aiguillat commun de l`atlantique nord-ouest

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Comité d’évaluation des ressources transfrontalières
Rapport sur l’état des stocks 2010/02
AIGUILLAT COMMUN DE
L’ATLANTIQUE
NORD-OUEST
Sommaire

La réunion d’évaluation par le CERT des points de référence applicables à ce stock
transfrontalier n’a pas débouché sur un consensus. Néanmoins, pour ce qui est de déterminer
l’état du stock aux fins de gestion par les États-Unis, le CERT a conclu à la pertinence du
modèle utilisé lors du Northeast Regional Stock Assessment Workshop (SAW) 43 pour
l’évaluation de l’aiguillat commun réalisée en 2006, une fois les données actualisées jusqu’au
relevé effectué au printemps 2009 par le Northeast Fisheries Science Center (NEFSC). En ce
qui concerne le Canada, l’appréciation de l’état du stock d’aiguillat commun et la
formulation d’un avis sur la gestion de ce stock n’auront lieu que lorsqu’une évaluation des
points de référence par le CERT aura abouti.

Les débarquements combinés du Canada et des États-Unis en 2007 et en 2008 se sont
chiffrés à 5 887 tm et 5 681 tm, respectivement.

La biomasse du stock de reproductrices (BSR) (femelles ≥ 80 cm) a diminué, passant de
234 000 tm en 1991 à 52 000 tm en 1999, et elle est restée inférieure à 65 000 t jusqu’en
2005. Elle a ensuite augmenté, au point d’atteindre 195 000 tm en 2008, puis a légèrement
diminué, se chiffrant à 163 000 tm en 2009.

Le recrutement a été très variable entre 1968 et 1996. De 1997 à 2003, le nombre de
nouveaux-nés est tombé à un seuil record, mais il a augmenté ensuite. En 2009, le
recrutement venait au cinquième rang des plus élevés de la série chronologique du relevé de
printemps du NEFSC, qui porte sur 42 ans.

La mortalité par pêche (F = captures de femelles/biomasse exploitable de femelles) a culminé
à 0,47 en 1994 et elle est restée élevée jusqu’en 2001. Par la suite, la mortalité par pêche a été
bien plus basse, sauf en 2004, et elle s’est située entre 0,11 et 0,13 de 2005 à 2008.
Ce document est disponible sur Internet à l’adresse suivante :
This document is available on the Internet at :
http://www.mar.dfo-mpo.gc.ca/science/TRAC/trac.html
Mai 2010
Rapport du CERT sur l’état des stocks 2010/02
Captures et biomasse (tm), par année civile
1999
Débarquements, É.-U.
14 855
Débarquements, Canada 2 091
554
Débarquements, autres
Débarquements totaux 17 500
2000
9 257
2 741
402
12 400
2001
2 294
3 820
677
6 791
2002
2 199
3 584
474
6 257
2003
1 170
1 302
643
3 115
2004
982
2 362
330
3 674
2005
1 147
2 270
330
3 747
2006
2 249
2,439
0
4 688
2007
3 503
2,384
0
5 887
2008
4 108
1 572
0
5 681
9 690
7 412
2 769
3 248
801
12 123
4 621
1 155
269
10 537
4 269
931
215
9 266
3 550
1 758
420
12 330
5 359
1 419
351
10 853
4 759
1 582
391
11 142
4 897
1 818
400
13 248
5 597
3 643
883
10 208
4 131
1 303
317
Rejets, É.-U.
Rejets, poissons morts, É.-U. 4 444
Rejets, Canada2
1 192
Rejets, poissons morts, Can. 2
Débarquements, p. récréative
1
2009 Moyenne
5 709
921
3 904
10 064
1
1
Min.
69
1
0
235
Max.
27 136
3 820
24 513
27 803
17 343
7 661
2 579
545
7 233
2 769
585
146
40 304
18 940
9 920
2 322
Rejets, p. récréative
Rejets, p. récréative
53
532
133
5
685
171
28
2 099
525
205
1 673
418
40
2 987
747
105
3 490
873
45
3 509
877
94
3 840
960
84
4 300
1 075
232
3 115
779
177
1 475
369
5
296
74
1 493
4 300
1 075
Captures, femelles 3
18 230
14 336
11 117
10 805
6 622
8 775
7 378
8 536
10 829
9 669
17 535
6 622
32 461
Biomasse (tm)
B. exploitable, femelles 77142
66 023 96 233
B. exploitable, mâles 107825 100 960 189 725
B. exploitable totale
185 468 167 483 286 458
Biomasse totale
406 287 358 185 343 602
BSR, femelles
51 821 52 562 61 552
50
157
75
Nouveaux-nés
107 026
184 169
291 695
337 686
64 844
123
63 794 39 745 17 432
213 989 201 452 219 604
278 283 241 697 237 536
371 200 347 176 338 170
58 376 53 625 47 719
274
1 562
691
54 587
271 991
327 077
453 881
106 180
268
90 651
142 511
233 662
524 205
141 351
556
123 742
299 031
423 273
586 413
194 616
1 052
0,09
0,09
Mortalité par pêche,
femelles
0,29
0,15
0,11
0,17
0,17
0,47
0,13
0,11
89 151
271 390
361 040
505 116
163 256
6 715
104 706 17 432 339 405
213 984 100 960 299 031
319 190 167 483 570 113
468 845 337 686 664 850
124 493 47 719 269 624
2 200
50
9 824
0,22
0,08
1
0.47
Années 1962-2008 pour les débarquements, 1989-2008 pour les rejets des É.-U., 1984-2008 pour les rejets du Canada, 1981-2008 pour les données de la
pêche récréative, 1991-2009 pour la biomasse ainsi que les captures et la mortalité par pêche de femelles, et 1968-2009 pour les nouveaux-nés
2
Année de pêche (1er mai-30 avril)
3
Débarquements des É.-U. et du Canada + rejets des É.-U.+ pêche récréative des É.-U; proportion mâles-femelles dans les débarquements des É.-U. appliquée
aux débarquements canadiens
4
Captures de femelles/biomasse exploitable de femelles
Répartition et identification du stock
Dans l’Atlantique Nord-Ouest, l’aiguillat commun est présent depuis le Labrador jusqu’en
Floride. C’est entre la Nouvelle-Écosse et le cap Hatteras qu’il est le plus abondant, et son stock
comprend à la fois des composantes de résidents et des composantes de migrateurs. Les aiguillats
communs qu’on trouve dans les eaux du Canada et dans celles des États-Unis (sous-zones 2 à 6
de l’Organisation des pêches de l’Atlantique Nord-Ouest) ne sont pas distincts sur le plan
génétique, mais leur population suit manifestement une structure spatiale. Les indications dont
on dispose laissent croire à la pertinence d’un modèle conceptuel avec des composantes de
résidents dans la partie nord de l’aire de répartition et une composante de migrateurs
transfrontaliers s’incrustant dans l’ensemble (fig. 1). De nettes migrations saisonnières ont lieu
dans toute l’aire de répartition, essentiellement entre le nord et le sud dans les eaux des ÉtatsUnis et entre le large et la côte dans les eaux canadiennes. La migration saisonnière entre le nord
et le sud s’étend à certaines parties des eaux canadiennes chaque année au printemps ou en été,
avec mouvement inverse en automne ou en hiver. La majeure partie de la biomasse de la
population se trouve dans les eaux des États-Unis.
Les analyses des taux brut de recapture après des opérations de marquage aux États-Unis et au
Canada portent à croire à des déplacements limités des aiguillats hors des eaux du pays où ils ont
été remis à l’eau. Moins de 20 % des aiguillats recapturés l’ont été au-delà de la frontière
maritime du pays où ils ont été remis à l’eau; il faut savoir, toutefois, que les taux de recapture
globaux ont été très bas (moins de 1 %). Bien que les données de marquage soient utiles, elles ne
sont pas suffisantes pour qu’on puisse quantifier avec précision les taux de migration. Un
examen plus détaillé de la période se situant entre la remise à l’eau et la recapture, et une analyse
2
Rapport du CERT sur l’état des stocks 2010/02
des tendances générales de l’effort de pêche dans la zone de remise à l’eau sont nécessaires avant
que les données sur les recaptures d’aiguillats marqués puissent servir à quantifier les flux
migratoires entre les divers lieux de remise à l’eau. Il faut aussi étudier l’influence de l’effort de
pêche et des taux de déclaration des captures sur les probabilités de recapture. Enfin, une
approche de modélisation plus complète et plus intégrée s’impose pour résoudre les incertitudes
au sujet des taux de migration.
La pêche
Les débarquements totaux d’aiguillat commun de 1962 à 1965 provenaient presque
exclusivement de la pêche commerciale aux États-Unis. De 1966 à 1977, ce sont les
débarquements de la flotte de pêche à grande distance qui ont prédominé, culminant à environ
25 000 tm en 1974 (fig. 2). Depuis 1978, les débarquements de cette flotte sont minimes. Les
débarquements de la pêche commerciale aux États-Unis ont dominé les captures de 1979 à 2000,
culminant en 1996 à environ 28 000 tm (soit à peu près cinq fois plus que la moyenne de
1980-1989). En 2001, les débarquements des États-Unis ont radicalement diminué en raison des
mesures de gestion prises. De 2001 à 2006, les débarquements totaux se sont situés entre
3 100 tm (2003) et 6 800 tm (2001), les débarquements canadiens représentant plus de 50 p. 100
des captures totales. Les débarquements totaux combinés du Canada et des États-Unis en 2007 et
en 2008 se chiffraient à 5 900 tm et 5 700 tm, respectivement.
Captures des États-Unis. Les débarquements annuels moyens des États-Unis se sont situés à
environ 400 tm de 1962 à 1979, mais ils ont augmenté à 4 300 tm de 1980 à 1989. Avec
l’implantation de la pêche dirigée aux États-Unis en 1990, les débarquements se sont situés en
moyenne à 17 900 tm de 1990 à 2000, puis à seulement 2 200 tm de 2001 à 2008, en raison de
restrictions sur les quotas. Les débarquements de la pêche récréative ont toujours été très
faibles (200 tm en moyenne de 1981 à 2008), mais les rejets de cette pêche ont été beaucoup plus
élevés (1 500 tm de 1980 à 2008). On dispose d’estimations quantitatives des rejets dans les
pêches pratiquées aux États-Unis à partir de 1989 (fig. 3). On a calculé les rejets de 1964 à 1988
en appliquant le taux de rejets d’aiguillats aux débarquements totaux de toutes espèces. Les
estimations de la mortalité dans les rejets varient de 2 900 tm à 22 800 tm, selon les taux de
mortalité propres à chaque engin. Ces dernières années aux États-Unis, les rejets ont été bien
inférieurs à leur niveau d’avant le milieu des années 1990.
Captures canadiennes. Les captures canadiennes ont été en moyenne d’environ 400 tm de 1962
à 1997, puis de 2 300 tm de 1998 à 2008. On dispose d’estimations quantitatives des rejets dans
les pêches canadiennes depuis 1984; elles portent sur la période allant du 1er mai de l’année en
cours au 30 avril de l’année suivante (fig. 4). Les estimations de la mortalité associée aux rejets
varient de 150 tm à 550 tm, selon les taux de mortalité propres à chaque engin. Ces dernières
années, les rejets canadiens ont été inférieurs à leur niveau d’avant 1995.
Stratégie d’exploitation et points de référence biologiques
L’aiguillat commun ne fait pas l’objet d’une cogestion par le Canada et les États-Unis. Au
Canada, en attendant une évaluation du stock transfrontalier et l’établissement d’une stratégie
d’exploitation assortie de points de référence, on a fixé un total autorisé de captures (TAC) de
précaution, fondé sur les captures antérieures.
3
Rapport du CERT sur l’état des stocks 2010/02
Aux États-Unis, la stratégie d’exploitation doit être conforme aux dispositions de la
Magnuson-Stevens Fishery Conservation and Management Act. Le stock d’aiguillat commun y
est considéré comme un stock à rétablir, car il avait été jugé surpêché en 1998. Par conséquent,
les gestionnaires doivent tenir l’exploitation sous le niveau FRÉTABLISSEMENT pour que l’indice
supplétif de la BPME soit atteint dans le créneau de 10 ans prévu pour le rétablissement.
Dans le plan de gestion de la pêche de l’aiguillat commun établi par les États-Unis (de manière
concertée par les Mid-Atlantic et New England Fishery Management Councils) et mis en œuvre
en 1999, les points de référence applicables aux eaux fédérales comprennent une BCIBLE de
180 000 tm et une BSEUIL de 100 000 tm, toutes deux portant sur les femelles adultes (>= 80 cm),
ainsi qu’une mortalité FSEUIL de 0,11 et FCIBLE de 0,08. Les taux seuil et cible de mortalité par
pêche représentent la mortalité totale correspondant à un régime de sélectivité de la pêche bien
tranché, avec une taille minimale de 70 cm. Le point de référence BCIBLE a été par la suite réfuté
par le NMFS, parce qu’il ne correspondait pas à la biomasse associée au recrutement maximal
(environ 200 000 tm) dans la fonction stock-recrutement de Ricker. À la réunion du Stock
Assessment Research Committee (SARC) 43 des États-Unis, en 2006, les points de référence de
la biomasse ont été réestimés d’après le modèle de Ricker et les données de relevé actualisées
jusqu’en 2006. Cela a abouti à une estimation de la BSRMAX. trop élevée pour être réaliste, qui a
été rejetée par le SARC. Les résultats du modèle de Ricker portent à croire que la phase récente
de recrutement inférieur aux prévisions pourrait être associée à des changements dans la taille
des génitrices ainsi que dans la proportion de mâles à maturité par rapport aux femelles.
Le niveau ciblé pour ce qui est de la biomasse d’aiguillat commun dans les eaux des États
américains de l’Atlantique est fixé par l’Atlantic States Marine Fishery Commission (ASMFC).
Dans le plan de gestion de la pêche établi par la ASMFC (ASMFC 2002), ce niveau cible a été
déterminé par l’application du modèle de Ricker aux estimations de la BSR et du recrutement
dans la zone échantillonnée par le relevé au chalut effectué tous les printemps par le NEFSC de
1968 à 1996. À partir d’une empreinte nominale du chalut de 0,012, la BSRMAX. a été estimée à
167 000 tm dans le plan de l’ASMFC.
L’actualisation de la sélectivité de la pêche jusqu’en 2005 s’est traduite par un recadrage vers des
captures de plus grands aiguillats et par une hausse subséquente du seuil de mortalité par pêche,
qui est passé à F = 0,39 et de la valeur FCIBLE, qui est passée à 0,284 (Rago et Sosebee 2009). Le
seuil de surpêche dépend grandement de la sélectivité des tailles dans la pêche et de
l’hypothétique constance des paramètres du cycle biologique associés à la maturation et à la
fécondité de l’aiguillat commun ainsi qu’à sa survie durant sa première année.
Le CERT a examiné divers modèles de relation stock-recrutement, auxquels ont été intégrés les
effets possibles de la taille des femelles à maturité, de la taille des nouveaux-nés et de la
proportion mâles-femelles sur la mortalité des nouveaux-nés. Le CERT a recommandé d’étudier
plus à fond ces modèles et indiqué que d’autres paramètres devraient y être ajoutés pour faciliter
le choix d’un modèle. Le CERT a convenu d’examiner, par voie de courriels, les modèles de
relation stock-recrutement modifiés ainsi que les estimations de la sélectivité de la pêche; il a
aussi convenu que si un modèle était accepté, le point de référence de la biomasse en résultant
serait communiqué, aux fins d’utilisation par les gestionnaires des pêches aux États-Unis.
4
Rapport du CERT sur l’état des stocks 2010/02
État de la ressource
La réunion d’évaluation par le CERT des points de référence applicables à ce stock
transfrontalier n’a pas débouché sur un consensus. En ce qui concerne le Canada, l’appréciation
de l’état du stock d’aiguillat commun et la formulation d’un avis sur la gestion de ce stock
n’auront lieu que lorsqu’une évaluation des points de référence par le CERT aura abouti.
Toutefois, comme les États-Unis avaient à donner un avis de gestion pour l’année de pêche 2010,
le CERT a convenu d’accepter le modèle utilisé par le NEFSC dans l’évaluation de 2006
(NEFSC 2006, Section 7.3), après actualisation des données jusqu’au relevé du NEFSC du
printemps 2009, pour déterminer l’état du stock.
Le CERT a examiné deux modèles à projection prospective en vue d’établir les points de
référence. Le premier modèle considérait le stock d’aiguillat comme étant formé de deux
composantes (américaine et canadienne) présentant des interactions spatiales et il comportait des
analyses selon l’âge, la longueur et le sexe. Le modèle englobait deux sous-populations, l’une
composée d’aiguillats résidents et située dans le nord de l’aire étudiée et l’autre, plus au sud,
comprenant une composante de résidents et une composante de migrateurs. Le modèle reposait
aussi sur un taux de migration constant entre les composantes pour toutes les années, à pas de
temps semi-annuel. La sélectivité estimée pour chaque flottille de pêche était constante tout au
long de la série chronologique et les indices d’abondance étaient fondés sur de multiples relevés
du NMFS et du MPO.
Le second modèle, appliqué lors de l’opération Stock Synthesis 3 (SS3), considérait la
population comme formant un stock unique d’aiguillats femelles, sans structure spatiale et selon
un pas de temps annuel. La sélectivité de deux flottilles de pêche, définie d’après les
débarquements et les rejets des États-Unis combinés pour tous les types d’engin, pouvait varier
avec le temps selon un cheminement aléatoire. La sélectivité de chacune des deux flottilles
canadiennes (débarquements et rejets combinés pour tous les engins) étaient tenue pour constante
au fil du temps.
Les deux modèles différaient aussi par les paramètres utilisés pour la croissance et la mortalité
naturelle; de plus, le premier modèle ne comportait pas d’algorithmes permettant de déterminer
les points de référence biologiques et d’effectuer des projections au sujet des captures et du
stock.
Même si les deux modèles représentaient un progrès par rapport à l’approche utilisée dans
l’évaluation du NEFSC de 2006, il s’est avéré difficile d’en comparer les résultats, en raison,
d’une part, de différences dans les données utilisées pour l’ajustement de ces modèles et, d’autre
part, des hypothèses très divergentes sur lesquelles l’un et l’autre reposaient. Aucun de ces
modèles n’a produit un ajustement satisfaisant par rapport aux séries chronologiques
d’estimations de l’abondance relative d’après les relevés scientifiques. L’ajustement des modèles
par rapport aux fréquences de longueurs selon les relevés était en général meilleur que dans le
cas de l’abondance, cela en partie à cause des nombreuses observations dont on disposait. Les
résultats des deux modèles semblaient fortement influencés par les conditions de départ. Le
CERT n’a retenu aucun de ces modèles, en raison du degré d’incertitude inacceptable que
comportaient leurs sorties. Dans un cas comme dans l’autre, il a été recommandé de poursuivre
l’exploration de ces modèles.
5
Rapport du CERT sur l’état des stocks 2010/02
Dans le modèle utilisé par le NEFSC dans l’évaluation de 2006, actualisé jusqu’en 2009 aux fins
d’appréciation de l’état du stock par les États-Unis, les estimations de la biomasse et de la
mortalité par pêche sont établies d’après une méthode stochastique; celle-ci est fondée sur la
longueur ainsi que sur la zone échantillonnée dans le relevé et elle est appliquée aux données
provenant de la pêche commerciale, de la pêche récréative et du relevé au chalut réalisé au
printemps par le NEFSC. L’information au sujet de l’empreinte du chalut sert à déterminer la
capturabilité de l’aiguillat dans le relevé. Le modèle sur la zone échantillonnée tient compte de
l’incertitude dans les indices des relevés, de l’empreinte du chalut, des rejets et des
débarquements de la pêche récréative plus les rejets. La mortalité naturelle (M) hypothétique est
de 0,092 et elle est fondée sur une longévité de 50 ans. Des profils de sélectivité parmi les
aiguillats femelles et mâles exploités ont été établis pour les débarquements plus les rejets. Un
modèle d’équilibre du cycle biologique, structuré selon la taille ainsi que le sexe et intégrant les
paramètres biologiques connus, sert à estimer le rendement par recrue et la progéniture femelle
par recrue correspondant à divers valeurs de F, et la taille minimale au recrutement à la pêche.
Les données biologiques sur la relation entre la taille de la génitrice et le nombre et la taille de
ses petits sont aussi intégrées au modèle. Un modèle de projection stochastique fondé sur la
longueur est utilisé pour prédire le rendement, l’effectif de la population et la période nécessaire
à son rétablissement dans divers scénarios de gestion.
La biomasse du stock de reproductrices (BSR) (femelles ≥ 80 cm) a diminué, passant de
234 000 tm en 1991 à 52 000 tm en 1999, et elle est restée inférieure à 65 000 tm jusqu’en 2005
(fig. 5), après quoi elle a augmenté, au point d’atteindre 195 000 tm en 2008, puis elle a
légèrement diminué, se chiffrant à 163 000 tm en 2009.
La biomasse des recrues (nombre total de nouveaux-nés, mâles et femelles) est directement liée
au nombre et à la taille des reproductrices. L’aiguillat commun est peu fécond, ne produisant que
2 à 9 petits par portée tous les deux ans. De 1997 à 2004, le nombre de nouveaux-nés est tombé à
un seuil record, mais il a augmenté ensuite. En 2009, le recrutement venait au cinquième rang
des plus élevés de la série chronologique du relevé de printemps du NEFSC, qui porte sur 42 ans
(fig. 6).
La mortalité par pêche (F = captures de femelles/biomasse exploitable de femelles) a culminé à
0,47 en 1994 et elle est restée élevée jusqu’en 2001. Par la suite, la mortalité par pêche a été bien
plus basse, sauf en 200,4 et elle s’est située entre 0,11 et 0,13 de 2005 à 2008 (fig. 7).
Productivité
La faible abondance des nouveaux-nés de 1997 à 2003 se traduira par une moindre biomasse
de reproducteurs quand ces faibles cohortes atteindront la maturité. Le recul de l’abondance des
aiguillats de moins de 60 cm donne à entendre que les estimations d’une faible production de
nouveaux-nés ne découlent pas d’une baisse de disponibilité à l’engin de relevé. La structure de
l’effectif de la population, reflétée dans les données sur les fréquences de longueurs dans la
pêche commerciale et les relevés aux États-Unis, révèle qu’un déclin marqué et constant de la
longueur moyenne des femelles à maturité s’est produit de 1992 au début des années 2000. La
taille moyenne des nouveaux-nés dans les relevés a également diminué, ce qui est conforme à
la relation observée entre la taille des génitrices et la longueur moyenne de leurs petits. Les
augmentations à court terme de l’effectif du stock se poursuivront pendant encore plusieurs
6
Rapport du CERT sur l’état des stocks 2010/02
années, jusqu’à ce que la baisse du recrutement se répercute sur la BSR. Pour ce qui est de la
proportion des animaux de chaque sexe à maturité, le nombre de mâles (> 60 cm) par rapport
aux femelles (> 80 cm) a augmenté en 1993, et il avait pratiquement triplé en 2000, mais il a
diminué à partir de 2004. La répartition dissymétrique des deux sexes pourrait aboutir à une
baisse de la capacité de reproduction, mais on n’a pas de preuve directe de l’existence de ce
phénomène chez Squalus acanthias. La répartition spatiale depuis 1995 révèle que les
aiguillats communs mâles se trouvent maintenant plus près des côtes que pendant la période
1980-1995, tandis que la répartition des femelles n’a pas changé. Ces tendances spatiales
accroissent le potentiel de chevauchement des deux sexes; toutefois, on ne peut que conjecturer
quant aux effets de cette présence commune accrue des deux sexes sur la productivité (p. ex.
risque de plus grand cannibalisme parmi les nouveaux-nés, interférence des comportements de
reproduction typiques).
Perspectives
Les prévisions à court terme sur la biomasse d’aiguillat commun sont très influencées par la
structure de tailles de la population actuelle. Dans un scénario de statu quo de F (F = 0,11), la
biomasse des femelles à maturité devrait continuer à augmenter jusqu’en 2011 avec la croissance
et l’arrivée à maturité des poissons < 80 cm. Les projections à long terme, qui ne sont pas
présentées ici, révèlent que la BSR diminuera entre 2011 et 2017, alors qu’arrivera à maturité le
petit nombre de recrues des classes d’âge 1997-2003. Si le recrutement revient ensuite à des
valeurs correspondant à celles qu’on peut attendre normalement de la reproduction à certaines
tailles, la biomasse de femelles matures augmentera de nouveau. Ces oscillations devraient se
produire indépendamment de l’intensité de la pêche.
Scénario
F
Année
Débarquements
totaux (tm )
BSR, femelles
(moyenne, tm )
Statu quo
0,11
2009
2010
2011
2012
5 015
5 692
6 201
6 537
163 304
193 679
202 540
199 843
Considérations particulières
La biomasse de toute la population d’aiguillats communs (mâles, femelles et juvéniles) est
actuellement supérieure à 500 000 tm. Environ 60 % de cette biomasse totale est composée
d’aiguillats mâles, qui sont moins commercialisables. Dans la structure de tailles de la biomasse
de femelles, ce sont les femelles de 70-95 cm qui dominent, alors que la fourchette de tailles était
plus large (40-105 cm) avant 1988.
L’ampleur totale des rejets et l’estimation de la mortalité parmi les poissons rejetés sont très
incertaines et influencent les estimations de a) la sélectivité, b) la mortalité par pêche et la
biomasse exploitable, et c) les points de référence de la mortalité par pêche.
La consommation de l’aiguillat commun est fonction de l’abondance du stock, du dimorphisme
sexuel et de la taille des poissons composant le stock. Sa consommation totale annuelle a été
7
Rapport du CERT sur l’état des stocks 2010/02
estimée en moyenne à 230 000 tm sur la série chronologique (1981-2007), ce qui, ventilé entre
diverses proies (essentiellement des petits poissons pélagiques et des invertébrés), représente une
importante ponction de biomasse. La consommation annuelle moyenne d’encornets, de harengs
et de cténophores a été estimée à 16 000, 32 000 et 36 000 tm , respectivement.
Un programme moderne de marquage à grande échelle, à l’aide d’étiquettes externes
traditionnelles, d’étiquettes de mémorisation de données et d’étiquettes de localisation, pourrait
permettre de mieux connaître les taux et les régimes de migration. Quand on disposera de
données fiables sur les migrations, cette information pourra être intégrée à des modèles à
structure spatiale. Toutefois, pour bien interpréter les résultats du programme de marquage, il
faudrait aussi procéder à d’autres analyses spatiotemporelles de l’effort de pêche et du taux de
déclaration des captures.
Sources
Atlantic States Marine Fisheries Commission. 2002. Interstate Fishery Management Plan for
Spiny Dogfish. Fishery Management Report No. 40. Washington D.C. 128 p.
Campana, S.E., A.J.F. Gibson, L. Marks, W. Joyce, R. Rulifson, and M. Dadswell. 2007. Stock
Structure, Life History, Fishery and Abundance Indices for Spiny Dogfish (Squalus
acanthias) in Atlantic Canada. Secr. can. de consult. sci. du MPO, Doc. de rech.
2007/089.
Haist, V., M. Fowler, and S. Campana. 2010. A Length-Based, Spatially Explicit Population
Model for Spiny Dogfish (Squalus acanthias) in the Northwest Atlantic. Doc. de réf. du
CERT 2010/02.
Northeast Fisheries Science Center. 2006. 43rd Northeast Regional Stock Assessment Workshop
(43rd SAW): 43rd SAW Assessment Report. US Dep. Commer., Northeast Fisheries
Science Centre Reference Document 06-25; 400 p.
Rago, P. and K. Sosebee. 2010. Biomass Reference Points for Spiny Dogfish. Doc. de réf. du
NEFSC 2010/en voie de publication.
Sosebee, K.A., L. Jacobson, P. Rago, and M. Traver. 2010. Description of Data and Exploratory
Stock Assessments of Spiny Dogfish, Squalus acanthias, using Stock Synthesis. Doc. de
réf. du CERT 2010/03.
La présente publication doit être citée comme suit :
CERT. 2010. Aiguillat commun de l’Atlantique Nord-Ouest. Rapport du CERT sur l’état des
stocks 2010/02.
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Rapport du CERT sur l’état des stocks 2010/02
Figure 1. Migrations de l’aiguillat commun dans l’Atlantique Figure 2. Débarquements totaux d’aiguillat commun des
Nord-Ouest d’après les résultats d’opérations de marquage.
États-Unis, du Canada et de la flotte de pêche à grande distance.
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Rapport du CERT sur l’état des stocks 2010/02
Figure 3. Estimations des rejets totaux et des rejets de poissons morts Figure 4. Estimations des rejets totaux et des rejets de poissons
de 1964 à 2008.
morts dans la pêche canadienne de 1984 à 2008.
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Rapport du CERT sur l’état des stocks 2010/02
Figure 5. Estimations stochastiques de la BSR de femelles Figure 6. Biomasse des aiguillats nouveaux-nés (<= 25 cm) d’après
(>= 80 cm) de 1991 à 2009.
le relevé de printemps réalisé aux États-Unis de 1968 à 2009.
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Rapport du CERT sur l’état des stocks 2010/02
Figure 7. Mortalité par pêche parmi les aiguillats communs (captures
de femelles/biomasse exploitable de femelles) de 1990 à 2008.
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