eros triviaux.
Soit C
0(R) l’espace des applications de Rdans Rde classe Cet `a support compact. On montre,
en utilisant seulement des techniques ´el´ementaires d’analyse complexe, le th´eor`eme suivant :
Th´eor`eme 1.1 (Formule explicite de Weil pour la fonction
ζ)Soit αC
0(R).SoitΦla
fonction de Cdans Cefinie par
Φ(s)=R
ets α(t)dt.
1
On a l’´egalit´e suivante, o`uρparcourt l’ensemble des z´eros de la fonction
ζet pparcourt l’ensemble
des nombres premiers :
Φ(0)
ρ
Φ(ρ)+Φ(1) =
p
log p
k1
α(klog p)+
k1
pkα(klog p)
++
0α(t)+etα(t)
1e2tα(0) e2t
tdt
+α(0) log π.
Ce th´eor`eme relie la r´epartition des nombres premiers parmi les nombres r´eels `a celle des eros
de la fonction
ζparmi les nombres complexes. Il permet par exemple de reformuler l’hypoth`ese de
Riemann en l’´enonc´esuivant:
π(x)=Li(x)+Oxlog x,
o`uπ(x)d´esigne de nombre de nombres premiers inf´erieurs ou ´egaux `ax,
π(x)=#{p|px},
et Li(x)d´esigne le logarithme int´egral de x,
Li(x)=x
2
dt
log t·
`
A titre de comparaison, le th´eor`eme des nombres premiers affirme qu’il existe une constante a>0
telle que
π(x)=Li(x)+Oxe
alog x.
2 Feuilletages
Nous allons maintenant ´etudier des objets n’ayant aprioriaucun rapport avec ce qui pec`ede : les
feuilletages. Ceci nous permettra d’´enoncer une formule des traces de Lefschetz, dˆue `a´
Alvarez-L´opez
et Kordyukov, qui pr´esentera une similarit´e avec la formule explicite de Weil (th´eor`eme 1.1).
2.1 Premi`eres d´efinitions
Commen¸cons par donner une efinition des feuilletages. Sur ce sujet, nous r´ef´erons le lecteur `a
[Va01] et [MS88].
Pour tout n1, notons Bnla boule unit´e euclidienne ouverte de Rn.
Donnons-nous un entier d2, une vari´et´eMde classe Cde dimension d, un autre entier n<d,
et m=dn.Ladonn´ee d’un atlas feuillet´ededimensionn(on dit aussi de codimension m)surM
2
est celle d’un recouvrement ouvert (Ui)iIde Met, pour tout iI,dunC-diff´eomorphisme hi
de Uisur Bn×Bm, tels que, pour tous iet j, les changements de cartes hij =hjh1
isoient des
C-diff´eomorphismes de la forme
hij (z,t)=(fij (z, t),g
ij(t)),
o`u, `atfix´e, z→ fij (z,t)soitundi´eomorphisme de classe C. Deux atlas feuillet´es sont dits ´equi-
valents lorsque leur r´eunion est un atlas feuillet´e. Un feuilletage sur Mest une classe d’´equivalence F
d’atlas feuillet´es sur M. Le couple (M,F) sera appel´e une vari´et´efeuillet´ee.
Une plaque est une partie de Mde la forme h1
i(Bn×{t}). Une feuille est une partie connexe
contenant toutes les plaques qu’elle rencontre, et minimale pour cette propri´et´e. Par d´efinition, chaque
feuille h´erite d’une structure de vari´et´eCde dimension n, les feuilles sont deux `a deux d’intersection
vide, et leur r´eunion est ´egale `aM.
Les feuilles n’ont aucune raison d’ˆetre compactes, mˆeme si Ml’est.
Voici un exemple de feuilletage. Choisissons un nombre r´eel θ. Il est facile de concevoir que les
droites de pente θconstituent les feuilles d’un feuilletage sur le plan R2. En passant au quotient par
l’action par translation de Z2, nous obtenons un feuilletage sur le tore T2.Siθest rationnel, les
feuilles sont compactes et diff´eomorphes `aS1, tandis que si θest irrationnel, elles sont diff´eomorphes
`a R, et donc non-compactes. Le lecteur trouvera une figure et plus de d´etails dans [Co94] et dans [Va01].
2.2 Cohomologie tangentielle
Introduisons maintenant la cohomologie tangentielle, qui est l’analogue pour les vari´et´es feuillet´ees
(M,F) de la cohomologie de de Rham pour les vari´et´es M.
Le complexe de de Rham tangentiel
F(M),d
F)estla«restriction aux feuilles »du complexe
de de Rham classique (Ω(M),d). Bien entendu, ceci ne constitue pas une d´efinition rigoureuse : pour
une vraie construction, nous nous permettons de renvoyer le lecteur `anotrem´emoire de DEA, section 4.
Nous d´efinissons la cohomologie tangentielle de (M,F)
H
F(M)
comme ´etant ´egale `a la (co)homologie de ce complexe.
Contrairement aux groupes de cohomologie de de Rham classiques, les groupes de cohomologie
tangentielle sont souvent de dimension infinie, eme lorsque Mest compacte. D’autre part, munis de
la topologie quotient, ils peuvent ne pas ˆetre s´epar´es. Le k-i`eme groupe de cohomologie tangentielle
eduite Hk
F(M)estpard´efinition le quotient de Hk
F(M) par l’adh´erence de {0},i.e. le quotient s´epar´e
maximal. L`a encore, nous aurons souvent affaire `a des espaces de dimension infinie, mˆeme avec M
compacte. La d´efinition de la trace d’un op´erateur agissant sur l’une de ces cohomologies est donc
plus d´elicate que dans le cas de la cohomologie de de Rham, o`ulad´efinition usuelle de la trace d’une
matrice convient.
3
2.3 Flots, feuilletages transitifs
Soit (M,F) une vari´et´e feuillet´ee. Un automorphisme de (M,F)estunC-diff´eomorphisme de
Mdans elle-mˆeme permutant les feuilles, i.e. tel que l’image d’une feuille soit une feuille. Les auto-
morphismes forment un groupe que nous noterons Aut(M, F).
Un flot adapt´e au feuilletage φsur (M,F) est un morphisme de groupes
φ:RAut(M,F)
t→ φt
tel que l’application
φ:R×MM
(t, x)→ φt(x)
soit de classe C.
Un flot adapt´e au feuilletage φest dit transverse aux feuilles si, en tout point xM, en notant
la feuille passant par xet Xle champ de vecteurs associ´e`aφ, l’on a :
TxM=X(x)RTx.
Un feuilletage est dit transitif s’il existe un flot adapt´e au feuilletage et transverse aux feuilles. Notons
que ceci implique qu’il est de codimension 1.
2.4 Feuilletages riemanniens
Soit (M,F) une vari´et´e feuillet´ee. Soit gune m´etrique riemannienne sur M.
La m´etrique gest dite bundle-like pour le feuilletage (M,F)sitouteg´eod´esique qui coupe perpen-
diculairement une feuille coupe perpendiculairement toutes les feuilles qu’elle rencontre.
Une vari´et´e feuillet´ee munie d’une m´etrique riemannienne bundle-like est appel´ee un feuilletage
riemannien. Pour une ´etude des feuilletages riemanniens, voir [Mo88].
Donnons maintenant une d´efinition ´equivalente (l’´equivalence est dˆue `a Reinhardt, cf. [Mo88], pro-
positions 3.5 et 6.1) de la propri´et´e bundle-like.
Nous dirons qu’un champ de vecteurs Xerifie la condition (A) pour le feuilletage Fet la m´etrique
gs’il v´erifie les deux conditions suivantes :
(A1) Le flot correspondant est adapt´e au feuilletage1.
(A2) En tout point x, le vecteur X(x) est perpendiculaire `a la feuille passant par x.
1Leschampsdevecteursv´erifiant (A1) sont usuellement dits foliate en anglais, cf. [Mo88].
4
Une m´etrique riemannienne gsur Mest bundle-like pour le feuilletage Fsi, pour tout ouvert U,
pour tous champs de vecteurs Y1et Y2sur Uqui v´erifient (A)2,lafonction
UR,x→ g(Y1(x),Y
2(x))
est constante sur chaque feuille.
2.5 Th´eorie de Hodge en cohomologie tangentielle
Nous nous inspirons directement de [AK00], pp. 160 - 161.
Soit (M,F,g) un feuilletage riemannien. En consid´erant les structures riemanniennes induites sur
chaque feuille, nous pouvons, `apartirdeladi´erentielle ext´erieure tangentielle dFvue plus haut,
efinir la co-diff´erentielle ext´erieure tangentielle δFpuis laplacien tangentiel
ΔF=(dF+δF)2=dFδF+δFdF
sur Ω
F(M). Notons Harm
F(M)lenoyaud
F. Le produit scalaire usuel des formes diff´erentielles (d´e-
fini `a l’aide de l’op´erateur de Hodge) donne, par restriction, un produit scalaire sur Ω
F(M). Notons
Ω,L2
F(M)lecompl´et´e. Nous pouvons consid´erer ΔFcomme un op´erateur non-born´esu
,L2
F(M).
Soit ΔFsa fermeture.
´
Alvarez-L´opez et Kordyukov ont montr´eque,lam´etrique g´etant bundle-like, l’op´erateur ΔFest
auto-adjoint. Soit Π la projection orthogonale Ω,L2
F(M)ker ΔF.
Dans [AK96], ils ont montr´e que la restriction `
F(M)deΠ est la projection orthogonale Π :
ΩF(M)HarmF(M), et que l’on a une d´ecomposition de Hodge en somme directe orthogonale
Ω
F(M)=Harm
F(M)Im dFIm δF.
L’inclusion Harm
F(M)ker dFinduit alors un isomorphisme de Hodge
Harm
F(M)
H
F(M).
Dans l’autre sens, l’isomorphisme est induit par Π.
2.6 Formule des traces de Lefschetz
Soit (M,F) un feuilletage transitif. Soient φun flot adapt´e au feuilletage et Xle champ de vecteurs
correspondant.
Supposons qu’il existe une m´etrique riemannienne gsur Mtelle que, en tout point xM,le
vecteur X(x)soitdenorme1etperpendiculaire`a la feuille en x.
2Pour le feuilletage restreint `aU, s’entend.
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