travail en collaboration et qualite des soins

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Institut de Formation de Professions de Santé
Formation infirmière
44 chemin du Sanatorium
25030 Besançon Cedex
TRAVAIL EN COLLABORATION ET QUALITE DES SOINS
UE concernées :
UE 3.4 S6 : Initiation à la démarche de recherche
UE 5.6 S6 : Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques
UE 6.2 S6 : Anglais rédaction de l’abstract du travail de fin d’étude
Présenté par :
CROUAIL Merryl
STEFANUTTI Marie-Luce
HARTMAN Lisa
GRANDJEAN Elodie
Promotion 2012/2015
Formateur de guidance : LAUER Karine
Institut de Formation de Professions de Santé
Formation infirmière
44 chemin du Sanatorium
25030 Besançon Cedex
TRAVAIL EN COLLABORATION ET QUALITE DES SOINS
UE concernées :
UE 3.4 S6 : Initiation à la démarche de recherche
UE 5.6 S6 : Analyse de la qualité et traitement des données scientifiques
UE 6.2 S6 : Anglais rédaction de l’abstract du travail de fin d’étude
Présenté par :
CROUAIL Merryl
STEFANUTTI Marie-Luce
HARTMAN Lisa
GRANDJEAN Elodie
Promotion 2012/2015
Formateur de guidance : LAUER Karine
« La plupart des activités humaines ne sont pas des activités individuelles et solitaires : elles
sont le produit des actions concertées et coordonnées de plusieurs personnes »
Romelaer, professeur des universités à Paris, 2002.
Remerciements
A Karine LAUER, notre formatrice de guidance, pour nous avoir accompagné tout au long de
notre travail,
Aux professionnels de santé qui ont participé aux entretiens,
A nos familles respectives pour leur présence, leur soutien et leurs encouragements lors de nos
trois années d'études.
Lexique et liste des abréviations
APA : Professeur d’Activités Physiques Adaptées
ARS : Agence Régional de la Santé
AS : Aide-soignant(e)
CHRU : Centre Hospitalier Régional Universitaire
DESADAPTATION POSTURALE : pathologie courante chez la personne âgée. C’est
un vieillissement neurologique affectant les zones de régulation du mouvement
entraînant une perte des schémas moteurs normaux de mobilité. La principale
caractéristique est la rétropulsion (ou déséquilibre arrière) à laquelle sont associés
les réactions d’agrippement.
EHPAD : Etablissement d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes
GIR : Groupes Iso-Ressources ; L’évaluation à l’aide de la grille Aggir (« autonomie
gérontologie groupes iso-ressources ») permet aux professionnels de déterminer le
degré de dépendance d’une personne âgée. Il existe six degrés de dépendance,
correspondant à six « groupes iso-ressources » (Gir). C’est à l’issue du classement
en Gir qu’est proposée une prise en charge répondant aux besoins de la personne
âgée.
GRIEPS (Groupe de Recherche et d’Intervention pour l’Education permanente des
Professionnels de la Santé)
HAS : Haute Autorité de Santé
HEMATURIE MICROSCOPIQUE : Présence de sang dans les urines émises lors
d’une miction. Microscopique si norme ≥ 5–10 hématies/mm3
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
PYELONEPHRITE : infection et inflammation d'origine bactérienne, de l'appareil
urinaire dans sa partie haute (rein). Le germe responsable est souvent l’ Escherichia
coli.
SYNDROME DYSEXECUTIF : atteinte des fonctions exécutives, c’est-à-dire difficulté
ou impossibilité pour une personne de développer et de planifier un comportement
dirigé vers un but. On observe ainsi une baisse des capacités d’attention et une
baisse d’efficacité dans la gestion des tâches exigeant une attention. Dans les
démences fronto-temporales, le syndrome dysexécutif est volontiers associé à une
agitation, une agressivité, tandis que les troubles de l’attention sont plus souvent
associés à l’apathie.
Sommaire
1. Introduction .......................................................................................... p.1
2. Situation d’appel .................................................................................. p.2
2.1.
Questionnement .................................................................. p.3
2.2.
Question de départ ............................................................. p.3
3. La collaboration ................................................................................... p.4
3.1.
Définition ............................................................................. p.4
3.2.
Différence entre collaboration et coopération ....................... p.5
3.3.
Législation ........................................................................... p.5
3.4.
Enjeux du travail en collaboration ....................................... p.6
3.5.
Facteurs favorisants et facteurs limitants ............................. p.7
3.5.1. Facteurs favorisants ........................................... p.7
3.5.2. Facteurs limitants ............................................... p.8
3.6.
Moyens d’amélioration et projets en cours ........................... p.10
4. La communication ................................................................................ p.11
4.1.
Définition .............................................................................. p.11
4.2.
La communication selon Shannon ....................................... p.11
4.3.
Les différents modes de communication .............................. p.12
4.3.1. Communication verbale ...................................... p.12
4.3.2. Communication non verbale ............................... p.13
4.4.
La communication dans notre métier .................................. p.13
5. Les transmissions ............................................................................... p.14
5.1.
Historique des transmissions. .............................................. p.14
5.2.
Généralités ......................................................................... p.14
5.3.
Les transmissions écrites .................................................... p.15
5.4.
Les transmissions orales ..................................................... p.15
5.5.
Législation ........................................................................... p.16
6. Qualité des soins ................................................................................. p.17
6.1.
Introduction ......................................................................... p.17
6.2.
Définitions de la qualité des soins ....................................... p.17
6.2.1. Selon l’OMS ....................................................... p.17
6.2.2. Selon Avedis Donabedian ................................... p.17
6.2.3. Selon Walter Hesbeen. ....................................... p.17
6.3.
Les critères de qualité ......................................................... p.18
6.4.
Différents points de vue de la qualité des soins ................... p.18
6.4.1. Du point de vue législatif et réglementaire. ......... p.18
6.4.2. Du point de vue des professionnels interrogés .. p.19
6.5.
Les enjeux et impacts de la qualité ..................................... p.19
7. La problématique ................................................................................ p.20
8. Conclusion ......................................................................................... p.21
9. Bibliographie ....................................................................................... p.22
10. Annexe ................................................................................................ p.25
1. INTRODUCTION
1
Historiquement, dans le secteur de la santé, les rôles étaient répartis entre le médecin, qui
décidait,
et les infirmières, qui exécutaient. A partir des années 40, l'évolution des
techniques, des connaissances, mais aussi l'humanisation des soins ont eu un impact sur
l’organisation du système de santé français. La complexité de ce système alors associée à
celle des multiples dimensions de problèmes de santé et de prise en soin a nécessité
l’apparition de nouveaux professionnels paramédicaux. Ces derniers, ont notamment, du fait
de leurs savoirs, de leurs connaissances (liés à leur profession), demandé une certaine
autonomie dans leur exercice. De ce fait, les professionnels ont dû apprendre à travailler
ensemble.
Dans le domaine de la santé, le concept de collaboration a alors pris toute sa dimension et il
semblerait que cela ait eu un impact sur la qualité des soins.
Nous avons donc, d’un commun accord, décidé de mener nos recherches sur les concepts
de « travail en collaboration » et de « qualité des soins ». Nous avons également mené des
entretiens semi-directifs auprès de deux IDE* ainsi qu’un ergothérapeute et d’un APA*.
Ces professionnels interviennent dans un service hospitalier de gériatrie. Nous avons fait le
choix de ce service du fait du vieillissement de la population et du nombre de personnes
âgées hospitalisées chaque année (selon l’ARS*, 33 800 personnes âgées de 75 ans et
plus sont hospitalisées chaque année en Franche-Comté). De ce fait, nous serons amenés
à les prendre en soin quel que soit le lieu où nous exercerons.
La profession infirmière se trouve au centre de la prise en charge des patients, elle est le lien
direct entre l'équipe médicale et paramédicale.
Il est
nécessaire pour l'infirmière de collaborer au quotidien avec l'ensemble des
professionnels, et pas uniquement avec le médecin. Notre situation de départ, vécue par
l’une d’entre nous, traite notamment du travail en collaboration entre une étudiante infirmière
et une ergothérapeute auprès d’une personne âgée.
2. SITUATION D’APPEL
2
Mme R., 92 ans, veuve, vit en EHPAD* depuis le 19 mars 2012.
Auparavant, elle vivait seule à domicile avec des aides (auxiliaire de vie, infirmière) 7 jours
sur 7 et la présence constante d’une personne la nuit et se déplaçait avec un déambulateur.
En février/mars 2012, elle a été adressée dans un centre de soins de suite pour un déficit
mnésique, un syndrome dysexécutif*, un ralentissement global et des troubles du langage.
Elle présentait également des phases de déambulation nocturne avec désorientation
temporo-spatiale et comportement inadapté. Son degré d’autonomie a été évalué au niveau
GIR* 2 d’où son entrée en EHPAD avec son accord.
En avril 2013, Madame R. est hospitalisée en urgence pour hématurie microscopique* sur
pyélonéphrite*. Depuis, cette hospitalisation Madame R. crie à chaque mobilisation
«imposée», présente une confusion réversible ainsi qu’une désadaptation posturale*. Elle
demeure au fauteuil, a besoin d’une prise en charge pour les activités de la vie courante
mais ses fonctions intellectuelles ne sont pas totalement altérées ; elle comprend ce que
nous lui disons, répond à nos questions, donne des explications cohérentes.
Je devais donc prendre Mme R. en charge pour les soins de nursing. Les soignants
m’avaient donné pour seules informations que Mme R. criait lorsque l’on s’occupait d’elle et
que je pouvais lui faire la toilette au lavabo. La prise en charge fut difficile pour moi car je ne
savais plus comment m’y prendre avec elle, en effet, elle criait lorsque je la levais de son lit,
lorsque je tentais la mobilisation dans le lit…
J’utilisai toutes les méthodes que je connaissais : ergonomie, communication, négociation…
j’essayai même la toilette au lit, rien n’y faisait.
Je cherchai donc la meilleure solution mais en vain. Jusqu’au jour, où, l’ergothérapeute du
service vint prendre en charge Mme R, Elle intervenait quelques jours par semaine dans
l’EHPAD et en extra-hospitalier à la demande de la famille. Je lui expliquai la situation, mes
difficultés, celles de Mme R. Nous avons beaucoup échangé sur la pathologie, et aussi
pourquoi Mme R. réagissait ainsi…
Nous avons donc travaillé ensemble afin de permettre à Mme R. de retrouver ses
automatismes et de l’assurance.
L’ergothérapeute, ne venant pas tous les matins, me demanda, dans la mesure du possible,
d’appliquer ses conseils dans la prise en charge de la résidente afin d’assurer une continuité
des soins et une prise en charge optimale. Ce que je fis.
Ici l’ergothérapeute m’a donné les « clefs » afin d’améliorer et faciliter certaines situations et
m’a aidé à gérer mes difficultés dans la prise en charge de cette résidente.
3
La participation de toute une équipe et un suivi régulier dans la prise en charge montre bien
qu’il est possible de changer les choses, pour le bien-être des personnes mais aussi celui
des soignants.
Il faut également aller chercher les informations auprès des personnes ressources,
s’appuyer sur leurs connaissances, se remettre en question.
2.1 Questionnement
En regard de cette situation, voici le questionnement que nous avons pu dégager:
-
Est-ce que le fait d’aller chercher les connaissances auprès de personnes ressources
(ici l’ergothérapeute) et de travailler en collaboration avec elles a un impact sur la qualité des
soins ?
-
En quoi le travail effectué entre l’étudiante et l’ergothérapeute a-t-il eu un impact sur
l’évolution (bénéfique) de la prise en soins de Mme R. ? Pourquoi ? Quels sont les éléments
qui y ont contribué ?
-
La participation de toute une équipe, une continuité des soins, des transmissions
d’informations sont-ils des facteurs contribuant à des résultats optimaux de prise en soins ?
-
Dans notre métier, nous entendons souvent les soignants dire « nous n’avons pas le
temps » mais avec de l’organisation, des connaissances, de la collaboration, du suivi
régulier, des transmissions faites… serait-il possible de gagner du temps mais également,
dans la situation ci-dessus, un confort de soin ?
-
La complexité des prises en charge et l’évolution des besoins des patients amènent-ils
les équipes de soins à devoir de plus en plus travailler en interdisciplinarité ?
-
Quels sont les enjeux de ce travail en interdisciplinarité ? Quels en sont les freins ?
-
Comment améliorer la collaboration ?
Cette situation ainsi que notre questionnement, nous ont permis, avec l’aide de notre
formatrice de guidance, d’aboutir à notre question de départ.
2.2 Question de départ
Question de départ : Comment le travail en collaboration entre les infirmières et les équipes
paramédicales dans un service hospitalier de gériatrie, peut-il impacter la qualité des soins
auprès des personnes âgées ?
3. LA COLLABORATION
4
Selon la définition de l’OMS*, « la santé est un état de complet bien-être physique, mental et
social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité ». De ce fait,
la prise en charge des patients ne peut plus être uniquement centrée sur leur pathologie et
doit adopter une vision globale, ce qui implique un travail en collaboration entre les différents
professionnels intervenant auprès des patients.
3.1 Définition
Le terme « collaboration » vient du latin « cum labore » qui signifie « travailler avec ». L’IDE
2 complète cette définition par « travailler en équipe ».
Selon le Petit Robert, 1995, la collaboration « est un travail en commun ; un travail entre
plusieurs personnes qui génère la création d’une œuvre commune ».
Selon D’Amour, infirmière et professeure à la faculté des sciences infirmières à Montréal
(1997), « la collaboration interprofessionnelle est faite d’un ensemble de relations et
d’interactions qui permettent ou non à des professionnels de mettre en commun, de partager
leurs connaissances, leur expertise, leurs habiletés pour les mettre, de façon concomitante
au service des clients et pour le plus grand bien des clients ». Elle comprend aussi « la
structuration d’une action collective à travers le partage de l’information et de la prise de
décision dans les processus cliniques […] avec des structures englobantes ». Elle nous
explique ainsi que le travail en collaboration n’est possible que si la culture institutionnelle
permet aux différents professionnels de pouvoir travailler ensemble (1).
La collaboration interprofessionnelle dans le domaine de la santé, selon le professeur Diane
Morin, consiste en une action collective visant à coordonner les actions et services auprès
des patients et de leur entourage. Ce travail en collaboration nécessite ainsi une
communication entre les différents professionnels ainsi qu’un apprentissage collectif (2).
En effet, les différents professionnels interrogés insistent sur l’importance de la
communication et des échanges pour pouvoir collaborer. Mais, l’IDE 1 et l’IDE 2 avouent
qu’une formation au travail en collaboration n’est pas leur priorité.
Cependant, les termes de « collaboration » et « coopération » sont souvent confondus et
utilisés à tort. C’est pourquoi nous avons cherché ce qui fait la différence entre ces deux
termes.
5
3.2 Différence entre collaboration et coopération
Selon Jean Heutte, enseignant et Maitre de conférences en sciences de l’éducation (3), la
différence entre le travail en collaboration et celui en coopération se situe essentiellement au
niveau des interactions entre les membres du groupe.
En effet, dans la coopération, la répartition du travail se fait de manière claire entre les
participants, chacun a sa tâche et sera responsable de celle-ci. Le travail s’effectue en
parallèle. L’assemblement des différents travaux assignés permet d’obtenir le travail final.
Alors que dans une pratique collaborative, il n’y a pas de répartition proprement dite des
tâches. Les différents membres travaillent ensemble et le groupe devient une entité à part
entière, avec sa responsabilité collective. De cette manière, ce type de travail nécessite une
constante communication entre ses intervenants afin de viser une cohérence de groupe
permettant d’atteindre l’objectif final.
Notre analyse des différents entretiens menés nous amène à la conclusion que les
professionnels interrogés allient coopération et collaboration. Ils ont exprimé le fait que
chaque intervenant à ses tâches bien définies, qu’ils communiquent entre eux et que dans
ce service, le but commun est l’autonomie du patient. Ici, chacun est responsable de son rôle
et l’autonomisation du patient ne s’obtient que par la somme de leurs interventions, et non
pas d’un travail collectif.
Ainsi, nous comprenons bien que la pratique IDE relève du travail en collaboration,
puisqu’elle doit s’accorder avec les autres professionnels intervenant autour des patients.
3.3 Législation
La circulaire n°96-31 du 19 janvier 1996 relative au rôle et aux missions des aides-soignants
et auxiliaires de puéricultures définit la collaboration dans les établissements hospitaliers
comme : Personne qui concourt à l'activité professionnelle d'une autre personne de manière
ponctuelle ou continue.
6
Elle liste également les actes de collaboration autorisés :

Collaboration dans les soins d'hygiène (hygiène corporelle, alimentaire, aide à
l'installation des patients pour les repas etc.),

Collaboration dans la surveillance des patients (identification des changements des
comportements du patient et information de l'infirmier en vue d'une action sur les
soins à adapter),

Collaboration dans l'aide apportée aux personnes ayant perdu leur autonomie
(habillement, repas etc.),

Collaboration dans l'hygiène du patient et de son environnement (4).
Article R 4311-4 du Code de la Santé Publique :
« Lorsque les actes accomplis et les soins dispensés relevant de son rôle propre sont
dispensés dans un établissement ou un service à domicile à caractère sanitaire, social ou
médico-social, l'infirmier peut, sous sa responsabilité, les assurer avec la collaboration
d'aides-soignants, d'auxiliaires de puériculture ou d'aides médico-psychologiques qu'il
encadre et dans la limite de la qualification reconnue à ces derniers du fait de leur
formation ». (5)
Il n'existe pas de délégation de compétence entre l'AS* et l'IDE.
Depuis 2010, l’HAS* adopte les termes de « coopération entre professionnels de santé » ou
« coopération interprofessionnelle » dans les documents qu’elle propose afin de garantir des
soins de qualité aux patients partout en France (6).
Cependant, le travail collaboratif entre l’infirmier et les autres professionnels du paramédical
n’est pas légiféré.
3.4 Enjeux du travail en collaboration
Selon le professeur Sylvie Nezelof, responsable de service en psychiatrie infanto-juvénile au
CHRU* de Besançon, le travail en collaboration a de nombreux intérêts tant pour le patient
que pour les professionnels de la santé. En effet, la rencontre et le travail en commun de
plusieurs disciplines engendre une synergie et une émulsion dans le groupe, poussant ce
dernier à donner le meilleur au patient. Il permet également une co-construction de la prise
en charge du patient (chacun apporte sa pierre pour fonder un mur commun), ce qui permet
d’apporter une attention globale et individuelle à la personne : le patient se sent porté par un
courant, un objectif commun mais bénéficie d’attentions particulières en fonction des
spécialités des professionnels gravitant autour de lui (7).
7
Le professeur Diane Morin étaye ces propos en affirmant que le travail collaboratif a des
répercussions sur :

Le patient, avec une amélioration de la qualité de vie et de la capacité de décision
partagée,

Les professionnels, permettant ainsi un enrichissement des compétences et des
connaissances de chacun,

Le système de soins, offrant ainsi une gamme de services plus étendue, une
réduction du temps d’attente, une amélioration de l’accès aux soins et donc une
meilleure continuité des soins (8).
Par ailleurs, le Docteur Sophie Tremblay-Paquet, exerçant en service de radiologie au
Canada, ajoute à ces notions que la formation au travail en collaboration permet d’obtenir
un milieu de travail plus harmonieux où la sécurité du patient est améliorée, la valorisation
professionnelle de chacun exacerbée, et la communication entre les membres efficace (9).
Les professionnels interviewés nous apportent d’autres éléments quant à l’intérêt du travail
en collaboration, tels que la prise en charge globale du patient et la complémentarité des
actions menées. L’IDE 2 rajoute qu’il est impossible de travailler seul.
De cette manière, le fait de travailler en interdisciplinarité permet d’envisager une prise en
charge globale des patients mais aussi d’améliorer la qualité des soins proposés.
3.5 Facteurs favorisants et facteurs limitants
3.5.1
Facteurs favorisants
Pour Jean-François Chanlat, professeur en sciences des organisations à l’université Paris
Dauphine, six éléments influencent la réussite d’un travail en collaboration :

Un projet, une finalité et des objectifs collectifs,

Un espace temps commun pour pouvoir partager les informations, se rencontrer
régulièrement, échanger ce qui favorise également les relations humaines entre les
intervenants,

Un univers symbolique partagé et un langage commun,

Un travail reconnu et valorisé de chacun,

Une hiérarchie légitime : même si chaque intervenant est essentiel au bon
fonctionnement de l’équipe et à l’atteinte des objectifs, il est nécessaire de nommer
un « leader » au sein de cette équipe, favorisant ainsi la coordination des actions,
8

Une éthique de la responsabilité et de la solidarité dans une optique de respect
mutuel (10).
Guy Le Boterf, Docteur en lettres et sciences humaines, reprend ainsi les propos de JeanFrançois Chanlat en distinguant trois conditions devant être réunies pour favoriser le travail
en interdisciplinarité :

Le « savoir coopérer » comprenant un langage et des valeurs communes entre les
intervenants, d’où l’importance de la communication et de la construction d’une
compréhension réciproque afin de mettre en place des objectifs et un projet
communs, base du travail collaboratif,

Le « pouvoir coopérer » nécessitant un référent de projet qui assurera les conditions
du bon fonctionnement, et un décloisonnement des professions afin que chaque
membre du groupe de travail conserve son identité professionnelle tout en évitant les
glissements de tâches et confusion des rôles de chacun,

Et le « vouloir coopérer » impliquant une adhésion des participants au projet, qui,
avec du temps et de l’énergie, aboutira à des relations de confiance entre eux (11).
Nous comprenons ainsi que le travail collaboratif nécessite une équipe, avec son leader, ses
membres au rôle défini et ayant envie de participer au projet, définissant ensemble un
objectif commun. Pour cela, l’environnement et la politique de la structure dans laquelle les
professionnels évoluent doivent le leur permettre et leur donner les moyens de travailler
ensemble.
La communication entre les membres du groupe permettra, en plus de l’échange
d’informations et de savoirs, la mise en place d’un respect mutuel et une réelle
complémentarité entre les professionnels.
L’IDE 2 insiste sur la proximité entre les professionnels, et l’ergothérapeute sur l’intégration
dans les équipes.
3.5.2
Facteurs limitants
La mise en place d’un tel travail en interdisciplinarité se confronte aussi à un certain nombre
de difficultés. Le professeur Nezelof en cite quelques-unes comme la déficience dans le
partage de l’information, pouvant être liée à un manque de communication, un vocabulaire
ou des représentations différentes, et qui engendre un obstacle au travail en collaboration.
9
Il en est de même en ce qui concerne :

Les problèmes de coordination des membres du groupe où chacun doit avoir sa
place et son rôle, ce qui sous-entend de connaitre et respecter les champs de
compétence de chacun et de savoir déléguer,

Les enjeux de pouvoir dans le groupe impliquant d’identifier un référent et de lui
laisser sa place (notion de leadership),

Le manque de temps et de personnel qui rend difficile la mise en place d’un espace
et d’un moment spécifique où les professionnels peuvent se retrouver dans un même
lieu et échanger (12). Tous les professionnels interrogés abordent cette notion de
manque de temps. De plus, l’ergothérapeute et l’APA ajoutent qu’elles ne sont pas
toujours présentes aux temps de relève et de staff.
Par ailleurs, nos recherches ont montré que le travail en collaboration, reposant
essentiellement sur les relations humaines entre les membres du groupe, doit avoir pour
base une confiance mutuelle entre professionnels, chose qui n’est pas aisée à mettre en
place.
Les différences historiques et culturelles entre les professions, par exemple entre le médecin
et l’IDE, peuvent également être un frein à la mise en place d’un travail interdisciplinaire et
engendrer des rivalités interprofessionnelles. Ces différences n’étant pas estompées lors des
formations initiales des professionnels de santé qui restent dispensées de manière
cloisonnée. En effet, le futur professionnel hérite d’une tradition qui valorise l’autonomie
totale dans le travail alors que les équipes interdisciplinaires valorisent la collaboration et la
complémentarité. L’ergothérapeute et l’APA interviewées précisent qu’elles n’ont pas le
sentiment de « faire partie » de l’équipe et que le regard extérieur qu’elles peuvent apporter
peut gêner.
Ainsi, nous pouvons comprendre que travailler ensemble n’est pas inné et dépend largement
de la volonté des intervenants. C’est une action qui doit se travailler et fait alors partie d’un
véritable processus lors de sa mise en place et pour assurer son maintien dans le temps.
« L’action collective ou organisée n’est pas un évènement naturel. C’est toujours une
coalition d’hommes, contre la nature, face à des problèmes matériels pour la solution
desquels ils sont obligés de coopérer ». E.Friedberg (sociologue)
10
3.6 Moyens d’amélioration et projets en cours
Dès 1987, l’OMS publie un rapport concernant la formation pluri professionnelle des
professionnels de santé. Le message délivré est « Apprendre ensemble pour travailler
ensemble ». Ce rapport dégage six paramètres dans son « levier programme de formation
interprofessionnelle » :

Travail en équipe,

Rôles et responsabilités,

Communication,

Apprendre et réflexion critique,

Relation avec, et reconnaitre le besoin du patient,

Pratique éthique (13).
Depuis 2014, l’HAS a mis en place un projet nommé PACTE (Programme d’Amélioration
Continue du Travail en Équipe). Le but de ce projet est de réduire à un niveau acceptable les
risques d’évènements indésirables associés aux soins, en se penchant sur le travail en
équipe car ce dernier impacte la culture de sécurité du patient.
Ainsi, le projet PACTE cherche à travailler sur la communication, le leadership, l’efficacité
d’une équipe, la gestion des compétences de chacun, ainsi que sur la gestion des risques en
équipe. Pour ce faire, un guide pédagogique et un dispositif d’évaluation d’une équipe ont
été fournis aux quinze établissements de santé volontaires ; le bilan de cette phase
d’expérimentation se fera courant 2015 (14).
Au final, nos recherches et interviews nous permettent de comprendre que le travail en
collaboration et la qualité des soins sont étroitement liés, et que la communication et les
transmissions y contribuent.
4. LA COMMUNICATION
11
4.1.
Définition
Le terme communiquer vient du latin « communicar » qui signifie mettre en commun.
Communiquer, c’est établir une relation avec autrui.
Aujourd'hui, la communication est étudiée par de nombreux spécialistes des sciences
humaines et est décrite comme étant un processus complexe.
« Entre ce que je pense, ce que je veux dire, ce que je crois dire, ce que je dis, ce que vous
avez envie d’entendre, ce que vous croyez entendre, ce que vous entendez, ce que vous
avez envie de comprendre, ce que vous croyez comprendre, ce que vous comprenez, il y a
dix possibilités qu’on ait des difficultés à communiquer. Mais essayons quand même... »
Citation de Bernard WERBER (15).
Selon Margot Phaneuf, IDE, « La communication est un processus de création et de
recréation d'information, d'échange, de partage et de mise en commun de sentiment et
d'émotion entre des personnes. Elle est consciente et inconsciente, verbale et non verbale »
(16). Ces caractéristiques font de la communication un outil complexe.
4.2.
La communication selon Shannon (17)
Le modèle de Shannon propose un schéma type de communication montrant le rapport
entre communication, relation et information.
12
Ainsi, selon lui, le processus de communication est composé :
-
D’un émetteur et d’un récepteur : le premier envoyant le message et le second le
recevant,
-
D’un message : information transmise,
-
De l’intention : désir de l’émetteur de transmettre une information, un message au
récepteur. Il y a une raison, un besoin pour lequel on émet un message,
-
Des parasites : éléments tels que bruit, préjugé, mauvaise compréhension,
vocabulaire inadapté, non compris, gênant la communication et empêchant la bonne
réception du message,
-
Du décodage : processus par lequel le récepteur intègre et comprend le message,
-
De la rétroaction ou « feed back » : réponse du récepteur à l’émetteur.
Ces principes nous semblent des principes de base dans l'établissement d'une
communication qui s'établira de deux manières, par une communication verbale et non
verbale.
4.3.
Les différents modes de communication
4.3.1. Communication verbale
La communication verbale est la forme que prennent nos échanges lorsque nous faisons
intervenir la parole ou l’écriture.
Eléments essentiels pour une communication verbale efficiente
•
Ecouter l’autre,
•
Etre disponible à recevoir l’information,
•
Ne pas émettre de jugements ni d’a priori afin de ne pas compromettre l’information,
•
Transmettre une information simple, claire, synthétique et cohérente,
•
Utiliser un langage commun, bien choisir son vocabulaire,
•
Etre dans la congruence (langage non verbal en adéquation avec le langage verbal),
•
Eviter la multiplication des intermédiaires pour éviter la déformation du message,
•
Engagement de l’émetteur en employant le « je »,
•
Favoriser un endroit et un moment propice à la communication,
•
Avoir une ouverture d’esprit,
•
Avoir confiance en soi (18).
13
4.3.2. Communication non verbale
Se définit comme étant l’élaboration et le partage d’éléments sans emploi de la parole.
La communication non verbale s’exprime à travers la gestuelle, l’aspect externe (aspect
physique, vêtements…), le comportement spatial (le rapprochement, la prise de distance…),
le toucher, le langage para verbal (qualité, intensité de la voix, vocalises…) et les
expressions du visage (mimiques, regards…).
70% de la communication est non verbale, elle accompagne la communication verbale. (19)
4.4.
La communication dans notre métier
Selon Margot Phaneuf, dans le milieu de la santé, la
communication est dite
« fonctionnelle ». (20) Celle-ci reprend toutes les caractéristiques de la communication
verbale et non-verbale (gestuelle, attitudes, mots utilisés…). Dans notre métier, elle englobe
tous les types d'échanges que nous pouvons avoir : collecte des données, analyse,
interventions infirmières et évaluation.
Cette communication s’applique à des situations concrètes qui doivent être exposées de
manière claire et précise, en s’adaptant aux divers intervenants concernés, et convient aux
temps de « relèves » qui deviennent de plus en plus courts.
Notre métier touchant à l’humain, la communication fonctionnelle ne doit pas devenir
« mécanique », mais conserver une dimension relationnelle et constructive facilitant une
bonne collaboration, que ce soit avec les patients ou entre professionnels.
Lors de nos différents entretiens avec les professionnels, le concept de communication a été
repris par tous et, est un élément clé pour une collaboration efficace. Il ne peut y avoir de
collaboration sans communication. Agir en commun est une raison supplémentaire de
communiquer.
La communication étant un échange d’informations, notre rôle de soignant est
principalement basé sur cet échange, et notamment grâce aux transmissions qu’elles soient
orales ou écrites.
5. LES TRANSMISSIONS
14
Depuis plusieurs décennies, les transmissions infirmières sont considérées comme faisant
partie intégrante de la communication. En effet, elles ont pour fonction de garantir la
circulation d’informations, notamment en milieu hospitalier ce qui est vital pour y maintenir un
bon fonctionnement. Nous avons pu constater lors de nos recherches mais aussi lors de nos
différents stages que la qualité des soins prodigués au patient dépend intégralement de la
qualité des transmissions, et que celles-ci ont pour fonction de promouvoir la santé du
patient.
L’action de « transmettre » est définie d’après le dictionnaire HACHETTE encyclopédique
comme le fait de transmettre quelque chose à quelqu’un. La transmission quant à elle
représente l’action de transmettre
5.1.
Historique des transmissions
En 1986, en France, Cécile BOISVERT, IDE, titulaire d’une maitrise en sciences infirmières
et formatrice au GRIEPS* a introduit les transmissions ciblées. Celles-ci ont été rapidement
adoptées en raison de leur utilisation qui se révèle aisée.
Les écrits professionnels ont ainsi pu être mis aux normes grâce à cette méthode. Dès lors,
les transmissions ciblées ont répondu aux exigences légales du code de la santé publique
(21).
L’écrit a progressivement été privilégié au niveau des transmissions en raison des
modifications réglementaires qui ont eu lieu ces vingt dernières années. Lors de nos
entretiens, l’APA nous dit bien qu’elles sont légiférées et que les professionnels se doivent
de faire des transmissions écrites.
5.2.
Généralités
Une information pour être exploitable, qu’elle soit de nature écrite ou orale, doit répondre à
certains critères. Elle doit être claire, précise, objective, c’est-à-dire sans jugement de valeur,
et utiliser un langage professionnel commun. Elle doit
également être synthétique,
pertinente, compréhensible. Cette transmission d’informations a finalement pour objectif de
garantir des relations de travail optimales entre les différents membres de l’équipe soignante,
mais, également de pouvoir garantir au patient une qualité dans les soins qui lui sont
apportés ainsi que la continuité de ceux-ci.
15
5.3.
Les transmissions écrites
Les transmissions ciblées se définissent comme « une méthode pour organiser la partie
narrative du dossier du patient, afin que le récepteur comprenne rapidement la situation et
les soins nécessaires à dispenser » (22). Elles contribuent au confort du personnel en terme
de gain de temps. Les transmissions ciblées se trouvent sur une feuille bien spécifique qui
doit être conservée dans le dossier de soin du patient. Comme nous avons pu le constater
lors de nos différents entretiens avec les professionnels, des transmissions écrites de qualité
contribuent largement au fait de permettre la continuité des soins et préviennent les risques.
En stage, les professionnels répètent souvent aux étudiants infirmiers qu’il est primordial de
noter chaque soin réalisé, car, ce qui n’est pas noté est considéré comme non exécuté. En
effet, lorsqu’un soin ou une observation est effectué auprès d’un patient, la personne qui en
est à l’origine a pour rôle d’écrire elle- même la transmission, qu’elle soit IDE, AS,
diététicienne, kinésithérapeute, médecin ou élève. Le nom et la qualité de la personne qui
écrit les transmissions doivent apparaitre de façon systématique.
Néanmoins, le choix des mots, les tournures de phrases peuvent ne pas être compris de la
même manière par tous ceux qui les lisent. Les transmissions écrites peuvent ainsi être
source d’interprétations voire de confusion car, contrairement aux transmissions orales, elles
restent figées et ne sont pas source de discussion immédiate entre les professionnels.
5.4.
Les transmissions orales
Elles se définissent comme un « temps de communication verbale qui va permettre
d’échanger des informations prioritaires et pertinentes sur la personne soignée, en
complément d’informations écrites » (23).
Si les transmissions écrites ont plutôt une fonction de référence, que ce soit au niveau légal
ou historique, les transmissions orales quant à elles servent d’avantage à contextualiser les
actions, à expliciter les faits au moment où ils se produisent. L’objectif de ce temps (relève)
est d’informer au mieux la collègue qui nous remplacera, de lui faire passer des informations
qui ont eu lieu dans la journée concernant le patient. Ce temps de relève orale permet
également par exemple à une personne qui ne connait pas le patient de pouvoir le prendre
en soins de manière efficace.
16
Les transmissions orales présentent de nombreux avantages tels que : faciliter l’échange
entre les professionnels, amener à un processus de négociation auquel participent les
soignants, éviter les mauvaises interprétations et apporter des éclaircissements sur les
situations. A contrario, elles sont fugaces et il peut y avoir des fuites d’informations.
Cependant les professionnels que nous avons interrogés disent les préférer aux
transmissions écrites. Ils expliquent cela par le fait que les transmissions écrites « se perdent
» dans le sens où les jours passent et qu’elles se retrouvent loin en arrière dans le dossier
de soins. Ils le justifient également par le fait que cela prend du temps de tout écrire et de
dire aussi qu’elles ne sont pas lues.
5.5.
Législation
Suite à la loi du 4 mars 2002 « relative aux droits du malade et à la qualité du système de
soins », les transmissions sont devenues une obligation légale puisque cette loi notifie à
l’art.L.1111-7 que « toute personne a accès à l’ensemble des informations concernant sa
santé, […] à l’exception des informations mentionnant qu’elles ont été recueillies auprès de
tiers n’intervenant pas dans la prise en charge thérapeutique ou concernant un tel tiers »(24)
Les articles R.4311-1,2 et 3 du code de la santé publique stipulent que dans l’exercice de sa
fonction, l’infirmière contribue au recueil de données cliniques, au recueil d’informations
utiles aux autres professionnels et aux médecins, au diagnostic infirmier ; ce qui fait que
l’infirmière a l’obligation, dans son rôle propre, d’inscrire toutes les informations nécessaires
à la prise en soins du patient, dans le dossier de soins. Quant à l’article R. 4312-29, il est
relatif au devoir de l’infirmière de communiquer toute information susceptible de mener au
diagnostic (25).
Les transmissions ciblées peuvent être demandées afin de faire office de preuve devant les
tribunaux en cas de litige. Nous nous apercevons donc de l’importance qu’elles peuvent
avoir au sein d’un établissement de soins et comprenons qu’elles peuvent, dès lors que
survient une défaillance dans les soins, constituer une véritable preuve juridique. Cependant,
les transmissions réalisées de manière orale, n’ont quant à elles aucune valeur juridique,
d’où l’importance de toujours les coupler.
6. QUALITE DES SOINS
17
6.1.
Introduction
La qualité des soins est un concept difficile à définir. En effet, elle dépend de multiples
facteurs tels que la personne elle-même (qu’elle soit soignante, patient, famille…), de ses
valeurs, de sa culture, de ses représentations, du lieu, du moment. La qualité d’un soin est
donc subjective. Nous essaierons toutefois de vous proposer quelques définitions trouver
lors de nos recherches.
6.2.
Définitions de la qualité des soins
6.2.1. Selon l’OMS, 1982
« C’est garantir à chaque patient l’assortiment d’actes diagnostiques et thérapeutiques, qui
lui assure le meilleur résultat en terme de santé, conformément à l’état de la science
médicale, au meilleur coût pour un même résultat, au moindre risque iatrogène et pour la
plus grande satisfaction en terme de procédures, de résultats et de contacts humains à
l’intérieur du système de soins ».
Cette définition comporte plusieurs dimensions : l’évolution scientifique, les moyens
financiers, le relationnel, les bénéfices/risques (sécurité) (26). Ici, la qualité des soins allie
accès à l’ensemble des soins et connaissances scientifiques. La pratique infirmière n’est pas
exempte de cela puisque le législateur stipule dans l’article R4312-10 du Code de la Santé
Publique : « pour garantir la qualité des soins qu’il dispense et la sécurité du patient,
l’infirmier ou l’infirmière a le devoir d’actualiser et de perfectionner ses connaissances
professionnelles » ou dans l’article R4311-2 du CSP : « les soins infirmiers sont réalisés en
tenant compte de l’évolution des sciences et des techniques » (27).
6.2.2. Selon Avedis Donabedian, médecin, 1980
« Les soins de haute qualité sont les soins visant à maximiser le bien-être des patients après
avoir pris en compte le rapport bénéfices/risques à chaque étape du processus de soins »
(28). Ici, il est question de santé du patient et de sécurité dans les soins. Le patient se situe
au centre du soin.
6.2.3. Selon Walter Hesbeen, infirmier et docteur en santé publique
« La qualité du soin est relative à la situation vécue par des personnes qui se rencontrent et
cheminent ensemble, les unes étant soignées et les autres soignantes et que la pratique
18
soignante de qualité est celle qui prend du sens dans la situation de vie de la personne
soignée et qui a pour perspective le déploiement de la santé pour elle et pour son entourage
[…] Elle procède de la mise en œuvre cohérente et complémentaire des ressources diverses
dont dispose une équipe de professionnels et témoigne des talents de ceux-ci. Elle s’inscrit
dans un contexte politique, économique et organisationnel aux orientations, moyens et
limites pertinents et clairement identifiés » (29) En effet, l’infirmier n’a-t-il pas pour obligation
de dispenser des soins de qualité aussi bien technique que relationnelle comme le stipule
l’article R4311-2 du Code de la Santé Publique, « les soins infirmiers, préventifs, curatifs ou
palliatifs intègrent qualité technique et qualité des relations avec le malade » (30).
6.3.
Les critères de qualité
Les critères de qualité sont basés sur des recommandations et des éléments de prise en
charge où il est possible d’agir pour améliorer la qualité.
Sont concernés par ces critères de qualité, toutes les instances (exemple : l’HAS), les
regroupements de professionnels (exemple : les maisons médicales) et les professionnels
de santé, notamment les infirmiers désireux d’analyser et d’améliorer leurs pratiques (31).
Pour ce faire, un « guide du service de soins infirmiers », mis en place par l’HAS reprenant
toutes les normes de soins infirmiers a été établit. Les infirmiers peuvent s’y référer lors de
l’exercice de leur fonction. Ce guide contient les normes à respecter (application de
protocoles, coordination et continuité des soins) depuis l’arrivée jusqu’à la sortie du patient.
« Ce guide veut être une réponse à la fois aux exigences de qualité des usagers, aux
grandes orientations de politique de santé, ainsi qu’une réponse à l’exigence d’une maîtrise
de l’exercice professionnel reflétant une évolution des pratiques de soins et un niveau de
professionnalisme ».
Les auteurs de ce guide avaient pour optique de faire en sorte que ce dernier soit un outil de
travail permettant aux professionnels d’évaluer la qualité des soins (32).
6.4.
Différents point de vue de la qualité des soins
6.4.1. Du point de vue législatif et règlementaire
La loi du 4 janvier 1993, établit suite à l’affaire du sang contaminé, parle, pour la première
fois, de qualité des soins comme objectif sanitaire.
19
Depuis les ordonnances de 1996 (Art.L.710-5), les hôpitaux sont soumis à une procédure
externe d’évaluation de la qualité et de la sécurité des soins appelée accréditation (33) ;
apparaissent également les recommandations de bonne pratique.
La loi du 4 mars 2002 relative au droit des malades et à la qualité du système de santé
évoque le droit à la qualité des soins et à la sécurité sanitaire.
Depuis 2008, les
établissements de santé doivent rendre publics leurs indicateurs en
matière de qualité et de sécurité des soins (34).
L’article L6111-2 du Code de la Santé Publique stipule que « Les établissements de santé
élaborent et mettent en œuvre une politique d'amélioration continue de la qualité et de la
sécurité des soins et une gestion des risques visant à prévenir et traiter les évènements
indésirables liés à leurs activités » (35). Il en découle de ces lois la mise en place de
nombreuses procédures (certification, protocoles, commissions, accréditation…) permettant
d’améliorer continuellement la qualité et la sécurité des soins.
Cela implique, bien entendu, la participation, l’engagement, l’implication de tous les
professionnels mais également des patients.
6.4.2. Du point de vue des professionnels interrogés
Pour les IDE 1, IDE 2 et l’APA, la qualité des soins repose sur la prise en charge globale du
patient, sous-entendu, bio-psycho- socio. Cela va donc au-delà de l’acte technique, elle
prend en compte l’acte relationnel et la prise en charge individuelle.
Ces mêmes professionnels identifient chacun un élément essentiel différent pour un soin de
qualité : pour l’un ce sera les transmissions, pour d’autres, le relationnel avec les collègues
ou avec les patients mais aussi le facteur temps.
6.5.
Les enjeux et impacts de la qualité
Pour arriver à la finalité qu’est un soin dit « de qualité », il est nécessaire de mettre en place
une organisation incluant le management, le travail en équipe pluridisciplinaire ainsi qu’une
coordination entre les différents intervenants. La qualité des soins est la finalité d’une
procédure où chaque professionnel, quel que soit sa fonction, se complémentarise. Pour
cela, la coordination est primordiale et nécessite la définition des rôles et des missions de
chacun, la mise en place d’outils de communication.
7. LA PROBLEMATIQUE
20
Nos recherches et nos entretiens nous ont permis d’étayer nos connaissances quant au
travail en collaboration ainsi que de comparer la réalité du terrain aux données scientifiques.
Nous étions toutes d’accord pour dire que dans notre pratique infirmière, il est nécessaire de
travailler avec les autres et ensemble, et qu’il y avait encore un trop grand cloisonnement
des professions et notamment avec les paramédicaux. Ce cloisonnement a été mis en
évidence par les professionnels mais ne semble pas être un frein pour eux. Cependant, ils
évoquent le besoin d’être intégré dans les équipes pour que la collaboration soit plus
efficace. Or, lors de nos recherches, l’intégration dans les équipes ne semblent pas être un
concept prévalent de collaboration.
Le décloisonnement des professions implique que les participants gardent leur identité
professionnelle et connaissent leurs compétences mutuelles. Pour ce faire, il est nécessaire
d’avoir un leader afin de coordonner les actions, rôles de chacun pour que le projet puisse
être mené. La collaboration dépend donc de la politique et de la dynamique d’établissement
et non pas seulement de la volonté des professionnels.
Dans nos recherches, il a souvent été question de la nécessité de former les professionnels
à la collaboration, ce qui ne semblait pas être une priorité pour les deux IDE que nous avons
interrogés.
Nous nous posons donc la question suivante : La présence d’un module, obligatoire et
commun, sur le thème du travail en collaboration, lors de la formation initiale de chacun
(paramédicaux), permettrait-il, un meilleur décloisonnement des professions ?
8. CONCLUSION
21
Le travail en collaboration nécessite une équipe composée de plusieurs professionnels dont
les compétences se complémentarisent. L’avantage de leur travail en collaboration vient du
fait que leurs contributions individuelles s’additionnent et se potentialisent. Ils collaborent
ensemble afin d’atteindre un but commun
Ainsi, pour qu’une équipe pluriprofessionnelle puisse fonctionner, il est nécessaire que
chacun des membres partage les informations, communique ensemble avec un langage
commun, connaisse le rôle de chacun, se respecte mutuellement et connaisse le ou les
objectifs communs.
Un leader doit être nommé. L’utilisation de supports écrits est
nécessaire afin que chacun puisse y consigner ses informations et ses résultats. Ainsi, les
autres collaborateurs peuvent en prendre en connaissance.
La communication est un des piliers fondamental du travail en collaboration, une déficience à
ce niveau peut nuire aux partages inter et intra professionnels, et par la suite, à la sécurité
du patient. En effet, des études au Canada ont montré que, entre 1995 et 2003, 70% des
évènements indésirables touchant la sécurité du patient étaient dus à un manque de
communication et donc de travail interdisciplinaire. Ainsi, on peut en déduire que la
communication, primordiale dans la pratique collaborative, l’est également dans la qualité
des soins puisqu’elle influe sur la gestion des risques (36).
Pour conclure, le travail en collaboration est primordial dans le métier infirmier puisqu’elle
assure, dans son rôle propre et son rôle sur prescription médicale, la prise en charge globale
du patient. Au vu de la complexité des soins actuels, l’intervention d’autres professionnels de
santé est nécessaire et passe donc par la collaboration.
De plus, l'infirmière est amenée de plus en plus à collaborer avec les autres professionnels
en raison au développement du travail en réseaux et des hospitalisations à domicile.
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Disponible sur http://www.patientsafetyinstitute.ca - (Consulté le 05/02/2015)
10. ANNEXE
25
TRAVAIL EN COLLABORATION :
1. Que signifie, pour vous, travailler en collaboration ?
2. Quel est pour vous l’intérêt principal de travailler en collaboration ? et avec qui ?
3. Quels sont, pour vous, les facteurs influençant ou favorisant la collaboration ?
4. Quels sont, pour vous, les freins au travail en collaboration ?
Qu’est ce qui pourrait être mis en place pour y remédier ?
5. De quels outils, facilitant le travail en collaboration, disposez-vous dans le service ?
6. En quoi le travail en collaboration est-il essentiel dans votre spécialité ?
7. En quoi le travail en collaboration permet-il d’optimiser les soins proposés au
patient ?
QUALITE DES SOINS :
8. Que signifie, pour vous, la qualité des soins ?
9. Quel est pour vous l’élément essentiel déterminant un soin de qualité ?
10. En quoi, travailler en collaboration et qualité des soins sont-ils liés ?
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